Yomi Pharma dépasse ses objectifs de financement à Limoges
Yomi Pharma lève 1,18 M€ pour son projet YomiPep, atteignant des ambitions élevées en oncologie de précision avec plus de 320 investisseurs.
À Limoges, Yomi Pharma boucle une levée de fonds au-dessus de ses ambitions. La jeune biotech, focalisée sur une thérapie ciblée contre le cancer du poumon, a réuni 1,18 million d'euros via la plateforme Capital Cell, dépassant un objectif initial de 800 000 euros grâce à l'appui de plus de 320 investisseurs. Une marche franchie qui crédibilise son candidat-médicament, YomiPep, et confirme l’appétence du marché pour l’oncologie de précision.
1,18 million d'euros pour Yomi Pharma : campagne Capital Cell bouclée
La société limougeaude a finalisé une opération de financement participatif qui dépasse ses prévisions. La campagne, ouverte en juillet 2025, visait à soutenir les travaux précliniques de son candidat YomiPep. Elle s’achève avec 1,18 million d'euros levés et un socle de plus de 320 investisseurs, preuve d’un soutien diffus mais significatif pour une technologie positionnée sur les formes résistantes du cancer du poumon.
L’intérêt pour Yomi Pharma tient à trois ressorts. D’abord, la cible médicale est solide, au croisement des besoins cliniques non couverts et de l’oncologie de précision. Ensuite, l’amorçage R&D est tangible avec une feuille de route préclinique resserrée. Enfin, la mécanique de financement participatif, via une plateforme spécialisée dans les biotechs, a permis d’élargir la base d’actionnaires à un public habitué aux risques du secteur.
Cette dynamique s’inscrit dans la montée en puissance des levées participatives sur des actifs à haute intensité scientifique. Pour une start-up régionale, l’effet est double: crédibilité technologique et visibilité auprès de partenaires industriels potentiels.
Capital Cell : profil des investisseurs
Capital Cell, plateforme d’origine espagnole dédiée aux sciences de la vie, a agrégé un panel d’investisseurs particuliers et professionnels. Le découpage précis des tickets ou leur répartition géographique n’est pas communiqué. En revanche, le volume et le dépassement de l’objectif initial confirment l’existence d’un réservoir d’épargne prêt à se positionner sur des projets d’oncologie lorsque la thèse thérapeutique est claire et le jalonnement R&D lisible.
Chiffres clés de la levée Yomi Pharma
- Montant levé : 1,18 million d'euros.
- Objectif initial : 800 000 euros.
- Investisseurs : plus de 320.
- Plateforme : Capital Cell.
- Finalité : accélération des étapes précliniques de YomiPep.
Accélération préclinique de YomiPep : jalons 2025
La levée de fonds est fléchée vers des étapes précliniques, avec l’objectif de renforcer la robustesse des données avant une entrée en clinique. Les cofondateurs, Camille Granet et Sébastien Arico, ont insisté sur l’utilité de ces ressources pour valider des points durs du développement et se rapprocher d’une première évaluation chez l’humain. Des tests sur modèles animaux sont prévus d’ici fin 2025, une séquence indispensable pour confirmer l’activité antitumorale et la tolérance du peptide.
L’ambition reste ciblée: documenter l’efficacité de YomiPep sur des formes de cancer du poumon résistantes aux standards actuels, en particulier les inhibiteurs de tyrosine kinase. À ce stade, la qualité des données de pharmacologie et de sécurité conditionnera la possibilité de déposer un dossier auprès de l’autorité compétente.
- Études d’efficacité sur modèles in vivo pour caractériser l’activité antitumorale.
- Profil DMPK pour documenter distribution, métabolisme et élimination du peptide.
- Toxicologie réglementaire sous bonnes pratiques de laboratoire afin de soutenir une demande d’essai clinique.
- Industrialisation amont du peptide : optimisation du procédé et lots pilotes.
- Travaux de propriété intellectuelle et de caractérisation analytique.
