Bpifrance et BGE lancent le Bus de l’Entrepreneuriat sur les routes normandes
Un bus itinérant apporte conseils et financements aux habitants des quartiers prioritaires normands, ouvrant des perspectives d'entrepreneuriat inclusif.

À bord d’un car aménagé en bureau mobile, le « Bus de l’Entrepreneuriat » fraîchement inauguré sillonne déjà les quartiers prioritaires normands. Imaginé par Bpifrance et BGE Normandie, il rapproche gratuitement conseils, financements et réseaux des habitants des QPV.
Un bus pas comme les autres : l’entreprise en mouvement
Sur la carrosserie jaune vif, un mot d’ordre : « entreprendre, c’est possible ». Concrètement, le bus abrite postes informatiques, espace confidentiel pour les entretiens et documentation pédagogique. Son équipe de deux conseillers – dont le chef de projet Julien Vittecoq – stationne une journée dans chaque quartier, organise ateliers « Premiers pas » et assure un diagnostic individuel de faisabilité. Entre deux haltes, une hotline reste ouverte, garantissant une continuité de service que les maisons de l’emploi peinent parfois à offrir.
Une stratégie « aller‑vers » au cœur des QPV
Le choix du porte‑à‑porte n’est pas anodin : dans les QPV normands, 30 % des porteurs de projet déclarent ne pas connaître une structure d’accompagnement. Les freins cumulés – mobilité réduite, faible maîtrise administrative, autocensure – justifient une approche proactive. Soutenu par le programme national Entrepreneuriat Quartiers 2030, le bus vise trois actions : détecter les envies d’entreprendre, informer sur les aides et orienter vers un parcours complet allant de l’étude de marché au financement.
Chiffres clés 2021‑2025
19 bus déployés en France, 13 500 entrepreneurs détectés, 4 600 tournées effectuées, 490 QPV couverts (1,6 million d’habitants). En Normandie, 3 bus actifs dont le 2e de BGE lancé en avril 2025 ; 100+ personnes déjà orientées et 95 actions programmées pour 2025.:contentReference[oaicite:0]{index=0}
Des résultats déjà tangibles
À moins de trois mois du démarrage, les indicateurs internes affichent un taux de transformation de 56 % entre premier contact et inscription à un parcours complet. Les créneaux les plus sollicités portent sur la micro‑franchise, l’EIRL et le financement bancaire complémentaire au micro‑crédit Adie. Pour les conseillers, l’enjeu est désormais d’accompagner la formalisation des plans d’affaires et d’éviter l’autofinancement excessif, fléau classique des petites activités de service.
Entrepreneuriat Quartiers 2030 : un cadre national ambitieux
Lancé fin 2021 et piloté financièrement par Bpifrance, le programme cible plus de 1 200 QPV (5,2 millions d’habitants). Il mobilise l’État et la Banque des Territoires autour d’un budget de 456 M€ sur quatre ans, dont 600 M€ d’outils financiers (subventions, prêts, quasi‑fonds propres). Au‑delà de la détection, le dispositif prévoit une montée en gamme : séminaires sectoriels, accélérateurs et mises en réseau thématiques (numérique, ESS, transition écologique).
Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) sont définis par la loi Lamy du 21 février 2014 comme des zones urbaines où le revenu médian est très inférieur à celui de l’agglomération. Au 1er janvier 2024, on compte 1 362 QPV en France métropolitaine et 140 en outre‑mer. Source : INSEE.:contentReference[oaicite:1]{index=1}
Ancrage normand : un maillage de 22 QPV
Le deuxième bus de BGE Normandie intervient dans les quartiers de la Grâce‑de‑Dieu (Caen), des Provinces (Cherbourg) ou encore de la Pierre‑Heuzé (Caen), totalisant près de 63 000 habitants. Cette couverture répond à la nouvelle cartographie 2024 qui maintient les 22 QPV normands mais actualise leurs périmètres pour tenir compte des évolutions démographiques locales.
Gouvernance financière et partenariats
Le dispositif repose sur un cofinancement public‑privé. L’État, la Région, les départements du Calvados et de la Manche, mais aussi des acteurs privés (CIC Nord‑Ouest, KPMG, MMA, MAAF, Nerepix, Prévoir) apportent budgets de fonctionnement et mécénat de compétences. Les partenaires techniques – France Travail, Adie, France Active Normandie, Réseau Initiative – partagent leur base de données pour fluidifier l’orientation. Cette approche mutualisée sécurise la chaîne d’accompagnement : sensibilisation, validation, financement, suivi post‑création.
Chaque tournée suit un protocole en trois temps : 1) communication ciblée dix jours avant la venue ; 2) permanence sans rendez‑vous le matin ; 3) ateliers collectifs l’après‑midi. Les demandes complexes sont redirigées vers des permanences physiques BGE ou vers la plateforme Bpifrance Création.
Comparaison avec d’autres dispositifs mobiles
Depuis 2020, plusieurs régions expérimentent des structures itinérantes : le Bus du Droit (Occitanie), la Fabrique à Entreprendre (Île‑de‑France). Le modèle normand se distingue par son rattachement direct à Entrepreneuriat Quartiers 2030, garantissant un financement pluriannuel et des indicateurs partagés. En revanche, la mutualisation des données reste perfectible ; la Région envisage un CRM territorial pour éviter la redondance des diagnostics.
L’histoire de Bpifrance
Née en 2012 du rapprochement d’Oséo, du FSI et de CDC Entreprises, Bpifrance se positionne comme la banque publique d’investissement de référence en France. Avec 50 implantations régionales, elle finance l’entreprise à chaque étape, crédit, garantie, capital, et propose conseil, formation (Bpifrance Université) et accélérateurs sectoriels. En 2024, son résultat net s’élève à 896 M€ pour 60 Md€ injectés dans l’économie française.
Qui est BGE Normandie ?
BGE Normandie est l’une des 31 structures régionales du réseau BGE, créé en 1979. En 2023, BGE a accueilli 123 000 personnes, accompagné 65 000 porteurs de projet et soutenu 18 000 créations d’entreprises. Son équipe normande compte 27 conseillers répartis sur neuf antennes, dont Caen Nord, Saint‑Lô et Cherbourg.:contentReference[oaicite:3]{index=3}
Enjeux socio‑économiques pour les QPV
D’après l’INSEE, le taux de chômage dans les QPV normands atteint 20,4 %, soit le double de la moyenne régionale. Les créations d’entreprises constituent donc un levier d’insertion professionnelle. En phase pilote, le Bus prône l’hyper‑proximité : il apporte un guichet unique et contribue à la bancarisation, condition sine qua non pour lever un micro‑crédit. Sur le moyen terme, les partenaires envisagent d’y adosser un fonds de garantie local pour sécuriser les premiers prêts jusqu’à 10 000 €.
Cadre légal : loi Lamy 2014
La loi n° 2014‑173 du 21 février 2014 définit les QPV selon un critère de revenu médian. En 2025, son article 5 a été actualisé pour intégrer la nouvelle géographie prioritaire et renforcer l’accès aux dispositifs d’insertion par l’activité économique.
En rapprochant financement, conseil et réseau, le « Bus de l’Entrepreneuriat » illustre comment la logistique mobile devient un instrument de cohésion économique et sociale.