La percée d’Atchoum dans la mobilité solidaire rurale
La plateforme Atchoum réinvente la mobilité locale avec covoiturage et trajets solidaires, connectant conducteurs et passagers dans les campagnes.

Depuis quelques années, la mobilité solidaire en milieu rural fait florès. L’initiative Atchoum, lancée en 2017, s’inscrit dans ce mouvement et propose une offre hybride entre covoiturage et transport à la demande. Pour en savoir plus sur cette proposition innovante : https://www.atchoum.eu/. Dans les lignes qui suivent, nous analyserons en profondeur son fonctionnement, ses enjeux et ses perspectives de développement.
Une entreprise sociale au service des campagnes françaises
Fondée en janvier 2017 dans la commune de Méounes-les-Montrieux (Var), Atchoum a vu le jour pour répondre à un défi majeur : améliorer l’accessibilité aux services de transport pour les publics isolés des territoires ruraux. Cette jeune structure, reconnue comme faisant partie de l’économie sociale et solidaire (ESS), a su convaincre par sa double approche de covoiturage et de trajets solidaires.
Contrairement aux plateformes de covoiturage classiques, l’accent est mis sur les trajets de proximité et les petites distances. L’objectif : remédier aux manques de transports publics dans les zones peu denses, tout en proposant un service adapté aux seniors, aux personnes sans véhicule ou encore aux jeunes en recherche d’emploi.
Bon à savoir : Une évolution rapide
Atchoum s’est déployée sur plus de 25 départements et plus de 650 territoires ruraux. Elle met en relation passagers et conducteurs locaux en privilégiant un ancrage de proximité. Les retours sont encourageants : 60 % des réservations se feraient via le centre d’appel, et on estime à 80 % le taux de validation des demandes de trajets.
Les deux volets de la mobilité : covoiturage et transport solidaire
L’originalité de la solution Atchoum réside dans son offre 2-en-1. D’un côté, on retrouve un dispositif classique de covoiturage où un conducteur déclare ses déplacements réguliers ou occasionnels. De l’autre, la plateforme coordonne des trajets solidaires dans lesquels le chauffeur effectue un détour spécialement pour répondre au besoin d’une personne n’ayant aucun moyen de transport autonome.
Le covoiturage couvre les trajets habituels, par exemple le trajet domicile-travail, sur lequel le conducteur peut embarquer des passagers. La dimension “solidaire”, en revanche, implique une logistique plus souple : le conducteur devient volontairement disponible pour aller chercher le passager et l’emmener à son rendez-vous (médecin, pharmacie, entretien d’embauche, etc.), puis le ramener à son domicile, que ce soit pour 12 km ou beaucoup plus.
Atchoum intègre une plateforme de réservation multicanale : un site Internet et un centre d’appel. Une fois la demande envoyée, tous les conducteurs inscrits dans la zone géographique sont alertés. Celui qui se libère en premier récupère le passager et assure le trajet aller-retour. L’absence de commission à reverser motive de nombreux conducteurs à s’inscrire.
Cette mise en relation téléphonique joue un rôle crucial pour les personnes âgées ou peu familières avec les outils numériques. Beaucoup d’utilisateurs saluent la clarté des procédures et la simplicité d’adhésion (permis de conduire, assurance, inscription gratuite). Du côté du passager, il suffit de passer un appel pour décrire son besoin, payer la course et convenir de l’heure de prise en charge.
Un schéma tarifaire équitable et différencié
Au cœur du dispositif, le financement est un aspect essentiel. Atchoum pratique une tarification à deux niveaux : l’une pour le covoiturage classique et l’autre pour le transport solidaire. Cette distinction reflète la nature du service : en covoiturage, le conducteur n’opère pas un détour majeur, tandis qu’en trajet solidaire, il se mobilise spécifiquement pour le passager.
Pour le covoiturage, la règle est simple : un forfait de 3,75 € pour tout parcours entre 0 et 34 km. Au-delà, on ajoute 0,11 € par kilomètre supplémentaire. Le coût trajet solidaire, lui, prévoit un forfait de 3,75 € jusqu’à 11 km, auquel s’ajoutent 0,32 € par kilomètre si l’on excède ce seuil.
Le passager règle le montant correspondant par carte bancaire (soit via la plateforme web Atchoum, soit auprès du centre d’appel). Il peut aussi choisir les tickets mobilité émis par les collectivités : ces coupons de 1,25 € sont achetables en mairie ou dans d’autres points de vente publics. Ils servent ensuite à payer la course partiellement ou en totalité.