Calendrier projeté et étapes réglementaires
La société prévoit de soumettre ses dossiers précliniques en 2026, puis d’enclencher la voie réglementaire en France auprès de l’ANSM pour un premier protocole clinique. Ce séquencement est cohérent avec les pratiques du secteur, sous réserve d’atteindre les critères de sécurité et de reproductibilité attendus. À ce stade, ni le design des essais, ni les centres investigateurs potentiels ne sont communiqués.
YomiPep : un peptide dérivé de la sortiline contre les CPNPC EGFR
Le cœur scientifique du projet est YomiPep, un peptide régulateur dérivé de la sortiline. Conçu pour inhiber la prolifération tumorale, il vise les CPNPC porteurs de mutations EGFR, un segment qui représente environ 10 à 15 % des patients en Europe. L’intérêt clinique se concentre sur les situations de résistance acquise, où les options thérapeutiques se raréfient et où les peptides, par leur mode d’action, peuvent apporter une alternative aux petites molécules.
La société entend positionner YomiPep en complément des standards existants, sans s’y substituer tant que les preuves d’efficacité et de sécurité ne sont pas établies. L’enjeu est double: confirmer une activité antitumorale dans des contextes de résistance et démontrer un profil de tolérance compatible avec un développement clinique progressif.
- Inhibiteurs de tyrosine kinase : petites molécules ciblant l’activité enzymatique de protéines clés. Efficaces en première ligne sur EGFR, mais confrontées à l’émergence de résistances.
- Peptides thérapeutiques : fragments d’acides aminés qui modulent des interactions cellulaires. Potentiel de sélectivité différent, mécanismes d’action distincts et profils d’effets secondaires parfois plus ciblés.
- Complémentarité : les peptides peuvent adresser des niches où les petites molécules échouent, sous réserve d’une stabilité et d’une biodisponibilité maîtrisées.
Cible clinique : patients résistants en EGFR muté
Les formes de CPNPC avec mutation EGFR bénéficient de thérapies ciblées, mais les résistances limitent la durabilité des réponses. YomiPep est conçu pour viser ces scénarios difficiles. À ce stade, il n’existe pas de données cliniques publiées pour YomiPep et toute projection d’indication demeure prudente. Les tests précliniques attendus doivent préciser l’amplitude de l’effet et les conditions d’administration envisageables.
Qui est Yomi Pharma : ancrage limougeaud et origine académique
Fondée en 2023 à Limoges, Yomi Pharma est l’aboutissement des travaux académiques de Camille Granet, docteure en biologie cellulaire. La structure a d’abord évolué sous l’appellation YomiPep avant d’adopter son nom actuel.
Sébastien Arico cofonde le projet et apporte une expérience entrepreneuriale dédiée au secteur biotech. L’entreprise se positionne sur les cancers résistants, avec un focus sur les CPNPC EGFR mutés.
Le tissu d’accompagnement local est un atout: l’Université de Limoges et l’écosystème d’incubation régional soutiennent l’émergence de technologies de santé, au bénéfice d’une stratégie de valorisation académique. Cette localisation, loin des grands centres parisiens, illustre une tendance de fond: l’essaimage de la deeptech biomédicale dans les métropoles régionales.
Repères chronologiques Yomi Pharma
- 19 janvier 2022 : article mentionnant YomiPep, matrice du projet Yomi Pharma.
- 2023 : création de Yomi Pharma à Limoges.
- Janvier 2025 : communication des besoins de financement pluriannuels.
- Juillet 2025 : lancement de la campagne sur Capital Cell.
- Fin 2025 : tests sur modèles animaux prévus.
Financement biotech en France : place du crowdfunding et appuis publics
La trajectoire de Yomi Pharma illustre la montée en puissance du crowdfunding dans la biotech européenne. Selon les données disponibles, le financement participatif a mobilisé plus de 500 millions d'euros en 2024 sur le continent via des plateformes dédiées, dont Capital Cell. En parallèle, la France a vu les investissements dans la biotech progresser d’environ 20 % en 2024, soutenant des projets de thérapies innovantes.
