Start-up spécialisée dans le recyclage des matières plastiques, Cycl-add a initié une collecte de masques jetables en polypropylène non tissé. Grâce à la collaboration de partenaires industriels de l’Ain, le processus suit son cours. Une fois collectés, ils sont ensuite valorisés en tee-shirts et élaborés en textile technique de haute tenue.

Des petites billes bleues à l’origine de ce concept innovant

Fondée en juin 2016 par Hervé Guerry, Cycl-add est une start-up innovante à l’origine d’une nouvelle chimie. Cette dernière permet le recyclage des déchets plastiques dégradés et ce procédé s’effectue à un coût économique. 

La start-up est née de l’idée que le plastique est une solution envisageable pour recycler des matériaux sans solution de recyclage. Ainsi, après avoir traité les poudres de peinture, la poudre de toner et les chutes de production d’air bag, Cycl-add s’attaque au polypropylène non tissé. Et plus précisément, au recyclage des masques jetables.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les masques jetables ne sont pas en papier. Ils sont, en effet, en polypropylène. Et c’est donc soucieux du devenir de l’environnement que le CEO de Cycl-add, Hervé Guerry, ne peut se résigner à les voir jetés après un si bref usage. Hervé Guerry a alors projeté, avec des partenaires de l’Ain, une filière de recyclage convergent à un produit fini. Et pour cause, cette production conduit à la création d’un tee-shirt en textile technique haut de gamme. 

La collecte des masques usagés s’est notamment orientée auprès d’industriels qui en exploitent jusqu’à deux tonnes par mois. Hervé Guerry jauge, à l’heure actuelle, le gisement français hebdomadaire à 500 tonnes. « Même après le Covid, la filière demeurera pérenne avec les hôpitaux, l’agroalimentaire et l’électronique, grands consommateurs de masques, blouses et charlottes », avance-t-il.

La start-up conçoit le recyclage du polypropylène non tissé. De ce fait, elle procède à enlever les élastiques et barrettes des masques avant de les laver. En conséquence, un matériau pur et sous forme de petites billes bleues est obtenu. Le polypropylène est ensuite dirigé chez Ain Fibres, filateur exclusif français de fibres synthétiques à multifilaments continus. Un seul fil se retrouve enroulé en bobine de cinq kilos.

Des tee-shirts confectionnés de haute qualité

Becher Al Awa, directeur de Ain Fibres, a déposé sa propre marque de fil en polypropylène sous le nom de Dynalen. La matière possède des qualités bien supérieures au polyamide et au polyester. En effet, le polypropylène se révèle 33 % plus léger que ces derniers. Il est thermo-régulant, très doux, hydrophobe et fonctionnalisable dans la masse. Le tout, sans utilisation d’eau ni de produit chimique. Il admet, de surcroît, les traitements anti-odeurs, antibactériens et antiviraux, en plus de la teinture ou d’anti-UV. Il se positionne donc comme un produit idéal pour le sport et le milieu hospitalier, également certifié anti-Covid par Sanitized.

En amont, un autre élément entre en compte lors de la production. En effet, Thierry Emin, troisième acteur de la filière, est actionnaire minoritaire d’Ain Fibres et président du tricoteur Billon, là où se déroule l’étape de la fabrication textile. Mais également celle des rouleaux de maille. Par ailleurs, sa seconde société, Aura Evolution, mène la confection en sous-traitante « 100 % française ».

Thierry Emin s’est orienté dans le textile en achetant Billon en 2019. De plus, devenu cette année président du club de rugby d’Oyonnax, il prévoit des tee-shirts promotionnels « développement durable » pour ses premiers jets. Ce projet s’adresse aux entreprises et à l’événementiel du club jouant cette année les premières places en Pro D2.