Terratis décroche 1,5 M€ pour révolutionner la lutte contre le moustique tigre
Découvrez comment Terratis, startup montpelliéraine, innove en stérilisant des moustiques mâles pour protéger la santé, l’économie et l’environnement.

La jeune pousse montpelliéraine Terratis frappe un grand coup en réunissant 1,5 million d’euros auprès d’investisseurs convaincus par sa méthode inédite de lutte contre le moustique tigre. Cette dynamique entrepreneuriale s’appuie sur la stérilisation de moustiques mâles, dans le but de freiner la reproduction de cette espèce invasive.
Une levée de fonds de 1,5 million d’euros : un signal fort en France
Depuis sa création en janvier 2024, Terratis poursuit un objectif ambitieux : réduire les nuisances liées au moustique tigre grâce à une solution sans pesticide. Pour concrétiser cette vision, la start-up a obtenu un financement de 1,5 million d’euros auprès de trois partenaires stratégiques : Odyssée Venture, Galapagos Innovation et la SATT AxLR. S’y ajoutent des soutiens majeurs d’acteurs comme Bpifrance (BPI), Réseau IMPSL, Créalia et plusieurs banques (Caisse d’Epargne, Crédit Agricole et BNP Paribas).
Cette opération financière témoigne de l’intérêt croissant pour des démarches plus respectueuses de l’environnement. Dans un contexte où le moustique tigre suscite des enjeux de santé publique, la solution de Terratis séduit par son approche inédite. Les capitaux injectés vont lui permettre de passer d’une phase expérimentale à un modèle potentiellement extensible sur l’ensemble du territoire national, voire au-delà.
Au-delà de son impact écologique, l’innovation proposée répond à des préoccupations économiques fortes : d’après plusieurs estimations internationales, la prolifération du moustique tigre entraînerait chaque année de lourds coûts, allant des dépenses en santé à des pertes dans le secteur touristique. Le soutien financier octroyé à Terratis est donc perçu comme une mesure stratégique à long terme pour préserver le pouvoir d’attraction de certains territoires et renforcer la sécurité sanitaire des populations.
De surcroît, le timing de cette levée de fonds arrive à point nommé. Les autorités publiques, les collectivités locales et les entreprises du tourisme cherchent à développer des méthodes moins invasives que les traitements chimiques. Terratis se positionne ainsi comme un relais essentiel dans la lutte contre une espèce d’insecte à la fois agressive et vectrice de maladies.
Un enjeu économique majeur : la lutte contre le moustique tigre
Peu de gens mesurent l’ampleur des incidences économiques du moustique tigre (Aedes albopictus). Originaire d’Asie du Sud-Est, il s’est largement répandu en Europe, gagnant peu à peu la quasi-totalité du pourtour méditerranéen. En France, ses premières apparitions remontent à la fin des années 2000, mais c’est désormais un enjeu sanitaire dans plusieurs régions, notamment en Occitanie ou en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Ce moustique est réputé pour transmettre des virus tels que la dengue, le chikungunya ou le zika. Les cas autochtones, c’est-à-dire contractés localement, ont atteint un niveau record en 2024. Sur le plan budgétaire, ces maladies se traduisent par un alourdissement des dépenses de santé et, de plus en plus, par un manque à gagner dans des secteurs économiques cruciaux : hôtellerie, restauration, loisirs de plein air, etc. À l’échelle mondiale, les chiffres évoqués par diverses études dépassent les milliards d’euros annuels de préjudice économique.
Pour lutter contre ce fléau, les méthodes traditionnelles reposent souvent sur l’emploi de pesticides. Or, la population en France exprime une réticence grandissante face à l’utilisation systématique de produits chimiques susceptibles d’affecter la biodiversité et de générer, à terme, des résistances chez les moustiques. C’est précisément dans ce contexte que Terratis a su se distinguer : la jeune pousse propose une voie alternative, jugée plus respectueuse de l’environnement et moins toxique pour l’homme.
Le moustique tigre peut véhiculer plusieurs pathologies graves : la dengue, le chikungunya, le zika, voire la fièvre jaune sous d’autres latitudes. En France métropolitaine, on recense des épisodes autochtones de dengue et de chikungunya, notamment dans le sud. Bien que ces maladies restent peu fréquentes, leur évolution potentielle inquiète les pouvoirs publics.
