Stellaria sécurise 33 M€ pour accélérer Stellarium
La jeune pousse française Stellaria obtient 33 M€ pour développer son réacteur à sels fondus de 4e génération, alliant sûreté, compacité et performance.

Le 17 juillet 2025, l’entreprise française Stellaria a révélé un tour de table d’envergure pour soutenir son réacteur à sels fondus. Considérée comme l’une des innovations nucléaires les plus prometteuses, cette jeune pousse attire la curiosité d’un grand nombre d’investisseurs.
Un nouveau souffle dans l’énergie atomique
Stellaria, créée en 2023, ambitionne d’inaugurer un réacteur à sels fondus visant à allier compacité, sûreté et performance de pointe. Avec ses racines puisées dans l’expertise du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), la société se positionne comme une réponse réformatrice aux enjeux liés à la décarbonation et à la réindustrialisation.
Les chiffres présentés sont impressionnants. D’abord, un premier tour d’amorçage de 1,7 million d’euros a ouvert la voie à cette nouvelle phase de financement de 23 millions d’euros en série A. C’est ensuite un apport de 10 millions d’euros, via France 2030, qui consolide les ressources de la startup. Au total, elle dispose donc de plus de 33 millions pour faire avancer son réacteur de quatrième génération appelé Stellarium.
Cette opération a été pilotée par Supernova Invest et At One Ventures, deux fonds réputés pour leur soutien aux projets technologiques d’envergure. CEA Investissement, Schneider Electric, Exergon (initié par Charles Beigbeder et Giuseppe Sangiovanni) ainsi que Technip Energies s’ajoutent à la liste des acteurs qui croient dans cette vision d’un nucléaire plus propre, plus modulable et plus accessible.
Qui se cache derrière Stellaria
Le cœur de Stellaria se compose de passionnés de physique nucléaire, d’ingénierie et de finance. La société est née de la volonté de chercheurs et d’entrepreneurs désireux de proposer une alternative aux réacteurs existants. En 2023, la rencontre entre des spécialistes du CEA et des investisseurs motivés aboutit à la création de cette spin-off qui se concentre sur les réacteurs à neutrons rapides.
L’équipe dirigeante est menée par Nicolas Breyton, convaincu que l’industrie nucléaire doit effectuer une transition cruciale pour répondre aux impératifs écologiques et économiques. Cette ambition s’aligne avec la démarche de France 2030, laquelle cherche à faire émerger des technologies bas-carbone à forte valeur ajoutée. L’adhésion d’acteurs majeurs comme Schneider Electric ou Technip Energies témoigne d’un sérieux certain autour du projet.
De plus, l’entreprise se veut proche des industriels électro-intensifs. Les secteurs de la métallurgie, de la chimie ou encore des data centers sont constamment en quête d’une énergie sûre, continue et propre. Matérialiser rapidement un réacteur opérationnel, flexible et ultracompact répondrait clairement à leurs exigences.
2023 : Fondation de Stellaria, spin-off du CEA
2024 : Sélectionnée dans le cadre de l’appel à projets « Réacteurs innovants »
2025 : Levée de 23 millions d’euros et subventions cumulées à 10 millions
2029 : Date prévue pour la première réaction de fission
2035 : Objectif de commercialisation du modèle Stellarium
L’architecture d’un réacteur à sels fondus
Le Stellarium s’appuie sur la technologie AMR-MSR, souvent appelée « réacteur à neutrons rapides à sels fondus de quatrième génération ». Contrairement aux réacteurs à eau pressurisée, ici l’élément clé est le sel fondu qui joue le rôle de caloporteur et de combustible. Ce choix permet des gains notables en efficacité et en sûreté.
La quantité d’enceinte nécessaire pour loger le système reste relativement restreinte. On parle d’un volume total d’environ 4 m³. L’apport majeur réside dans la possibilité de renouveler continuellement le combustible pendant l’exploitation. De la sorte, le réacteur peut fonctionner sur longue période sans subir des arrêts fréquents pour recharger.
Stellaria compte inaugurer une première réaction de fission dès 2029, validant ainsi tous les aspects réglementaires et techniques. Elle vise un prototype en 2033 puis un déploiement industriel d’ici 2035. Les perspectives incluent également l’usage de ce réacteur pour traiter certains déchets, notamment le plutonium ou des actinides mineurs.
Bon à savoir : qu’est-ce qu’un réacteur à sels fondus ?
