Silvr placé en redressement judiciaire par le tribunal de Nanterre
Silvr, fintech RBF, en redressement judiciaire malgré 133 M€ levés. Analyse des causes opérationnelles et macroéconomiques.

Un air de surprise a gagné l’écosystème des fintechs en France lorsque Silvr, jeune pousse réputée, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal des activités économiques de Nanterre, à la suite d’une déclaration de cessation de paiement datée du 11 juin 2025.
Cette situation intervient malgré un parcours jalonné de financements, dont une somme de 21 millions d’euros (en equity) qui avait attiré l’attention des observateurs du marché.
Un regard sur la trajectoire et les ambitions initiales de Silvr
Lors de sa création en 2020, Silvr portait un positionnement ambitieux. La société, cofondée par Nima Karimi et Grégory Tappero, s’était fixé pour objectif d’aider les jeunes entreprises au business model numérique à accéder plus aisément à des ressources financières. A l’époque, ce créneau s’avérait prometteur, surtout pour le secteur du e-commerce et des services d’abonnement, deux domaines portés par les changements d’habitude de consommation (source: Usine Digitale 2021).
Pour comprendre l’essor rapide de cette structure, il suffit de se pencher sur ses premières opérations. Selon des documents internes relayés par différents médias économiques en 2022, les algorithmes de Silvr auraient permis l’octroi de financements dans des délais record, en comparant automatiquement le chiffre d’affaires projeté et des données bancaires disponibles via des API. Cette posture a tout de suite donné à la jeune startup une image de fintech agile, opérant dans un espace de plus en plus concurrentiel, avec des acteurs semblables (Karmen, Wayflyer, etc.).
L’idée de “Revenue Based Financing” (RBF), concept hérité d’outre-Atlantique, a constitué le moteur essentiel de la société. Bien que populaire chez certains investisseurs, ce type de financement exige un dosage délicat entre analyse de données financières solides et défense des intérêts des prêteurs. Le modèle de Silvr était pourtant présenté comme robuste: en échange d’un financement débloqué rapidement, l’entreprise financée s’engageait à rembourser via un pourcentage de son chiffre d’affaires, assorti d’une commission moyenne située entre 6 et 9 de la somme empruntée.
Dans le cadre d’un RBF classique, le financeur investit une certaine somme dans une entreprise, puis récupère son investissement sous la forme d’un pourcentage des revenus futurs de cette structure. La formule est adaptée aux sociétés, notamment digitales, ayant des flux de trésorerie récurrents et prévisibles. Elle permet de conserver le contrôle de son capital, contrairement à la dilution permise par la levée de fonds traditionnelle.
Au-delà de cette approche, Silvr se distinguait par une solution technologique centrée sur la prédiction de la trajectoire commerciale des entreprises, revendiquant analyser en quelques heures l’état de santé financier d’un prospect. Les premiers succès ont aussitôt généré un fort intérêt chez les fonds d’investissement. Entre 2021 et 2022, l’entreprise a levé un total de 133 millions d’euros (incluant de la dette), dont une partie en capital évaluée à environ 21 millions d’euros. Un chiffre parfois cité par plusieurs médias, alors que les 112 millions restants reposaient sur un mécanisme de dette pour soutenir le portefeuille de crédits accordés (source: Frenchweb 2022).
Les éléments déclencheurs du redressement judiciaire
Malgré des débuts dynamiques, Silvr a annoncé sa cessation de paiement le 11 juin 2025. Dans un environnement macroéconomique troublé, ce n’est pas la première startup, dans le domaine de la finance digitale, à faire face à des écueils budgétaires. Pour autant, cette procédure légale a surpris compte tenu des ambitions affichées et du soutien d’investisseurs réputés (source: TechCrunch 2022). Les observateurs pointent trois facteurs majeurs:
- Pression opérationnelle engendrée par une expansion accélérée
- Dépendance au marché du capital-risque et à l’endettement pour alimenter la trésorerie
- Contexte de resserrement monétaire en Europe, caractérisé par une hausse des taux d’intérêt et une prudence accrue des acteurs financiers
La décision du tribunal des activités économiques de Nanterre d’ouvrir une période d’observation de six mois, renouvelable, s’inscrit dans le cadre législatif français du redressement judiciaire. Celui-ci cherche à préserver l’activité de l’entreprise et l’emploi, tout en assurant la restructuration des dettes (source: Tribunaux de commerce 2022). Silvr, sous l’œil attentif d’un administrateur judiciaire, devra prouver sa capacité à recouvrer une stabilité financière et à maintenir son outil de production.