Pour les entreprises, la prolifération du moustique tigre se traduit aussi par des coûts supplémentaires. Les sites industriels ou touristiques investissent dans des campagnes de démoustication, des équipements de protection et des campagnes de sensibilisation. Dans le secteur viticole, les vignerons redoutent la présence d’autres insectes, potentiellement ravageurs, qui accompagnent l’expansion de l’Aedes albopictus.
C’est pourquoi le financement de solutions innovantes comme celle de Terratis revêt une importance capitale : il vise à réduire durablement la population de moustiques, tout en minimisant l’impact environnemental et en préservant la qualité de vie des habitants et des visiteurs.
Le concept de Terratis : une solution innovante et écologique
L’approche développée par Terratis repose sur la technique de l’insecte stérile (TIS). Concrètement, il s’agit d’élever des moustiques mâles, puis de les rendre stériles avant de les relâcher dans la nature. Une fois libérés, ils s’accouplent avec les femelles sauvages, mais ces dernières ne produisent pas de larves viables, ce qui réduit progressivement la population de moustiques.
Sur le plan opérationnel, l’élevage de moustiques demande une logistique minutieuse : il faut veiller au bon développement des larves, séparer les mâles des femelles, puis soumettre les mâles à un procédé de stérilisation avant de les relâcher. L’un des atouts majeurs de ce système est l’absence totale de produits chimiques. Contrairement aux insecticides, dont l’efficacité diminue au fil du temps, la TIS mise sur un mécanisme reproductif naturel. De plus, les moustiques mâles ne piquent pas, ce qui élimine le risque de nuisances directes pour la population lors des lâchers.
Diverses études, menées notamment à La Réunion, ont démontré qu’une réduction de plus de 60 % de la population de moustiques tigres est possible via cette technique, sur des zones ciblées. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) soutient également cette méthode dans le cadre de la lutte contre différents insectes ravageurs (mouches des fruits, tordeuses, etc.).
La TIS en bref
La “Technique de l’Insecte Stérile” (TIS) consiste à élever des insectes, à stériliser les spécimens mâles puis à les relâcher. Les accouplements résultants n’aboutissent pas à la naissance d’une nouvelle génération, entraînant ainsi un déclin progressif de l’espèce ciblée.
Face à l’exigence d’une transition écologique au sein des collectivités locales, cette technique s’impose comme une alternative solide. Au-delà de l’aspect environnemental, Terratis met en avant un argument économique fort : la TIS est potentiellement moins coûteuse sur le long terme que les campagnes de pulvérisation répétées. L’efficacité/coût est un indicateur clé, non seulement pour les municipalités, mais aussi pour le secteur hôtelier et les exploitations de loisirs, souvent contraintes de débourser des sommes élevées pour limiter la présence de moustiques.
Un projet industriel ambitieux
Grâce à la levée de 1,5 million d’euros, Terratis prévoit d’industrialiser la production de moustiques stériles. Cette évolution implique plusieurs étapes :
- La construction ou l’agrandissement d’une ferme pilote à Montpellier, surnommée TerratisFarm, pour élever les moustiques et perfectionner les protocoles de stérilisation.
- L’automatisation de la chaîne de production, depuis l’incubation des larves jusqu’à la séparation mâles/femelles.
- La coordination logistique pour réaliser des lâchers hebdomadaires dans des zones géographiques stratégiques.
La phase dite “pilote” est essentielle pour valider la faisabilité à grande échelle. Les lâchers doivent s’effectuer de manière régulière et suffisamment intense pour atteindre une diminution de la population locale de moustiques tigres. Le calendrier de Terratis prévoit des essais grandeur nature dans plusieurs villes de France métropolitaine dès avril 2025, suite à l’expérience positive déjà recueillie à La Réunion.
D’un point de vue économique, l’industrialisation vise aussi à réduire les coûts de la TIS. À mesure que le procédé se perfectionne, Terratis pourra proposer ses services à des tarifs attractifs, afin de répondre aux besoins croissants des collectivités, des sites touristiques ou des établissements de santé. La conception d’installations optimisées, la mise en place de l’automation et l’emploi de technologies de pointes (capteurs, IA, etc.) sont autant de pistes explorées pour accroître la productivité.
