Le réemploi des emballages prend une nouvelle ampleur à La Rochelle, avec l’initiative de Carton Vert qui entend donner une seconde vie à 300 000 cartons d’ici 2026. L’entreprise, installée à Périgny, vise à démocratiser la vente de cartons de seconde main aux particuliers et petites structures, tout en collaborant déjà avec près de 300 clients (Promod, Andros, Johnson & Johnson, etc.). Son concept, lancé officiellement en 2022, démontre un modèle rentable (plus de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires) et écologique : en 2024, 20 tonnes de cartons ont été réemployées, évitant ainsi l’émission de 20 tonnes de CO2.

Pourquoi le réemploi s’impose dans le secteur de l’emballage ?

Le secteur de l’emballage, en France, fait l’objet d’une attention croissante. Les entreprises de tous horizons sont de plus en plus soumises à des obligations environnementales exigeantes, notamment depuis l’adoption de plusieurs lois et décrets visant à promouvoir la réduction et la valorisation des déchets. Le carton, composant majeur du flux d’emballages industriels et commerciaux, est au cœur de ces politiques : son recyclage est souvent cité en exemple, mais le réemploi, plus vertueux encore, restait jusqu’à présent marginal.

Cette volonté de prolonger la durée de vie des emballages s’inscrit dans une dynamique plus large de transition écologique. Alors que les consommateurs exigent plus de transparence et de responsabilité, les entreprises se tournent vers des solutions concrètes pour réduire leur impact sur la planète. Dans ce contexte, les projets de réutilisation — plus particulièrement dans le secteur du carton — offrent une réponse opérationnelle qui séduit à la fois les grands groupes et les TPE/PME.

En parallèle, la pression réglementaire s’accentue. Les autorités encouragent la mise en place de mesures tangibles : limitation des plastiques à usage unique, incitations fiscales pour les entreprises investissant dans la réduction des déchets, ou encore mise en place de filières de responsabilité élargie des producteurs (REP) pour certains types de déchets. Pour autant, le marché français de l’emballage reste vaste, et le passage du tout-jetable à la réutilisation généralisée n’en est qu’à ses balbutiements.

C’est dans ce cadre que Carton Vert, entreprise localisée près de La Rochelle, fait figure de pionnière. La société propose un modèle novateur : racheter des cartons en bon état auprès de divers industriels, afin de les revendre à d’autres structures (ou particuliers) qui souhaitent réduire leurs coûts et leur impact environnemental. De tels projets offrent une seconde vie à des emballages qui auraient été jetés ou, au mieux, recyclés, alors même qu’ils demeurent utilisables tels quels.

Carton2.0 : accélérateur de croissance pour Carton Vert

L’information présente une nouvelle étape dans la stratégie de Carton Vert : l’entreprise ouvre une partie de ses 4 700 m² de locaux à Périgny pour la vente de cartons de seconde main, sous l’appellation Carton2.0. Avec cette évolution, l’organisation table sur une croissance notable de son chiffre d’affaires, estimée à environ 250 000 euros supplémentaires sur la première année d’activité liée à cette branche.

Au-delà du chiffre, la société exprime clairement son ambition : réemployer 300 000 cartons d’ici 2026. Cet objectif, s’il est atteint, permettra de détourner de grandes quantités de déchets du circuit traditionnel de la revalorisation ou de l’incinération, pour les faire entrer dans un processus plus circulaire. Il s’agit d’une initiative susceptible de bouleverser les logiques économiques actuelles, puisque la revente de cartons réutilisables pourrait devenir un véritable maillon de la supply chain, particulièrement pour les entreprises souhaitant réduire leur empreinte carbone et leurs dépenses d’emballage.

Un chiffre marquant à retenir

Carton Vert ambitionne d’atteindre les 300 000 cartons réemployés d’ici 2026. Cela représente plusieurs centaines de tonnes de déchets évités, participant directement à la diminution des émissions de CO2 à l’échelle nationale.

Les enjeux immédiats sont multiples. Sur le plan économique, le modèle permet de générer un nouveau flux de revenus pour les industriels : en vendant leurs cartons encore exploitables à un prix allant de 8 centimes à 2 euros l’unité, ils optimisent la gestion de leurs déchets tout en répondant aux impératifs de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Sur le plan écologique, la préservation des ressources, la réduction des émissions de CO2 et la lutte contre le gaspillage forment la colonne vertébrale de ce projet.