Points remarquables sur cette procédure
Les délais sont cruciaux: Silvr dispose en principe d’une période initiale de six mois pour préparer un plan de continuation ou un plan de cession.
La protection contre les créanciers offre une bouffée d’air à la société, qui peut envisager une renégociation de ses dettes.
La liquidation n’est pas automatique: le redressement judiciaire vise d’abord à sauver l’entité si cela est possible.
Focus sur la stratégie de croissance spectaculaire
Quand une entreprise se retrouve dans la tourmente après avoir affiché une forte croissance, la question de la rentabilité réelle se pose. Silvr n’a pas fait exception. Entre 2022 et 2024, la fintech française a accéléré son développement, misant sur:
- Un recrutement massif pour construire des équipes commerciales et techniques
- L’acquisition d’actifs stratégiques tel que l’opérateur allemand Uplift1
- Des investissements marketing importants pour accroître sa visibilité
Le marché allemand représentait un véhicule de croissance non négligeable: selon les communications officielles de Silvr, 30 de son volume de financements en 2024 aurait été consacré à ce marché (source: Silvr France 2023). Cet attrait pour l’Allemagne, jugée parmi les plus dynamiques en Europe, répondait à l’objectif d’une expansion continentale rapide. La société a aussi noué un partenariat majeur avec un géant du numérique pour moderniser le traitement des données financières. Il s’agissait plus précisément d’un appui technique visant à ajuster automatiquement les taux de remboursement et les commissions sur la base du chiffre d’affaires en temps réel.
Bien que réjouissante, cette stratégie d’hyper-croissance a engendré d’importants coûts fixes. Les critères de rentabilité se sont avérés difficiles à maintenir en pleine envolée, d’autant que la structuration habituelle de ces opérations se nourrit de flux de liquidités réguliers. Dès lors que la conjoncture s’est tendue, avec un accès plus cher et plus rare à la dette, les rouages internes ont pu ralentir, conduisant à une tension financière brutale.
Le modèle RBF repose fortement sur l’anticipation de bénéfices croissants chez les clients financés. Un gel brutal de la croissance chez certains e-commerçants en 2025 a engendré une baisse de revenus remboursés à Silvr, tandis que la société continuait à payer ses charges fixes (salaires, service de la dette, investissements technologiques). Cette configuration a pu contribuer à l’impasse de trésorerie signalée devant le tribunal.
Retour sur les tours de table et investissements majeurs
Les fonds injectés dans Silvr n’ont pas seulement été limités à un apport de 21 millions d’euros en capital. Selon des informations regroupées par la presse économique, la startup française a orchestré plusieurs levées significatives, dont :
- 3 millions d’euros en amorçage, bouclés en mars 2021
- Une Série A en 2022 atteignant 130 millions d’euros, composée pour partie de dette (112 millions) et pour le reste de capitaux propres (18 millions).
Ces sommes ont alimenté le développement rapide de la plateforme, ainsi que la contribution de partenaires comme ISAI, Serena Capital, XAnge, Otium Capital, Bpifrance ou Eurazeo (source: Frenchweb 2022). Ce partenariat entre ventures capital et dette a été jugé ingénieux au moment de sa mise en place, dans la mesure où il préservait, en théorie, la capacité de Silvr à financer un grand nombre d’entreprises clientes.
Tout au long de ses prises de parole publiques, la direction de Silvr s’est présentée comme l’alternative idéale à la levée de fonds traditionnelle. “Nous aspirons à aider les PME et startups à croître sans diluer leur capital”, déclarait un communiqué de la fintech en 2022. Il demeure possible que ce positionnement ait séduit des business angels de renom, parmi lesquels se trouvaient certains fondateurs de licornes françaises. Malheureusement, la conjoncture a modifié le degré d’exposition au risque toléré par ces investisseurs, surtout face aux incertitudes macroéconomiques de 2025.
