Quelle est la dynamique du recrutement dans la fintech en 2025 ?
Découvrez les tendances de recrutement dans la fintech française, avec 16 000 emplois créés au S1 2025. Un panorama des besoins et des candidats.

Le recrutement dans la French Tech ne freine pas. Malgré des signaux macroéconomiques hésitants, les jeunes pousses et scale-ups françaises continuent d’embaucher, en particulier dans la fintech. Cinq acteurs phares affichent des plans d’effectifs ambitieux et des besoins de compétences élargis, confirmant une phase d’industrialisation des métiers et une ambition européenne assumée.
Emploi tech 2025 : des marqueurs solides pour l’écosystème
Les créations de postes repartent à la hausse dans l’écosystème tricolore, avec une dynamique qui s’installe au-delà des métiers purement techniques. Les chiffres confirment l’élan : plus de 16 000 emplois nets auraient été générés par la French Tech au premier semestre 2025, un niveau supérieur à celui de 2024, indiquant une résilience compétitive et une montée en puissance de structures désormais proches des standards de mid-caps (Alliancy, 2025).
La tendance est également visible dans la fintech, où les recrutements se diversifient vers le go-to-market, les opérations et la conformité. Ce mouvement illustre la bascule d’organisations centrées produit vers des modèles orientés efficacité commerciale, structuration financière et maîtrise du risque. L’industrialisation des processus RH qui en découle se traduit par des plans d’embauche plus lisibles, un pilotage budgétaire resserré et une sélectivité accrue des profils.
Chiffres clés à retenir
Trois données structurantes émergent de l’actualité du recrutement dans la fintech :
- 16 000 emplois créés au S1 2025 dans la French Tech, au-dessus de 2024.
- 246 postes ouverts au total chez cinq fintech phares (septembre 2025).
- 15 fintech au sein du French Tech 120 édition 2025, signal d’un poids croissant du secteur.
Ce nouveau cycle d’embauche est plus analytique, mieux corrélé aux objectifs de marge et de productivité, et intègre explicitement le risque réglementaire. Il reste pourtant offensif dans les métiers commerciaux et data, signes que la croissance organique et l’expansion européenne demeurent des priorités.
Cinq fintech en pointe : cartographie des besoins et des postes
D’après un recensement sectoriel publié début septembre, Agicap, Pennylane, Lydia, Qonto et Ledger concentrent des volumes d’offres significatifs, avec des projections d’expansion en Europe de l’Ouest. Au total, ces cinq entreprises affichent 246 postes ouverts, couvrant la relation client, le produit, la finance, la conformité, le marketing et les ressources humaines (FrenchWeb, septembre 2025).
Agicap : la trésorerie au cœur, 76 recrutements annoncés
Basée à Lyon, Agicap s’est imposée sur le logiciel de gestion de trésorerie pour PME et ETI. L’entreprise propose 76 postes en Europe, avec des besoins marqués en relation client (Account Manager Activation), en marketing de marque (Brand and Creative Operations), et en produit (Product Manager Spend).
Cette diversité de profils illustre un modèle où la monétisation du produit s’appuie sur l’exécution commerciale et la robustesse des processus. Les recrutements en data, conformité et opérations soutiennent l’extension en Allemagne et au Royaume-Uni, deux marchés clés pour un SaaS de cash management cherchant l’effet d’échelle.
Fondée en 2016, Agicap a levé plus de 100 millions d’euros, signe d’une trajectoire de scale-up structurée. Le positionnement est clair : accélérer l’adoption auprès des directions financières, intégrer davantage de fonctionnalités de contrôle de dépenses et renforcer l’automatisation des flux.
La volatilité des cycles de paiement et les tensions sur le besoin en fonds de roulement renforcent la priorité donnée à la visibilité de trésorerie. Un outil de cash management n’est plus perçu comme un simple reporting.
Il irrigue désormais la planification budgétaire, le pilotage des dépenses et les arbitrages d’investissement. D’où l’intérêt d’équipes produit et data capables d’extraire des signaux utiles à la décision.
Pennylane : 59 postes, finance opérationnelle et ia embarquée
La plateforme de gestion financière et comptable Pennylane poursuit son déploiement européen avec 59 postes ouverts. Les profils ciblés couvrent la chefferie de projet comptable pour TPE-PME, des fonctions IA appliquées aux opérations (AI Operations Lead), et des postes RH pour accompagner la montée en charge.
Entrée dans le French Tech Next40/120 édition 2025, l’entreprise a annoncé en mai 2025 une levée de 40 millions d’euros, destinée à accélérer l’expansion et la R&D sur l’automatisation. Le positionnement est double : soulager la charge des cabinets partenaires et fluidifier la tenue comptable côté PME, via l’orchestration des flux et le rapprochement bancaire.