Les réacteurs à sels fondus exploitent un mélange de sels liquides capables de maintenir la réaction en chaîne. Le fonctionnement à basse pression limite les risques d’explosion et renforce la sûreté. Ces réacteurs sont étudiés depuis les années 1950 mais restent encore en phase de maturation technologique.
Le pari sur la souveraineté énergétique
En soutenant Stellaria, le gouvernement français et les financeurs misent sur la volonté de réindustrialiser par le biais de l’innovation. Il devient crucial, dans un contexte d’urgence climatique, de trouver des solutions bas-carbone. Or, le nucléaire reste réputé pour sa faible empreinte carbone, à condition d’en maîtriser l’impact sur les déchets et la sûreté.
Selon la startup, l’usage de réacteurs modulaires comme le Stellarium permettrait de couvrir les besoins en chaleur et en électricité d’unités industrielles, tout en restant pilotable. À cet égard, Stellaria insiste aussi sur la faisabilité technique d’installer ces équipements à proximité des sites de production, étant donné l’absence de pression élevée et de grands risques de surchauffe brusque.
D’un point de vue réglementaire, la France se dote d’un arsenal législatif plus incitatif pour encourager le développement de technologies nucléaires de nouvelle génération. Cette orientation place Stellaria dans le peloton de tête des entreprises capables de remettre le nucléaire au centre du débat, de façon plus acceptable pour le grand public.
France 2030 : un programme stratégique
Initié pour dynamiser l’innovation, France 2030 mobilise plus de 50 milliards d’euros sur différents volets, notamment l’énergie. Plusieurs perspectives se dessinent : promouvoir les énergies renouvelables, encourager la R&D nucléaire et stimuler la formation d’une main-d'œuvre spécialisée. Les réacteurs à sels fondus y occupent une place notable, avec l’ambition d’ouvrir la voie à un mix énergétique diversifié.
Les investisseurs en première ligne
La participation de fonds français et américains témoigne d’un intérêt international. Supernova Invest est connu pour cibler les pépites liées à la deeptech et aux hautes technologies, tandis que At One Ventures mise souvent sur les modèles durables. Cette dualité reflète un mouvement global où le climat, la technologie et le rendement économique se rejoignent.
Schneider Electric, engagé depuis longtemps dans la transition énergétique, voit parallèlement dans cette solution une opportunité de renforcer l’autonomie électrique des entreprises. Technip Energies, firme experte en ingénierie, apporte un soutien plus technique pour la conception et la construction modulaire du réacteur. Avec Exergon, cofondé par des figures comme Charles Beigbeder, un appui supplémentaire sur la question du financement et de la stratégie industrielle est assuré.
De surcroît, CEA Investissement conserve un rôle symbolique et concret. Le soutien continu du CEA prouve que Stellaria n’est pas qu’une jeune startup, mais bien la continuité d’un travail de longue haleine entamé il y a plusieurs années. Les retombées attendues englobent la compétitivité industrielle, l’emploi et la souveraineté énergétique française.
Exergon, structure spécialisée dans l’énergie et la technologie, s’est formée avec le désir d’accompagner des projets de rupture. Charles Beigbeder, via ce véhicule d’investissement, voit dans Stellaria un levier de croissance dans la filière du nucléaire de nouvelle génération. Avec une volonté de déployer jusqu’à plusieurs centaines de millions d’euros, Exergon souhaite maximiser l’impact sociétal et économique.
Comment Stellarium s’inscrit dans le paysage concurrentiel
Dans le monde, plus de 80 projets de small modular reactors (SMR) sont recensés. Des géants comme la Chine, la Russie ou les États-Unis rivalisent pour faire émerger des réacteurs de faible puissance, jugés plus simples et plus rapides à déployer. Pour se distinguer, Stellaria a misé sur la quatrième génération de réacteurs à sels fondus, misant sur des atouts rarement réunis autrefois : faible empreinte au sol, sûreté passive et flexibilité à l’usage.
En Europe, plusieurs startups s’activent également sur ce créneau. Thorizon, Naarea ou encore Calogena affichent leur ambition d’apporter une solution nucléaire inédite, complémentaire des renouvelables. Stellaria se veut toutefois plus avancée, du fait d’un calendrier de mise en service précis et d’un cofinancement public renforcé. Le défi majeur reste la maturité technologique, en particulier la résistance des matériaux aux sels fondus et la validation de la chaîne du combustible.