Le modèle RBF et ses fragilités potentielles
La promesse d’un financement rapide, indexé sur les revenus futurs des entreprises clientes, se veut attrayante. Toutefois, la réussite à long terme dépend de la solidité des projections financières. Dès lors qu’une crise économique surgit, ou qu’un ralentissement sectoriel affecte directement la rentabilité des clients, le financeur RBF voit ses rentrées d’argent baisser alors même que ses charges fixes restent les mêmes.
Silvr a essuyé cette tempête, tout comme d’autres spécialistes du RBF. Les analyses du marché (source: Tech.eu 2022) expliquent que la profitabilité de ces acteurs repose sur une diversification poussée. Plus on finance d’entreprises opérant dans divers segments, plus on répartit le risque de défaut. Dans le cas de Silvr, la forte exposition à des structures purement digitales (SaaS, e-commerce, etc.) est devenue un atout dans la phase d’euphorie mais un potentiel talon d’Achille en contexte de contraction.
Cas pratiques et retours d’expérience
Cuure : résultats encourageants, avant la crise
La startup française Cuure, spécialisée dans les compléments alimentaires personnalisés, a mentionné avoir recouru à Silvr pour soutenir des campagnes marketing. Si les premiers mois ont été prometteurs, avec une hausse notable du chiffre d’affaires, la pérennité de cette progression dépend étroitement de la conjoncture et de la capacité des consommateurs à maintenir leurs dépenses de santé et bien-être (source: données internes Cuure, relayées en 2023). Silvr, misant sur la stabilité de ces revenus, a pris un risque calculé, sans toujours pouvoir anticiper un retournement brutal du marché.
Ava & May : financement pour la saisonnalité
Ava & May, marque allemande de produits de luxe pour la maison, aurait bénéficié d’un apport en trésorerie indispensable pour franchir des périodes de faible liquidité. La saisonnalité dans la parfumerie d’ambiance étant très marquée, la formule RBF leur assurait de rembourser davantage lorsque les ventes explosaient. Cette logique a très bien fonctionné au démarrage, mais dès lors qu’un ralentissement plus durable s’est installé, le potentiel de remboursement a subi un coup de frein. Ceci alimente la thèse selon laquelle le RBF n’est pas à l’abri d’une baisse soudaine de la demande sectorielle.
Atletica : un développement international ralenti
L’ambition d’Atletica, entreprise de fitness, illustrait la pertinence du modèle RBF pour étendre rapidement son audience à l’international. D’après ses dirigeants, une première enveloppe accordée par Silvr pendant l’année 2023 a permis de lancer des campagnes marketing ciblées dans plusieurs pays européens. Or, une flambée des coûts de publicité en ligne ainsi que des modifications d’algorithmes sur des réseaux sociaux ont freiné la dynamique, faisant chuter les retours sur investissement marketing. L’enchaînement de ces facteurs a compliqué les prévisions de remboursement convenu avec Silvr, démontrant encore une fois la sensibilité du modèle RBF aux aléas externes.
Les implications pour l’écosystème fintech français
Le redressement judiciaire de Silvr questionne l’ensemble des fintechs françaises évoluant dans un environnement qui semblait, ces dernières années, particulièrement porteur. En effet, la France a vu naître plusieurs licornes positionnées sur les services financiers, comme Qonto ou Lydia (source: presse économique 2023). La remise en question de la fiabilité de Silvr jette un éclairage nouveau sur la difficulté de construire un modèle rentable et résilient sur le long terme, surtout dans un climat d’incertitudes économiques.
Dès lors, on observe deux tendances dans l’écosystème:
- Une plus grande sélectivité des investisseurs: ceux-ci s’intéressent davantage aux marges réelles et à la solidité des flux de trésorerie.
- Un pragmatisme accru chez les entrepreneurs: la sobriété, les stratégies de levées moins ambitieuses, et une certaine prudence dans l’extension géographique sont privilégiées.
Il convient de rappeler que le redressement judiciaire n’équivaut pas systématiquement à une faillite définitive. Dans certains cas, la procédure est utile pour remettre à plat des engagements excessifs ou imaginer des rapprochements stratégiques. Derechef, on ne peut exclure que Silvr trouve un acquéreur ou un partenaire pour poursuivre son activité, à condition de modifier sensiblement sa politique de coûts et son appétit pour le risque.
