Ekinops affiche un net recul de ses recettes et une gouvernance renouvelée
Ekinops annonce un chiffre d'affaires en chute et un départ significatif en gouvernance. Découvrez les impacts et perspectives pour 2025.

À Lannion, Ekinops rebat ses cartes après un trimestre sous tension. L’équipementier télécoms breton, coté à Paris, a publié des indicateurs en net repli et ouvert un nouveau chapitre de gouvernance. Entre dépendance à un client majeur, horizon 2025 assombri et sanction boursière immédiate, l’entreprise doit désormais articuler une réponse stratégique claire.
Chiffre d’affaires 2025 : décrochage confirmé au T3
Le 14 octobre 2025, Ekinops a présenté un chiffre d’affaires de 79,5 millions d’euros sur les neuf premiers mois de l’année, soit -10 % par rapport à 2024. À périmètre et taux de change constants, la baisse ressort à -11 % (Boursorama, 14 octobre 2025).
Sur le seul troisième trimestre, le groupe publie 22,3 millions d’euros, en repli de 27 %, ou -31 % en organique. La direction a explicitement attribué cette inflexion à un net retrait des commandes de son premier client.
Un élément atténue toutefois le diagnostic : hors ce client principal, la performance cumulée sur neuf mois affiche une croissance de 2 %. Ce point de lecture signale une dynamique commerciale sous-jacente plus robuste que ne le laisserait penser l’agrégat consolidé. Reste que le groupe a prévenu que l’activité demeurerait tendue sur la fin d’exercice 2025.
L’objectif annuel, initialement balisé dans une fourchette de 110 à 120 millions d’euros, ne sera pas atteint. Il s’agit d’un avertissement sur les ventes à part entière, qui appelle une réévaluation prudente des hypothèses de fin d’année et pose la question de l’atterrissage des marges et du cash, non détaillés à ce stade.
Le poids du premier client : risques de concentration
Le cœur du décrochage provient de la contraction des achats du premier client d’Ekinops. Pour un équipementier B2B, la concentration sur quelques comptes stratégiques constitue un levier d’accélération lorsque les cycles d’investissement sont porteurs, mais elle se retourne mécaniquement en facteur d’amplification du risque lors d’un ralentissement. Le signal transmis par la société souligne la nécessité, à moyen terme, d’un portefeuille clients davantage dilué pour réduire la volatilité des revenus.
Calendrier T3 2025 : éléments saillants
- Repli organique marqué au T3, reflet d’un ajustement client majeur.
- Résilience hors premier client sur neuf mois, avec +2 % de croissance.
- Avertissement sur les ventes, l’objectif 2025 ne pouvant plus être visé.
- Perspectives tendues d’ici la fin de l’année, non assorties de guidance alternative.
Une baisse à taux de change et périmètre constants isole l’effet de la structure du groupe et des devises. Pour Ekinops, l’écart entre la baisse publiée et la baisse organique au T3 (27 % vs 31 %) suggère que l’effet combiné des périmètres et des devises a légèrement amorti la chute sous-jacente. Ce différentiel n’invalide pas la tendance, il la précise.
Gouvernance : départ de Didier Brédy après dix-neuf ans de direction
Dans la foulée des résultats, Ekinops a annoncé une évolution de la gouvernance avec le départ de Didier Brédy, PDG depuis 2006. L’entreprise n’a pas détaillé l’organisation de la succession dans ses communications immédiates. Cette décision clôt un cycle qui aura accompagné la montée en puissance du groupe sur les marchés optiques et de l’accès, puis son ralentissement récent.
Le retrait du dirigeant s’inscrit dans un enchaînement lisible : signal d’activité dégradé, sales warning, puis ajustement de la tête de l’exécutif. La dynamique rappelle les pratiques de place, où l’alignement stratégique et la confiance actionnariale sont réévalués après une inflexion marquée des trajectoires.