La technique standard emploie souvent des rayons ionisants pour altérer le matériel reproducteur des moustiques mâles. D’autres méthodes expérimentales incluent l’exposition à certains composés chimiques ou à la chaleur. Dans tous les cas, l’objectif est d’empêcher la production de spermatozoïdes viables, sans affecter la capacité du mâle à se reproduire physiquement.
Au-delà de la lutte contre le moustique tigre, Terratis entrevoit déjà des applications dans le domaine agricole, en particulier pour gérer des insectes ravageurs qui nuisent aux récoltes. Cette diversification potentielle montre que la TIS n’est pas cantonnée à un seul usage : elle pourrait, à terme, remodeler la manière dont nous concevons la protection des cultures et la régulation des insectes nuisibles.
Qui se cache derrière Terratis ? L’histoire de la start-up montpelliéraine
Derrière Terratis, on retrouve deux cofondateurs : Clelia Oliva et Dorian Barrère. Animés par l’idée de rendre accessible au plus grand nombre une solution de désinsectisation écologique, ils ont lancé la start-up en janvier 2024. Dès les premiers mois, leur concept de stérilisation d’insectes a suscité l’intérêt de structures d’accompagnement à Montpellier et au-delà.
Leur premier combat a été de démontrer la fiabilité de la TIS face aux obstacles réglementaires et scientifiques. Il a fallu obtenir des validations préalables pour élever et stériliser des moustiques, s’équiper de laboratoires aux normes strictes et convaincre les financeurs de la pertinence du projet. Rapidement, le duo fondateur a mis en place un réseau de partenaires, dont des laboratoires de recherche spécialisés, qui ont contribué à faire évoluer le concept vers sa forme actuelle.
Leur philosophie repose sur quatre piliers :
- Une science rigoureuse, basée sur des études avérées et des collaborations avec des entomologistes reconnus.
- Une dimension environnementale forte, sans recours aux insecticides, et avec un impact ciblé uniquement sur l’espèce visée.
- Une vision économique pensée pour être déployable à grande échelle, auprès des collectivités et des entreprises.
- Un engagement sociétal : préserver la qualité de vie des résidents et soutenir le dynamisme touristique des territoires infestés.
Au fil des mois, l’équipe Terratis s’est étoffée d’ingénieurs, de biologistes, de techniciens de laboratoire, mais aussi de profils financiers et juridiques pour consolider sa stratégie. La récente levée de fonds ne fera qu’accélérer ce mouvement, puisque plusieurs recrutements sont déjà annoncés afin de soutenir l’extension de la ferme pilote et de développer de nouveaux outils de suivi.
Des partenariats stratégiques pour accélérer la croissance
Outre Odyssée Venture, Galapagos Innovation et la SATT AxLR, qui ont investi les 1,5 million d’euros, Terratis bénéficie de l’appui d’autres organismes. La BPI (Banque publique d’investissement) est un soutien précieux pour toutes les jeunes sociétés en phase d’amorçage. Le Réseau IMPSL apporte quant à lui une expertise dans l’innovation et la mise en relation avec des partenaires industriels. Créalia, structure d’accompagnement régional, est également de la partie.
Ces collaborations ne se limitent pas au simple apport de capitaux. Les investisseurs et partenaires font souvent bénéficier la start-up d’un savoir-faire, d’un réseau professionnel et d’un appui technique. Dans le cas de la TIS, le développement à grande échelle exige un important travail de R&D, notamment pour automatiser le tri des larves et sécuriser la stérilisation des mâles. Les établissements bancaires (Caisse d’Epargne, Crédit Agricole, BNP Paribas) soutiennent aussi l’entreprise sur des aspects pratiques tels que la gestion de trésorerie et l’accompagnement export.
L’objectif de Terratis est clairement annoncé : gagner la confiance d’un nombre croissant de communes et d’entreprises, en leur proposant une solution de contrôle efficace. Dans un pays comme la France, où la demande de nouvelles approches écoresponsables va crescendo, l’offre de Terratis se positionne comme un levier essentiel pour faire reculer la menace du moustique tigre.
Les chiffres clés du moustique tigre en France
Départementaux : Plus de 70 départements français sont classés en vigilance rouge ou orange.
Propagation : Chaque année, plusieurs kilomètres gagnés en direction du nord.
Enjeux financiers : Des dépenses de lutte qui s’accroissent, par exemple dans les zones touristiques du littoral, où la démoustication peut représenter des centaines de milliers d’euros par saison.
