À Vannes, Socomore franchit une étape clé de son trajectoire de croissance avec la clôture d’une levée de 100 millions d’euros. L’ETI bretonne spécialisée dans la chimie de traitement de surfaces compte s’appuyer sur ce financement pour accélérer ses capacités industrielles, dynamiser sa R&D et mener des acquisitions ciblées, avec un objectif clair : doubler de taille d’ici 2030.

Levée de 100 millions d’euros : Socomore sécurise sa feuille de route 2030

La quatrième opération de financement de Socomore, annoncée en juin 2025, est désormais finalisée pour un montant de 100 millions d’euros. L’entreprise confirme une ambition forte : atteindre une taille deux fois supérieure à horizon 2030, en s’appuyant sur un moteur de croissance mixte alliant déploiements industriels, acquisitions et innovations produits.

Acteur de référence dans la chimie de spécialité pour l’aéronautique et les industries connexes, Socomore conçoit des solutions pour le traitement de surfaces métalliques et composites. Ses gammes couvrent des solvants, mastics et revêtements adaptés aux exigences de performance et de sécurité des chaînes de production aéronautiques. Le groupe affiche un chiffre d’affaires d’environ 120 millions d’euros pour un effectif d’environ 500 collaborateurs répartis entre la France et l’international.

Pour Frédéric Lescure, PDG, l’enjeu est industriel et capitalistique à la fois. La transaction renforce la capacité du groupe à piloter sa croissance sur le long terme.

Comme il l’a déclaré, « Cette transaction est importante pour la pérennité et l’indépendance du groupe Socomore ». Dans un secteur où la consolidation est active et les exigences réglementaires élevées, la capacité à investir vite et bien devient un avantage compétitif décisif.

Repères chiffrés de Socomore en 2025

Les points saillants de l’opération et du profil de l’entreprise :

  • Montant levé : 100 millions d’euros.
  • Objectif de taille : doublement d’ici à 2030.
  • Chiffre d’affaires actuel : 120 millions d’euros.
  • Effectif : environ 500 salariés.
  • Usage des fonds : acquisitions, nouvelles usines, R&D.
Métriques Valeur Évolution
Montant de la levée 100 M€ N/A
Chiffre d’affaires actuel 120 M€ Base 2025
Objectif de chiffre d’affaires 240 M€ potentiel à 2030 x2 visé
Effectifs ~500 Hausse possible
Structure investisseur chef de file Three Hills Participation minoritaire

Tour de table : Three Hills en tête, Bpifrance réinvestit

Le nouvel actionnariat se structure autour d’un consortium mené par Three Hills, fonds luxembourgeois qui prend une participation minoritaire significative. À ses côtés, Bpifrance réinvestit et joue un rôle de premier plan, avec Crédit Mutuel Equity et Société Générale également au capital. RAISE Invest, entré en 2018, cède sa position à l’occasion de cette reconfiguration.

Ce montage répond à deux objectifs complémentaires : sécuriser un volume d’investissement à la hauteur des ambitions industrielles et préserver l’indépendance stratégique d’une ETI française fortement exposée à des chaînes d’approvisionnement mondiales. Les informations diffusées le 20 juin 2025 convergent sur ce schéma capitalistique ordonné et progressif, cohérent avec un contexte de rebond sectoriel.

Three Hills : positionnement et thèse d’investissement

Three Hills s’ancre sur une logique d’investisseur de long terme en Europe, avec une préférence pour des positions minoritaires actives. Dans le cas de Socomore, l’enjeu consiste à accélérer la croissance tout en respectant l’ADN industriel et l’empreinte territoriale de l’entreprise. La présence de Three Hills peut faciliter l’accès à des opportunités de build-up en Europe et renforcer la discipline d’allocation du capital.

Bpifrance et partenaires : continuité stratégique

La réitération de Bpifrance confirme un parti pris : accompagner les ETI industrielles dans leurs plans de montée en puissance. La présence conjointe de Crédit Mutuel Equity et de Société Générale offre un continuum de financement et de services, utile pour structurer des opérations d’acquisition et soutenir des projets d’extension d’usines. L’alignement des investisseurs historiques permet de lisser le risque d’exécution sur plusieurs années.

