À Niort, Elio enclenche une nouvelle étape pour son robot éducatif Eliobot avec le lancement d’une campagne de financement participatif sur My Moojo. Organisée du 20 octobre au 24 novembre, l’opération repose sur des précommandes et ambitionne de basculer vers une production industrielle. Pour la jeune pousse, déjà créditée de plus de mille unités vendues, l’enjeu est clair : passer de l’atelier à l’usine, sans renoncer à sa proposition pédagogique.

Niort, Elio active My Moojo : cap sur l’industrialisation d’Eliobot

La start-up Elio met en ligne une campagne structurée en paliers sur la plateforme française My Moojo, dédiée aux projets éducatifs et basée à Angoulême. Le mécanisme retenu est celui de la précommande, sans émission de titres ni promesse de rendement, pour financer la nouvelle version du robot Eliobot et enclencher le passage à une production industrialisée.

Le calendrier est volontairement resserré, du 20 octobre au 24 novembre, afin de capter l’élan commercial de fin d’année. Elio confirme viser une montée en cadence via des seuils de 10 000 euros successifs, chacun adossé à une étape concrète du projet. À l’issue de la campagne, la société maintiendra sa trajectoire vers l’industrialisation, quelle que soit l’issue, avec un point d’inflexion supplémentaire en 2026 via l’ouverture de capital annoncée.

My Moojo : positionnement pédagogique et logique de prévente

My Moojo se concentre sur des initiatives tournées vers l’éducation et la pédagogie. Pour Elio, la place de marché sert de rampe de lancement à un modèle product-led où la communauté d’enseignants et de parents devient le moteur de l’adoption. La transaction s’apparente à une vente future : le contributeur réserve un produit et, en contrepartie, soutient l’effort d’industrialisation.

Paliers successifs : des seuils lisibles pour sécuriser la montée en cadence

La campagne avance par blocs de 10 000 euros, alignés sur des jalons opérationnels. Cette approche limite le risque de sur-promesse et matérialise une feuille de route tangible. Elle permet aussi d’ajuster la supply chain à mesure que la demande se confirme.

Calendrier et paliers de la campagne

La campagne se déroule du 20 octobre au 24 novembre, exclusivement en précommande. Paliers annoncés :

  • Premier palier à 10 000 euros : lancement de la production industrialisée.
  • À 20 000 euros : développement d’accessoires pour faire évoluer l’usage avec l’âge.
  • À 30 000 euros : mise en chantier d’une plateforme pédagogique en ligne.
  • À 50 000 euros : finalisation d’une application mobile à vocation ludique, utilisable sans robot.

Dans un schéma de précommande, l’acheteur paie aujourd’hui pour un produit à livrer plus tard. Il n’acquiert aucun droit au capital ni dividende et n’est pas exposé au risque de titre financier. La contrepartie tient à la livraison du produit et d’éventuels bonus de campagne. À l’inverse, une levée de fonds en actions ou obligations relève d’un cadre financier, avec des risques et droits distincts.

Eliobot après Lego et Meccano : pédagogie, IA et usages en classe

Eliobot est un robot mobile à assembler puis à programmer pour le faire circuler. Le fondateur, l’ingénieur en robotique Romain Boutrois, résume sa proposition comme un prolongement naturel des classiques Lego et Meccano : manipuler, coder, tester. L’objectif est de démocratiser la technologie, alors que l’IA prend de l’ampleur dans tous les métiers, en donnant aux jeunes des repères et des réflexes face aux outils numériques.

La démarche parle au monde éducatif : la robotique sert de fil conducteur pour aborder algorithmique, logique et itération. Le produit s’adresse aux familles comme aux structures pédagogiques, avec un contenu qui monte en complexité à mesure que l’enfant progresse. Cette modularité est au cœur des futurs accessoires et de la plateforme en ligne envisagée.

Usage en classe : l’exemple des Deux-Sèvres

Ouest-France a documenté des usages en collège, notamment à Prahecq, dans les Deux-Sèvres, où le robot guide les élèves dans l’apprentissage des algorithmes (Ouest-France, 25 septembre 2024). Cette adoption sur le terrain conforte l’approche d’Elio : une initiation pratique aux STIM, par l’essai-erreur et la logique de mission.

Le montage physique favorise la visualisation des causalités : un capteur mal orienté, une roue mal fixée, et la trajectoire est erronée. Cette boucle très courte entre conception, exécution et correction ancre les notions d’algorithmique, de capteurs-actionneurs et de rétroaction. C’est un levier d’engagement souvent supérieur à des activités purement logicielles.

Traction commerciale et retail : plus de mille unités et des ventes multicanales

Elio revendique plus de mille robots vendus depuis son lancement. La clientèle est mixte : environ un tiers d’établissements pédagogiques, des écoles primaires aux écoles d’ingénieurs, et deux tiers de particuliers, souvent des parents en quête d’outils d’apprentissage utiles et ludiques.

La distribution s’appuie déjà sur des enseignes grand public comme Cultura et Nature & Découvertes. Parallèlement, des discussions sont en cours pour référencer le robot auprès de distributeurs spécialisés en matériel pédagogique. L’adossement à Altæ Technopole à Niort, incubateur depuis mars 2024, structure l’effort d’industrialisation et l’offre logicielle associée, rappelant l’ADN double d’Eliobot : un objet à assembler et une application de programmation.

