SupAirVision franchit une étape réglementaire majeure avec la première certification française autorisant l’inspection des circuits de protection contre la foudre des éoliennes par drone. Basée dans l’Aube, la société de 24 salariés s’impose comme un acteur technologique clé pour des opérations de maintenance plus sûres, plus rapides et plus rentables. Un signal fort pour toute la chaîne de valeur de l’éolien, des exploitants aux assureurs.

Certification qualifoudre : un précédent pour l’éolien français

SupAirVision décroche la certification Qualifoudre délivrée par l’INERIS, établissement public de référence en matière de risques industriels et environnementaux. Ce label atteste que la méthode d’inspection des circuits de protection foudre par drone respecte des exigences de qualité, de sécurité et de fiabilité.

L’obtention est inédite sur le périmètre précis de l’inspection des systèmes de protection foudre par drone sur éoliennes. Elle vient sécuriser des opérations sensibles, traditionnellement réalisées avec des arrêts de turbines et des interventions humaines en hauteur, lourdes et coûteuses.

Pour SupAirVision, le message est clair : la solution est désormais reconnue par une autorité tiers de confiance. Dans un communiqué interne à l’entreprise, Sébastien Arnould souligne que la labellisation Qualifoudre de l’outil maison, Volta, « récompense des années de travail » et ouvre la voie à des inspections rapides et conformes.

Au-delà de la vitrine technologique, l’impact est économique. Les arrêts machines peuvent coûter plusieurs milliers d’euros par jour, selon les exploitants. Un protocole de contrôle non intrusif et certifié pèse directement sur le compte d’exploitation des parcs, en réduisant la durée d’immobilisation et en anticipant les pannes évitables.

Qualifoudre appliqué aux éoliennes : ce que certifie le label

La certification Qualifoudre évalue la compétence d’un opérateur et la robustesse d’une méthode d’inspection dédiée à la protection contre la foudre. Pour un prestataire comme SupAirVision, le label :

  • atteste de la maîtrise des procédures d’inspection des circuits de foudre et de leur traçabilité documentaire,
  • valide le niveau de qualité métrologique des mesures et leur interprétation,
  • conforte la compatibilité avec les référentiels de sécurité et de gestion des risques appliqués aux éoliennes,
  • facilite le dialogue avec les assureurs et les tiers-experts dans la chaîne O&M.

Les pales sont équipées de dispositifs capteurs ou de récepteurs qui guident la décharge électrique vers un chemin prévu, du bord d’attaque jusqu’à la mise à la terre via la nacelle et la tour. L’intégrité du circuit, la continuité des liaisons et l’état des connectiques sont déterminants pour limiter les dommages sur les matériaux composites et les systèmes électriques.

En consolidant la preuve de conformité, la certification facilite l’adoption de la technologie sur tout le territoire. Les exploitants disposent d’un cadre clair pour intégrer ces contrôles dans leurs plans de maintenance et leurs appels d’offres, avec un référentiel de qualité identifié.

Troyes en pointe : trajectoire industrielle de supairvision

Créée en 2017 à Troyes par Sébastien Arnould, ingénieur de formation, SupAirVision a posé très tôt l’hypothèse que le drone deviendrait l’outil standard pour l’inspection des pales. À l’époque, la jeune pousse souhaitait remplacer des opérations lourdes par des diagnostics agiles, documentés et moins risqués pour les équipes.

La société a progressivement industrialisé ses procédés. Elle compte aujourd’hui 24 salariés et a structuré un portefeuille de solutions centrées sur la réduction du temps d’immobilisation des turbines, l’objectivation des défauts et l’automatisation de la collecte de données. En mai 2024, SupAirVision a officialisé une solution capable d’inspecter les pales sans arrêter la production, un jalon technique salué par la presse économique (Les Echos, 13 mai 2024).

Le développement s’accompagne d’une ambition financière : l’entreprise travaille à une levée d’environ 3,5 millions d’euros pour accélérer l’internationalisation, avec l’Allemagne et l’Espagne comme premiers terrains de déploiement. Cette perspective répond à un marché européen actif et concurrentiel, où la maintenance conditionnelle et l’inspection numérique deviennent des standards.