D’un point de vue industriel, ce système n’aurait pas de sens sans un certain volume. Or, Carton Vert peut se targuer d’acheter, entre autres, 630 000 cartons par an auprès de l’entreprise Promod. Cette forte capacité d’approvisionnement confirme que la demande ne concerne pas seulement les gros donneurs d’ordres : les petites structures et les particuliers peuvent désormais eux aussi acheter ces cartons de seconde main, à moindre coût, de façon immédiate.

Naissance d’un concept circulaire en pleine expansion

Carton Vert est née d’un constat simple : les fabricants et distributeurs produisent ou reçoivent régulièrement de grands volumes de cartons, dont une partie est à peine utilisée ou reste en excellent état. L’idée, lancée en 2020 par Romain Dupuis et Antonin Hameury-Hao, était alors de rassembler ces cartons en amont de la filière de recyclage, pour les réintroduire directement auprès d’acteurs qui en ont besoin. Après une phase de réflexion et de test, l’entreprise s’est structurée en 2022, et affiche aujourd’hui une équipe d’environ dix-huit salariés.

Sur le plan financier, Carton Vert se revendique déjà rentable, avec 2 millions d’euros de chiffre d’affaires enregistrés et une clientèle en pleine expansion : 200 nouveaux clients ont adopté les solutions de l’entreprise sur la dernière période disponible. Parmi eux, des noms reconnus comme Promod, Andros, Johnson & Johnson, Loué, Pierre Martinet, Alliance Auto, Nestlé, Lactalis, Decathlon, Labeyrie, Danone, L’Oréal ou encore Longchamp témoignent de la pertinence du concept. Pour ces groupes, la mise en place d’un partenariat avec Carton Vert illustre leur volonté d’intégrer des pratiques d’économie circulaire, tout en optimisant leurs coûts logistiques.

Sur un plan stratégique, l’arrivée de Carton2.0 cible le marché des particuliers et des petites entreprises, qui ont parfois un besoin occasionnel ou limité en emballages. Proposer des cartons de seconde main, en parfait état, disponibles immédiatement, et à un prix réduit jusqu’à 70 % par rapport à du neuf, constitue un positionnement qui pourrait rapidement gagner du terrain. De surcroît, la vente directe dans l’entrepôt de Périgny évite les contraintes liées à la chaîne d’approvisionnement traditionnelle.

Dans la législation française, le réemploi se distingue du recyclage : il s’agit de réutiliser un produit ou un matériau sans le transformer chimiquement ou mécaniquement. Le Code de l’environnement met en avant la hiérarchie des modes de traitement des déchets, où la prévention et le réemploi se placent avant le recyclage. Économiquement, ce choix préserve davantage de valeur, car moins de ressources sont consommées dans le processus.

De nombreux observateurs voient dans Carton Vert un bel exemple de transformation numérique de la logistique inversée. À l’heure où les scandales autour du gaspillage (même parfois d’invendus) défraient la chronique, la proposition d’un système circulaire pour les emballages donne un élan positif à l’écosystème économique local. Et si, demain, d’autres matériaux suivaient la même voie ? C’est en tout cas l’ambition à long terme que nourrissent les fondateurs : faire du réemploi un nouveau standard, et non plus une exception.

L’entreprise s’appuie sur un maillage territorial solide : les flux de cartons collectés viennent de diverses industries, parfois éloignées géographiquement, mais la centralisation dans la zone de La Rochelle permet un tri efficient et des contrôles qualité. Les cartons jugés non conformes ou trop abîmés sont, quant à eux, orientés vers la filière de recyclage. Cet équilibre garantit la cohérence opérationnelle du modèle.

Carton Vert : une stratégie bien ancrée et des partenariats solides

Les chiffres annoncés par Carton Vert témoignent d’une ambition claire. L’objectif de 300 000 cartons réemployés à horizon 2026 s’inscrit dans une logique de croissance maîtrisée. En 2024, la société indique avoir déjà réemployé 20 tonnes de cartons, l’équivalent de 20 tonnes de CO2 non émises. Ce volume n’est pas anodin et jette les bases d’une trajectoire encore plus marquée. Sur le plan macroéconomique, cette initiative répond aux attentes des entreprises désireuses d’optimiser leur bilan RSE et de s’inscrire dans les politiques publiques encouragées par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (dite « Loi AGEC »).

Outre l’expansion de l’activité dans la vente au détail, Carton Vert pourrait envisager de multiplier les partenariats avec des acteurs du e-commerce ou de la grande distribution. Ces secteurs consomment en effet d’énormes volumes d’emballages et sont soumis à une pression réglementaire accrue sur leurs déchets. Un alignement stratégique sur les grandes enseignes, désireuses de verdir leur image, constituerait un accélérateur de croissance. À l’échelle locale, la société pourrait générer de nouveaux emplois, contribuant ainsi à l’économie du bassin rochelais.

