À Paris, WAAT signe un tour de financement d’envergure et change d’échelle. L’opérateur français des bornes de recharge pour véhicules électriques sécurise 100 millions d’euros, mobilisant DWS, Bpifrance et des actionnaires historiques comme Raise Impact. Après un premier tour de 30 millions d’euros en novembre 2022, la jeune pousse du French Tech 120 muscle son plan industriel pour densifier la recharge là où elle est la plus utilisée : à domicile et au travail.

Levée de 100 millions d’euros : un signal pro-investissement dans la recharge

100 millions d’euros pour accélérer la croissance. WAAT officialise une opération qui tranche avec le recul général du capital-développement en 2025.

Le tour réunit DWS, Bpifrance et le fonds Raise Impact, déjà présent au capital. Cette enveloppe prend le relais d’une levée de 30 millions d’euros conclue en novembre 2022. Le nouvel apport consolide le bilan et améliore la capacité de financement des projets dans l’habitat collectif, le logement social et l’immobilier tertiaire.

Montants et tour de table

L’opération est présentée comme l’une des rares levées à trois chiffres de l’année 2025 pour une startup tricolore, au moment où le marché demeure sélectif pour les actifs capitalistiques. La présence conjointe de DWS et Bpifrance envoie un signal de confiance dans le modèle d’infrastructures opéré par WAAT, qui se déploie principalement sur des sites privés. Cette séquence financière confirme les ambitions de l’entreprise dans la mobilité électrique résidentielle et professionnelle.

Objectif industriel et allocation des capitaux

WAAT prévoit d’utiliser ces fonds pour accélérer ses déploiements en France et enclencher une expansion européenne. Les priorités annoncées recouvrent l’installation, l’exploitation et la maintenance de bornes adaptées aux usages du quotidien, avec une orientation forte sur la fiabilité et la disponibilité du service. L’entreprise situe son effort là où se concentre la recharge réelle des usagers, en complément des réseaux publics.

Temporalité et lecture marché

La société devient l’un des rares dossiers 2025 à passer la barre symbolique des 100 millions d’euros, un fait relevé dans la presse économique nationale (Le Figaro, Les Echos). Cela souligne l’intérêt intact des investisseurs pour les actifs centrés sur la transition énergétique, malgré un cycle de financement plus prudent qu’en 2021-2022. L’enjeu se déplace désormais vers l’exécution industrielle, avec une montée en cadence sur l’ensemble de la chaîne d’exploitation.

Focus financement : pourquoi une levée à trois chiffres compte en 2025

Dans un marché où les tours de croissance se raréfient, un ticket de 100 millions d’euros apporte :

  • Un effet de levier pour financer des actifs longs, intensifs en CAPEX.
  • Une crédibilité accrue auprès des bailleurs, syndics et foncières tertiaires.
  • Une capacité à soutenir la maintenance et la qualité de service, au-delà de la seule phase d’installation.

WAAT : positionnement et modèle opérationnel

Fondée en 2018 par Yann Evin et Patrick Kic, WAAT s’est spécialisée dans l’installation et l’exploitation de bornes de recharge au sein d’environnements privés. Son terrain d’action prioritaire couvre les copropriétés, les logements sociaux et l’immobilier tertiaire. Le modèle se distingue par une logique de proximité, conçue pour les usages récurrents des résidents, des salariés et des exploitants de sites.

Qui est WAAT : ADN et segment

Membre du French Tech 120, WAAT s’inscrit dans l’écosystème des startups à fort potentiel industriel et technologique. La société exploite déjà un réseau significatif en France. Elle met l’accent sur la simplicité d’usage et l’accessibilité opérationnelle de la recharge, avec des services conçus pour des sites à forte granularité d’accès, comme les parkings d’immeubles ou d’actifs tertiaires.

Privé et public : des fonctions complémentaires

Le maillage privé et le maillage public ne répondent pas aux mêmes contraintes. Les stations publiques visent la recharge d’appoint et les trajets longues distances.

Les bornes privées, elles, soutiennent la recharge résidentielle et au travail, où se fait l’essentiel des branchements quotidiens. WAAT se positionne précisément sur ce segment, avec une logique d’exploitation adaptée aux syndicats de copropriété, bailleurs institutionnels et gestionnaires d’immeubles.

L’immobilier tertiaire couvre bureaux, commerces, parcs d’activités, hôtellerie et actifs logistiques. Ces sites concentrent des flux réguliers de salariés, visiteurs et flottes.