Le fait que plusieurs acteurs publics et privés conjuguent leurs efforts traduit la priorité accordée à la maîtrise du moustique tigre. De la recherche en laboratoire jusqu’aux applications sur le terrain, chaque maillon de la chaîne doit être consolidé, et c’est précisément ce que permet cette alliance de financeurs et d’experts autour de Terratis.
Les retombées sur la filière touristique, la santé et l’économie
Le sud de la France représente une zone d’investissement majeure pour la start-up. Les communes littorales, comme celles de la Côte d’Azur, dépendent fortement d’un tourisme estival où la qualité de l’environnement revêt une importance cruciale. La présence notoire du moustique tigre peut dissuader certains vacanciers, freinant ainsi un moteur économique essentiel.
Dans une démarche de dynamisation économique, la technique de Terratis pourrait se révéler particulièrement attractive pour les campings, les résidences de vacances, ou encore les parcs de loisirs. En réduisant la prolifération des moustiques, ces acteurs du tourisme améliorent leur attractivité et renforcent la satisfaction de leurs clientèles. S’ensuit un cercle vertueux : plus de visiteurs, plus de retombées financières pour la région, et donc davantage de moyens pour développer des initiatives écologiques.
Par ailleurs, la santé publique demeure un sujet essentiel. La multiplication des cas autochtones de dengue ces dernières années en métropole inquiète autant qu’elle mobilise les pouvoirs publics. Réduire significativement le nombre de moustiques tigres implique de limiter la propagation de virus potentiellement graves, ce qui représente un gain de bien-être sociétal et une baisse des dépenses de santé. Cette corrélation directe rend la solution TIS particulièrement attrayante pour les autorités sanitaires.
Sur un plan plus global, la volonté de la France d’alléger sa dépendance aux pesticides alimente l’intérêt pour des innovations comme celle de Terratis. De plus, les institutions européennes encouragent la recherche et la mise en place de systèmes respectueux de la biodiversité, en conformité avec les directives sur la réduction de l’utilisation de substances chimiques. Terratis coche donc plusieurs cases : respect de l’environnement, protection de la santé et soutien au développement économique local.
D’un point de vue financier, la TIS constitue un modèle économique prometteur : à terme, l’entreprise peut être rétribuée par les collectivités ou les groupes hôteliers selon l’impact mesuré sur le terrain. Cette logique de “performance-based” permet de valoriser la réduction concrète de l’infestation, créant une relation gagnant-gagnant, tant pour Terratis que pour les clients finaux.
La guerre contre les moustiques est lancée !
La récente levée de fonds n’est qu’un point de départ : dès le printemps 2025, Terratis ambitionne de lancer ses premiers lâchers à grande échelle dans des collectivités pionnières de l’Hexagone. Les tests effectués à La Réunion ont déjà démontré l’efficacité d’une approche similaire : plus de 60 % de baisse de la population de moustiques sur certaines zones pilotes.
À l’horizon de quelques années, la start-up envisage aussi de diversifier sa base clients vers d’autres insectes. Dans le secteur agricole, d’innombrables espèces de nuisibles provoquent chaque année des dommages considérables aux récoltes. La mise en place de la TIS pour ces ravageurs représenterait un prolongement naturel des compétences de Terratis, doublé d’un nouveau relais de croissance.
Sur le plan réglementaire, la France et l’Union européenne renforcent régulièrement les normes visant à limiter l’usage des pesticides, créant de fait un contexte favorable à la démocratisation de la TIS. Les fondateurs de Terratis tablent également sur des avancées scientifiques pour optimiser la production des moustiques, diminuer les coûts de fonctionnement et prouver l’innocuité du procédé, ce qui accélérera l’acceptation par le grand public.
Fort de ses partenaires financiers et de sa structure désormais consolidée, Terratis compte bien entamer son déploiement dans plusieurs régions françaises. Les retombées attendues s’avèrent positives sur le plan sanitaire, mais aussi socio-économique. Les collectivités pourront disposer d’une nouvelle arme pour améliorer la qualité de vie de leurs administrés, tout en dynamisant leur attractivité touristique.
Cette aventure entrepreneuriale marque le début d’une ère où la préservation de la santé, le respect de la biodiversité et la performance économique convergent vers une solution commune : la stérilisation des moustiques, gage d’avenir dans la lutte antiparasitaire.