Qui est Elio : repères clés

  • Création : février 2022, par Romain Boutrois, ingénieur en robotique.
  • Effectif : trois collaborateurs et six associés.
  • Genèse d’Eliobot : conception à l’été 2022 pour initier aux sciences et technologies par la pratique, documentée par la presse locale (La Nouvelle République, 25 novembre 2022).

Elio fait le pari d’un produit au prix public de 149 euros, positionné comme un investissement éducatif à long terme. La campagne prévoit des remises dédiées aux précommandes, pour alimenter la base installée à l’approche des fêtes.

Prix public et conditions commerciales

Le prix de vente conseillé d’Eliobot est fixé à 149 euros. Pendant la campagne sur My Moojo, Elio propose des réductions liées à la précommande. L’objectif : élargir la base d’utilisateurs et sécuriser un premier volume industriel.

Production et supply chain : passage à l’échelle et ambition de relocalisation

Jusqu’ici, les pièces plastiques étaient produites en interne par impression 3D. Pour absorber des volumes plus importants et garantir des tolérances homogènes, Elio prévoit d’externaliser la plasturgie auprès d’un sous-traitant local en Deux-Sèvres. Ce virage industriel accompagne le premier palier de la campagne et conditionne les délais de livraison.

Les composants électroniques sont aujourd’hui importés d’Asie. Elio mentionne un objectif de relocalisation en Europe, voire en France, si le volume le permet. Cette orientation rejoint les dynamiques à l’œuvre autour de France 2030, dont l’un des axes soutient la souveraineté industrielle et la réindustrialisation sur le territoire, avec des appels à projets dédiés dans les territoires ultramarins et hexagonaux.

Plan France 2030 : incitations et effets d’entraînement

Le cadre France 2030 pousse les acteurs industriels à internaliser des briques critiques de la chaîne de valeur. Pour des start-ups hardware, cela se traduit par des investissements d’outillage, des contrats d’approvisionnement plus longs et l’intégration d’une qualité procédurée. La capacité à sécuriser des séries et à négocier des minimum order quantities devient déterminante.

Relocaliser suppose souvent une montée en volumes, l’acceptation de MOQ plus élevés, la qualification de fournisseurs européens, et la mise en place de bancs de tests série. Les bénéfices attendus portent sur la robustesse des délais, la réduction du risque logistique et un contrôle accru sur les cycles de révision.

La 3D est idéale pour le prototypage et les petites séries. À partir d’un certain volume, l’injection réduit le coût unitaire, stabilise les matériaux et améliore la finition. Le ticket d’entrée se situe sur l’outillage et la phase de qualification, d’où l’intérêt de paliers de financement pour amortir le capex initial.

Réglementation du financement participatif : garanties et limites pour les précommandes

En France, les plateformes de financement participatif opèrent dans un cadre réglementaire encadré, avec un régime européen spécifique et une supervision par l’AMF selon l’activité. Dans le cas présent, Elio privilégie la précommande de produit sur My Moojo. Ce format n’implique pas d’entrée au capital ni de distribution de titres financiers aux contributeurs.

Pour les acheteurs, la vigilance porte sur la description du produit, les délais de livraison, les conditions de remboursement en cas d’échec de campagne et la transparence sur les paliers. Côté Elio, la mention d’un passage à l’industrialisation avec un sous-traitant local et une feuille de route par étapes donne de la visibilité sur l’usage des fonds.

Précommandes éducatives : bonnes pratiques côté contributeurs

  • Vérifier la portée exacte des contreparties et des accessoires inclus.
  • Lire les conditions générales de la plateforme avant paiement.
  • Prendre connaissance des calendriers de livraison et des cas de force majeure éventuels sur les composants.

Le statut de Prestataire de services de financement participatif (PSFP) harmonise l’encadrement en Europe. Les plateformes qui proposent des titres financiers sont soumises à des exigences d’information, de gouvernance et de gestion des conflits d’intérêts. Les préventes de produits n’ouvrent pas droit à des titres et relèvent d’un régime commercial distinct, avec des obligations d’information sur le bien vendu.

2026 en ligne de mire : accélération commerciale et EdTech made in France

Au-delà de la campagne, Elio annonce une ouverture de capital en 2026 pour doper sa force commerciale et densifier sa base utilisateurs en France et en Europe. Ce jalon financier viendra compléter la stratégie actuelle : activation de la distribution sélective, développement d’accessoires, plateforme pédagogique et application mobile pour augmenter l’engagement, y compris sans robot physique.

Le positionnement d’Eliobot résonne avec la feuille de route numérique de l’Éducation nationale 2023-2027 et l’attention portée à l’innovation pédagogique par l’écosystème French Tech. Sans s’aventurer dans les promesses hors de portée, la jeune pousse niortaise ancre ses ambitions sur des jalons concrets, adossés à des usages déjà observés sur le terrain. La marche industrielle reste exigeante, mais l’alignement produit-marché et la clarté des paliers constituent des atouts tangibles pour franchir un cap.

Rendez-vous fin novembre pour mesurer la dynamique des précommandes et la portée du passage à l’échelle.