Côté politiques publiques, le cadre France 2030 a mis en avant la relocalisation de productions stratégiques et l’appui à l’innovation en santé. Un communiqué daté du 1er juillet 2030, cité comme prospectif, mentionne notamment la sélection de projets liés aux médicaments essentiels, dont l’oncologie. Si ces annonces s’inscrivent sur un horizon programmatique, elles structurent la lecture des financeurs et confortent l’intérêt pour les solutions issues de la recherche académique.
Sur le plan clinique, le développement d’un médicament reste un parcours long et onéreux. Les estimations sectorielles rappellent qu’il faut souvent 10 à 15 ans pour aboutir, avec des coûts cumulés élevés. Dans ce contexte, l’activation de capitaux privés via le participatif peut constituer un pont vers des tours plus institutionnels, sous réserve de jalons R&D tenus et de données reproductibles.
ANSM et conformité : ce que Yomi devra démontrer
Pour prétendre à une autorisation d’essai en France, une biotech doit documenter un socle minimum: tolérance acceptable en préclinique, qualité pharmaceutique du produit, rationnel mécanistique et plan clinique argumenté. La société indique viser une soumission préclinique en 2026, étape préparatoire aux échanges avec l’ANSM et aux avis éthiques requis. Le positionnement d’un peptide en oncologie impose, par ailleurs, une vigilance particulière sur l’immunogénicité et le contrôle qualité des lots.
- CPNPC : cancer du poumon non à petites cellules, forme la plus fréquente de cancer pulmonaire.
- EGFR : récepteur impliqué dans la croissance cellulaire, cible de thérapies de précision.
- Peptide thérapeutique : séquence d’acides aminés destinée à moduler une voie biologique.
- Préclinique : étape avant l’humain, comprenant pharmacologie, DMPK et toxicologie.
- ANSM : autorité française qui évalue les demandes d’essais cliniques.
Feuille de route financière et partenariats industriels recherchés
Yomi Pharma estime ses besoins cumulés à 4 millions d'euros d'ici fin 2027 pour viser l’entrée en clinique. La levée de 1,18 million d'euros constitue une première marche.
L’entreprise prévoit d’explorer des partenariats pharmaceutiques afin d’accélérer le développement et de sécuriser des ressources techniques pour la montée en échelle. Cette stratégie hybride, mêlant participatif, subventions potentielles et accords industriels, doit limiter la dilution tout en maximisant l’accès à des expertises critiques.
La priorisation opérationnelle repose sur des jalons à forte valeur incrémentale: données robustes in vivo, sécurisation des lots et préparation du package réglementaire. À court terme, la visibilité que confère la clôture du tour doit être utilisée pour élargir le cercle de partenaires et cartographier les possibilités de codéveloppement.
Points de vigilance pour les investisseurs non professionnels
- Risque élevé : la R&D biotech présente un risque d’échec scientifique et réglementaire important.
- Illiquidité : les participations non cotées sont peu ou pas liquides sur plusieurs années.
- Jalons : la valeur dépend de l’atteinte de jalons R&D. Une dérive de calendrier peut impacter la trajectoire.
- Dilution : de nouveaux tours de financement sont fréquents et dilutifs.
Quel signal pour l'innovation oncologique en région
Au-delà de l’opération, Yomi Pharma envoie un signal net: les projets d’oncologie de précision portés en région peuvent mobiliser des capitaux et trouver un public d’investisseurs avertis lorsque la proposition scientifique est claire. Sur le terrain de la santé publique, l’enjeu est majeur, le cancer du poumon demeurant la première cause de décès par cancer en France avec plus de 46 000 nouveaux cas annuels (INCa, 2024).
Le chemin reste long jusqu’à l’essai clinique, mais l’alignement entre feuille de route préclinique, structuration financière et cible médicale non couverte dessine un cap. Prochaine étape observée de près: la qualité des résultats in vivo attendus d’ici fin 2025, pivot de la crédibilité future du programme.
La trajectoire se précise: une levée validée, un plan préclinique cadré, et une promesse thérapeutique qui devra désormais convaincre par les données.