Il y a quelques jours, Seaturns a officialisé une nouvelle étape décisive dans son développement en annonçant une levée de fonds de 2,45 millions d’euros.

Un retour sur la progression financière et industrielle

La société bordelaise Seaturns, spécialisée dans l’énergie houlomotrice, se positionne aujourd’hui comme un acteur engagé au service de la décarbonation. Par un procédé technologique innovant, elle valorise la force des vagues pour produire de l’électricité propre et pérenne. Cette récente levée de 2,45 millions d’euros vient conforter une ambition déjà exprimée depuis la fondation de la start-up en 2015.

Les contributeurs incluent principalement 1 543 investisseurs sur Keenest, un soutien réaffirmé de Team For The Planet, de l’entrepreneur Sébastien Duez et l’arrivée au capital de Lawrence Sigaud, désormais Directrice générale adjointe de Seaturns. Un large éventail de participants, donc, qui traduit la crédibilité technique et économique du projet, mais également son impact positif sur le climat. Au cœur de cette dynamique, la perspective est de déployer à grande échelle un démonstrateur industriel tout en consolidant la recherche et développement (R&D). Les premiers effets de cet apport financier devraient se faire sentir dès l’été 2025, au moment de l’installation sur le site du Sem-Rev.

Au-delà de ce succès financier, l’actualité nous rappelle que de plus en plus de jeunes entreprises françaises à vocation verte parviennent à consolider leurs fonds propres et à avancer dans la voie de l’industrialisation. Cette tendance, en plein essor, devrait se confirmer dans les mois à venir, poussée par des impératifs de transition énergétique toujours plus pressants. Face à l’urgence d’un nouveau mix énergétique, Seaturns semble prête à jouer un rôle de premier plan sur ce marché.

Regards croisés des principaux investisseurs

Au sein de ce tour de table, plusieurs acteurs finançant la transition énergétique se sont exprimés. Vincent Tournerie, Président Fondateur de Seaturns, a souligné l’importance stratégique de cette levée qui vise à «ouvrir la voie vers la production à grande échelle». Son message s’adresse avant tout aux nombreux citoyens-investisseurs ayant misé sur le potentiel de la technologie houlomotrice. Il insiste également sur le fait que cette rallonge financière permettra de franchir un cap et de révéler la robustesse du système lors des phases d’essai en mer.

L’enthousiasme des financeurs est d’ailleurs relayé par Renan Labrunie, Directeur des opérations de la plateforme Keenest, qui estime que «les performances observées sur 18 mois de tests réels confirment la pertinence d’une alternative énergétique basée sur la houle, tant sur la production que la résistance face aux conditions océaniques difficiles». Enfin, Lawrence Sigaud, qui a investi et rejoint Seaturns en tant que Directrice générale adjointe, rappelle à quel point l’énergie des vagues reflète un fort potentiel pour constituer un socle solide dans le mix énergétique futur. Elle insiste sur le besoin de réponses concrètes et sur la volonté de Seaturns d’aller rapidement vers l’industrialisation.

L’énergie houlomotrice renvoie à la capacité d’exploiter l’énergie du mouvement mécanique des vagues en mer pour la transformer en électricité. Elle fait partie du large panel d’initiatives liées aux énergies marines renouvelables, aux côtés de l’éolien offshore et de l’énergie marémotrice.

Cette configuration de partenaires, composée d’entités privées, institutionnelles et de particuliers, laisse transparaitre un modèle de plus en plus partagé dans la “deep tech” verte française : rassemblement de ressources financières et compétences sectorielles pour maximiser l’impact sur le territoire. L’objectif collectif demeure la réussite industrielle, assortie d’une ambition sociétale forte pour la planète.

L’historique de Seaturns : un parcours soutenu et innovant

Fondée en 2015, Seaturns procède d’une vision audacieuse : convertir la force des vagues en un courant électrique exploitable, tout en assurant une fiabilité optimale. Son fondateur, Vincent Tournerie, s’est d’abord appuyé sur son expérience en ingénierie marine, pour aboutir à une première conceptualisation. Après plusieurs prototypes à échelle réduite, l’entreprise est parvenue à tester un module équivalent à un quart de l’échelle réelle à l’Ifremer de Brest, pendant 18 mois.