La recharge y répond à des profils d’usage variés : stationnement de journée au bureau, rotation rapide pour la logistique urbaine, ou séjours nocturnes pour l’hôtellerie. Un opérateur intégré doit articuler accès, supervision énergétique et qualité de service multi-usages.

Cap sur 250 000 bornes : calendrier et priorités industrielles

Avec cette enveloppe, WAAT affiche une ambition claire : atteindre 250 000 bornes actives. L’entreprise entend accélérer ses déploiements en France, puis amorcer une extension en Europe. Le cap opérationnel porte sur la massification des installations, l’optimisation de l’exploitation et la fiabilisation de la maintenance pour stabiliser des taux de disponibilité élevés.

Objectif 250 000 bornes : accélération hexagonale

La priorité reste nationale. L’habitat collectif et les immeubles tertiaires concentrent des besoins réels mais encore partiellement adressés, notamment dans les régions moins denses. La promesse de WAAT consiste à rendre la recharge prévisible, accessible et simple pour les usagers du quotidien, sans complexifier la gestion syndicale ou l’exploitation immobilière.

Premiers pas européens

WAAT mentionne une expansion européenne à venir. La montée en puissance à l’international suppose des ajustements nationaux en termes de réglementation, de modèles tarifaires et d’interopérabilité. L’expérience acquise en France constitue un socle pour aborder les premiers pays, avec une priorité maintenue sur les sites privés et l’exploitation intégrée.

Dans le vocabulaire des opérateurs, une borne dite « active » correspond à un point de charge installé, raccordé, accessible selon les modalités contractuelles du site et supervisé à distance. L’activation implique un suivi de la disponibilité et la capacité d’intervenir en maintenance, qu’elle soit préventive ou corrective.

Marché français de la recharge : atouts et angles morts

La France a franchi un cap avec près de 2,5 millions de points de recharge au total, dont plus de 168 000 ouverts au public. Cette base fait du pays l’un des moteurs européens de la mobilité électrique, en volume d’infrastructures comme en diversité d’usages (Ministère de l’Économie).

Disponibilité et qualité de service

L’Avere indique un taux de disponibilité moyen des points de recharge d’environ 80 %. Ce niveau reflète encore une marge de progression sur la maintenance et l’exploitation, avec des indisponibilités techniques ou des opérations de service qui pèsent autour de 20 %. La qualité de service devient ainsi un différenciateur central, plus encore dans l’habitat collectif où la tolérance à l’aléa est faible.

Usage réel des usagers

Selon l’Avere, 90 % des propriétaires de véhicules électriques et hybrides rechargeables se branchent à domicile ou sur leur lieu de travail. Ce comportement valide le choix stratégique de WAAT : cibler les lieux où les véhicules stationnent le plus longtemps, afin d’optimiser le coût total de la recharge pour les ménages comme pour les entreprises.

Île-de-France et fractures territoriales

La répartition des bornes demeure inégale, avec une domination de l’Île-de-France et un décalage dans plusieurs régions. Les initiatives publiques et les politiques locales cherchent à corriger ces asymétries, mais la montée en charge requiert un ancrage d’opérateurs capables de financer, déployer et maintenir des infrastructures sur la durée. Dans ce schéma, les acteurs orientés sites privés contribuent à combler les zones grises.

Chiffres-clés 2025 de la recharge en France

  • ≈ 2,5 millions de points de recharge au total.
  • > 168 000 points ouverts au public.
  • 80 % de disponibilité moyenne selon l’Avere.
  • 90 % des recharges à domicile ou sur le lieu de travail.

Ces ordres de grandeur confirment l’importance systémique des bornes privées pour l’adoption des véhicules électriques.

La disponibilité correspond au temps pendant lequel une borne est réellement exploitable. Elle exclut les périodes d’indisponibilité planifiée (maintenance préventive) et non planifiée (pannes, indisponibilité réseau, mise à jour critique). Elle se calcule généralement par point de charge, puis s’agrège à l’échelle d’un site ou d’un réseau. Les opérateurs visent une amélioration continue via la supervision et l’intervention sur site.

French Tech 120 et politiques publiques : leviers pour WAAT

WAAT fait partie du French Tech 120, un programme d’accompagnement porté par la Mission French Tech. Ce label renforce la visibilité des entreprises innovantes et facilite les interactions avec les acteurs publics et privés. Il s’inscrit en parallèle de French Tech 2030, initiative annoncée en 2023 pour soutenir des filières stratégiques comme la transition énergétique.

