Une étiquette écoresponsable pour les vêtements à partir d'octobre 2025
Découvrez la nouvelle étiquette environnementale des vêtements, sa mise en œuvre et son impact sur la consommation à partir d'octobre 2025.

1er octobre 2025, la filière textile française bascule dans l’ère de la transparence environnementale. Une nouvelle étiquette, chiffrée et standardisée, entre en rayon pour permettre aux acheteurs d’évaluer l’empreinte écologique de leurs vêtements. Volontaire au démarrage, le dispositif a été validé par la Commission européenne au printemps 2025 et amorce un tournant stratégique pour la mode durable en France.
Affichage environnemental des vêtements : cadre validé et mise en route
Le gouvernement introduit un affichage inédit qui matérialise, en euros, le « coût » environnemental d’un vêtement. L’ambition est double. Côté consommateurs, offrir un repère clair pour comparer l’impact écologique des produits. Côté entreprises, déclencher des améliorations mesurables, du sourcing au design produit, en passant par la fabrication et la logistique.
Le dispositif est porté par les ministères chargés de l’Économie, des Finances, de la Transition écologique et de l’Industrie. Il s’inscrit dans la continuité des propositions de la Convention citoyenne pour le climat et trouve son ancrage juridique dans la loi Climat et Résilience de 2021. La Commission européenne a validé le cadre méthodologique mi-mai 2025, confirmant la conformité de l’approche avec les standards européens, avant une annonce officielle en France à la mi-mai par le ministère de la Transition écologique (source: ecologie.gouv.fr).
La mise en œuvre débute le 1er octobre 2025, sur la base du volontariat. Les marques qui s’engagent pourront afficher l’étiquette en magasin et en ligne. L’exécutif y voit une étape décisive pour faire évoluer l’offre textile et contribuer à la lutte contre l’ultra fast-fashion. Les premiers retours d’expérience guideront les extensions de périmètre et les ajustements techniques.
Ministères pilotes et calendrier
- Validation européenne à la mi-mai 2025, confirmant la robustesse méthodologique du dispositif.
- Lancement opérationnel au 1er octobre 2025, sur base volontaire pour les entreprises.
- Phase d’apprentissage prévue avec un périmètre initial de catégories textiles et une extension aux accessoires et chaussures à mesure que les méthodes seront finalisées.
Bon à savoir: ce que l’étiquette affiche concrètement
Deux valeurs apparaissent sur l’étiquette environnementale :
- Coût environnemental total du vêtement, exprimé en euros.
- Coût pour 100 g de produit, pour faciliter la comparaison entre articles d’un même segment.
Plus la valeur est élevée, plus l’impact environnemental estimé est important. Le dispositif ne fixe pas de seuil maximal et privilégie une lecture chiffrée plutôt qu’un classement en catégories.
Comment lire l’étiquette : deux indicateurs pour comparer
Le cœur du système tient dans sa lisibilité. Les consommateurs disposent de deux repères complémentaires pour juger l’impact du vêtement.
Le coût total en euros traduit l’empreinte cumulée sur l’ensemble du cycle de vie. Le coût pour 100 g permet un benchmark normalisé entre produits comparables, sur le modèle des « prix au kilo » en grande distribution. L’absence de lettre (type A à E) évite les effets de seuil. Chaque vêtement est évalué pour ce qu’il est, selon sa composition, ses procédés et son origine.
La comparaison doit rester intracatégorie. Un manteau en laine affichera mécaniquement un coût supérieur à un t-shirt, du fait des volumes de matière et des process associés. Le signal utile pour l’acheteur consiste à confronter des produits proches: deux pulls, deux jeans, deux t-shirts d’un grammage similaire.
Repères de comparaison par catégorie
- Comparer des articles de même usage et grammage proche pour donner du sens aux écarts observés.
- Prendre en compte la durabilité et la fréquence d’usage: un produit plus robuste peut afficher un coût un peu plus élevé mais être plus pertinent sur la durée.
- Vérifier la composition et les informations de fabrication: elles influencent directement le calcul.