Cette modularité tarifaire est pensée pour indemniser le conducteur de manière juste tout en encourageant la solidarité : les tarifs demeurent abordables, en dessous des standards de la location de taxi ou d’autres solutions traditionnelles. Par ailleurs, l’absence de commission permet aux conducteurs d’être intégralement dédommagés. Les discussions entre utilisateurs révèlent que cette transparence et cette équité tarifaire inspirent confiance.
Bon à savoir : aucune commission
Contrairement à certaines plateformes de mobilité, Atchoum ne prélève pas de frais sur les trajets réalisés. L’ensemble de l’indemnité revient ainsi directement aux conducteurs. De plus, les collectivités s’abonnent au service, ce qui contribue à son modèle économique et à maintenir un coût modéré pour les passagers.
L’histoire d’Atchoum : une graine plantée en Provence
À l’origine d’Atchoum, on retrouve le constat simple qu’il n’existait aucune offre adaptée pour les petits déplacements du quotidien en zone rurale. Créée en janvier 2017, l’entreprise a vite été repérée pour son potentiel d’innovation sociale. Lauréate d’un appel à projet d’Euratechnologies (incubateur de start-up basé à Lille), elle a pu bénéficier d’un accompagnement et d’une visibilité accrue.
Le choix de se positionner comme solution de l’économie sociale et solidaire (ESS) était logique : l’ADN de la structure repose sur la volonté de faciliter la mobilité de personnes isolées. Les collectivités territoriales prennent en charge l’abonnement afin d’offrir un accès simplifié aux usagers : seniors, personnes sans emploi, habitants éloignés des grands axes de transport, etc.
L’ESS regroupe des structures dont la finalité sociale, environnementale ou culturelle prime sur la recherche de profit. Associations, coopératives et entreprises comme Atchoum s’inscrivent dans cette démarche de développement économique respectueux et inclusif, tout en restant compétitives. Les bénéfices sont généralement réinvestis pour consolider le projet ou en développer de nouveaux volets.
En combinant innovation technologique (application et site web), service de réservation téléphonique et financement public (abonnements des collectivités), Atchoum a construit un modèle hybride. Il s’adapte aux réalités du terrain : pénétration inégale d’Internet dans les campagnes, difficultés de déplacement liées à l’âge ou à la santé, et manque de moyens de transport public.
Une offre attractive pour les territoires ruraux
Selon les derniers chiffres communiqués par la plateforme, déjà plus de 650 communes et intercommunalités ont choisi de proposer Atchoum à leurs administrés. Cette adhésion massive s’explique par plusieurs facteurs :
- Lutte contre l’isolement : Les personnes âgées, les demandeurs d’emploi et les jeunes sans permis peuvent désormais circuler plus facilement, que ce soit pour des courses, un rendez-vous médical ou des activités sociales.
- Souplesse des réservations : À la fois par Internet et par téléphone, ce qui sied particulièrement aux publics peu rompus au numérique.
- Financement co-construit : Les collectivités couvrent les frais de mise en place, et les passagers règlent leurs trajets à un tarif encadré (forfait et coût kilométrique). Ce partage financier fédère élus et habitants autour d’une solution solidaire.
Dès que la demande est transmise à la communauté des conducteurs, ceux-ci reçoivent une alerte. Celui qui est disponible se manifeste et prend en charge le trajet. La plateforme assure une visibilité géographique sur le département et limite ainsi les annulations de dernière minute. Les retours positifs confirment que la confiance réciproque s’installe rapidement.
Encadré : Exemple de financement public
Dans certains départements, la communauté de communes prend en charge intégralement le coût de l’abonnement à Atchoum pour toutes les communes environnantes. Cela permet d’offrir le service à l’ensemble des habitants sans qu’ils aient à supporter d’autres frais, mis à part le paiement de la course elle-même.
Un modèle financier transparent et maîtrisé
Sur le plan économique, Atchoum repose sur un modèle de financement hybride : les collectivités paient un abonnement pour déployer la plateforme sur leur territoire, tandis que les utilisateurs (passagers) paient les trajets eux-mêmes. Cette approche évite une dérive spéculative et facilite la mutualisation des coûts d’exploitation (maintenance du site web et du centre d’appel, recrutement de salariés pour gérer les inscriptions, etc.).
La clé de voûte réside dans l’absence de commission, si bien que tout l’argent versé pour le trajet atterrit dans la poche du conducteur. Le système assure une rémunération directe et claire, tout en rassurant les passagers sur le fait que les prix ne sont pas gonflés par des marges commerciales. Du point de vue des collectivités, le choix de soutenir cette structure s’inscrit dans une logique d’aménagement du territoire et de cohésion sociale.