Métriques Valeur Évolution
Effectif SupAirVision 24 salariés Croissance maîtrisée
Certification obtenue Qualifoudre Nouveau standard
Arrêt machine requis Non, inspection en marche Réduction des pertes
Temps d’intervention typique Quelques heures De plusieurs jours à quelques heures
Levée de fonds visée 3,5 M€ Accélération à venir
Éolien onshore France fin 2023 Environ 21 GW En progression (Ministère)

Cette trajectoire illustre une logique de spécialisation utile au marché : passer d’une photographie visuelle de surface à une lecture fonctionnelle des circuits critiques, jusqu’ici sous-instrumentés en exploitation courante. La certification vient crédibiliser la bascule.

Un défaut de continuité ou une résistance anormale peut ne pas être visible à l’œil nu. L’intérêt d’un diagnostic instrumenté est d’identifier une dégradation électrique susceptible de détourner l’arc, d’endommager un capteur ou de fissurer un composite. La donnée mesurée, corrélée aux historiques d’orage et d’exploitation, permet un arbitrage de maintenance plus précis.

Volta en action : inspection foudre en marche et gains opérationnels

La solution Volta combine des drones et des capteurs avancés pour contrôler la qualité des circuits de protection foudre des pales, en limitant les interventions physiques sur la machine. L’originalité revendiquée tient à l’inspection en production : pas d’arrêt programmé, pas de corde, pas de nacelle.

Côté sécurité, le bénéfice est immédiat. Les équipes ne montent plus systématiquement en hauteur, ce qui réduit l’exposition aux risques. Côté productivité, l’effet est diffracté sur toute la chaîne : organisation des chantiers simplifiée, moins de fenêtres météo critiques, disponibilité accrue des turbines.

Sur la qualité des données, l’enjeu réside dans la répétabilité des mesures et l’interprétation. La certification oblige à un cadre méthodologique rigoureux pour la métrologie, la qualification des défauts et la restitution. Les exploitants y gagnent un tableau de bord homogène, exploitable à l’échelle d’un parc.

Supairvision : stratégie et résultats

La stratégie de SupAirVision s’articule autour de trois axes : enrichir l’offre d’inspection instrumentée, réduire le coût complet d’intervention et sécuriser l’acceptation par les tiers via les labels. Les premiers retours des exploitants convergent vers une réduction des délais et une meilleure planification des arrêts quand ils restent nécessaires.

Les résultats attendus se mesurent aussi dans la prévention des dégâts liés à la foudre : moins d’endommagements lourds, donc moins d’immobilisations imprévues. La capacité à opérer en marche change le rapport coût-bénéfice, y compris pour des parcs éloignés où la logistique pèse lourd.

  • Moins de jours d’arrêt grâce au contrôle en production.
  • Interventions moins risquées pour le personnel.
  • Rapports standardisés et traçables pour la gouvernance des actifs.
  • Meilleure priorisation des actions correctives.

Les propriétaires d’actifs et leurs assureurs s’attachent à vérifier la preuve d’intégrité des circuits foudre, la qualité du protocole de mesure, la qualification de l’opérateur et la traçabilité des anomalies. Une inspection certifiée facilite la couverture assurantielle et peut conditionner certains niveaux de franchise ou de garantie.

Cadre normatif et aérien : obligations et marges de manœuvre

Le contexte réglementaire de l’usage des drones en France est en évolution constante. Un communiqué du ministère de l’Intérieur daté du 6 août 2025 rappelle l’encadrement de la captation d’images par drones depuis le 19 avril 2023, principalement pour des missions de sécurité publique. Les usages industriels ne sont pas le cœur du dispositif, mais l’ensemble contribue à un cadre plus strict pour les opérations aériennes.

Pour les industriels, l’enjeu est double. D’un côté, maîtriser les règles de navigation et de captation applicables aux sites de production. De l’autre, démontrer la conformité technique des procédés d’inspection à des référentiels reconnus, ce que matérialise Qualifoudre dans le périmètre foudre.