RAISE Invest : une sortie alignée avec la nouvelle phase

La cession de RAISE Invest marque un passage de relais classique dans la vie d’une ETI. Elle s’effectue au moment où un nouvel étage de financement devient nécessaire pour donner de l’ampleur aux investissements industriels et à la R&D. La recomposition qui en résulte rend le tour de table plus lisible au regard des objectifs 2030.

Une participation minoritaire significative donne à l’investisseur un levier de gouvernance accru sans prise de contrôle. Elle s’accompagne souvent de droits spécifiques : comités d’audit ou d’investissement, clauses de liquidité, pactes organisant les décisions clés. Pour l’émetteur, l’intérêt est double : financer l’ambition tout en conservant le pilotage stratégique.

Feuille d’investissement : usines, R&D et croissance externe

L’allocation des 100 millions d’euros cible trois axes opérationnels majeurs. La direction a précisé des intentions concrètes, sans détailler des montants par poste à ce stade. Le plan conjuguera croissance organique et croissance externe pour renforcer la position de Socomore sur ses marchés finaux.

  • Acquisitions ciblées pour compléter les gammes de produits, accélérer l’accès à des niches applicatives et densifier la présence commerciale dans des géographies prioritaires.
  • Nouvelles capacités de production, avec des usines projetées en France ou à l’étranger, afin d’absorber la demande et de sécuriser les délais dans une industrie très cadencée.
  • R&D intensifiée pour proposer des solutions plus performantes et plus respectueuses de l’environnement, notamment sur les traitements de surface compatibles avec les matériaux composites et les standards réglementaires.

La trajectoire envisagée est claire : accroître la capacité industrielle, enrichir la propriété intellectuelle et étendre les débouchés par filières. Cette triple dynamique vise à répondre aux attentes des avionneurs et des sous-traitants, tout en améliorant la résilience de la chaîne d’approvisionnement.

Focus R&D : chimie de surface plus durable

Les priorités R&D indiquées par Socomore convergent vers des solutions à moindre impact :

  • Réduction des émissions et amélioration des formulations à faible teneur en composés organiques volatils.
  • Compatibilité matériaux avec les composites et alliages de nouvelle génération.
  • Performance applicative sur la préparation, la protection et la finition des surfaces sous contraintes aéronautiques.

Ces axes s’inscrivent dans les attentes des donneurs d’ordre et les orientations sectorielles en matière d’efficacité et de durabilité.

Dans la chimie de spécialité, l’intérêt des acquisitions est d’ajouter des briques technologiques ou géographiques sans diluer l’expertise. Les cibles recherchées offrent souvent un portefeuille concentré, une clientèle fidèle et des barrières réglementaires élevées. Bien exécuté, ce modèle soutient les marges et accélère le time-to-market sur des niches techniques.

Qui est Socomore : ancrage vannetais et métiers

Créée en 1971 à Vannes, Socomore s’est imposée comme un fournisseur clé pour la préparation, la maintenance et la protection des surfaces métalliques et composites. Ses produits sont conçus pour répondre à des protocoles stricts d’assemblage, de réparation et de protection, au cœur des process aéronautiques. Au fil des décennies, l’entreprise a développé un socle industriel solide en France et déployé un réseau à l’international.

La gamme couvre notamment des solvants spécialisés pour la préparation, des mastics pour l’étanchéité et la protection, et des revêtements assurant la longévité et la sécurité des pièces. Cette offre s’adresse principalement aux acteurs de l’aéronautique, mais trouve également des applications dans d’autres segments industriels exigeants.

Le profil ETI permet à Socomore de conjuguer agilité et profondeur industrielle. Cette taille confère une capacité à industrialiser rapidement les innovations issues des laboratoires, tout en maintenant une proximité client indispensable dans les filières à forte intégration technique.

Les ETI combinent une gouvernance entrepreneuriale et des moyens d’industrialisation supérieurs à ceux des PME. Ce profil est particulièrement adapté aux industries de procédés où la R&D, la qualité et la conformité réglementaire exigent des investissements récurrents. L’effet de taille facilite l’export et la diversification des risques.

