Nantes : Blue2 transforme le CO₂ avec des microalgues innovantes
Découvrez comment Blue2 à Nantes utilise des microalgues pour convertir le CO₂ en ingrédients écologiques d'ici 2026.

À Nantes, Blue2 accélère la transformation du CO₂ en valeur économique via des microalgues installées directement chez les industriels. Fondée début 2025 par Arnaud Grisard, Arianna Rizzo et Romain Million, la startup avance une promesse simple et exigeante à la fois : capter à la source, convertir sur place et livrer des molécules biosourcées utiles, sans rejets massifs.
Blue2 à Nantes : microalgues industrielles et chimie circulaire
Blue2 revendique une approche de chimie circulaire fondée sur la photosynthèse des microalgues. L’objectif est clair : valoriser le CO₂ industriel en ingrédients et molécules pouvant être réinsérés dans des filières cosmétiques, pharmaceutiques, chimiques ou agricoles. En s’équipant au plus près des cheminées, l’entreprise veut réduire les étapes intermédiaires et limiter l’empreinte logistique.
Le projet, initié début 2025, vise une première mise en œuvre industrielle d’ici 2026. Son modèle technique repose sur des installations modulaires conteneurisées, paramétrées en fonction des flux de fumées et des besoins produits par secteur client.
Qui est Blue2 : ancrage nantais et ADN entrepreneurial
Cofondée par Arnaud Grisard, Arianna Rizzo et Romain Million, Blue2 s’inscrit dans une dynamique française d’innovations à base de microalgues. Cette trajectoire rejoint la volonté de renforcer la souveraineté industrielle autour de briques technologiques bas-carbone. L’ambition est assumée par son directeur général, Arnaud Grisard, qui résume la ligne directrice par une formule concise : « la chimie de demain ».
Feuille de route opérationnelle 2025-2026
Points clés annoncés par Blue2 pour la phase initiale :
- Début 2025 : création de la société et finalisation du concept technique.
- Deuxième semestre 2026 : première installation prévue chez un industriel, à l’issue de la phase prototype, telle que rapportée par la presse spécialisée en septembre 2025.
- Sans rejets massifs : priorité à une production propre, avec captation sur site.
Les microalgues sont capables de transformer le CO₂ en biomasse et en molécules d’intérêt via la photosynthèse. En milieu industriel, elles offrent un double avantage : réduction du carbone émis et production de composés biosourcés valorisables. Leur culture en photobioréacteurs clos favorise la maîtrise sanitaire et la répétabilité des qualités.
Captation à la source et photobioréacteurs : l’architecture technique
La proposition de valeur de Blue2 tient à la captation directe du CO₂ sur le site des émetteurs. Les fumées, richement chargées en carbone, sont compressées puis injectées dans des photobioréacteurs placés en conteneurs. Ces modules accueillent des souches de microalgues sélectionnées selon l’usage visé par le client, qu’il s’agisse d’ingrédients ou de précurseurs biosourcés.
La société insiste sur une automatisation sans recours à l’IA. Le choix est assumé : simplifier l’exploitation, réduire les coûts de personnel spécialisé et fiabiliser les routines d’exploitation. Un prototype est en finalisation, en vue d’une première installation industrielle au second semestre 2026, échéance évoquée dans un article de L’Usine Nouvelle daté de septembre 2025.
Quatre fonctions sont structurantes :
- Conditionnement des fumées : refroidissement et compression, avec suivi du taux de CO₂.
- Réacteur fermé : contrôle des paramètres clés, notamment pH, lumière et nutriments.
- Automates : pilotage régulier des apports gazeux et sécurisation de l’oxygène dissous.
- Récolte : séparation de la biomasse pour extraction des molécules ciblées.
Ces étapes, combinées, visent la stabilité de production et la répétabilité des qualités biosourcées attendues par les clients industriels.
Financement en deux temps : 1,9 million d’euros visés en 2026
Pour valider puis industrialiser sa technologie, Blue2 prévoit une levée en deux volets pour un total de 1,9 million d’euros sur 2026. La première tranche, comprise entre 350 000 et 400 000 euros, serait recherchée début 2026 auprès de business angels, avec un objectif précis : verrouiller la phase prototype et sécuriser les premiers jalons industriels.