La dimension réglementaire ne se limite pas à l’aérien. Les installations doivent intégrer les évolutions des normes européennes sur la sécurité des éoliennes, tout en renforçant la gestion des risques climatiques. Les analyses du Haut Conseil pour le Climat invitent à mutualiser et anticiper les risques physiques, y compris ceux liés aux orages violents.

Captation d’images par drone : ce que change la date du 19 avril 2023

Le renforcement du cadre sur la captation d’images par drones porte d’abord sur l’ordre public. Pour les acteurs privés, la conséquence est un degré d’exigence accru en matière d’autorisations, de zones de vols et de protection des données. Les opérateurs doivent documenter leurs procédures, sensibiliser les équipes et adapter leurs missions en conséquence.

Cette structuration normative crée une barrière à l’entrée : les prestataires capables d’opérer à la fois en conformité aérienne et selon des méthodes certifiées prennent l’avantage. Elle plaide pour des délégations d’inspection à des tiers spécialisés, plutôt qu’un empilement de compétences internes coûteuses à maintenir.

Concurrence et dynamique de marché : vers un standard d’inspection en marche

Le marché de l’inspection par drone se densifie. Plusieurs acteurs développent des services qui visent la même promesse : des contrôles plus rapides, sans arrêt machine, avec une qualité de données croissante. La montée en puissance de ces offres accélère la formation d’un standard industriel.

Cornis : stratégie et résultats

Parmi les concurrents, Cornis met en avant des services d’inspection par drone sans arrêt machine et la numérisation des pales. L’objectif est similaire à celui de SupAirVision : réduire l’immobilisation des turbines et améliorer la profondeur d’analyse par l’image et la donnée instrumentée. Cette convergence confirme une tendance lourde du secteur vers des solutions non intrusives.

La différenciation se joue alors sur des critères finement évalués par les exploitants : robustesse des mesures, couverture des scénarios météo, capacité à scaler les opérations multi-parcs, et intégration des rapports dans les systèmes d’information existants.

  • Qualité métrologique et traçabilité des inspections.
  • Disponibilité opérationnelle et fenêtres météo étendues.
  • Compatibilité avec la cartographie des risques et les plans O&M.
  • Transparence tarifaire et engagement sur les délais.

Avant d’attribuer un marché, les acheteurs vérifient :

  • l’existence de certifications pertinentes et leur périmètre,
  • le protocole d’essais et les garanties de reproductibilité,
  • la sécurité des données et les droits d’usage des résultats,
  • les engagements de service : délais, pénalités, replanification météo,
  • la capacité multi-sites et la disponibilité des équipes qualifiées.

À mesure que la norme de marché se fixe, l’effet d’apprentissage bénéficiera aux exploitants : plus de comparabilité des prestataires, des grilles de services stabilisées et, potentiellement, une baisse du coût unitaire à volume croissant.

Financements et déploiement européen : une montée en puissance ciblée

La levée de 3,5 M€ envisagée par SupAirVision doit financer l’industrialisation, l’ouverture de bases opérationnelles et le développement commercial en Europe. Les marchés allemand et espagnol constituent des cibles naturelles, avec un parc installé important et une chaîne O&M structurée.

En France, la dynamique reste soutenue. La puissance éolienne onshore a atteint environ 21 GW fin 2023, avec des objectifs relevés à l’horizon 2030. Cette profondeur de parc multiplie les fenêtres d’opportunités pour des inspections instrumentées récurrentes, intégrées à des plans de maintenance pluriannuels et à des politiques d’assurance plus fines.

L’équation économique est favorable aux prestataires capables d’aligner une proposition de valeur claire : moins d’arrêts non planifiés, des diagnostics plus rapides et une documentation à la hauteur des attentes des autorités et des assureurs. SupAirVision positionne sa solution Volta précisément sur cette jonction entre gain opérationnel et conformité.

Points de vigilance pour une scale-up deeptech

Passage à l’échelle rime avec exigences industrielles. Trois sujets critiques :

  1. Capacité opérationnelle : disponibilité de pilotes qualifiés, flotte de drones, logistique multi-sites.
  2. Qualité durable : calibration des capteurs, contrôle interne, audits réguliers pour maintenir la certification.
  3. Intégration SI : export des rapports, APIs, cybersécurité et gouvernance des données.

