200 M€ engagés et un cap symbolique franchi. Serena signe le premier closing de Serena IV, un fonds early-stage résolument orienté vers l’IA appliquée et la transition énergétique, avec des tickets pouvant aller jusqu’à 15 M€ par participation. L’initiative vise des projets européens à fort contenu technologique et industriel, dans un marché où les flux d’investissement se réorientent vers l’impact et l’usage concret.

Serena IV : 200 M€ pour accélérer l’IA appliquée et l’énergie

Serena officialise un premier closing de 200 millions d’euros pour son nouveau véhicule, Serena IV, conçu pour financer des startups en amorçage et en early growth, positionnées à l’intersection de l’IA appliquée et de la transition énergétique. Le fonds cible des cas d’usage précis et mesurables, loin des couches d’infrastructure pures, avec des tickets jusqu’à 15 M€ pour soutenir la montée en puissance des meilleures équipes en Europe.

Quatre premiers investissements ont déjà été réalisés par Serena IV. Parmi eux, Formality, une plateforme de gestion contractuelle intégrant l’IA, illustre la logique sectorielle du fonds : résoudre un problème métier par l’IA, plutôt que développer une technologie sans marché clair. Le suivi post-investissement s’annonce appuyé, Serena revendiquant une approche opérationnelle et une culture d’accompagnement de la performance.

Le positionnement de Serena IV intervient dans une séquence particulièrement active pour le capital-risque en France, avec plusieurs annonces de nouveaux véhicules. La thèse reste néanmoins ciblée et sélective : financiariser l’adoption de l’IA là où elle crée un avantage opérationnel immédiat, et soutenir des solutions climat dont l’industrialisation s’accélère. L’orientation sectorielle est confirmée par des cas emblématiques du portefeuille historique dans l’énergie et la mobilité, à l’image d’Electra.

(Premier closing de 200 M€ confirmé dans la presse économique spécialisée, notamment Les Echos et Maddyness.)

Serena IV en chiffres vérifiés

Les paramètres clés annoncés par Serena pour son nouveau fonds :

  • Premier closing : 200 M€.
  • Tickets : jusqu’à 15 M€ par participation.
  • Secteurs ciblés : IA appliquée et transition énergétique.
  • Portée géographique : Europe.
  • Investissements réalisés : 4 à date, dont Formality.

Un premier closing sécurise un volume d’engagements suffisant pour déployer la stratégie et réaliser les premières opérations. Il sert de signal aux limited partners encore en discussion et permet de démontrer la qualité du dealflow via des investissements vitrines. Pour un fonds early-stage, cela crédibilise la capacité d’exécution et accélère les tours suivants.

Gouvernance et thèse d’investissement : l’usage avant l’infrastructure

La direction du fonds est assurée par Sébastien Le Roy, Olivier Martret et Paul Moriou, aux côtés des cofondateurs de Serena, Xavier Lorphelin et Marc Fournier. Cette gouvernance combine sourcing, expertise sectorielle et accompagnement opérationnel. Le fonds s’attachera à des modèles démontrant une traction clients rapide et un ROI mesurable, point central dans des environnements où l’entraînement de modèles et l’optimisation technique exigent des budgets croissants.

Serena met l’accent sur des applications concrètes de l’IA dans des verticales industrielles, juridiques ou énergétiques plutôt que sur le développement d’infrastructures de base. L’idée est simple : sécuriser l’adoption en partant du besoin métier, avec des cycles de vente maîtrisés et des KPI d’usage applicables, tout en gardant une réserve de capital pour soutenir les tours ultérieurs.

Concernant la dynamique de marché, Sébastien Le Roy écarte le scénario d’une bulle spéculative dans l’IA, estimant que les projections de création de valeur restent supérieures aux niveaux de valorisation observés. Selon lui, « On n’a fait qu’effleurer la surface dans l’IA », avec un potentiel d’usages encore largement sous-exploité.

  • Douleur métier nette et quantifiable chez l’utilisateur final.
  • Moat de données ou accès privilégié à des corpus différenciants.
  • Processus industriel robuste pour déployer, monitorer et améliorer les modèles.
  • KPIs d’adoption et de performance clairs : précision, gains de productivité, délai de ROI.
  • Gouvernance des risques alignée sur l’AI Act et les attentes clients.

