La startup Woodoo, qui se spécialise dans les biotechnologies, a réussi une levée de fonds de 31 millions de dollars. Cette injection de capitaux permettra à la jeune pousse de poursuivre sa mission ambitieuse de révolutionner l'industrie des matériaux en proposant une gamme de produits de luxe à bilan carbone négatif. Avec ce financement, Woodoo a l'intention d'augmenter sa capacité de production et de doubler la taille de son équipe, tout en s'efforçant de résoudre les problèmes économiques, sociaux et environnementaux associés aux matériaux de construction traditionnels.

Une levée de fonds de 31 millions de dollars 

La jeune pousse Woodoo, spécialisée dans les biotechnologies, a récemment bouclé une levée de fonds de 31 millions de dollars en vue de poursuivre sa mission de révolutionner l'industrie. Cette entreprise française se distingue par sa capacité à transformer le bois, y compris celui qui aurait été jeté auparavant en raison de dommages, au niveau moléculaire afin de concevoir des matériaux pouvant remplacer divers matériaux, allant du cuir à l'acier.

Le financement a été réalisé par Lowercarbon Capital, accompagné de One Creation et de la société suisse Purple. Ces fonds permettront à Woodoo de poursuivre le développement de sa plateforme et d'affiner ses matériaux transformateurs.

Les problématiques des matériaux du passé

Timothée Boitouzet, fondateur et PDG de Woodoo s'est d'abord concentré sur la conception de bâtiments avant de s'intéresser aux matériaux qui les composent. Cet architecte de formation a eu la chance de collaborer avec trois lauréats du prix Nobel. Il a rapidement pris conscience de l'obsolescence de certaines techniques de construction : le béton, par exemple, remonte à l'époque romaine tandis que le verre a été développé par les Égyptiens. Il en est venu à la conclusion que les technologies de matériaux millénaires ne suffisent pas pour bâtir l'avenir.

Déterminé à trouver une solution à cette problématique, il quitte le domaine de l'architecture et décide de retourner à l'université pour étudier la chimie à Harvard et au MIT. C'est ainsi qu'en 2017, Timothée Boitouzet fonde Woodoo. Aujourd'hui, la startup dispose de deux sites de fabrication en France et vient de conclure un partenariat avec Garnica, l'un des principaux fabricants européens de bois industrialisé, afin d'intégrer les produits innovants de Woodoo dans leur portefeuille.

Prendre le bois et l'améliorer

Woodoo a pour objectif de prendre le bois et de le rendre encore meilleur en utilisant la technologie moderne. Selon Timothée Boitouzet, fondateur et PDG de l'entreprise, « Le bois est constitué de trois éléments : la lignine, la cellulose et l'hémicellulose. La lignine est la partie la plus faible car elle sert de « colle» entre les fibres, ce qui rend le matériau moins résistant ». De plus, la lignine est sensible aux UV et à l'humidité, ce qui peut altérer la qualité du bois.

Le procédé de Woodoo permet de remplacer la lignine sans altérer la structure du bois. Cela signifie que l'entreprise peut utiliser du bois de qualité inférieure, voire du bois endommagé, pour créer des matériaux de haute qualité dotés de propriétés diverses. Woodoo propose trois produits : Slim, un matériau transparent utilisable pour les interfaces tactiles, Flow, un matériau flexible pouvant remplacer le cuir, et Solid, capable de surpasser le béton et l'acier en construction tout en ayant une empreinte carbone réduite.

L'entreprise Woodoo repose sur une équipe diversifiée de quarante personnes. « Woodoo fait le lien entre des compétences deeptech très diverses et tous les domaines de la science fondamentale sont représentés » explique M. Boitouzet. En effet, avec une représentation de 31 % de femmes et des membres issus de huit pays différents, l'équipe est une véritable mosaïque culturelle. Selon M. Boitouzet, cela crée « une équipe unique où les individus les plus talentueux peuvent apprendre les uns des autres. » 

Faire du bois le matériau du futur

Woodoo fait du bois le matériau du futur

Timothée Boitouzet explique que son équipe ambitionne de faire du bois le matériau phare du XXIe siècle. Chris Sacca, de Lowercarbon Capital, a évoqué cette vision lorsqu'il a parlé de leur investissement en utilisant ces termes : « Transformer du bois mort en gratte-ciel n'est pas seulement un exploit environnemental, cela se traduit aussi directement par une esthétique accrocheuse, des budgets de construction allégés et des résultats financiers plus importants. »

De plus, l'impact sur l'environnement est considérable. Le bois agit naturellement comme un puits de carbone, et les procédés de Woodoo lui permettent de contribuer grandement à la réduction des dommages environnementaux causés par l'industrie de la construction. « La production de béton et d'acier émet un cinquième des gaz à effet de serre dans le monde », explique M. Boitouzet. Mais avec le bois qui stocke jusqu'à une tonne de CO₂ et la transformation basse énergie de Woodoo, leurs produits ont une empreinte carbone sept fois inférieure à celle du verre, trente fois inférieure à celle du cuir et 229 fois inférieure à celle de l'aluminium de construction. M. Boitouzet a donc des objectifs ambitieux : « Notre objectif est de réduire d'une gigatonne d'eCO₂ d'ici 2030. » 

Woodoo a des objectifs ambitieux non seulement en matière d'environnement, mais aussi en termes de production et d'expansion de son équipe. Grâce à ce financement, l'entreprise pourra augmenter sa capacité de production et doubler la taille de son équipe. Selon M. Boitouzet, Woodoo résoudra le dilemme de la gestion des constructions nécessaires tout en protégeant l'environnement. Il déclare « l'industrie des matériaux est en panne » et « la demande est en augmentation constante, mais les matériaux traditionnels ont des coûts économiques, sociaux et environnementaux prohibitifs. »

En proposant une gamme de matériaux de luxe à bilan carbone négatif, Woodoo ambitionne de révolutionner l'industrie des matériaux selon M. Boitouzet. Le fondateur se concentre sur les matériaux de construction non seulement en raison de la demande croissante, mais aussi parce que Woodoo peut faire la différence. « Le secteur de la construction devra construire l'équivalent de dix New York chaque année pour faire face à l'explosion du nombre de citadins au cours des trois prochaines décennies », a déclaré M. Boitouzet. « Woodoo peut contribuer à répondre à ce défi en permettant aux villes de demain d'être construites plus haut, plus dense, plus rapidement, à moindre coût et avec un faible impact sur l'environnement. »