2,203 milliards d’euros pour Bonduelle, +7,4 % de croissance semestrielle pour Equasens et une usine de plaques de plâtre zéro carbone opérationnelle chez Saint-Gobain au Canada : le marché parisien s’apprête à arbitrer entre sobriété, traction organique et virage industriel. Plusieurs publications sont attendues et quelques signaux forts ont déjà été envoyés. Place à une lecture actionnable pour les portefeuilles.

Calendrier de marché et séquence d’annonces à surveiller

Le flux d’informations s’est densifié en fin de semaine avec des chiffres publiés et d’autres à paraître très prochainement. Côté calendrier, les investisseurs triés sur le volet s’attacheront à séparer l’essentiel du bruit, en particulier sur les valeurs moyennes.

  • 26 septembre 2025 : publication par Equasens de ses résultats semestriels positifs et communication consolidée par les flux d’information financiers.
  • 26 septembre 2025 : chiffres annuels 2024-2025 de Bonduelle, confirmant un léger retrait du chiffre d’affaires et une marge opérationnelle courante en progression.
  • 26 septembre 2025 : signal industriel de Saint-Gobain avec l’inauguration d’une usine CertainTeed de plaques de plâtre entièrement électrifiée à Sainte-Catherine, près de Montréal.
  • Annonce AOF du 26 septembre 2025 : Baikowski, Keyrus et Passat doivent communiquer leurs résultats semestriels sous peu, sans données chiffrées publiées à ce stade.

Dans les faits, le marché attend des précisions de trajectoire, notamment sur la capacité des groupes orientés B2B à préserver leurs marges. En pratique, la granularité des publications à venir conditionnera la lecture sectorielle en ouverture.

Repères express

Bonduelle : chiffre d’affaires 2,203 milliards d’euros, en baisse de 0,8 % en comparable et de 0,9 % en publié. Résultat opérationnel courant 83,8 millions d’euros, marge opérationnelle courante 3,8 %. Perte nette 11,5 millions d’euros.

Equasens : chiffre d’affaires semestriel 116 millions d’euros, croissance +7,4 % dont +6,4 % organique. EBITDA courant 29,8 millions d’euros, résultat opérationnel courant 21,1 millions d’euros, bénéfice net part du groupe 17,3 millions d’euros.

Saint-Gobain : usine CertainTeed à Sainte-Catherine zéro carbone sur scopes 1 et 2, et plus grande au monde 100 % électrique sur ce segment.

Bonduelle : arbitrages opérationnels et retour progressif vers l’équilibre

Bonduelle a livré des comptes annuels 2024-2025 qui invitent à un diagnostic nuancé. Le chiffre d’affaires atteint 2,203 milliards d’euros, en retrait de 0,8 % en données comparables et de 0,9 % en publié. Le résultat opérationnel courant progresse légèrement à 83,8 millions d’euros, et la marge opérationnelle courante se hisse à 3,8 %, contre 3,7 % un an plus tôt après retraitement IFRS 5. Malgré cette amélioration de la marge, le groupe affiche une perte nette de 11,5 millions d’euros, cependant bien moindre que les 119,8 millions d’euros de perte de l’exercice précédent (AOF, 26 septembre 2025). Ce double signal nous dit deux choses. D’une part, la discipline opérationnelle et la remontée de marge s’esquissent, ce qui est souvent l’antichambre d’un redressement durable. D’autre part, la ligne de résultat net demeure négative, ce qui rappelle que la consolidation du bilan et la qualité des flux de trésorerie libres restent des angles d’analyse incontournables. Dans les faits, cette configuration appelle des éclairages sur la structure des coûts, les mix géographiques et l’évolution des marchés finaux.

Bonduelle : comment redresser la barre après une perte nette ?

La trajectoire dépendra du phasage des gains d’efficacité et de la tenue commerciale. Les éléments à surveiller à court terme incluent :

  • Accélération du levier opérationnel sur la base d’une marge remontée à 3,8 %.
  • Gestion des cash-flows pour absorber le coût des adaptations industrielles et commerciales.
  • Qualité du mix et des arbitrages de portefeuille produits, surtout dans un contexte de volumes sensibles.

Au passage, la diminution prononcée de la perte nette constitue un signal utile pour les investisseurs en quête de points d’inflexion. Pour autant, la matérialisation dans la génération de trésorerie devra être confirmée.

IFRS 5 encadre la présentation des activités abandonnées et des actifs destinés à être cédés. Lorsqu’un groupe applique ce référentiel, certains périmètres sortent des agrégats opérationnels historiques, ce qui peut modifier la base de comparaison. La mention “après retraitement IFRS 5” signifie que la marge de l’exercice antérieur a été recalculée pour refléter cette nouvelle présentation, rendant la comparaison plus pertinente.