French Tech 120 : effets d’entraînement

Au-delà du signal réputationnel, le FT120 structure un accès consolidé à des réseaux professionnels, des dispositifs d’accompagnement et un dialogue fluidifié avec les administrations. Pour un opérateur d’infrastructures, ces passerelles facilitent l’exécution de projets multi-sites en copropriété et dans le tertiaire.

French Tech 2030 : ciblage transition énergétique

French Tech 2030 met en avant des priorités d’intérêt général, dont l’énergie et l’industrie décarbonée. WAAT n’est pas citée comme lauréat 2023, mais sa présence dans le FT120 conforte sa légitimité à candidater à des programmes ciblés orientés transition énergétique. Le bénéfice attendu tient à l’accélération de l’industrialisation et à l’accès à des partenaires structurants.

Choose France 2025 : dynamique d’investissements

Le Sommet Choose France 2025 a annoncé 40,8 milliards d’euros d’investissements et 53 projets, confirmant l’attractivité de la place France pour la tech et l’énergie. Cet environnement pro-investissement favorise la diffusion de modèles d’infrastructures comme ceux de WAAT, au croisement de la mobilité et de la rénovation énergétique des bâtiments.

Politiques publiques : où se situent les effets utiles

  • Accélération des autorisations et raccordements pour les sites privés.
  • Effets d’entraînement sur les achats publics et parapublics d’infrastructures.
  • Accès facilité aux dispositifs d’accompagnement pour l’industrialisation.

Ces leviers administratifs et financiers se combinent à la traction privée pour densifier les réseaux de recharge.

Cartographie concurrentielle : un maillage à construire

Le paysage français de la recharge s’organise autour d’acteurs complémentaires. WAAT adresse les sites privés, tandis que d’autres opérateurs déploient des hubs publics à haute puissance ou des corridors autoroutiers. Cette spécialisation par usage limite les redondances et favorise un maillage plus fin du territoire, avec des équilibres économiques propres à chaque segment.

Electra : un acteur complémentaire des hubs publics

Dans l’écosystème français, des opérateurs comme Electra complètent l’offre avec des stations publiques, qui servent les trajets interurbains et la recharge rapide. Ce modèle s’articule avec celui de WAAT en offrant une alternative de puissance et de disponibilité sur la voie publique, tandis que la recharge privée couvre les besoins quotidiens des ménages et des salariés.

Privé vs public : arbitrages économiques pour bailleurs et entreprises

Pour un bailleur ou une foncière, la décision d’équiper un site tient à plusieurs critères : structure des coûts d’installation et d’exploitation, accessibilité pour les usagers, gestion des droits d’accès, intégration énergétique dans le bâtiment. La recharge privée bien calibrée réduit la dépendance aux stations publiques en période de pointe et améliore l’expérience usager au quotidien.

  • Coûts d’infrastructure et besoin éventuel de renforcement électrique du site.
  • Modèle d’exploitation: supervision, maintenance, disponibilité, SLA.
  • Schéma d’accès et tarification: résidents, salariés, flotte interne, visiteurs.
  • Interopérabilité et évolutivité du système de charge.

La performance globale dépend d’un équilibre entre CAPEX, OPEX et qualité de service, mesurée dans la durée.

Dynamique 2025 : ce que révèle l’opération WAAT

La levée de 100 millions d’euros illustre la sélectivité mais aussi la profondeur du financement français pour des projets d’infrastructures alignés sur la transition énergétique. En combinant un positionnement clair sur les sites privés et un objectif chiffré de 250 000 bornes actives, WAAT se place au cœur de la trajectoire de la mobilité électrique en France, avec un pied déjà tourné vers l’Europe. La mise à l’échelle opérationnelle, la qualité de service et la couverture territoriale seront les marqueurs clés de la suite.

Pour l’écosystème, cette opération fait partie des rares tours à trois chiffres repérés en 2025, et conforte l’appétit des investisseurs pour des modèles industriels capables de livrer des services essentiels avec un niveau de fiabilité démontré (Le Figaro, Les Echos). Reste à transformer l’essai par une exécution sans faux pas et une disponibilité en progression continue, au plus près des usages réels des conducteurs.

La recharge privée, sobre et proche des usagers, s’affirme comme le socle discret mais décisif de la mobilité électrique française.