+80 % en 2025 et un EBITDA positif pour la première fois: Spliiit, plateforme de co-abonnement basée dans l’Aube, accélère sa trajectoire. L’entreprise, fondée en 2019, s’impose dans l’optimisation des dépenses numériques des ménages tout en négociant un virage juridique et fiscal clé pour sécuriser son modèle en France.

Qui est Spliiit : ancrage aubois et modèle de partage d’abonnements

Créée en 2019, Spliiit développe une plateforme en ligne permettant aux particuliers de partager le coût d’abonnements numériques en réunissant un propriétaire d’offre et des co-abonnés. L’entreprise, installée dans l’Aube, s’adresse aux services grand public tels qu’Apple, Netflix ou Disney, dont les formules sont nativement conçues pour plusieurs utilisateurs ou profils.

Le fonctionnement repose sur une mise en relation qualifiée et un interfaçage simple pour documenter le partage. Le modèle économique est fondé sur une commission prélevée sur chaque transaction. Spliiit se positionne ainsi comme un intermédiaire de confiance pour structurer un usage déjà répandu, en limitant la friction entre particuliers.

Modèle économique : commission sur transactions

La valeur ajoutée se concentre sur l’outillage du partage: vérification basique des profils, facilitation du paiement, rappel des échéances et mise à disposition d’un canal d’échange. En contrepartie, la plateforme prélève des frais, qui constituent la source principale de revenus. Cette logique d’économie d’usage est au cœur des services distribués à plusieurs utilisateurs.

Cas d’usage et services concernés

Les abonnements multi-profils ou multi-écrans sont les plus représentés, notamment dans la vidéo à la demande et les écosystèmes de contenus et services des grandes plateformes. L’enjeu pour Spliiit consiste à fiabiliser la relation entre propriétaire et co-abonné, à limiter les impayés et à assurer un cadre de partage clair pour chaque offre.

Le concept de co-abonnement structuré

Spliiit s’inscrit dans une tendance de mutualisation des coûts. La plateforme ne revend ni accès ni identifiants, mais facilite le partage permis par certaines offres. L’entreprise se positionne comme un prestataire de service transactionnel auprès de particuliers, avec une logique de commission sur flux.

L’EBITDA mesure la performance opérationnelle avant intérêts, impôts et amortissements. Pour un intermédiaire de place comme Spliiit, un EBITDA positif traduit la capacité à couvrir les coûts d’exploitation avec la marge générée sur les commissions. C’est un indicateur clé de soutenabilité du modèle au-delà de la croissance du volume d’affaires.

2025 : croissance accélérée et premier EBITDA positif

En 2025, Spliiit affiche un chiffre d’affaires de 2,45 millions d’euros, en hausse de 80 % sur un an. L’entreprise annonce par ailleurs un EBITDA positif de 650 000 euros. Ce jalon témoigne d’un point d’inflexion: la plateforme ne se limite plus à capter des volumes, elle génère désormais un excédent d’exploitation.

Ces données n’ont pas fait l’objet d’un communiqué financier officiel récent, mais elles éclairent la dynamique d’un marché porté par la hausse du nombre d’abonnements par personne et par les arbitrages budgétaires des ménages. L’amélioration de la rentabilité opérationnelle suggère un meilleur taux de rétention des co-abonnés et une discipline accrue sur les coûts fixes.

Métriques Valeur Évolution
Chiffre d’affaires 2025 2,45 M€ +80 % vs 2024
EBITDA 2025 650 000 € Premier EBITDA positif
Objectif CA 2026 4,3 M€ n.c.
Objectif EBITDA 2026 1,6 M€ n.c.

Piliers de performance en 2025

  • Monétisation renforcée via la commission sur transactions.
  • Rationalisation des coûts d’exploitation, favorable à l’EBITDA.
  • Effet réseau accru avec la densification des mises en relation.

Une progression de +80 % peut traduire un rattrapage d’usage après resserrement des conditions de partage sur certaines plateformes, une meilleure activation commerciale ou une baisse du churn. Le signal le plus robuste reste l’EBITDA positif: il indique que la croissance est rentable, au moins à ce stade de développement.