Equasens : traction organique et rentabilité tenue au premier semestre

Equasens affiche une dynamique solide sur les six premiers mois de 2025. Le chiffre d’affaires progresse de 7,4 % à 116 millions d’euros, dont 6,4 % en organique. L’EBITDA courant s’améliore de 5,5 % pour atteindre 29,8 millions d’euros. Le résultat opérationnel courant augmente de 1,2 % à 21,1 millions d’euros, tandis que le bénéfice net part du groupe ressort à 17,3 millions d’euros, en hausse de 0,4 %. Le résultat net global s’élève à 18,1 millions d’euros, en progression de 0,3 % (données confirmées le 26 septembre 2025). Dans un environnement où la croissance organique est scrutée, la lecture de ces chiffres est favorable. Le différentiel entre la hausse du chiffre d’affaires et celle de l’EBITDA courant, un peu moins rapide, suggère de garder un œil sur l’absorption des coûts et la structure des investissements. En pratique, la clé réside dans la capacité à maintenir le rythme de croissance interne tout en défendant la marge opérationnelle courante.

Equasens : points d’attention pour le second semestre

Les investisseurs pourraient s’attarder sur :

  • La soutenabilité du mix au regard de la croissance organique affichée.
  • La trajectoire d’EBITDA courant par rapport à l’effort d’investissement et aux coûts d’exploitation.
  • La conversion du résultat en cash, afin d’évaluer la qualité intrinsèque de la performance.

L’EBITDA courant mesure la performance avant dotations aux amortissements et éléments non récurrents, utile pour apprécier la génération de cash opérationnel. Le résultat opérationnel courant intègre les amortissements et reflète davantage le profil de rentabilité récurrent. Une croissance de l’EBITDA supérieure à celle du chiffre d’affaires traduit souvent une amélioration de l’efficacité, mais une progression plus modeste peut signaler une pression sur les coûts ou une phase d’investissement.

Saint-Gobain : décarbonation industrielle et signal stratégique en Amérique du Nord

Saint-Gobain a inauguré près de Montréal, à Sainte-Catherine, une usine CertainTeed de plaques de plâtre entièrement électrifiée et alimentée par hydroélectricité. L’installation devient la première du continent nord-américain à revendiquer le zéro carbone sur les scopes 1 et 2, et la plus grande au monde à fonctionner 100 % à l’électricité pour ce type de production. Au-delà de l’empreinte environnementale, le message adressé au marché est double. D’abord, l’entreprise démontre sa capacité d’exécution sur des procédés industriels électrifiés, ce qui, côté coûts, peut modifier la structure du mix énergétique au fil du temps. Ensuite, l’alignement avec des sources décarbonées visibles comme l’hydroélectricité participe à renforcer la compétitivité commerciale auprès des maîtres d’ouvrage et distributeurs en quête de matériaux à faibles émissions. Dans les faits, pour la cote parisienne, ce jalon illustre un arbitrage stratégique assumé. En pratique, les investisseurs observeront l’impact économique de cette électrification intégrale lorsque l’effet d’échelle et la montée en cadence seront pleinement visibles dans les agrégats consolidés.

Le scope 1 regroupe les émissions directes d’une entreprise, par exemple celles liées aux combustibles brûlés sur site. Le scope 2 couvre les émissions indirectes associées à l’électricité, la chaleur ou la vapeur achetées. Une usine « zéro carbone sur scopes 1 et 2 » signifie que les émissions directes et celles liées à l’énergie achetée sont neutralisées ou évitées, notamment via l’électrification et l’usage d’électricité d’origine renouvelable.

Baikowski, Keyrus et Passat : publications attendues, lectures à préparer

Trois valeurs sont signalées en attente de publication de comptes semestriels : Baikowski, Keyrus et Passat. Pour l’heure, aucun chiffre n’a été communiqué. Les opérateurs devront donc se préparer à une lecture rapide des communiqués, avec un focus sur les agrégats qui donnent de la visibilité à court terme. Côté Baikowski, spécialiste des poudres et formulations d’alumine ultra pures, d’oxydes et composites fins, l’enjeu classique se situe sur la qualité du carnet et la capacité à faire passer les prix lorsque l’énergie et certaines commodités fluctuent. Pour Keyrus et Passat, la dynamique commerciale et la maîtrise des frais généraux permettent, en général, de calibrer la soutenabilité des marges à 6-12 mois. Sans données, l’exercice consiste à bâtir une grille de lecture disciplinée, et à s’y tenir dès la publication.