Aéronautique française : fenêtres de croissance et souveraineté

L’écosystème aéronautique français a retrouvé de l’élan, porté par des carnets de commandes reconstitués et un redéploiement des investissements. Au Sommet Choose France 2025, les annonces ont totalisé 40,8 milliards d’euros pour 53 projets, soulignant la confiance renouvelée dans les filières industrielles, aéronautique incluse (DGE, 19 mai 2025). Les besoins en matériaux et solutions de traitement de surface vont croissant avec la cadence de production.

Dans ce contexte, l’accès rapide à des capacités additionnelles et à des innovations certifiables devient un enjeu de compétitivité. Les solutions chimiques performantes et plus durables sont désormais au cœur des exigences, autant pour la performance que pour la réduction de l’empreinte environnementale. Les rapports de l’OACI évoquent une croissance mondiale annuelle de 4 à 5 % de l’aéronautique civile, fournissant un horizon soutenu pour les fournisseurs structurés.

Pour une ETI comme Socomore, cela se traduit par la nécessité de sécuriser les approvisionnements, de maîtriser les délais et de maintenir des standards qualité vérifiables. Les investissements dans l’outil industriel et la R&D apportent de la flexibilité, y compris pour qualifier rapidement de nouvelles formulations ou répondre à des évolutions normatives.

Capacité industrielle : pourquoi construire de nouvelles usines

Dans les filières aéronautiques, de nouvelles capacités répondent à trois objectifs tactiques :

  1. Accompagner la montée en cadence sur les programmes existants en réduisant le risque de goulets d’étranglement.
  2. Rapprocher la production des clients pour raccourcir les délais et optimiser la logistique.
  3. Intégrer des procédés de dernière génération afin de gagner en productivité et en répétabilité des performances.

Gouvernance et cadre légal : transparence et financement non coté

La structuration capitalistique autour d’un investisseur chef de file et de co-investisseurs renforce la clarté des processus décisionnels. Dans le non coté, la discipline contractuelle encadre les droits de gouvernance, les seuils d’accord sur les décisions stratégiques et les modalités de liquidité. Pour une ETI industrielle, ce cadre est un atout pour orchestrer des investissements lourds dans la durée.

Sur le plan réglementaire, les opérations en capital font l’objet d’un suivi visant la transparence et la bonne information des parties prenantes. L’AMF définit un environnement de marché ordonné pour les opérations financières et s’applique au périmètre pertinent, sachant que Socomore n’est pas cotée et n’est donc pas soumise aux obligations de marché propres aux émetteurs listés. La réorganisation du tour de table s’inscrit ainsi dans un cadre usuel des opérations de capital-investissement en France.

Sur le plan social, la dynamique d’investissement peut soutenir l’emploi qualifié, en particulier en Bretagne où l’entreprise est ancrée. Les ETI comme Socomore jouent un rôle important dans la diffusion technologique et la montée en compétence des bassins industriels, notamment via la formation et les exigences qualité sur les procédés.

Le passage de la R&D au scale-up industriel impose des validations rigoureuses : formulation, tests, qualification chez les clients, puis montée en cadence. Les investissements financent l’outillage, la métrologie, l’automatisation et la documentation qualité, autant de leviers essentiels pour sécuriser la conformité et la répétabilité des performances.

Cap 2030 pour Socomore : les prochains jalons

Avec cette levée finalisée, Socomore dispose d’une base financière solide pour dérouler sa stratégie. Les annonces à venir porteront sur des build-ups ciblés, des projets d’implantations industrielles et des programmes R&D en chimie de spécialité, en cohérence avec l’objectif d’un doublement de la taille à l’horizon 2030. L’arrivée de Three Hills, combinée au réinvestissement de Bpifrance et des partenaires, constitue un soutien opérationnel et stratégique de premier plan.

La feuille de route reste lisible : élargir l’offre, accélérer, consolider. Dans une filière aéronautique en redressement, la capacité à délivrer des gains concrets de performance industrielle et environnementale fera la différence.

Prochain rendez-vous attendu : les premières annonces d’acquisitions et de projets d’usines, au rythme des communications officielles de l’entreprise.