Ce laboratoire d’essai en conditions réelles s’est conclu en février 2025, démontrant la solidité de la technologie. Les équipes de Seaturns ont relevé deux priorités : d’une part, maximiser la production en gérant au mieux les contraintes mécaniques des vagues, et d’autre part, garantir la pérennité du dispositif même en situation extrême. Différents ajustements ont ainsi permis de perfectionner la conception, et la prochaine étape consistera à reproduire ce succès à l’échelle 1.

La contribution constante d’acteurs publics (comme Bpifrance ou la Région Nouvelle-Aquitaine) et de partenaires institutionnels (type Union Européenne via Horizon Europe) a été cruciale pour traverser les phases d’expérimentation. Aujourd’hui, Seaturns aspire à un déploiement concrètement opérationnel, avec un calendrier établi pour l’été 2025. La crédibilité du projet est donc renforcée par une longue phase de test, un soutien continu et une vision stratégique solide.

Les forces distinctives de la technologie houlomotrice

L’innovation de Seaturns se démarque par un design destiné à supporter des conditions extrêmes. Le dispositif en mer est pensé pour résister aux tempêtes et aux chocs répétés. Sur le plan technique, le système intègre des composants mécaniques et hydrauliques de dernière génération, combinant efficacité énergétique et facilité d’intervention une fois installé. De plus, la structure modulaire facilite l’assemblage en série et la maintenance préventive.

Cette approche d’économie circulaire, basée sur la limitation des coûts lors de la production et de l’installation, s’avère prometteuse pour séduire de futurs exploitants. La compétitivité sur le marché des énergies marines se joue notamment sur la capacité à intégrer rapidement de multiples unités, en optimisant la logistique et les délais de mise en service. L’objectif ultime est d’ouvrir la voie à des fermes houlomotrices, potentiellement implantées dans différents bassins océaniques, tant en France qu’à l’international.

Bon à savoir sur le mix énergétique

La Commission Européenne encourage les États membres à diversifier leur production d’énergie. L’objectif est de réduire la dépendance aux énergies fossiles et d’augmenter la part des énergies renouvelables. Les solutions marines, qu’il s’agisse de l’éolien offshore ou de l’houlomotrice, font partie des pistes sérieuses pour baisser les émissions de CO₂ et accroître la sécurité énergétique.

Si l’éolien reste aujourd’hui la source marine la plus médiatisée, l’houlomotrice gagnerait à être développée plus amplement. En effet, les vagues sont un phénomène régulier, leur puissance étant relativement stable sur l’année, permettant une projection – et donc une valorisation – plus continue de l’électricité produite.

Une affectation des fonds clairement définie

Le plan d’action qui découle de la récente levée de 2,45 M€ s’articule autour de trois axes. D’abord, finaliser la R&D et mettre à l’eau le démonstrateur à taille réelle sur le site du Sem-Rev d’ici l’été 2025. Cet outil aura pour vocation d’affiner encore la technologie et de confirmer, dans des conditions proches de l’exploitation commerciale, la solidité des équipements.

Ensuite, lancer l’industrialisation : la direction de Seaturns entend accélérer la production en série des composants clés du dispositif. Cela inclura des partenariats avec des industriels spécialisés dans la mécatronique ou la chaudronnerie marine, afin de sécuriser l’approvisionnement en pièces et de maintenir des standards de qualité élevés.

Enfin, accélérer la commercialisation à l’international. L’objectif affiché est de nouer des alliances avec des opérateurs énergétiques ou des entreprises d’installations marines susceptibles de déployer la solution dans certaines régions propices (par exemple, les côtes atlantiques, où les vagues se font plus régulières, ou encore certains sites d’outre-mer). De cette manière, Seaturns cherche à démontrer que la ressource houle ne se limite pas à un usage local, mais qu’elle peut également conquérir les marchés étrangers en quête de solutions décarbonées.

La montée en série revient à passer de la production unitaire à la fabrication en masse. Dans le secteur des énergies renouvelables, cela se traduit par une standardisation des pièces, une optimisation des processus et un partenariat avec des fournisseurs pour réduire significativement les coûts, tout en maintenant un niveau d’innovation.

Un réseau institutionnel et public en soutien

Depuis ses débuts, Seaturns a su mobiliser plusieurs structures publiques et institutionnelles. Bpifrance a soutenu les premiers stades de recherche, voyant dans la jeune pousse un projet à potentiel de rupture. Par la suite, l’Union Européenne est intervenue via le programme Horizon Europe, confirmant l’intérêt de cette solution pour les objectifs de neutralité carbone d’ici 2050.