Sur le plan industriel, la demande ne faiblit pas. Les usines, les data centers et les infrastructures critiques exigent une énergie stable. Les investissements en systèmes de décarbonation dépassent aujourd’hui la simple installation de panneaux solaires ou d’éoliennes. Comme cet écosystème pèse lourd dans la balance carbone mondiale, le basculement vers un nucléaire plus résilient est de plus en plus perçu comme une nécessité stratégique.
Un point technique à connaître
Le renouvellement en continu du combustible permet de limiter les interruptions et d’accentuer l’exploitation. En mode « pile à combustible liquide », le cœur s’enrichit ou se traite en temps réel, ce qui est un atout majeur pour la stabilité de production et la rentabilité à long terme.
Décryptage économique et financier
Si la somme totale abordée (plus de 33 millions d’euros de ressources mobilisées) semble conséquente, elle demeure en réalité modeste dans le secteur nucléaire, où les dépenses se chiffrent facilement en milliards d’euros. Le vrai pari réside dans la capacité de Stellaria à optimiser chaque euro investi, à itérer rapidement et à prouver la fiabilité de son réacteur en conditions réelles.
Le succès de ce premier déploiement et la mise en place d’un prototype réellement fonctionnel conditionneront l’irruption de capitaux supplémentaires. C’est là qu’intervient l’effet levier : en réussissant une démonstration convaincante d’ici 2033, la startup consolidera sa place. Les investisseurs institutionnels, y compris les grands fonds souverains, pourraient alors s’intéresser davantage au projet.
Sur le front de l’export, Stellaria ambitionne de séduire non seulement les marchés nationaux, mais également les partenaires européens. Les problématiques d’approvisionnement énergétique, notamment en gaz et charbon, évoluent dans des dynamiques peu fiables. Le nucléaire, à condition de réduire sa part de risques et de déchets, peut devenir le pilier d’une réindustrialisation groupée. C’est en tout cas la lecture qu’en font plusieurs analystes spécialisés.
Pour de nombreux acteurs de la « finance verte », les projets nucléaires de nouvelle génération cochent deux cases : la réduction drastique du CO2 et la garantie d’une production très stable, adaptée aux grandes infrastructures. Les fonds à impact sont de plus en plus enclins à regarder le nucléaire sous un œil plus bienveillant, à condition que la sécurité soit infailliblement démontrée.
Défis et verrous à franchir
La vision de Stellaria ne se concrétisera pas sans effort. En effet, plusieurs écueils se dressent avant de pouvoir commercialiser un réacteur modulaire à forts enjeux.
D’abord, la réglementation nucléaire demeure un champ technique et exigeant. Obtenir les agréments de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en France s’avère une procédure longue, consistant à convaincre sur le respect de milliers de critères relatifs au confinement, à la résistance des matériaux et aux procédures d’urgence.
Ensuite, la viabilité économique devra être prouvée. Au-delà du prototype, il faudra démontrer qu’un réacteur Stellarium peut être produit en série et déployé dans différents contextes. Les investisseurs demanderont la formalisation d’un plan industriel détaillé, évoquant le coût global, les délais et le potentiel retour sur investissement. Le marché exigera des assurances sur la capacité à opérer le réacteur à un coût au mégawattheure compétitif avec d’autres formes d’énergie bas-carbone.
Enfin, l’acceptabilité publique reste cruciale. Bien que les sondages montrent un regain d’intérêt pour le nucléaire neutre en carbone, les inquiétudes relatives à la radioprotection et au stockage des déchets persistent. L’entreprise et ses partenaires devront mener un travail de transparence, d’information et de dialogue, afin de créer un consensus autour de ce nouveau format de centrale intégrée.
Un tremplin pour la décarbonation de l’industrie
Le secteur industriel est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre. L’enjeu de la décarbonation est devenu essentiel pour les grandes marques et les infrastructures critiques. Les dirigeants cherchent à réduire massivement leurs émissions tout en maintenant leur productivité. Dans ce contexte, Stellarium leur propose un réacteur de 250 MW thermiques (environ 110 MW électriques) qui peut palier à des besoins constants.
Comme le décrit Stellaria, l’atout se joue aussi au niveau de la pilotabilité. Un réacteur capable de monter ou de descendre rapidement en puissance peut compléter les énergies renouvelables intermittentes, comme l’éolien ou le solaire. Cela garantit une continuité de service, notamment pour les entreprises fortement consommatrices d’énergie, qui ne peuvent tolérer des coupures ou fluctuations majeures.