Enjeux pour la concurrence
Si Silvr doit réduire sa présence, les acteurs concurrents du RBF pourraient augmenter leurs parts de marché. Toutefois, la frilosité actuelle des capitaux pourrait les freiner dans leur propre croissance, d’autant plus que chaque annonce de difficultés chez un fintech mine la confiance généraliste des financeurs envers ce modèle encore récent.
Revisiter la structure de dette dans un marché contraint
Dans les milieux bancaires, la revue régulière des ratios de solvabilité fait office d’impératif. Les investisseurs prestataires de dette (banques, fonds spécialisés) scrutent de près la robustesse financière des entreprises avec lesquelles ils concluent des accords. Par conséquent, une dépendance excessive à la dette, couplée à la promesse de remboursements étalés sur plusieurs mois (voire années) en fonction des revenus générés, devient un enjeu majeur.
Lorsque l’environnement macroéconomique se durcit, par exemple du fait d’une hausse forte de l’inflation ou d’une instabilité générale, il devient plus coûteux de renouveler la dette ou de nouer de nouvelles lignes de crédit. Pour Silvr, une réflexion approfondie sur la structure du financement aurait possiblement permis d’anticiper le choc. Durant ses belles années (2021-2022), l’entreprise a opté pour une importante proportion de dette (112 millions d’euros) dans une conjoncture favorable où les taux étaient relativement bas. Avec le changement de climat, l’amortissement de ces sommes s’est révélé plus complexe que prévu.
Le cas d’étude de Silvr soulève deux questionnements majeurs pour les startups en général:
- Faut-il lever autant de capital aussi rapidement, au risque de surévaluer sa capacité à générer de la marge et couvrir les remboursements?
- Existe-t-il un espace pour un modèle hybride de RBF, qui mutualise davantage les risques ou qui s’appuie sur un recours à l’assurance-crédit?
Initiatives possibles pour un renouveau
Le redressement judiciaire ne signifie pas que l’histoire de Silvr est écrite d’avance. Il s’agit bien souvent d’un signal d’alarme pour inciter au changement. Plusieurs pistes peuvent être explorées afin d’optimiser les chances de survie de la fintech:
- Réduction de la voilure opérationnelle: baisser les coûts, limiter les recrutements et geler certains déploiements internationaux.
- Négociation avec les créanciers: étaler les échéances de dette afin de prévoir un échéancier soutenable, compatible avec le nouveau rythme d’activité.
- Révision du modèle RBF: proposer des pourcentages moindres, et développer des partenariats de réassurance afin de limiter le risque.
- Recherche de repreneurs potentiels: l’entreprise pourrait représenter un actif attractif pour des structures concurrentes souhaitant acquérir rapidement un parc de clients et une technologie déjà en place.
Ces évolutions exigeraient de Silvr qu’elle prenne un virage significatif. Historiquement, la startup se positionnait comme un acteur de l’innovation très centré sur la vitesse de mise à disposition des fonds et la flexibilité des remboursements. À l’avenir, la prudence pourrait prendre le pas sur l’expansion, selon les dires de certains spécialistes du secteur qui estiment que le marché est encore trop jeune pour absorber de tels chocs sans casse.
Le rôle du Tribunal de Nanterre et la dynamique du redressement
Parmi les tribunaux les plus actifs en matière d’entreprises en difficulté, celui de Nanterre dispose de la compétence pour suivre des cas complexes, en particulier dans les Hauts-de-Seine où opèrent un certain nombre de grandes sociétés et de scale-up. Avec un administrateur judiciaire nommé, l’objectif est de maintenir autant que possible le rythme opérationnel de Silvr, de sécuriser les emplois et les contrats en cours, et de favoriser la présentation d’un plan de continuation convenable.
Si, malgré tous les efforts, la situation s’avère irrémédiable, le tribunal pourrait in fine prononcer une conversion en liquidation judiciaire. Cependant, ce scénario n’est pas systématique. Dans le passé, de nombreuses enseignes ont réussi à sortir d’un redressement judiciaire en apportant la preuve de la viabilité de leur activité, à condition de revoir en profondeur leurs modes de gestion.