La seconde tranche, d’un montant de 1,6 million d’euros, interviendrait en fin d’année 2026, en priorité auprès de family offices, pour finaliser l’industrialisation et accélérer l’optimisation procédés. Cette trajectoire financière s’articule avec les dispositifs nationaux d’appui à l’industrialisation, dont « Première Usine ».
La Direction générale des Entreprises a annoncé neuf nouveaux lauréats en septembre 2025, confirmant l’orientation pro-industrie de la politique publique. Blue2 n’est pas citée à ce jour parmi ces lauréats, mais pourra, en tant que projet industriel innovant, se positionner sur ces guichets si les critères sont remplis.
Points clés du tour de table 2026
Le montage financier suit une logique séquentielle :
- Business angels en ouverture pour sécuriser la validation technique.
- Family offices en consolidation pour clôturer la mise sur le marché.
Ce schéma, courant dans l’industrialisation deeptech, vise à atténuer le risque technologique en amont avant l’accélération commerciale.
Cibles marchés et cas d’usage : de la cosmétique à l’agriculture
Blue2 développe des souches de microalgues selon des cahiers des charges sectoriels. Côté cosmétique, la biomasse peut fournir des extraits et pigments biosourcés. En pharmaceutique, des molécules d’intérêt peuvent entrer dans des procédés ou formulations. L’industrie chimique peut, elle, intégrer des substituts durables aux intrants fossiles.
L’entreprise explore aussi l’agriculture et la nutrition animale et humaine. Les microalgues peuvent y servir de compléments ou d’engrais naturels selon les programmes applicatifs. L’approche reste modulaire : chaque souche est développée pour un rendu ciblé, avec un calibrage du photobioréacteur et des conditions de culture ajustés à l’objectif.
Exemple avec CarbonWorks
Illustration connexe en Gironde : CarbonWorks utilise des microalgues pour capter le CO₂ et lutter contre le mildiou. Cet exemple, rapporté par la presse locale en mars 2022, témoigne de la plasticité des procédés algaux face à des problématiques très concrètes. Blue2 élargit cet horizon vers une valorisation industrielle plus large, en ciblant la chimie de spécialité et les ingrédients.
Les microalgues peuvent produire :
- Acides gras et lipides d’intérêt pour ingrédients cosmétiques.
- Pigments et antioxydants pour applications nutritionnelles ciblées.
- Polysaccharides et métabolites secondaires pour usages chimiques spécifiques.
Le choix de la souche et le pilotage du réacteur conditionnent la nature et le rendement des molécules obtenues. Blue2 oriente sa R&D pour enrichir ce portefeuille, en restant sur des productions sans rejets massifs.
Emploi, calendrier industriel et ancrage public en France
Un premier recrutement est prévu fin 2025, avec un objectif d’équipe de 15 personnes en 2028, principalement en R&D pour élargir le spectre de souches. Côté revenus, la société envisage 1 million d’euros de chiffre d’affaires dès 2027–2028, puis une extension progressive. L’expansion européenne est pensée à partir de 2029–2030, d’abord via des clients français disposant de sites à l’étranger.
Le positionnement de Blue2 bénéficie d’un environnement public actif sur l’industrialisation verte. Le programme French Tech 2030, lancé en 2023, soutient des startups à fort impact pour accélérer leur passage à l’échelle. Le Sommet Choose France 2025, tenu en mai à Versailles, a mis l’accent sur l’économie bleue et les bluetech, renforçant l’attractivité de la France pour des technologies de captation et de valorisation du CO₂.
Parallèlement, la DGE a confirmé en septembre 2025 neuf nouveaux lauréats du dispositif « Première Usine ». Si Blue2 n’y figure pas à ce stade, sa technologie entre dans la logique d’un outillage industriel émergent qui pourrait candidater à ces mécanismes lors de phases ultérieures. Sur un plan plus macro, la statistique publique souligne une progression des investissements en R&D verte, pendant que France 2030 mobilise plus de 50 milliards d’euros à horizon 2030 pour des projets d’innovation et d’industrialisation (France 2030).