L’affichage environnemental des vêtements n’attribue aucune lettre ni couleur. L’objectif n’est pas de classer en grandes catégories mais d’indiquer un coût chiffré pour rendre visible l’empreinte de chaque article. La présence d’un métrique par 100 g ajoute un niveau de comparabilité qui n’existe pas dans les approches de type Nutri-Score.
Méthodologie d’évaluation : cycle de vie et critères retenus
Le calcul repose sur une analyse de cycle de vie (ACV) complète, en conformité avec les standards européens. Chaque phase compte: extraction et transformation des matières, fabrication, transport, usage, fin de vie. La méthode agrège des impacts environnementaux multiples et les pondère pour restituer un coût environnemental en euros lisible par tous.
Plusieurs leviers pèsent sur le score:
- Consommation de ressources et d’eau tout au long du cycle, du champ à la teinture.
- Émissions de CO2 liées à l’énergie consommée lors des étapes de production.
- Substances chimiques utilisées pour l’ennoblissement et les finitions.
- Origine des matières et distances de transport qui affectent l’empreinte carbone.
- Durabilité, réparabilité et allongement de la durée de vie, qui diluent l’impact unitaire.
- Fin de vie du produit, incluant réemploi, recyclage et valorisation.
Le calibrage du calcul a été discuté avec des experts et des acteurs de l’industrie au cours de 2025, puis consolidé dans des documents techniques publiés par l’administration. Cette démarche participative vise à sécuriser la représentativité des données et la robustesse des pondérations.
Des données issues de concertations 2025
Les arbitrages méthodologiques ont été explicités par le ministère de la Transition écologique lors de communications officielles en septembre 2025. Ils ouvrent la voie à une amélioration continue des référentiels, au fil des retours du terrain et des progrès de la filière sur la traçabilité.
Le choix d’un équivalent monétaire répond à un impératif de clarté: rendre comparables des impacts hétérogènes (climat, eau, pollution) via une unité commune. Il ne s’agit pas d’un prix de vente ou d’une taxe. C’est une traduction économique d’effets environnementaux pour fluidifier les comparaisons et orienter les choix d’achat et de production.
Périmètre de déploiement 2025-2026 : produits éligibles et exclusions initiales
Le démarrage couvre les vêtements vendus en magasin et en ligne. Certaines catégories ne sont pas encore éligibles à l’étiquette. Les autorités indiquent que les méthodologies correspondantes ne sont pas finalisées et feront l’objet de publications ultérieures. À ce stade, des pièces techniques comme les soutiens-gorge ou les doudounes restent hors périmètre initial.
Des extensions sont prévues à mesure que les travaux aboutissent. Les accessoires et les chaussures doivent suivre, après consolidation des facteurs d’impact spécifiques à ces produits. Cette approche progressive permet aux entreprises d’anticiper, d’ajuster leurs systèmes d’information et d’éprouver leurs chaînes d’approvisionnement.
Retail et e-commerce : modalités d’affichage
- En magasin: l’étiquette doit être visible à proximité immédiate du produit et intelligible au premier coup d’œil.
- En ligne: le coût total et le coût pour 100 g doivent apparaître sur la fiche produit, sans nécessiter de navigation additionnelle.
- Documentation: les marques gardent à disposition la base de calcul et les hypothèses, en cas de contrôle par des organismes accrédités.
Certaines familles de produits combinent multiplicité de matériaux, garnissages et accessoires métalliques ou plastiques, avec des usages saisonniers spécifiques. La construction d’ACV représentatives et robustes, l’accès aux données amont et la pondération des indicateurs nécessitent des travaux supplémentaires avant un affichage fiable.
Effets attendus sur la demande et l’offre: un nouveau signal pour la mode
L’étiquette introduit un signal prix écologique qui peut faire bouger les lignes. Pour le consommateur, le coût environnemental devient un critère tangible aux côtés du prix, du style et de la qualité. Les démarches d’achat responsable gagnent en crédibilité quand les métriques sont homogènes et vérifiables.