La montée en puissance des fonctions risques et conformité s’explique par l’extension géographique. L’entreprise prépare des intégrations plus fines avec les systèmes bancaires, ce qui requiert des standards élevés en sécurité des données et en gouvernance des modèles IA.
Automatisation comptable : le cadre d’usage
Les cas d’usage qui recrutent le plus :
- Rapprochements bancaires intelligents avec auditabilité complète.
- Extraction de factures et catégorisation enrichie de métadonnées.
- Détection d’anomalies sur TVA et écritures sensibles.
- Workflows de validation inter-équipes, pilotés par règles et seuils de risques.
Lydia : 48 recrutements pour consolider la banque de poche
Avec 48 postes à pourvoir, Lydia accélère sa transformation en plateforme bancaire complète. Les métiers ciblés reflètent un agenda d’expansion commerciale, de maîtrise du risque et d’excellence client : business development, customer success et pilotage de la fraude.
L’entreprise revendique plus de 7 millions d’utilisateurs en 2025, une traction qui impose d’étoffer la cybersécurité, la conformité et les fonctions support. Le passeport européen de ses services de paiement et l’élargissement des fonctionnalités d’épargne et de cartes poussent à renforcer la supervision des flux et la gestion des litiges, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas.
Côté produit, la feuille de route s’oriente vers la profondeur fonctionnelle et la qualité de service : latence, disponibilité, continuité de l’authentification forte. Les recrutements côté opérations visent à absorber l’augmentation du volume transactionnel sans dégrader les indicateurs de fiabilité.
Les priorités d’embauche se concentrent sur : monitoring temps réel des transactions, analyse comportementale des comptes, KYC renforcé sur les ouvertures, gestion des listes de sanctions et reporting prudentiel. Ces postes exigent la maîtrise des standards européens et des compétences transverses en data engineering et en legal ops.
Qonto : 36 postes pour une offre pro qui s’étoffe
Qonto conserve un rythme de recrutement soutenu avec 36 ouvertures. Les besoins s’articulent autour du design produit senior, du contrôle financier opérationnel et du développement commercial sur les marchés clés en Europe. L’intégration de Regate, solution de pré-comptabilité, élargit l’offre vers une gestion financière tout-en-un pour TPE/PME.
Classée durablement au sein du Next40/120, la société s’attache à combiner profondeur fonctionnelle et simplification d’usage. Les recrutements en legal et en operations reflètent l’ambition d’une plateforme qui conjugue gestion de compte, moyens de paiement, notes de frais et rapprochement comptable pour un socle plus complet.
En filigrane, Qonto investit dans la rationalisation des coûts unitaires par client, et dans la qualité de l’expérience. Les profils data product et risk operations sont appelés à jouer un rôle central dans la trajectoire de marge.
Ledger : 27 postes pour muscler la sécurité crypto et web3
Le champion français de la sécurité crypto Ledger aligne 27 recrutements sur des fonctions juridiques, RH et marketing global. La création de postes comme Senior Commercial Counsel, HR Payroll and Operations Specialist ou Global Head of Channel Marketing signale une montée en gamme de l’organisation commerciale et de la gouvernance.
Avec des levées cumulées supérieures à 500 millions d’euros depuis 2014, Ledger poursuit son maillage international et adapte son offre aux attentes d’un marché en normalisation, porté par des exigences réglementaires accrues. L’orientation produit s’articule autour de la sécurité de bout en bout, de l’ergonomie et de l’intégration avec les écosystèmes partenaires.
L’approche multicanale, le réseau de distribution et la conformité aux standards européens deviennent des leviers clés pour élargir la base clients tout en maîtrisant l’exposition au risque.
Régulation en vue pour le Web3
La mise en œuvre de MiCA et de DORA change le cadre du jeu :
- MiCA impose un périmètre encadré pour les services crypto aux clients européens.
- DORA renforce les exigences de résilience opérationnelle des prestataires financiers.
- Les recrutements se déplacent vers la conformité produit, la gestion d’incidents et les tests de résistance.
Des recrutements moins concentrés sur l’it, plus orientés business et contrôle
La photographie 2025 met en lumière un rééquilibrage : la pénurie de développeurs seniors demeure, mais la part des postes non techniques progresse rapidement. À l’échelle des cinq fintech phares, la demande porte fortement sur la relation client, le marketing de croissance, les opérations et la finance d’entreprise.
La logique est pragmatique : pour convertir une base d’utilisateurs en revenus récurrents, il faut industrialiser la vente, la mise en œuvre, l’accompagnement et le support, tout en gardant un niveau de service impeccable. La compliance et le legal, longtemps perçus comme fonctions de support, deviennent des métiers de première ligne dans des organisations régulées.
- Go-to-market : business developers, account managers, spécialistes d’activation et de rétention.
- Produit et design : product managers orientés data, designers seniors UX et recherche utilisateur.
- Finance et contrôle : analystes FP&A, controllers, spécialistes du règlement-livraison.