De plus, la capacité de brûler certaines catégories de déchets nucléaires marque un virage vers l’économie circulaire. Au lieu d’enfouir ces matières, il devient envisageable de les recycler ou de les employer afin de générer de la chaleur et de l’électricité. Les perspectives sur les décennies à venir sont considérables, surtout si les plans de déploiement se concrétisent dans plusieurs régions industrielles.
Retombées économiques attendues
Emploi : plusieurs centaines de postes d’ingénieurs, techniciens et opérateurs créés d’ici 2033.
Formation : accroissement de la demande en compétences nucléaire, métallurgie, chimie.
Régionalisation : opportunités pour les territoires industriels accueillant les sites prototypes ou de production en série.
Un calendrier serré et de grands espoirs
Les jalons fixés par Stellaria témoignent d’une grande ambition. La première réaction de fission est annoncée pour 2029, soit dans un laps de temps relativement court compte tenu de la complexité inhérente aux réacteurs nucléaires. D’ici 2033, l’entreprise escompte finaliser un prototype viable devant servir de vitrine technologique. Puis, en 2035, débuteront les premières ventes commerciales pour répondre aux besoins industriels.
Les dirigeants de Stellaria n’hésitent pas à insister sur la possible disruption du marché énergétique. Ils considèrent que la compacité et la sûreté intrinsèque du Stellarium pourront toucher un éventail de clients bien plus large que dans le cas des centrales actuelles. Les collaborations avec Orano, Schneider Electric ou Technip Energies laissent présager un solide accompagnement pour accélérer la mise sur le marché.
Si ce pari réussit, la France consolidera son rang parmi les leaders de la filière nucléaire de nouvelle génération. Le pays aspire à redevenir un véritable creuset d’innovation, à la fois sur les SMR à eau légère (comme Nuward) et sur les réacteurs à neutrons rapides. Les allocations budgétaires prévues par France 2030 et les mesures gouvernementales en faveur du nucléaire confirment cette volonté de rallumer la flamme industrielle.
Le poids de la coopération internationale
La technologie nucléaire ne peut se développer en vase clos. Des échanges multiples s’opèrent entre entreprises d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord. Dans cette compétition, la mutualisation des savoir-faire peut accélérer la découverte de matériaux réfractaires capables de résister aux sels fondus. Les partenariats avec des universités et des centres de recherche, qu’ils soient américains ou asiatiques, participent à l’élaboration d’un standard technique partagé.
De son côté, Stellaria tire profit de l’expérience du CEA, lequel a déjà établi des ponts avec l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) et différents programmes de coopération. Ainsi, le développement du Stellarium se nourrit de la confrontation d’idées entre experts internationaux. Cette dynamique d’ouverture contribue à crédibiliser davantage le réacteur auprès des autorités et des industriels.
Par ailleurs, certains pays d’Europe centrale et orientale manifestent de l’intérêt pour les solutions SMR. Les sites où l’activité minière est en déclin ou ceux qui doivent remplacer d’anciennes centrales à charbon pourraient envisager l’installation de mini-réacteurs. Ainsi, si Stellaria parvient à finaliser son produit, elle disposera potentiellement d’une clientèle prête à tester cette source d’énergie.
Éclairages sur le plan France 2030
Dans l’optique de concrétiser sa transition énergétique, la France a déployé un vaste plan nommé France 2030. Doté d’environ 54 milliards d’euros, ce dispositif finance autant la décarbonation industrielle que les initiatives innovantes en matière de mobilité, d’hydrogène ou de nucléaire. Au sein de ce plan, un programme spécifique baptisé « Réacteurs innovants » offre une enveloppe dédiée à plusieurs startups françaises spécialisées dans le nucléaire de pointe.
Stellaria fait partie des grands lauréats, à l’instar de Thorizon ou GenF, ce qui lui a permis d’obtenir 10 millions d’euros de subventions. Avec cet appui, la société couvre une partie de ses dépenses en recherche et développement. La priorité va à l’optimisation du design du réacteur, à la sécurisation de la chaîne de production et à la préparation des documents réglementaires. Les porteurs du plan France 2030 espèrent ainsi que la France renforce sa place dans le peloton de tête des nations productrices de technologies nucléaires propres.
En outre, le plan soutient la structuration d’une filière complète autour des réacteurs à sels fondus, intégrant la conception, la fabrication de composants et la maintenance. Cette optique se veut créatrice d’emplois et valorisante pour l’expertise française. Grâce à ce maillage, les étapes de prototypage pourraient s’enchaîner plus rapidement.