En parallèle, on peut citer le concours i‑Nov, impulsé par l’État français, qui a validé la pertinence de Seaturns et l’a aidé à nouer des synergies avec différents laboratoires et acteurs régionaux. Enfin, la Région Nouvelle‑Aquitaine a été particulièrement active dans l’accompagnement, valorisant ainsi les filières énergétiques locales. Dans ce cadre, l’accès aux sites d’essais en mer, gérés par l’Ifremer et la fondation Open-C, a permis d’effectuer des tests en conditions quasi-réelles, un atout majeur pour fiabiliser la technologie.

Cette convergence d’intérêts entre financeurs publics et start-up innovantes tipse favorablement l’émergence de solutions durables. En effet, les institutions voient d’un bon œil les opportunités de renforcer l’indépendance énergétique, alors même que le contexte géopolitique impose de ne plus dépendre massivement des énergies fossiles importées. Seaturns s’inscrit donc dans une mouvance plus large de réindustrialisation verte, poussée par les pouvoirs publics.

Keenest, la plateforme de financement climatique

La plateforme Keenest s’est positionnée comme un acteur clé pour orchestrer cette levée de fonds. Créée pour permettre à des citoyens et des institutions d’investir dans des projets à fort impact environnemental, elle offre un modèle de financement participatif nouvelle génération. Keenest offre une interface sécurisée et transparente qui permet à chaque souscripteur de bien saisir la nature du projet, sa phase d’avancement et ses objectifs financiers.

Au sein d’un paysage en pleine expansion, Keenest se démarque par un focus sur les techno-climatiques. Les investisseurs recherchent de plus en plus des alternatives engageantes, non seulement pour une rentabilité potentielle, mais aussi pour avoir un rôle direct dans la transition énergétique. Les responsables de Keenest se chargent également d’assurer un suivi post-investissement, afin de tenir les investisseurs informés de l’évolution et de la réussite du projet. Ce mécanisme de transparence renforce la confiance et encourage d’autres porteurs de projets à postuler.

Le financement participatif dans l’énergie

En France, le financement participatif des énergies vertes progresse régulièrement. Les citoyens s’intéressent davantage à l’impact positif de leur investissement, alors que les pouvoirs publics encouragent la création de fonds dédiés à la transition. Ces initiatives rapprochent les porteurs de projets de leur public et développent une véritable communauté d’ambassadeurs.

Team For The Planet et les pionniers de l’engagement climat

Parmi les bailleurs historiques de Seaturns figurent Team For The Planet et Sébastien Duez. Team For The Planet se distingue par une logique de coopération citoyenne et entrepreneuriale : chaque année, cette structure soutient des innovations susceptibles de faire reculer les menaces climatiques. L’idée centrale est de promouvoir l’émergence d’un entrepreneuriat responsable et créateur de valeur sur le long terme.

Dans le cas de Seaturns, l’engagement s’est fait à deux reprises, preuve d’une confiance renouvelée dans la solidité du projet. L’alimentation en capital, combinée aux expertises opérationnelles, renforce la capacité de Seaturns à régler des problématiques liées à la production industrielle. En particulier, Team For The Planet apporte un prisme d’innovation ouverte, permettant de développer des synergies avec d’autres start-up vertes axées sur la diminution de l’empreinte carbone.

L’intervention de Team For The Planet souligne un constat : la transition énergétique ne se limite pas à une compétition entre différents acteurs, mais se construit par la mise en réseau des dispositifs complémentaires. C’est aussi une manière de souligner qu’aucune entité, aussi créative soit-elle, ne peut bouger les lignes à elle seule quand il s’agit de changement systémique.

Le concept Seaturns : entre performance et sobriété

On distingue principalement deux facettes dans la technologie Seaturns. D’abord, la partie flottante, qui capte l’énergie en se déplaçant au rythme des vagues. Ensuite, le système interne de conversion, responsable de transformer ce mouvement en électricité. Le point fort réside dans l’absence d’architectures complexes sous-marines : tout est conçu pour être installé rapidement et pour minimiser les interventions lourdes.

Cette solution se montre souple d’utilisation, pouvant être adaptée à diverses hauteurs de vagues, et personnalisée en fonction du type de courant marin. Les concepteurs ont volontairement réduit la dimension et le poids des sous-ensembles, afin de limiter l’usure due au sel marin et à la pression.