Le positionnement financier de Carton Vert, basé sur l’achat à faible coût de gros volumes de cartons et leur revente à un prix compétitif, devrait lui permettre de pérenniser ses marges. L’enjeu réside dans la capacité à éviter la saturation des stocks et à se distinguer de futurs concurrents. Sur ce point, la réputation d’entrepreneuriat responsable que s’est forgée l’entreprise, associée à un réseau client déjà conséquent, constitue un atout non négligeable.

En France, la loi AGEC (2020) renforce les contraintes pesant sur la mise en marché de produits à usage unique et incite à l’allongement de la durée de vie des emballages. Au niveau européen, plusieurs directives favorisent la hiérarchisation des modes de gestion des déchets, privilégiant le réemploi sur le recyclage. Les entreprises se doivent donc d’intégrer ces obligations dans leur stratégie d’approvisionnement et de production.

Le développement de l’entreprise pourrait également passer par l’innovation. La mise en place de plateformes en ligne facilitant la mise en relation entre vendeurs et acheteurs de cartons, le suivi automatisé des stocks ou la personnalisation de l’offre (cartons à des dimensions spécifiques) sont autant de pistes susceptibles de renforcer l’efficacité et la visibilité de Carton Vert. Dans un secteur encore peu structuré, être précurseur dans la digitalisation des processus de réemploi peut faire la différence.

Bon à savoir sur la concurrence

Quelques start-ups françaises se positionnent déjà sur la revente de cartons réutilisés. Toutefois, Carton Vert se distingue grâce à ses partenariats solides avec des industriels de renom et une stratégie d’approvisionnement de masse. Cette avance pourrait s’avérer déterminante pour fidéliser les acteurs économiques locaux et nationaux, surtout si la demande en emballages durables augmente rapidement.

Afin d’anticiper les évolutions législatives, l’entreprise devra probablement intégrer des certifications ou labels reflétant la qualité et la traçabilité de ses produits. Ce type de reconnaissance institutionnelle rassure les donneurs d’ordres et répond à la demande de consommateurs de plus en plus attentifs à l’origine de leurs achats. Grâce à une telle légitimité, Carton Vert consolidera son ancrage régional tout en envisageant une extension géographique plus large.

Enfin, la réussite du modèle repose sur la sensibilisation des différents acteurs de la filière. Il sera essentiel de convaincre les fournisseurs de prioriser la réutilisation, tout comme d’inciter les acheteurs à adopter systématiquement le carton de seconde main. Les bénéfices, économiques comme écologiques, ne pourront pleinement se concrétiser que si les mentalités évoluent sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Carton Vert semble bien positionné pour jouer le rôle d’ambassadeur de cette transformation.

De La Rochelle à la France entière : Carton Vert, un catalyseur de l’économie circulaire

Le développement fulgurant de Carton Vert, dans la région de La Rochelle, illustre la montée en puissance d’un nouveau modèle économique axé sur la frugalité et la valorisation des ressources. Alors que la pression réglementaire et sociétale pousse les entreprises à repenser leurs process, l’émergence d’acteurs capables de transformer un rebut en opportunité témoigne de la viabilité de l’économie circulaire. Il ne serait pas surprenant de voir, dans un avenir proche, une généralisation de ce type d’initiatives au-delà du marché du carton, englobant toutes sortes de matériaux et de produits (textile, mobilier, composants électroniques, etc.).

D’un point de vue légal, les signaux s’orientent vers un cadre encore plus propice à la valorisation des ressources. À chaque réforme visant à renforcer la REP ou à durcir la fiscalité sur l’enfouissement, la pertinence de solutions de réemploi s’accroît. Dans ce contexte, Carton Vert anticipe une demande exponentielle de la part des PME, des collectivités et même des particuliers. Son succès pourrait également inspirer d’autres entreprises, entraînant une saine émulation sur le marché de la seconde main pour emballages.

Si la stratégie de l’entreprise s’avère payante, elle pourrait devenir un leader national. Cette position serait, en outre, facilitée par la réputation de La Rochelle en matière de développement durable, la ville s’étant déjà démarquée par ses actions dans la mobilité douce et la protection du littoral. Pour la région, soutenir Carton Vert représente ainsi un coup double : dynamiser l’emploi local tout en affirmant une image écoresponsable.

Avec le projet Carton2.0 et les objectifs affichés par Carton Vert, la filière du réemploi démontre sa capacité à allier viabilité économique, respect de l’environnement et innovation logistique.