Bien évidemment, ce mode de fonctionnement ne génère pas des bénéfices démesurés : la rentabilité repose davantage sur la fidélisation des territoires partenaires. Une communauté de communes qui souscrit à l’offre Atchoum pérennise son engagement dans le temps, tant que le besoin de transport local reste important. Ainsi, l’entreprise peut se développer de manière progressive, en investissant dans la qualité du service et dans de nouveaux outils de réservation (extension de l’application mobile, ajout de fonctionnalités pour les conducteurs, etc.).
Regards juridiques et obligations légales
En France, l’exercice d’une activité de transport rémunérée soulève diverses questions réglementaires, que Atchoum a su anticiper :
- Permis de conduire et assurance : Seuls les conducteurs majeurs détenant un permis de conduire valide, associé à une assurance auto, peuvent s’inscrire.
- Indemnisation ou salariat ? : Il s’agit d’une indemnité de transport, et non d’un revenu, ce qui évite le statut de taxi ou de VTC. Les conducteurs conservent leur couverture légale tant que les sommes perçues restent dans la limite fixée pour le dédommagement du carburant et de l’usure du véhicule.
- Sécurité des passagers : Les véhicules sont en principe contrôlés par le conducteur, et les plateformes comme Atchoum incitent fortement à maintenir un état mécanique irréprochable. Les usages indiquent qu’un dialogue s’instaure souvent avant le trajet, rassurant passagers et conducteurs.
De ce point de vue, Atchoum se positionne dans la zone grise entre l’opérateur de transport et la simple mise en relation. Cependant, en tant qu’entreprise de l’ESS, la société défend une approche collective et solidaire, proche des initiatives associatives tout en restant économiquement viable.
Accès facile et public concerné
Le procédé de réservation se veut inclusif : une ligne téléphonique (dont l’appel est facturé au tarif national) et un site Internet sont à la disposition de tous. Cette dualité vise notamment :
- Les seniors : souvent moins connectés, qui peuvent appeler directement un conseiller pour planifier leurs déplacements.
- Les personnes en difficulté : faibles ressources, statut de chômeur ou habitant dans une zone enclavée. Pour eux, la solidaire est une bouffée d’oxygène.
- Les actifs : ayant besoin de covoiturer au quotidien, pour le travail ou d’autres obligations régulières.
En parallèle, les billets “tickets mobilité” fournis par certaines mairies ou intercommunalités permettent de réduire encore le recours à la carte bancaire, simplifiant davantage l’utilisation. Les usagers peuvent acheter en amont un carnet de tickets d’une valeur unitaire de 1,25 € ; il suffit ensuite de communiquer les numéros lors de la réservation.
Astuce : pourquoi viser la complémentarité ?
Dans les territoires ruraux, les transports publics sont parfois absents ou très limités. L’existence d’une solution comme Atchoum ne supprime pas ces offres, mais les complète en assurant un service de “dernier kilomètre” lorsque le bus ou le train ne dessert pas le domicile de l’usager.
Perspectives d’extension et enjeux financiers
À ce jour, le développement d’Atchoum se poursuit de manière régulière. L’entreprise table sur l’adhésion continue de nouvelles collectivités : d’autres départements pourraient être séduits par cette solution qui stimule la convivialité et la solidarité dans les campagnes. Les opportunités sont réelles, au vu du morcellement du territoire français et du nombre de zones peu ou mal desservies.
Sur le plan financier, les coûts de fonctionnement (maintenance du site, recrutement des opérateurs du centre d’appel, campagnes de communication pour recruter de nouveaux conducteurs) nécessitent un équilibre budgétaire constant. Pour consolider ce modèle, l’adhésion d’une collectivité doit être pérenne. Ainsi, la plateforme peut amortir ses dépenses sur plusieurs années.
À plus long terme, certains observateurs s’interrogent sur la capacité d’Atchoum à grandir sans perdre son âme. L’histoire montre que quand un service de transport obtient un certain succès, il suscite la convoitise d’autres acteurs privés, qui pourraient proposer des solutions concurrentes. À l’inverse, Atchoum se présente comme une structure à vocation solidaire, ce qui implique un ancrage local fort, une certaine mutualisation des bénéfices et le refus d’un modèle lucratif classique.
Dans certains cas, la commune peut mettre à disposition une salle municipale pour les réunions d’information, ou relayer la communication à travers les bulletins locaux. Cette complicité institutionnelle renforce l’image solidaire et de proximité du service.
Analyse : un modèle hybride riche en enjeux
Du point de vue d’un rédacteur spécialisé dans la finance et le juridique, le cas Atchoum soulève plusieurs réflexions :
- Le financement public : Bien qu’il s’agisse d’une entreprise, elle repose sur l’abonnement des collectivités pour couvrir une part de ses frais fixes. Il existe alors un risque de dépendance aux dotations publiques. La stratégie commerciale d’Atchoum doit concilier ces soutiens institutionnels et la recherche d’une certaine autonomie financière.