La sobriété énergétique, c’est-à-dire la capacité à produire davantage d’électricité en consommant moins de ressources, s’avère être un levier de compétitivité non négligeable. D’ailleurs, des études internes menées par Seaturns s’attachent à étudier le cycle de vie du dispositif, du choix des matériaux à la fin de vie. Dans l’avenir, cette démarche de standardisation et d’optimisation logistique peut réduire le coût total de la production d’électricité houlomotrice, la rendant plus attractive pour les investisseurs.

La France s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour cela, le pays doit diversifier ses sources d’énergie et innover dans la gestion de ses réseaux. Au-delà du nucléaire et du renouvelable terrestre, la mer constitue un gisement exponentiel, encore sous-exploité à ce jour.

Perspectives industrielles et opportunités pour l’export

À plus grande échelle, la solution de Seaturns pourrait accroître la proportion d’énergie renouvelable dans le mix global. Le marché visé va au-delà du territoire français, envisageant des partenariats en Europe du Nord (Royaume-Uni, Scandinavie), mais aussi dans d’autres régions du monde. Les industries lourdes ou les zones insulaires où l’électricité reste onéreuse sont autant de cibles potentielles.

De surcroît, l’arrivée de l’hydrogène vert (produit par électrolyse à partir d’énergies renouvelables) suscite un intérêt croissant. L’énergie houlomotrice, en offrant une source stable et décarbonée, peut jouer un rôle dans la mise à disposition d’électricité pour l’électrolyse de l’eau en milieu côtier. Il n’est pas exclu que Seaturns explore ce marché de l’hydrogène, qui pourrait s’avérer particulièrement porteur dans une dizaine d’années.

L’entreprise a déjà formalisé des échanges avec plusieurs organismes de recherche et industriels internationaux. Ces liens doivent contribuer à mettre au point des accords de licence ou de co-développement. En intégrant ces opportunités, Seaturns confirme qu’elle vise un déploiement à grande échelle, tout en misant sur la diversification de ses débouchés et la robustesse de son procédé.

La vision de l’équipe dirigeante : confiance et expansion

Vincent Tournerie, à la tête de Seaturns, se félicite des récentes avancées financières, mais reste conscient de l’ampleur du travail à réaliser. Il rappelle que la prochaine phase de tests grandeur nature nécessitera un effort de coordination important, notamment avec les institutions locales et les établissements de recherche. La réussite du démonstrateur conditionnera l’envergure de la commercialisation future.

De son côté, Lawrence Sigaud, Directrice générale adjointe, met un accent particulier sur la liberté d’innover et de redéfinir les critères de rentabilité dans le secteur énergétique. Pour elle, produire une technologie fiable est essentiel, mais il faut aussi penser à la maturité industrielle, à l’échelle de la supply chain. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussée à investir ses capitaux dans l’entreprise : la vision de l’équipe et l’alignement avec les enjeux de durabilité.

D’autres membres, comme Sébastien Duez, ont contribué à façonner les piliers financiers de Seaturns et encouragé l’élargissement du tour de table. Pour eux, l’enjeu primordial reste la diminution des émissions de CO₂, dans un contexte d’évolution rapide du cadre réglementaire français et européen. Cette ambition implique des réponses concrètes, où la viabilité économique de l’houlomotrice doit rivaliser avec d’autres formes d’énergies renouvelables.

Une stratégie de commercialisation graduelle

La commercialisation de Seaturns s’articule autour d’une phase pilote – le démonstrateur – dont la fiabilité sera évaluée et communiquée largement, et d’une phase de développement massif, dès lors que les tests en mer auront confirmé la solidité et la rentabilité. Les marchés cibles incluent en premier lieu la France, l’Espagne et le Portugal, où les courants atlantiques représentent des conditions avantageuses.

En parallèle, des échanges sont envisagés avec des opérateurs de la zone Pacifique, qui rencontrent parfois des problématiques d’autonomie énergétique aiguës. Seaturns espère que sa solution modulaire sera particulièrement appréciée dans ces contextes isolés. Les petites installations houlomotrices, plus faciles à transporter et à mettre en place que des champs solaires ou éoliens étendus, pourraient faire la différence.

Pour consolider la confiance des industriels, le mot d’ordre est de communiquer sur les performances réelles. Les publications issues des tests menés à Brest serviront d’assise, tandis que l’expérience Sem-Rev viendra confirmer la fiabilité en mer ouverte. Des analyses de rentabilité technico-économiques permettront, par ailleurs, d’évaluer la courbe de coût sur plusieurs années, un indicateur décisif pour convaincre les futurs partenaires.

Qui est Team For The Planet ?