French Tech 2030 et Choose France 2025 : leviers d’attractivité
French Tech 2030 cible des technologies de rupture, dont la décarbonation industrielle. Choose France 2025 a mis à l’agenda l’économie bleue et les technologies associées, un signal utile pour des projets comme Blue2, positionnés sur la capture et la valorisation du CO₂ par microalgues.
Dispositif « Première Usine » : repères DGE
Le guichet « Première Usine » soutient la bascule vers la production industrielle. Les neuf lauréats annoncés en septembre 2025 illustrent la continuité de cette politique. Pour des jeunes pousses de la cleantech industrielle, l’enjeu consiste à aligner maturité technologique, modèle d’affaires et critères d’éligibilité.
Les entreprises exposées au prix du carbone doivent arbitrer entre réduction à la source et compensation. Les technologies de captation et valorisation sur site, comme celles à base de microalgues, s’inscrivent dans l’esprit du Green Deal européen, en complément d’efforts d’efficacité énergétique et de substitution d’intrants. L’AMF veille, par ailleurs, à la transparence des levées de fonds menées en France lorsque des investisseurs publics ou privés sont impliqués.
Installation sur site : un choix confirmé
Des communications institutionnelles régionales publiées en janvier 2025 confirment que Blue2 implante ses systèmes directement chez les émetteurs. Cette stratégie renforce la captation à la source, limite la logistique du CO₂ et s’inscrit pleinement dans l’économie circulaire.
Impact environnemental et limites d’exécution
En transformant le CO₂ en biomasse et molécules d’intérêt, Blue2 propose un levier de décarbonation aligné avec une logique de valorisation plutôt que de simple stockage. Les photobioréacteurs fermés, alimentés par les fumées, fournissent un cadre technique propice à la stabilité et à la répétabilité des rendements. La démarche, inspirée de travaux de recherche testant des photobioréacteurs en contexte spatial, vise ici la scalabilité en milieu industriel.
La jeune pousse mise sur une production sans rejets massifs et sur une automatisation qui réduise les charges d’exploitation. Les bénéfices environnementaux attendus reposent sur une captation efficace, une substitution d’intrants fossiles par des molécules biosourcées et une diminution des émissions nettes à l’échelle du site.
Reste une série de défis d’exécution : sélection des souches à haute valeur, optimisation des cycles de culture et intégration fine aux flux industriels existants. Le calendrier posé, avec un jalon d’installation au second semestre 2026, fixe un cap et un tempo. À l’échelle marché, l’intérêt semble soutenu par les signaux pro-innovation et les appuis publics, mais la preuve économique passera par l’atteinte des coûts cibles et la robustesse du procédé en conditions réelles.
Les photobioréacteurs sont étudiés pour le support-vie en orbite : recyclage du CO₂ en oxygène et biomasse. Transposée à l’industrie, cette logique repose sur des paramètres maîtrisés et la continuité opérationnelle. Les gains observés en recherche confortent l’intérêt d’un pilotage précis en systèmes clos.
Vigilance financière et gouvernance
Pour une startup industrielle, la gestion de trésorerie et la gouvernance des tours de table sont déterminantes. Blue2 aligne un calendrier de financement gradué sur ses jalons techniques 2026. L’AMF encadre les opérations de levée de fonds menées en France afin de sécuriser l’information financière mise à disposition des investisseurs.
Cap industriel 2026 confirmé, puis cap commercial 2027-2028
Blue2 s’avance avec une thèse industrielle claire : capter le CO₂ là où il est émis, le convertir en molécules utiles et déployer un outil compact, automatisé et sans IA. La première installation ciblée pour S2 2026 constituera le test décisif. Si les jalons sont atteints, la trajectoire 2027–2028, avec 1 M€ de revenus projetés, pourrait valider l’adéquation produit-marché auprès de segments cosmétiques, chimiques et agricoles.
Portée par un écosystème public favorable et un intérêt accru pour les solutions bas-carbone, la startup nantaise ambitionne une extension européenne dès 2029–2030 via ses clients français. Reste à orchestrer l’échelle industrielle et la compétitivité économique, conditions nécessaires pour transformer la promesse technologique en standard industriel.
À suivre : l’exécution 2026 révélera la capacité de Blue2 à convertir la captation verte en avantage concurrentiel mesurable.