Actifs sous gestion : cap symbolique du milliard d’euros

Avec Serena IV, la société de gestion annonce dépasser le milliard d’euros d’actifs sous gestion, jalon symbolique d’une trajectoire entamée en 2008. Ce franchissement consacre une stratégie itérative : combiner des paris technologiques mesurés avec une exécution orientée produit et client. L’année écoulée a également marqué un renforcement des opérations à l’échelle européenne, reflet d’un dealflow transfrontalier en hausse.

Ce changement de dimension implique des exigences accrues en matière de gouvernance, de sélectivité et de suivi post-investissement. À ce stade d’AUM, la priorité consiste à lisser le rythme de déploiement, préserver la discipline de valorisation et maximiser la valeur créée entre deux tours, en particulier sur les axes go-to-market et industrialisation.

Chronologie éclair de Serena

  • 2008 : création de Serena.
  • 2014 : cession de The Fork (ex-LaFourchette) à TripAdvisor pour 150 M€.
  • 2021 : exit TVTY, cédée à Nielsen, montant non communiqué.
  • 2025 : premier closing de Serena IV à 200 M€ et franchissement du milliard d’euros d’AUM.

Régulation et financement : l’IA et le climat au cœur des flux européens

La fenêtre de tir pour Serena IV s’appuie sur deux piliers macro. D’un côté, l’écosystème IA français se densifie, avec plusieurs centaines de startups actives et des dispositifs publics qui ont soutenu l’innovation récente. De l’autre, les technologies climat gagnent en attractivité à mesure que les entreprises internalisent le coût du carbone et accélèrent l’électrification de leurs usages.

Sur le front des capitaux, la France a annoncé 40,8 milliards d’euros d’investissements étrangers lors du Sommet Choose France 2025, confirmant l’appétit pour la tech et l’énergie verte, deux axes qui croisent la thèse de Serena IV (chiffre annoncé par la DGE). Côté réglementation, l’AI Act a été adopté en 2024 à l’échelle de l’UE, fixant des obligations proportionnées au niveau de risque des systèmes et renforçant la confiance des acheteurs.

S’agissant des valorisations, Serena assume une lecture constructive : les montants investis dans l’IA à l’échelle mondiale dépassent les 100 milliards de dollars en 2024, avec une croissance annuelle attendue importante d’ici 2030 selon des analyses sectorielles, ce qui milite pour une création de valeur durable quand les cas d’usage sont prouvés. La discipline d’allocation, la profondeur du marché européen et la clarté réglementaire constituent ainsi un triptyque favorable au déploiement du fonds.

  • Classification par niveau de risque et obligations associées sur la transparence, la qualité des données et la traçabilité.
  • Gouvernance des modèles : documentation, évaluation continue des performances et gestion des biais.
  • Conformité by design : intégrer les garde-fous réglementaires dès la conception pour réduire le coût de mise en conformité.

Pour les cas d’usage B2B, l’avantage concurrentiel vient souvent d’une conformité lisible pour l’acheteur. Serena IV privilégie des modèles qui intègrent cette exigence dès l’amorçage.

Soutiens publics à l’IA : repères chiffrés

La France a musclé son soutien financier à l’IA ces dernières années, avec des programmes dédiés et des aides publiques significatives permettant de faire émerger des champions technologiques et d’ancrer des compétences clés.

  • Écosystème structuré : un vivier de startups IA actives, dont des licornes sectorielles.
  • Programmes nationaux : France 2030, French Tech Next40/120, dispositifs de R&D.
  • Montée en puissance : déploiement d’aides publiques pour accélérer la mise sur le marché des innovations.

Ces leviers viennent compléter l’apport en capital-risque et favorisent l’industrialisation des technologies.

Portefeuille et exits : signaux tangibles de création de valeur

Serena revendique plus de 110 participations depuis sa création, avec des exits emblématiques et des leaders européens en portefeuille. Le positionnement sectoriel de Serena IV s’inscrit dans cette lignée, en capitalisant sur les retours d’expérience d’investissements antérieurs dans la data, la productivité et la transition énergétique.

Formality : IA et gestion contractuelle

Formality déploie une plateforme de gestion de contrats boostée à l’IA, capable d’assister les équipes juridiques et achats dans la revue, la standardisation et le suivi des clauses. L’équipe fondatrice connaît bien Serena, ayant précédemment lancé TVTY, start-up financée par le fonds puis cédée à Nielsen en juillet 2021, pour un montant non communiqué. Cette continuité entrepreneur-fonds illustre l’approche relationnelle de Serena, qui mise sur des équipes capables d’itérer vite et d’industrialiser des produits B2B.

