34 % des dirigeants placent la trésorerie en tête de leurs enjeux 2025. Dans les TPE françaises, le pilotage du cash devient un exercice quotidien, entre impayés en hausse et coûts sous pression. Les arbitrages de financement évoluent, tout comme les priorités d’investissement, avec une percée assumée de la digitalisation et de l’IA pour sécuriser l’activité.

Trésorerie 2025 : priorité n°1 pour les TPE

Selon l’édition 2025 de l’Observatoire des TPE réalisée par Ipsos BVA pour American Express, l’amélioration de la trésorerie reste l’enjeu n°1 pour 34 % des dirigeants interrogés. Ces résultats confirment l’ancrage d’un réflexe de prudence dans les très petites entreprises, qui constituent environ 95 % des entreprises en France.

Les dirigeants arbitrent désormais au plus près : reporter un achat, fractionner un règlement, renégocier un délai fournisseur. L’objectif est simple et vital : préserver les liquidités. Ce recentrage s’explique par un environnement où les à-coups d’activité sont fréquents, les charges d’exploitation restent élevées et la collecte client devient plus hétérogène.

Trésorerie : ce que révèle l’Observatoire American Express

L’Observatoire met en évidence une transformation progressive des pratiques d’achat et un besoin de flexibilité financière. Les dirigeants visent des flux de trésorerie plus lissés plutôt qu’un recours systématique aux ressources propres, désormais perçues comme une ressource rare à sanctuariser. Dans la hiérarchie des priorités, la gestion du cash cohabite avec un cap stratégique mis sur l’innovation et la numérisation, une orientation soulignée par la presse économique récente.

Un terrain économique plus heurté

Le ressenti des patrons de TPE-PME est clair : l’activité 2025 progresse peu, et souvent en dents de scie. Le Baromètre Bpifrance, publié le 10 juillet 2025 dans Le Journal des Entreprises, évoque une stagnation au premier semestre, avec davantage de dirigeants déclarant une dégradation qu’une amélioration.

Dans le même temps, l’Observatoire Axonaut, relayé par Informatique News, fait état d’une baisse de trésorerie et d’une hausse des impayés au deuxième trimestre 2025. Ces signaux convergent vers un été de tensions de cash inédits.

Les statistiques de l’INSEE confirment un léger ralentissement des créations d’entreprises en 2025, particulièrement visible dans des secteurs où les TPE sont dominantes, comme les services et le commerce. Sans constituer une rupture, cette pause invite à une gestion plus serrée des cycles d’exploitation.

Signal managérial à retenir

Trésorerie au sommet de l’agenda 2025 : priorité citée par 34 % des dirigeants. Les TPE recherchent des marges de manœuvre rapides, sans immobiliser le cash, et accélèrent les outils numériques pour fiabiliser leur pilotage financier (source ponctuelle : Observatoire des TPE American Express 2025).

Modes de financement des achats : rééquilibrage accéléré

Le financement des achats par trésorerie directe recule nettement. L’Observatoire des TPE indique que 58 % des dirigeants y recourent en 2025, contre 74 % en 2024 et 87 % en 2023. La baisse est continue, et traduit une volonté de préserver le cash disponible.

Dans ce mouvement, les alternatives progressent. Le paiement fractionné s’installe dans les usages, avec 16 % d’adoptants, en hausse de 3 points sur un an.

Le paiement différé avec carte progresse également à 8 %, soit +5 points. Ce basculement vers des modalités échelonnées ou différées vise un objectif central : lisser le besoin en fonds de roulement et éviter les pics de décaissements.

Effets trésorerie : lecture financière

Opter pour des règlements étalés permet de sécuriser la trésorerie immédiate mais implique de maîtriser les coûts (frais de service, commissions, conditions contractuelles). La création de valeur se joue dans l’équilibre entre charge financière additionnelle et réduction du risque d’illiquidité. En pratique, la combinaison de plusieurs leviers de paiement, pilotée finement au niveau des achats, constitue une stratégie dominante en 2025.

Métriques Valeur Évolution
Recours à la trésorerie pour les achats (2025) 58 % -16 points vs 2024
Recours à la trésorerie pour les achats (2024) 74 % -13 points vs 2023
Paiement fractionné (2025) 16 % +3 points vs 2024
Paiement différé avec carte (2025) 8 % +5 points vs 2024
Amélioration de la trésorerie : enjeu prioritaire 34 % N.C.

Le recul du paiement comptant réduit la pression immédiate sur le cash et répartit l’effort dans le temps. La clé consiste à intégrer ces dispositifs dans le cycle commande-facture-règlement et à mesurer leur impact réel sur le BFR. Une politique d’achat structurée anticipe l’atterrissage trimestriel de trésorerie et les scénarios d’impayés.

Lexique financement court terme

Paiement fractionné : règlement en plusieurs échéances contractuelles, généralement avec frais. Paiement différé par carte : décalage de débit, souvent à court terme, selon l’échéancier prévu. Trésorerie : solde des flux monétaires disponibles, piloté au jour le jour pour honorer les engagements.

L'IA et la digitalisation : leviers opérationnels concrets

Les dirigeants de TPE envisagent la transformation numérique comme un amortisseur d’incertitude et un accélérateur de productivité. Le Baromètre France Num 2025, porté par la Direction générale des Entreprises, confirme l’engagement massif dans le numérique d’un panel de plus de 11 000 entreprises, tout en révélant des attentes renouvelées, notamment sur la cybersécurité et les coûts (Baromètre France Num 2025).