En plus de Stellaria, d’autres startups françaises explorent les « petits réacteurs » : Nuward (appuyée par EDF), Naarea (sur le concept de micro-réacteurs) et Calogena (sur l’eau légère avancée). Chacune cherche à positionner sa technologie dans un marché nucléaire en mutation, intégrant exigences environnementales et besoins industriels.
Allier compétitivité et atténuation de l’empreinte carbone
L’indépendance énergétique passe souvent par un arbitrage difficile entre économie et environnement. Les réacteurs de nouvelle génération ambitionnent de lever cette contradiction. D’un côté, la réduction de 99 pour cent des émissions de carbone sur les sites associés à une centrale nucléaire de quatrième génération est avancée par Stellaria. De l’autre, le caractère continu de la production apporte une stabilité indispensable à la plupart des industries lourdes ou des data centers.
De plus, le traitement des déchets radioactifs par incinération partielle pourrait diminuer la durée de radiotoxicité de plusieurs millénaires à quelques siècles seulement. Cette caractéristique suscitera probablement un débat public intense, car elle questionne la durabilité du modèle économique autour des combustibles usés. Néanmoins, cette voie peut garantir un meilleur usage des stocks existants de plutonium, ce qui est un argument de poids pour une politique de recyclage de la matière nucléaire.
Au gré de l’avancement du projet, Stellaria publiera certainement des rapports plus détaillés sur la rentabilité du réacteur. Les tenants et aboutissants techniques (corrosion, chimie des sels, logistique du combustible) influent sur la compétitivité finale du produit. Néanmoins, le soutien conjugué du secteur privé et de l’État français laisse entrevoir un engouement durable.
Un écosystème en ébullition pour la filière nucléaire
Dans un contexte géopolitique où la sécurité énergétique est de plus en plus valorisée, le nucléaire se replace au cœur du débat. Les tensions autour de l’approvisionnement en hydrocarbures et la nécessité de limiter drastiquement les rejets carbonés incitent de nombreuses nations à revoir leur stratégie. La France, forte de son histoire nucléaire, veut faire figure de pivot.
L’innovation, pilier essentiel de cette stratégie, ne se limite pas aux réacteurs. Elle touche également la méthode de démantèlement, la gestion du combustible usé et l’optimisation des rendements. Dans les années 2020, de nombreux consortiums se sont formés pour réunir les compétences d’ingénieurs, de chimistes, de physiciens et d’économistes. Ce climat collaboratif profite à Stellaria, laquelle tisse des liens avec des universités, des pôles de compétitivité et des centres de recherche européens.
Sur le plan industriel, les prochains défis porteront sur l’industrialisation des process et l’amélioration de la chaîne logistique. Les têtes pensantes de Stellaria insistent sur la nécessité de produire des lots de réacteurs standardisés pour faire baisser drastiquement les coûts de fabrication. À l’image d’autres secteurs (l’automobile ou l’aérospatial), la massification de la production est généralement le chemin le plus direct vers la réduction des coûts unitaires.
Cap sur la suite pour Stellaria
Personne ne minimise la complexité soulevée par les réacteurs nucléaires. Pourtant, le potentiel de Stellarium suscite l’enthousiasme. Pour Stellaria, l’année 2025 représente une validation majeure : atteindre 23 millions d’euros de financement, auxquels s'ajoutent 10 millions par le biais de France 2030, conforte la pérennité de ses activités de recherche et de prototypage.
Les prochains mois verront l’entreprise accélérer ses recrutements, doubler ou tripler ses effectifs d’ingénieurs et finaliser certains choix techniques déterminants (alliages résistants, systèmes de contrôle-commande, protocole de retraitement des sels…). La spectrométrie neutronique, la chimie des sels chlorures et la gestion thermique resteront des domaines clés afin de prouver la faisabilité du concept en laboratoire avant d’aborder les plus grands essais réels.
En parallèle, un dialogue intensif s’engagera avec l’ASN, les collectivités et les habitants proches des sites potentiels d’implantation. Stellaria doit déployer un argumentaire solide pour convaincre sur la robustesse de son système de sûreté passive. L’évaluation environnementale et l’implication d’organismes indépendants vont servir à rassurer le grand public quant aux risques résiduels et à la gestion à long terme des sous-produits radioactifs.
En définitive, Stellaria incarne l’espoir d’une réforme profonde du nucléaire français, alliant ambition industrielle, prudence technologique et impératif écologique.