Côté entreprises, le dispositif incite à la réduction des impacts tout au long de la chaîne de valeur. Les marges de manœuvre sont connues: choix de fibres à moindre empreinte, optimisation des procédés de teinture et de finition, énergie décarbonée, relocalisation partielle de certaines étapes, écoconception renforçant la durabilité et la réparabilité.
Les services financiers et achats devront intégrer ces métriques dans leurs tableaux de bord: suivi d’indicateurs par catégorie, pilotage des fournisseurs, arbitrages de coûts complets, incluant désormais un équivalent monétaire de l’impact environnemental. Les directions RSE, juridiques et marketing devront, elles, veiller à la cohérence des allégations dans un environnement de contrôle accru.
Signal prix écologique et arbitrages d’achat
- Substitution intrasegment: des produits comparables mais mieux notés peuvent prendre des parts de marché.
- Durabilité: un produit plus robuste peut justifier un coût environnemental initialement plus élevé s’il évite plusieurs remplacements.
- Transparence: la standardisation des informations renforce la confiance et limite le greenwashing.
PME et grands groupes : quels enjeux opérationnels
- Traçabilité et collecte de données amont, souvent dispersées chez les sous-traitants.
- Qualité des données et documentation des hypothèses pour sécuriser les affichages.
- Équipements numériques capables de produire des ACV à l’échelle d’une collection.
- Formation des équipes produit, achats, qualité et retail aux nouvelles métriques.
Les autorités appuient cette montée en compétence via des outils et contenus pédagogiques accessibles, notamment sous l’égide de l’ADEME. La phase volontaire permettra aux acteurs d’éprouver méthodes et systèmes, avant un éventuel changement d’échelle à moyen terme.
L’ACV couvre l’amont matière, la fabrication, le transport, l’usage et la fin de vie. Elle s’appuie sur des bases de données et des facteurs d’émission de référence. Les limites tiennent à la disponibilité de données primaires chez certains fournisseurs et à l’hétérogénéité des pratiques industrielles. D’où l’intérêt de converger vers des référentiels européens stables et mis à jour.
Garde-fous et supervision : transparence et lutte contre le greenwashing
Le gouvernement mise sur une étiquette simple à lire mais solide techniquement. Les contrôles sont adossés à des organismes accrédités qui peuvent vérifier les bases de calcul, la conformité aux référentiels et la traçabilité des données. L’objectif est d’éviter les approximations et d’installer un cadre de confiance pour les consommateurs comme pour les entreprises.
Des associations environnementales appellent à une vérification indépendante et à une publication des hypothèses majeures. Ce type de garde-fou est cohérent avec l’ambition de réduire les allégations trompeuses et de renforcer la comparabilité réelle entre produits. Le ministère de la Transition écologique rappelle que cet affichage est évolutif: les retours d’expérience nourriront des ajustements méthodologiques et des élargissements de périmètre.
Lecture rapide: trois points de vigilance pour les entreprises
- Documentation: conserver les éléments de méthode, hypothèses et sources de données pour répondre aux contrôles.
- Alignement interne: faire converger RSE, produit, achats, juridique et retail pour des affichages cohérents.
- Comparabilité: veiller à la qualité des données fournisseurs pour éviter les écarts non expliqués entre catégories.
Une nouvelle base de comparaison pour la mode en France
Avec cet affichage, la France introduit un standard lisible et potentiellement fédérateur. Les deux métriques au cœur de l’étiquette rendent concrètes des réalités souvent invisibles pour le grand public.
La réussite dépendra de la qualité des données et de l’adhésion progressive des acteurs, dans la durée. Les autorités tablent sur un effet d’entraînement, y compris au niveau européen, avec une montée en gamme des pratiques de la filière.
À court terme, le dispositif crée un nouvel espace de différenciation. À moyen terme, il pourrait reconfigurer des choix de matériaux, de procédés et de localisation industrielle. Reste une certitude: rendre visible le coût environnemental d’un vêtement ouvre un champ d’action concret pour réduire l’empreinte d’un secteur clé, au bénéfice des entreprises qui sauront se saisir de cet avantage informationnel.
Prochaine étape: transformer l’essai en généralisant la mesure et en améliorant, saison après saison, l’empreinte réelle des collections.