Electra : déploiement rapide dans la recharge haute puissance

Electra, acteur de la recharge rapide pour véhicules électriques, est citée par Serena comme exemple de convergence entre logiciel, opérations et infrastructure. La société a levé 160 M€ en 2023 et opère dans plusieurs pays européens. Les objectifs de maillage accéléré de stations haute puissance, relayés par la presse sectorielle, confirment la traction d’un modèle qui repose sur la fiabilité opérationnelle, l’expérience utilisateur et le choix d’emplacements à fort trafic.

Dataiku : plateforme IA et statut de licorne

Dataiku, l’un des porte-étendards de l’IA d’entreprise en Europe, a levé plus de 600 M$ depuis sa création et figure au programme French Tech Next40. Serena est investisseur historique. Le cas Dataiku illustre la logique d’empilement de valeur sur la donnée et l’orchestration des cas d’usage IA dans les grands comptes, avec un accent continu sur la gouvernance et l’explainability.

TVTY : un exit structurant dans l’adtech

Avant Formality, les fondateurs avaient bâti TVTY dans l’adtech. La vente à Nielsen en 2021, pour un montant non communiqué, a marqué un temps fort d’exécution pour l’écosystème français, soulignant la capacité à créer des actifs convoités par des acteurs internationaux.

The Fork : une cession emblématique

En 2014, le rachat de The Fork (ex-LaFourchette) par TripAdvisor pour 150 M€ a validé l’attractivité des plateformes consumer françaises auprès de groupes cotés. Ce type d’exit a contribué à installer la marque Serena auprès d’entrepreneurs cherchant un actionnariat actif et orienté produit.

Ces cas d’école révèlent trois constantes :

  • Création de valeur pilotée par l’usage : gains de productivité mesurables ou amélioration substantielle de l’expérience client.
  • Scalabilité opérationnelle : playbooks de déploiement réutilisables, qu’il s’agisse de B2B software ou d’infrastructures opérées.
  • Lectures industrielles : connexion aux besoins des filières énergie, mobilité, retail, services juridiques et data.

Serena IV prolonge cette logique en concentrant les capitaux là où l’IA et l’énergie transforment déjà des lignes P&L et des bilans carbone.

Capacités d’accompagnement : capital, opérations et réseau

Au-delà du financement, Serena met en avant un accompagnement opérationnel qui couvre la stratégie produit, le go-to-market, la structuration des équipes et la préparation des tours suivants. Cette approche répond aux attentes actuelles des fondateurs, qui privilégient des investisseurs capables d’ouvrir des portes commerciales, d’aider à installer une gouvernance de données solide et d’orchestrer la conformité.

Pour l’IA appliquée, l’industrialisation demande des itérations fréquentes entre métiers, produit et MLOps, ainsi que des ressources pour encadrer les tests et la fiabilité en production. Dans la transition énergétique, les projets combinent souvent capex, opex et remontée de données terrain, ce qui exige des arbitrages fins sur les priorités d’allocation, la maintenance prédictive et l’optimisation des taux d’usage.

Un plafond de 15 M€ par dossier offre une amplitude pour :

  • Initier une position significative aux tours seed et Series A.
  • Suivre en Series B pour consolider la cap table et réduire le risque de dilution.
  • Stabiliser la trajectoire en période de marché heurtée, en apportant du capital patient.

La discipline consiste à calibrer les tranches selon les jalons produits et commerciaux, afin d’optimiser le coût du capital à chaque étape.

Ce que Serena IV change pour les entrepreneurs européens

Le lancement de Serena IV injecte des capitaux ciblés là où l’Europe dispose d’atouts : data d’entreprise, industrie et climat. Combiné aux dispositifs publics et à la visibilité offerte par la French Tech Next40/120, ce renfort nourrit un pipeline de scale-ups plus résilient et plus aligné avec les attentes d’achats des grands comptes. Les fondateurs y trouvent un partenaire attentif aux unit economics et aux contraintes réglementaires, deux conditions de succès dans l’IA et l’énergie.

Reste que la période impose lucidité et exécution : les cycles de vente B2B se rationalisent, la conformité devient un marqueur de qualité et la compétition pour les talents s’intensifie. Dans ce paysage, Serena IV veut jouer la carte de l’accompagnement opérationnel et d’une sélection focalisée sur l’impact mesurable, à l’heure où les investissements étrangers et européens alimentent un continuum de financement mieux structuré qu’hier.

Pour les porteurs de projets, l’opportunité est claire : faire de l’IA et de l’énergie des vecteurs de performance, pas seulement des slogans.