Marché français des abonnements : usages, budgets et "abonnements fantômes"

Une enquête menée par Spliiit en juillet 2025 met en avant une intensification de l’équipement abonnements des particuliers. Les Français détiennent en moyenne trois abonnements par personne. Près de la moitié déclarent un budget mensuel supérieur à 25 euros pour ces services, et 13 % disent dépenser davantage (CB News, juillet 2025).

Cette évolution reflète deux mouvements: diversification des contenus et accumulation de micro-services. Elle nourrit également un angle mort budgétaire, celui des abonnements fantômes, sous-utilisés ou oubliés par les utilisateurs. L’arbitrage consisterait alors à réduire le nombre de services ou à mutualiser les coûts sur les offres multi-profils.

Comportements observés et leviers d’optimisation

  • Empilement de services vidéo, musique, jeux et cloud, difficile à piloter sans outil de suivi.
  • Volatilité de l’usage selon saisons, sorties de contenus et périodes de test.
  • Mutualisation comme alternative à la résiliation, pour conserver l’accès à moindre coût.

"Abonnements fantômes" : pourquoi ils persistent

Les abonnements oubliés s’expliquent par l’absence d’alertes, la friction de résiliation et la faible visibilité du cumul de dépenses. La mutualisation organisée offre une alternative de réduction de coût, sans rupture d’usage. Spliiit se positionne précisément sur cette friction intérieure à la facture numérique des ménages.

Indicateurs pertinents pour les directions financières des plateformes

  • ARPU ajusté: impact du partage structuré sur la recette par compte.
  • Churn différé: effet du co-abonnement sur la durée de vie client.
  • Mix d’offres: poids des formules multi-profils dans la base active.

Contentieux et compromis possibles : Netflix, Apple et Disney au banc d’essai

La montée en puissance de Spliiit s’accompagne de défis juridiques. Un article de 01net publié le 9 septembre 2025 rapporte que la justice française a encouragé Netflix, Apple et Disney à trouver un accord avec Spliiit pour éviter un procès, le dossier devant être examiné par le tribunal judiciaire de Paris d’ici la fin de l’année (01net, 9 septembre 2025). La légitimité du partage d’abonnements se retrouve ainsi placée sous contrôle juridictionnel, avec l’objectif d’un atterrissage négocié.

Dans ce cadre, Spliiit se défend en se présentant non comme un parasite, mais comme un facilitateur d’économies pour les consommateurs. Le débat porte moins sur l’existence du partage que sur son encadrement opérationnel, la protection des conditions d’utilisation des plateformes et la qualification des services rendus par un intermédiaire entre particuliers.

Tribunal judiciaire de Paris : calendrier et enjeux

Le fait que le dossier soit examiné au tribunal judiciaire de Paris d’ici la fin 2025 souligne l’importance du périmètre du partage autorisé dans les conditions d’utilisation des offres numériques. Les scénarios possibles vont d’un accord encadré à une clarification sur ce qui constitue un partage licite entre particuliers, avec à la clé des effets sur l’économie des services multi-profils.

Apple : ouverture de négociations directes

Un rapport de Consomac au 2 septembre 2025 mentionne l’ouverture de négociations directes avec Apple pour éviter une confrontation judiciaire. L’objectif évoqué est d’identifier des mécanismes de partage officiels et compatibles avec l’architecture des offres. Cette approche signale la recherche d’une solution transactionnelle, susceptible de réduire l’incertitude juridique autour du co-abonnement.

Positionnement de Spliiit : cadrage et responsabilité

Pour la start-up, le message public relève d’une ligne claire: la plateforme organise et sécurise un usage existant, en y apportant visibilité et discipline budgétaire. Ce positionnement peut constituer un levier dans la négociation en montrant que l’intermédiation apporte une meilleure traçabilité des flux et une diminution des comportements opportunistes.

Au cœur du débat se trouve l’interprétation des conditions d’utilisation: partage familial, foyer, profils multiples, limitations géographiques. L’intermédiation n’est pérenne que si ces conditions sont respectées et si un mécanisme formalisé de partage est accepté par les ayants droit. Les négociations visent précisément à aligner pratique et conformité.

Cap 2026 : objectifs financiers et conditions de réalisation

Pour 2026, Spliiit vise un chiffre d’affaires de 4,3 millions d’euros et un EBITDA de 1,6 million d’euros. Cette trajectoire suppose une conversion efficace de la base d’utilisateurs, la maîtrise des coûts d’acquisition et un environnement juridique stabilisé. Les objectifs restent corrélés à l’issue des discussions avec les grandes plateformes et aux ajustements réglementaires.