- Le statut juridique : Atchoum se présente comme une entreprise de l’économie sociale et solidaire. Cette labellisation encourage des financements spécifiques (aides régionales, nationales ou européennes) et offre une crédibilité accrue dans les milieux institutionnels.
- La scalabilité : Alors que les start-up classiques misent sur une expansion rapide et des retours sur investissement substantiels, l’approche d’Atchoum s’inscrit dans la durabilité. Son avantage tient au potentiel de démultiplication dans les zones rurales, mais elle doit veiller à ne pas se retrouver dans un goulot d’étranglement technologique si le nombre d’utilisateurs explose.
Le débat autour du transport solidaire reste ouvert : d’un côté, il y a les partisans d’un service public universel ; de l’autre, on voit émerger des solutions mixtes, parfois plus proches de l’économie collaborative. Dans le cas d’Atchoum, la frontière entre l’initiative citoyenne et le service marchand se floute, laissant la place à une nouvelle vision de la mobilité.
Pourquoi les collectivités y trouvent leur compte
Les communes et intercommunalités adhérant au service y voient un triple avantage :
- Réduction du sentiment d’isolement : Les personnes âgées ou fragilisées retrouvent une forme d’autonomie de déplacement. Cette dynamique limite la désertification et favorise le maintien à domicile.
- Renforcement du tissu social : Les conducteurs apprennent à connaître leurs passagers, et réciproquement. On assiste souvent à la création de liens intergénérationnels et à l’échange de services locaux.
- Crédibilité politique : Pour les élus, financer une plateforme solidaire apporte un bénéfice politique et social. Cela améliore l’attractivité du territoire, notamment vis-à-vis des nouveaux arrivants ou des porteurs de projets qui peuvent constater la bonne prise en charge des besoins de mobilité.
Cette triple rentabilité (sociale, politique et économique) s’intègre dans une stratégie plus large de développement durable, essentielle pour des territoires qui cherchent à limiter leur dépendance à la voiture individuelle tout en renforçant la cohésion de la population.
Un service téléphonique au cœur du dispositif
Même à l’ère du numérique, le téléphone reste un canal primordial chez Atchoum. Le centre d’appel, accessible sur un numéro unique, répond à environ 60 % des demandes de trajet. Cette proportion demeure élevée, ce qui prouve que la fracture numérique, loin d’être négligeable, justifie pleinement cette approche multicanale.
D’après plusieurs témoignages, la réactivité des opérateurs est un atout décisif, tout comme la possibilité de payer directement par téléphone (carte bleue) ou de renseigner des tickets mobilité. Les passagers peuvent également annuler ou modifier leur trajet en temps réel via le même canal.
Cette dimension “humaine” séduit particulièrement les seniors, mais aussi les publics qui ne maîtrisent pas l’interface d’une application mobile ou qui n’ont tout simplement pas accès à un réseau Internet stable. D’où l’importance de maintenir le service call center : il garantit l’accessibilité et la fluidité, même dans les zones dites “blanches”.
Une vision à long terme : vers un élargissement des solutions ?
Dans le panorama actuel du transport en France, Atchoum est un exemple marquant d’initiative solidaire. On peut se demander si le modèle va se diversifier ou s’associer avec d’autres acteurs, par exemple des services de location de vélos électriques ou des taxis partagés. Un écosystème de mobilité multimodale pourrait émerger, couplant le covoiturage et le transport solidaire avec d’autres solutions adaptées aux milieux ruraux.
Du point de vue financier, l’atout majeur d’Atchoum reste sa capacité à construire des partenariats solides avec les collectivités. Chaque nouveau territoire conquis représente une opportunité de valoriser la marque, de développer la communauté de conducteurs bénévoles ou occasionnels, et d’élargir la base d’usagers. Pour autant, cela nécessite une campagne de sensibilisation et un investissement initial que la start-up doit pouvoir assumer.
À terme, si l’on en croit les retours des premiers départements concernés, la viabilité économique est au rendez-vous dès lors que le volume de trajets est suffisant pour rentabiliser l’infrastructure téléphonique et informatique. Autrement dit, l’enjeu est de créer l’offre pour développer la demande, un défi commun à de nombreuses solutions de transport innovantes.
Atchoum, un élan durable de mobilité solidaire et de proximité
En définitive, Atchoum incarne une tendance de fond : celle d’une mobilité solidaire et de proximité, portée par le soutien des collectivités et l’engagement de conducteurs volontaires. Son équilibre financier repose sur un subtil alliage d’abonnements publics, de tarification équitable et d’une absence de commission qui valorise directement les participants.
Ce long périple illustre la capacité de l’économie sociale et solidaire à créer des services pérennes, où solidarité et efficacité ne font qu’un.