Le terme recouvre un éventail de décisions statutaires ou managériales : départ ou nomination de dirigeants, ajustement des comités, modifications du périmètre exécutif. En France, ces changements font partie de l’information réglementée et doivent être communiqués sans délai au marché au titre de l’information permanente prévue par le Règlement Abus de Marché et le cadre de l’AMF. L’objectif est d’assurer une égalité d’accès à l’information pour tous les investisseurs.
Séance du 15 octobre 2025 : chute du titre au SRD
Le lendemain des annonces, l’action Ekinops a signé la plus forte baisse du SRD. Le titre a décroché de 33,86 % à la clôture, à 1,852 euro (Boursorama, 15 octobre 2025). Le marché a sanctionné la combinaison d’un recul opérationnel plus fort qu’anticipé, de l’avertissement sur l’objectif annuel et du changement de gouvernance, rarement interprété comme neutre à court terme.
Pour les investisseurs, ce mouvement s’apparente à une revalorisation rapide du profil de risque de l’émetteur. La concentration client, mise en exergue par le management, est un facteur clé de la décote. La liquidité du titre et la visibilité sur le quatrième trimestre deviennent les deux pivots du scénario de court terme.
Mécanique d’un avertissement sur les ventes et impact sur le cours
Un avertissement sur les ventes modifie l’attendu central des analystes et investisseurs. En pratique :
- Les modèles intègrent une réduction des volumes et parfois un mix produits moins favorable.
- La visibilité se contracte tant que l’émetteur n’a pas fourni de guidance alternative.
- Le cours reflète une actualisation plus prudente des flux futurs, amplifiée si le risque de concentration est élevé.
Lecture boursière : signaux à surveiller
- L’actualisation du carnet de commandes et des tendances par zones géographiques, lorsqu’elles seront publiées.
- Les prochaines communications réglementées déposées auprès de l’AMF et de la place de Paris.
- La réaction des clients clés d’Ekinops à la fin d’année, point non communiqué à ce stade.
Qui est Ekinops : un industriel télécoms ancré à Lannion
Créée en 2003, Ekinops est un acteur spécialisé dans les solutions pour les réseaux télécoms, combinant équipements optiques, routeurs et logiciels pour la gestion et l’optimisation du trafic. L’entreprise emploie plus de 500 salariés et opère à l’international.
Son siège est à Lannion, dans les Côtes-d’Armor, au cœur d’un bassin historique des télécoms. Le titre est coté sur Euronext Paris sous le code EKI.
Le positionnement stratégique d’Ekinops la place sur des segments indispensables à la transformation numérique des opérateurs et des entreprises. Cette exposition sectorielle offre un relais de croissance structurel, mais la matérialisation de ce potentiel dépend des cycles d’investissement des clients et du degré de diversification commerciale.
Les solutions d’Ekinops couvrent deux ensembles complémentaires :
- Transport optique : équipements et logiciels pour l’agrégation, la transmission et l’augmentation de la capacité sur les réseaux longue distance et métropolitains.
- Accès et routage : équipements d’accès multi-services et fonctions logicielles pour la connectivité des sites d’entreprise et la gestion intelligente du trafic.
Ce mix répond à la pression croissante sur les débits et la qualité de service dans un monde multi-cloud et vidéo.
L’écosystème lannionnais : un pôle télécoms structurant
Le territoire de Lannion est réputé pour sa densité d’ingénierie télécoms et son historique d’innovations. Pour Ekinops, cet ancrage facilite l’accès à des compétences pointues et favorise des partenariats techniques. L’entreprise contribue en retour à l’emploi local et irrigue l’écosystème par ses besoins en R&D et en industrialisation.
Bon à savoir : lecture d’un code mnémonique
Le code EKI identifie l’action Ekinops sur Euronext Paris. Ce mnémonique facilite la recherche d’information réglementée, des cours et des historiques de volumes. Pour suivre les communications officielles, consulter les dépôts d’information réglementée et les avis de marché publiés via les canaux de diffusion reconnus.
Risque clients et cycle d’investissement télécoms : ce que disent les chiffres 2025
Les données publiées mettent en exergue une dépendance onéreuse en période de creux : un client qui ralentit ses commandes peut provoquer un effet de ciseau sur la croissance, puis sur la profitabilité. À l’inverse, le +2 % hors premier client sur neuf mois montre une base plus équilibrée en progression. L’enjeu est de transformer ce socle en moteur principal.