Hypothèses de travail côté business

  • Activation commerciale soutenue par la hausse du nombre d’abonnements par individu.
  • Optimisation du panier grâce à la rétention et au cross-usage entre verticales de services.
  • Coûts variables maîtrisés via des outils de paiement et de recouvrement plus performants.

Principaux risques à monitorer en 2026

  • Risque juridique: évolution des positions de Netflix, Apple et Disney suite aux échanges en cours.
  • Risque opérationnel: fraude, impayés, arbitrage des utilisateurs vers des offres annuelles ou des packs opérateurs.
  • Risque réglementaire: obligations nouvelles sur les opérateurs intermédiaires de la transaction en ligne.

Trois signaux de soutenabilité à surveiller

  1. Marge opérationnelle en progression régulière, au-delà de l’effet taille.
  2. Taux de litiges et d’impayés sous contrôle, gage de qualité d’intermédiation.
  3. Convergence contractuelle avec les grandes plateformes sur le périmètre du partage.

Cadre réglementaire et fiscal : obligations numériques et financements

Les plateformes actives sur des transactions en ligne sous statut français naviguent dans un environnement de conformité dense. Le site impots.gouv.fr, mis à jour en juillet 2024, précise le rôle des opérateurs de dématérialisation agréés par l’État dans l’émission et la transmission de documents fiscaux.

Spliiit n’est pas explicitement listée. Néanmoins, le rappel de ces règles signale l’importance du respect des obligations documentaires et déclaratives pour tous les acteurs intermédiant des flux.

Sur le plan fiscal, la Loi de Finances 2025, adoptée le 6 février 2025 et détaillée sur economie.gouv.fr, a introduit plusieurs ajustements impactant les entreprises, notamment sur l’impôt sur les bénéfices. Par ailleurs, un communiqué du ministère de l’Économie en date du 2 octobre 2025 confirme l’application d’un taux bonifié de 25 % pour l’investissement des particuliers dans les PME à compter du 28 septembre 2025. Ce levier peut faciliter le financement d’entreprises technologiques françaises, dont celles qui structurent des marchés d’intermédiation.

Implications opérationnelles pour une plateforme d’intermédiation

  • Traçabilité des flux: documentation des opérations et conservation des pièces justificatives.
  • Sécurité des paiements: maîtrise des parcours d’encaissement, prévention de la fraude et lutte contre l’usurpation.
  • Compatibilité fiscale: préparation à d’éventuelles évolutions d’e-reporting et de e-facturation.

Financement et attractivité de l’écosystème

Le taux bonifié de 25 % pour les versements des particuliers dans les PME, effectif depuis le 28 septembre 2025, peut encourager des tours de table ciblés pour des plateformes en phase de consolidation de leur modèle. Dans ce contexte, la capacité de Spliiit à prouver une monétisation récurrente et une gouvernance de la conformité renforcée devient décisive pour attirer l’épargne productive et aligner les intérêts des investisseurs avec les exigences réglementaires.

Indépendamment d’un statut précis, une plateforme de partage peut renforcer sa conformité en: cartographiant ses flux, séparant les fonds des utilisateurs, auditant ses parcours de paiement, et documentant ses processus d’identification des utilisateurs. Ces leviers limitent les risques de litiges et facilitent le dialogue avec les autorités et partenaires.

Quel rôle pour Spliiit dans l’économie du partage numérique française

Spliiit illustre une approche frugale et structurante de l’économie du partage: faciliter ce qui existe déjà chez l’utilisateur final, mais de façon organisée, traçable et économiquement soutenable. Les chiffres 2025 et les objectifs 2026 témoignent d’une trajectoire ambitieuse, conditionnée à la clarification juridique avec les grandes plateformes et à la discipline opérationnelle sur les flux.

Si les négociations aboutissent, le co-abonnement encadré pourrait devenir un véritable sous-marché des services numériques, avec des règles explicites et des bénéfices partagés: économies pour les ménages, prévisibilité pour les ayants droit, et intermédiation responsable pour les opérateurs.

La prochaine étape se jouera entre salles de réunion et prétoire: sécuriser le modèle tout en gardant l’utilisateur au centre, c’est l’équation qui décidera du rythme de croissance.