En structurant ces piliers, SupAirVision peut accélérer sa pénétration marché tout en maintenant son niveau d’exigence. Un exercice d’équilibriste qui distingue les acteurs durables des promesses éphémères.

Maintenance éolienne sous contrainte : pourquoi la foudre reste un risque central

La foudre est l’une des causes majeures d’endommagement des pales et de défauts électriques sur les turbines. Les matériaux composites, l’électronique embarquée et les hauteurs d’implantation exposent les machines à des contraintes sévères. D’où l’importance d’une continuité électrique impeccable sur les circuits dédiés.

La montée des aléas climatiques accroît l’exigence. Les opérateurs doivent démontrer la robustesse de leurs installations, documenter les contrôles et tracer les interventions. Dans ce contexte, une inspection instrumentée, certifiée, et réalisable en production donne une assurance technique que ne pouvait offrir un simple contrôle visuel.

L’inspection foudre s’insère désormais dans un continuum : collecte de données, analyse, priorisation, correction, vérification finale. Un cycle plus court, mieux outillé, qui favorise une maintenance conditionnelle et une gouvernance des risques plus fine.

En pratique, les exploitants ajoutent l’inspection foudre à leurs tournées de contrôle, parfois en couplage avec d’autres diagnostics non destructifs. La clé est d’aligner la fréquence sur l’exposition locale aux orages, les retours d’expérience du parc et l’historique des incidents. Le tout sans multiplier les fenêtres d’arrêt.

Dans la durée, l’automatisation de ces contrôles et la capitalisation des données d’inspection alimenteront des modèles de risque utiles à l’arbitrage budgétaire et au dialogue avec les assureurs. Un avantage concurrentiel pour les opérateurs qui industrialisent le sujet tôt.

Chaîne de valeur et gouvernance : des coûts d’arrêt au pilotage des risques

La qualité d’un actif éolien se mesure aussi à la maturité de ses procédures d’inspection. Dans une industrie où chaque heure de production compte, une solution qui évite l’immobilisation et documente finement les résultats crée une valeur immédiate.

Pour les directions financières, l’équation est lisible : moins d’arrêts non planifiés, moins de réparations lourdes, plus de disponibilité. Pour les directions techniques, la valeur réside dans la précision du diagnostic et la reproductibilité de la mesure. Pour la direction juridique, c’est la preuve qui compte : rapports signés, méthodes certifiées, traçabilité des décisions.

L’effet combiné de ces gains se retrouve à l’échelle d’un portefeuille d’actifs. Sur plusieurs centaines de turbines, la généralisation d’inspections en marche, bordées par un label connu, constitue un levier d’optimisation OPEX substantiel.

Données chiffrées utiles aux décideurs

Pour une lecture rapide :

  • Inspection en marche : réduction notable des pertes liées aux arrêts, souvent évaluées à plusieurs milliers d’euros par jour sur un parc moyen.
  • France onshore fin 2023 : parc d’environ 21 GW, avec des objectifs renforcés à l’horizon 2030, rendant critiques des inspections répétables et certifiées (ministère de la Transition écologique).
  • Capacité d’exécution : la standardisation des protocoles et la labellisation sont des catalyseurs de déploiement multi-parcs.

Ce socle d’indicateurs alimente des plans d’investissement et de maintenance pluriannuels plus robustes. Il participe aussi à renforcer la transparence vis-à-vis des parties prenantes.

Ce que change la labellisation pour les exploitants et la filière

Un nouvel équilibre entre performance, sécurité et conformité

La labellisation de la solution Volta par Qualifoudre instaure un précédent opérationnel : l’inspection instrumentée des circuits foudre par drone devient une option certifiée, compatible avec l’exploitation en continu. La filière y gagne un outil de pilotage des risques, sans pénaliser la production.

En combinant innovation mesurable, gains d’exploitation et cadre de confiance, SupAirVision illustre la voie d’une maintenance éolienne plus sûre, plus rapide et mieux gouvernée, avec un effet d’entraînement probable sur l’ensemble du marché.