Un secteur RBF en mutation
Face à l’annonce de la mise en redressement de Silvr, d’autres acteurs du financement basé sur les revenus réfléchissent à des repositionnements. Mentionnons Wayflyer, Karmen ou Uncapped, qui se déploient dans un marché où la compétition se veut rude, aussi bien sur le plan des taux que de la rapidité de traitement des dossiers. Le problème actuel réside dans l’existence d’un nombre restreint de financements disponibles et d’une diminution de l’appétit pour le risque. Le RBF peut être perçu comme plus précaire lorsque les indicateurs de consommation s’essoufflent.
Cependant, des signaux indiquent que le RBF demeure un outil essentiel pour les jeunes pousses cherchant à financer leur inventaire ou leurs campagnes promotionnelles sans se diluer. À terme, on peut imaginer un modèle de RBF plus sophistiqué, s’appuyant sur:
- Des mécanismes d’assurance intégrés
- Des protocoles de partage du risque avec des investisseurs institutionnels
- Des contrôles préventifs plus approfondis sur la performance des entreprises financées
L’épisode traversé par Silvr constituera vraisemblablement un cas d’école pour les futurs entrepreneurs et VCs, sur la nécessité d’établir des bases solides avant de viser une croissance exponentielle.
Réflexion sur le futur de Silvr et les enseignements pour les startups
Malgré la sévérité de la situation, Silvr conserve des atouts non négligeables. Son algorithme, régulièrement cité comme ultra-performant pour statuer sur la solvabilité courante d’une entreprise, demeure un actif de premier plan. De plus, la notoriété acquise auprès des e-commerçants pourrait faciliter un rebond si la société parvient à restructurer sa dette et ajuster son positionnement.
Pour les startups françaises dans leur ensemble, quelques enseignements ressortent:
- Ne pas sous-estimer la part d’incertitude: une bulle de confiance peut vite se retourner, particulièrement dans un secteur dépendant des cycles économiques.
- Sécuriser des revenus provenant de plusieurs verticales: trop s’axer sur le e-commerce ou un unique segment peut rendre vulnérable.
- Anticiper les retournements de marché: disposer d’un plan B en cas de difficulté de refinancement.
L’idée de mettre des garde-fous, d’introduire des outils de couverture ou de réduire les engagements, fait déjà son chemin dans les discussions entre entrepreneurs et investisseurs. Les récents mois ont démontré à quel point l’optimisme qui planait sur les fintechs ne suffisait pas à compenser un trou soudain de trésorerie.
Les fintechs émergentes comme Silvr ont capitalisé sur une promesse d’accessibilité et de rapidité en matière de financement. Si la transparence quant aux risques encourus par les entreprises financées est insuffisante, des défauts imprévus peuvent durerment affecter la trésorerie. Le RBF exige donc une clarté minimale sur les dangers potentiels, ce qui suppose un dialogue renforcé avec les partenaires.
Les perspectives au-delà de cette procédure
Dans cette période d’observation, l’issue demeure incertaine pour Silvr. Nul ne peut prédire avec exactitude si la fintech pourra éviter la liquidation ou opter pour un alignement stratégique avec une autre entité. Toutefois, la leçon la plus marquante de cette histoire tient à la nécessité, pour toute entreprise digitale, d’aligner sa trésorerie sur des flux suffisamment robustes pour absorber un éventuel choc conjoncturel.
Aujourd’hui, la filière fintech en France dispose encore de marges de manœuvre pour se réinventer. Des rapprochements avec des acteurs bancaires classiques ou des réassureurs peuvent offrir un soutien plus stable lors des crises. Le temps où l’on pariait sur une croissance fulgurante sans s’inquiéter de la rentabilité semble révolu, faisant place à une nouvelle ère de prudence, voire de réalisme. En parallèle, on peut imaginer que les modèles financiers akin du RBF continueront d’exister, mais qu’ils auront besoin de règles de gouvernance financière et d’analyses de risques plus exigeantes.
Ainsi, le cas Silvr rappelle combien le pari de la rapidité et de l’originalité dans le financement des entreprises numériques doit être contrebalancé par une gestion rigoureuse et une anticipation solide des cycles économiques.