Présente dès le départ dans le capital de Seaturns, Team For The Planet est une organisation dont l’objectif est de dénicher et de soutenir des projets porteurs d’avenir écologique. Ses fondateurs, issus de différents horizons, souhaitent démultiplier les initiatives capables d’endiguer le réchauffement climatique. À ce titre, ils privilégient les entreprises concourant directement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, à une meilleure gestion des ressources et à la préservation de la biodiversité.

Au-delà d’un simple apport financier, Team For The Planet est en mesure d’offrir un accompagnement entrepreneurial, des retours d’expérience, et un accès à un vaste réseau. Cette approche favorise des synergies inédites, qui se traduisent par de nouvelles opportunités de partenariats. Pour Seaturns, le fait d’être adossée à une telle communauté accroît automatiquement sa visibilité et son rayonnement.

L’essence même de cette alliance révèle que la transition énergétique sera nécessairement collective, reposant sur un large maillage d’acteurs unis. Aujourd’hui, Team For The Planet incarne, de plus en plus, l’exemple d’une finance responsable qui envisage le long terme, la performance environnementale et l’innovation comme éléments indissociables du développement entrepreneurial.

Avis d’expert sur le marché houlomoteur en France

D’après plusieurs analystes, le marché houlomoteur en France ne représente encore qu’une fraction marginale de la production d’énergie renouvelable. Toutefois, il est en pleine structuration. Les localités côtières ou insulaires – en particulier en Bretagne, Normandie et dans les territoires d’outre-mer – représentent un potentiel de développement considérable. Les technologies sont encore en phase de maturation, mais l’engouement pour telles initiatives monte sensiblement.

Le principal défi demeure la robustesse en environnement marin, réputé très corrosif et dynamique. Seaturns, comme d’autres acteurs, investit donc énormément dans la R&D pour mettre au point des matériaux résistants, des schémas d’ancrage sécurisés et des systèmes de conversion efficaces. Le soutien public apparaît ici fondamental : il nécessite que la puissance publique alloue des financements spécifiques, en complément des programmes européens.

Si l’houlomotrice parvient à démontrer une compétitivité équivalente à l’éolien offshore analoguement subventionné, le marché pourrait accélérer. Des décrets et régulations encadrant la mise à disposition des zones marines, la simplification des autorisations et la prise en compte des impératifs environnementaux de la faune marine seront alors cruciaux pour valider cette expansion.

Au-delà de la production électrique : la vision globale de Seaturns

Les projets de Seaturns ne se limitent pas à la seule production d’électricité. L’entreprise s’intéresse à la création d’un véritable écosystème autour de la houle. À terme, cette technologie pourrait alimenter des installations déportées (stations de pompage, dispositifs de dessalement, infrastructures portuaires isolées). L’idée est d’exploiter totalement la synergie avec d’autres champs d’innovation pour pousser plus loin l’usage des énergies marines.

De plus, la start-up montre un intérêt pour la recherche collaborative avec d’autres acteurs. Des applications sont envisageables, comme la collecte de données océanographiques (mesure de la houle, de la salinité, de la biodiversité) ou la surveillance maritime (détection de pollution, analyse de la biodiversité). Certains consortiums labellisés par des pôles de compétitivité français pourraient émerger pour renforcer ces coopérations.

Bpifrance, la Région Nouvelle-Aquitaine, et plusieurs autres partenaires institutionnels évoqués plus haut laissent entendre que l’industrialisation de la filière houlomotrice pourrait créer des emplois qualifiés, stimulant le tissu économique littoral et dynamisant l’attractivité de la France sur la scène internationale. De fait, la croissance bleue, portée par l’innovation maritime, devient un axe stratégique pour le pays.

Perspectives à plus long terme

Alors que la production d’électricité par la houle fait son chemin dans l’esprit des investisseurs et des pouvoirs publics, la réussite de Seaturns pourrait servir d’exemple à toute une génération de start-up marines. Défendre la transition énergétique, renforcer l’indépendance française et générer un impact concret sont autant d’objectifs que l’on retrouve dans ce projet. Au fil des prochains mois, l’entreprise devra valider techniquement ses choix et convaincre sur la rentabilité économique pour sécuriser de nouveaux débouchés.

À travers cette mobilisation financière et industrielle, Seaturns incarne une nouvelle façon d’aborder l’innovation marine, combinant pragmatisme, solidarité économique et volonté farouche de faire bouger les lignes vers un avenir bas-carbone.