Sur le terrain, environ un quart des TPE-PME déclarent utiliser l’IA pour optimiser des opérations concrètes : automatisation de tâches administratives, qualification de prospects, analyse de données clients, voire aide à la prévision de ventes. Si le commerce et les services progressent rapidement, une partie des dirigeants souligne des besoins de formation encore non couverts, estimés à 40 % selon le baromètre.

Arbitrages numériques en 2025

  • Sécuriser la donnée avant d’automatiser : la qualité des bases alimente la performance des outils d’IA.
  • Mesurer le ROI par gains de temps et réduction d’erreurs plutôt que par promesses génériques.
  • Prioriser les processus cœur de cycle cash, du devis à l’encaissement, pour un impact immédiat.

Les cas d’usage qui reviennent le plus souvent en TPE : lecture automatique de factures et lettrage, relances clients scénarisées, classification des tickets, aide à la prévision de ventes par produits. L’intérêt ne réside pas uniquement dans la vitesse, mais dans la réduction des erreurs de saisie et la visibilité cash à 30 jours.

D’ici fin 2025 : diversification, partenariats et investissements ciblés

Près d’un tiers des dirigeants prévoient d’engager de nouvelles actions stratégiques d’ici la fin 2025. Trois axes émergent : diversifier l’offre, sceller des partenariats et investir dans des solutions technologiques. Objectif : gagner en résilience et capter des relais de croissance malgré une demande erratique.

Feuille de route opérationnelle

  • Diversification : élargissement de portefeuille produits ou services pour réduire la dépendance à un seul canal de revenus.
  • Partenariats : accords avec fournisseurs, plateformes ou intégrateurs pour accéder à de nouveaux marchés sans capex lourds.
  • Investissements technologiques : priorités sur les briques génératrices de cash, telles que la facturation, l’encaissement et le suivi du poste clients.

Les dirigeants visent une compétitivité accrue par la numérisation et l’IA, identifiées comme des leviers pour franchir le cap 2025. La clé réside dans l’exécution : paramétrage, adoption par les équipes, standardisation des processus et pilotage des coûts récurrents.

  1. Vérifier l’interopérabilité avec l’outil de facturation et la banque.
  2. Tracer un parcours data clair : sources, qualité, gouvernance.
  3. Définir des indicateurs de succès à 90 jours sur le cycle cash.
  4. Anticiper les charges récurrentes et leur évolution contractuelle.

Point marché : attentes et trajectoires 2025

45 % des dirigeants anticipent une stabilisation de leur activité et 20 % une croissance significative. L’écart entre aspiration et réalité opérationnelle renforce l’intérêt de stratégies à risque mesuré : partenariats commerciaux, digitalisation de processus, et déploiements technologiques progressifs.

Indicateurs à surveiller : activité, trésorerie et impayés

L’agrégation des signaux de 2025 dessine un paysage exigeant. D’un côté, des projets de transformation avancent. De l’autre, les fondamentaux de cash management deviennent stratégiques : suivi fin des encours clients, arbitrages de financement des achats, scénarios de seasonality des ventes.

Lectures utiles des baromètres 2025

  • Activité en palier : une stagnation ressentie qui appelle la maîtrise des coûts variables.
  • Trésorerie en tension : baisse constatée au 2e trimestre et impayés en hausse, selon l’Observatoire Axonaut relayé par la presse spécialisée.
  • Création d’entreprises : ralentissement modéré, d’après l’INSEE, dans des secteurs où les TPE sont majeures.

Dans ce contexte, l’agilité de modèle importe autant que l’efficience opérationnelle : avoir des coûts ajustables, s’ouvrir à des canaux marchands additionnels, et préparer des plans de continuité en cas de pression ponctuelle sur le cash.

Les dispositifs d’accompagnement à la digitalisation et à l’innovation sont nombreux et régulièrement actualisés. Les programmes de type France Num et France 2030 peuvent soutenir un premier déploiement technologique. En pratique, commencer par un diagnostic et un chiffrage des gains attendus reste la meilleure base de discussion pour mobiliser les aides.

Tableau de bord mensuel recommandé

  1. Solde de trésorerie et prévision à 30 jours.
  2. Encours clients et délai moyen de paiement observé.
  3. Taux d’impayés et performance des relances.
  4. Flux fournisseurs et échéanciers engagés.
  5. Usage des outils numériques : adoption, incidents, ROI opérationnel.

Cap financier 2025 : piloter au plus près et investir avec discernement

Les signaux convergent. Les TPE se savent plus résilientes quand elles disposent de visibilités cash courtes, d’options de financement d’achats modulables, et de briques numériques qui accélèrent la facturation, la collecte et l’analyse. Le recours accru au paiement fractionné et au paiement différé montre que la discipline de trésorerie est entrée dans le quotidien de la gestion.

Au-delà des outils, l’enjeu est d’orchestrer une trajectoire d’innovation utile, cohérente avec la taille et les flux de l’entreprise, en ciblant d’abord les processus proches du cash. Le Baromètre France Num 2025 souligne la dynamique, et l’Observatoire des TPE American Express en fixe la priorité : sécuriser la trésorerie en 2025, sans renoncer aux investissements qui préparent 2026.

Pour les dirigeants de TPE, la boussole est claire : sécuriser le cash aujourd’hui, déployer l’IA et le numérique là où ils créent de la valeur dès demain.