Checklist investisseurs pour les publications attendues

Pour Baikowski, Keyrus et Passat, les points à passer au crible dès la parution des semestriels :

  • Trajectoire de CA et part organique pour évaluer la qualité intrinsèque de la croissance.
  • Marge opérationnelle courante et principales explications de variation.
  • Cash-flow opérationnel et éventuels besoins de financement à court terme.
  • Commentaire de management sur la demande, les prix et la visibilité.
  • Guidance ou indications qualitatives sur le second semestre.

Côté calendrier, une publication simultanée de plusieurs mid caps peut accentuer la volatilité intraday. Les investisseurs avisés prioriseront les dossiers avec données chiffrées, puis élargiront à ceux dont les angles qualitatifs sont les plus convaincants. Ce tri par la preuve est souvent payant à court terme.

Lecture croisée : marges, capex et traction commerciale

Dans la séquence récente, trois messages dominent. D’abord, l’amélioration graduelle de la marge chez Bonduelle atteste d’une discipline opérationnelle en construction, même si le résultat net reste négatif. Ensuite, la croissance organique d’Equasens confirme une demande sous-jacente robuste et un pilotage de la rentabilité qui, bien que plus mesurée sur les agrégats inférieurs, demeure positif. Enfin, le jalon industriel de Saint-Gobain repositionne le débat sur la compétitivité bas-carbone, sujet désormais commercial autant que réglementaire. Dans les faits, la conjonction de ces signaux agit comme un rappel utile : la création de valeur à moyen terme passe par des marges tenues, des investissements pertinents et une exécution commerciale précise. En pratique, cela appelle des lectures financières centrées sur les éléments suivants :

  • Elasticité prix-coûts et capacité à préserver le spread brut.
  • Qualité de la croissance via le prisme organique, différent d’un simple effet périmètre.
  • Allocation du capital et cohérence entre capex, coûts d’exploitation et promesse de marge.
  • Signal produit et différenciation dans la relation client, levier critique en phase de consolidation.

Au passage, l’inauguration de l’usine CertainTeed électrifiée rappelle que l’avantage compétitif peut aussi se construire par la technologie de process et l’accès à une énergie décarbonée crédible. Même sans données chiffrées additionnelles, le message au marché est clair.

Pour les investisseurs actions France, trois biais de sélection se dégagent :

  1. Privilégier les histoires de marge qui s’améliorent ou se défendent, même à croissance modeste.
  2. Rechercher des preuves de traction organique pour éviter les mirages d’élargissement de périmètre.
  3. Valoriser les angles de différenciation durable quand ils s’enracinent dans le process industriel ou l’offre.

Ces angles ne remplacent pas l’analyse fondamentale classique, ils l’affûtent pour les fenêtres de volatilité autour des publications.

Avant l’ouverture : comment aborder cette salve d’informations

Côté investisseurs, l’idée est d’ordonner la journée autour des publications déjà tangibles et des communiqués attendus. Dans un marché qui récompense la lisibilité, l’ordre de marche peut être le suivant :

  • Prendre acte des compteurs de Bonduelle avec l’amélioration de la marge et la perte nette réduite.
  • Capitaliser sur les agrégats solides d’Equasens et tester la soutenabilité au second semestre.
  • Intégrer le signal industriel de Saint-Gobain comme un marqueur stratégique, au-delà de la seule communication RSE.
  • Préparer une lecture éclair des chiffres de Baikowski, Keyrus et Passat dès leur publication officielle.

Côté calendrier, une fois les communiqués publiés, la capacité à extraire deux ou trois métriques clés et un message de guidance ou d’orientation suffit souvent à fixer une conviction de court terme. L’essentiel consiste à garder la tête froide lorsque la volatilité s’invite, surtout sur des dossiers de taille moyenne.

Ce que signifie cette séquence pour la cote parisienne

Les signaux envoyés par ces dossiers dessinent un marché où la discipline opérationnelle et les différenciateurs stratégiques priment sur les récits trop théoriques. Le timing des publications à venir déterminera l’intensité de la rotation sectorielle intra-journée, mais les critères d’arbitrage restent classiques : marges, organique, cash et capex ciblés. En définitive, une ouverture focalisée sur la preuve plutôt que sur la promesse s’impose. Les éléments chiffrés et industriels mis en avant ici donneront le ton. Les portefeuilles qui feront ce tri méthodique pourraient capter l’essentiel du mouvement sans sur-risque. Sur ces bases, le marché parisien jouera la carte de la sélectivité, entre traction prouvée et transitions industrielles crédibles.