Dans les télécoms, les cycles d’achat varient selon l’état des capex des opérateurs, l’évolution des architectures réseau et les arbitrages régionaux. Une fenêtre de ralentissement peut durer plusieurs trimestres, le temps que les opérateurs redéploient leurs budgets. L’année 2025 illustre ce déphasage possible entre les promesses structurelles de la donnée et la temporalité budgétaire.
Lecture sectorielle : arbitrages d’investissement des opérateurs
- Tension capex : les opérateurs redimensionnent périodiquement leurs dépenses pour absorber les pics d’investissements antérieurs.
- Priorisation technologique : les déploiements optiques et l’extension des réseaux d’accès varient selon les pays et les besoins de capacité.
- Standardisation : la montée des solutions logicielles et virtualisées peut déplacer les paniers d’achat sur une base annuelle.
Dans cet environnement, un équipementier qui affiche une trajectoire hors premier client en croissance modérée peut tenter de compenser un retrait ponctuel d’un grand compte par des gains de parts sur des clients de second rang ou des marchés adjacents. Ekinops n’a toutefois pas détaillé de nouveaux plans commerciaux dans ses communications récentes.
Plusieurs axes sont habituellement étudiés par les sociétés d’équipements télécoms confrontées à un trou d’air :
- Élargir la base clients pour diluer le risque de concentration.
- Travailler la valeur par client via des offres logicielles et des services à marge plus élevée.
- Adapter la structure de coûts aux volumes, de façon mesurée pour préserver la capacité d’innovation.
Ekinops n’a pas communiqué de mesures spécifiques à ce jour. Ces pistes sont donc à comprendre comme des leviers génériques du secteur.
Information de marché : rappel du cadre français
En France, les sociétés cotées doivent diffuser sans délai toute information privilégiée susceptible d’influencer le cours, conformément au Règlement Abus de Marché et au cadre de l’AMF. Les avertissements sur résultats ou sur ventes s’inscrivent dans cette exigence d’information permanente. Les investisseurs peuvent consulter les dépôts d’information réglementée et les avis officiels pour suivre l’actualité d’un émetteur.
Calendrier et visibilité d’information : ce que les investisseurs attendent
Au 21 octobre 2025, aucune information complémentaire n’a été publiée au-delà des éléments fournis lors des annonces de mi-octobre. Les actionnaires s’attachent désormais à guetter d’éventuels jalons de fin d’année, qu’il s’agisse d’une mise à jour commerciale, d’éléments sur la gouvernance ou d’indicateurs opérationnels.
La communication d’Ekinops mentionne une fin d’exercice difficile mais n’avance pas de nouvelle cible chiffrée. Tant que la société n’aura pas reframé ses ambitions, le marché restera focalisé sur le taux de conversion du carnet en chiffre d’affaires, la qualité du mix et la tenue des dépenses.
Points d’attention opérationnels
- Courant d’affaires fin d’année : capacité à stabiliser le run-rate malgré le retrait du premier client.
- Mix produits : équilibre entre ventes d’équipements et offres logicielles, non détaillé à ce stade.
- Organisation : clarifications à venir sur la gouvernance et la continuité managériale.
Repères pour la suite immédiate
L’épisode d’octobre acte un point d’inflexion pour Ekinops. L’entreprise s’appuie sur des fondamentaux technologiques avérés, un ancrage industriel en Bretagne et une base internationale. La priorité des prochains mois sera de restaurer la visibilité commerciale et de préciser le cap de gouvernance, deux leviers déterminants pour la trajectoire du titre.
Si l’année 2025 se referme sur une activité freinée, la qualité d’exécution des trimestres suivants sera observée à l’aune de la diversification clients et de la discipline opérationnelle. Les publications réglementées attendues seront autant de jalons pour éclairer la dynamique de rebond.
Rendez-vous avec les prochaines communications officielles pour mesurer l’ampleur de la recomposition engagée.