- Risque et compliance : KYC/AML, prévention de la fraude, privacy, reporting réglementaire.
- Marketing : performance, contenu, brand et opérations marketing.
Trois filtres dominent : impact sur l’ARR pour les fonctions commerciales, effet marge pour les postes d’opérations et de contrôle, réduction du risque pour la conformité et le légal. Les directions budgétaires alignent les recrutements sur un mix croissance rentabilité, avec des validations basées sur des business cases plutôt que sur la seule charge de travail déclarée.
Pour les candidats, la différence se joue sur des compétences transverses : capacité à lire des indicateurs de performance, culture data, maîtrise de la réglementation sectorielle, et savoir-faire opérationnel. Les profils capables d’articuler parcours client, unités économiques et gouvernance des risques s’installent en haut de la pile.
Derrière les chiffres, une économie de la productivité et de la conformité
Ce cycle d’embauches est piloté au cordeau. Les directions financières exigent une contribution nette et mesurable des nouvelles recrues, en lien avec des objectifs de marge. Cela se traduit par des fiches de poste précises, des objectifs trimestriels quantifiés et un pilotage par cohortes pour l’efficacité commerciale.
Dans la fintech, la productivité ne se limite pas au code. Elle s’évalue aussi sur la vitesse d’activation, les taux de conversion, la réduction des incidents et le temps moyen de résolution. Les entreprises recrutent des profils orientés processus, capables d’orchestrer des flux transverses et d’automatiser sans affaiblir le contrôle.
La compliance s’affirme comme un levier de compétitivité. Une organisation solide qui anticipe MiCA, DORA, PSD3 ou NIS2 réduit le coût du risque, accélère les partenariats bancaires et sécurise l’accès aux marchés. Le signal est clair : investir dans des équipes risque et juridique devient un avantage de marché plutôt qu’un centre de coût.
Next40/120 : ce que cela change pour l’emploi
L’intégration au French Tech 120 apporte un effet vitrine et un accès facilité aux décideurs publics et grands comptes. Conséquences côté RH :
- Accélération des cycles de recrutement grâce à la notoriété accrue.
- Renforcement des parcours de mobilité interne dans des organisations plus matricielles.
- Mise à l’échelle des centres d’excellence data, sécurité, compliance et design.
Cadre réglementaire : la matrice des embauches à moyen terme
La mise en application progressive de MiCA pour les actifs numériques, de DORA pour la résilience opérationnelle et la préparation de PSD3 remodelent l’allocation des ressources humaines. Les fintech internalisent davantage de compétences en gouvernance des données, gestion d’incidents et tests de robustesse.
Les postes juridiques évoluent vers du conseil opérationnel, au plus près des équipes produit. Les métiers de la conformité adoptent des approches d’assurance qualité, avec des contrôles en amont des mises en production. La sécurité s’intègre aux pipelines CI/CD, rapprochant les mondes dev, ops et risk.
Cette normalisation européenne ne bride pas l’innovation, mais elle en change la nature : conception sécurisée par défaut, audits réguliers, métriques de résilience publiques. Les entreprises qui structurent tôt ces fonctions gagnent du temps sur la route de la rentabilité, car elles réduisent les itérations coûteuses post-lancement.
Attendus majeurs : cartographie des services essentiels, seuils d’indisponibilité explicites, tests adverses sur scénarios de crise, suivi des tiers critiques, chaîne de preuves. Les profils recherchés combinent sécurité, observabilité et conduite du changement.
Pour les candidats : où se situent les leviers d’employabilité
Les fintech appellent des talents capables d’articuler technique, réglementation et exécution. Les offres à fort potentiel évoquent explicitement les indicateurs attendus sur le poste, le degré d’autonomie et la maturité des process. Ce sont des environnements où l’impact individuel reste mesurable, mais où l’alignement inter-équipes compte autant que l’expertise métier.
- Montrer la maîtrise des KPI du poste visé : activation, CAC, churn, taux de détection, MTTR.
- Relier sa pratique au cadre européen applicable : MiCA, DORA, PSD2-DSP2 puis PSD3, RGPD.
- Documenter méthodes et résultats : playbooks, procédures, post-mortems, dashboards.
- Travailler les interfaces : être audible des équipes finance, juridique, produit et data.
Les organisations qui recrutent aujourd’hui mettent l’accent sur l’exécution robuste. Elles privilégient des profils qui pilotent les arbitrages coût-service et savent instaurer des boucles d’amélioration continue, preuves à l’appui.
Validation de l’alignement poste-candidat
Avant d’envoyer un dossier, vérifiez :
- Les livrables et métriques attendus au trimestre 1 et 2.
- Le niveau d’industrialisation de l’équipe : outils, rituels, documentation.
- La périmètre d’autonomie réel et le budget associé.
- Le degré d’exposition réglementaire et l’appétence de l’entreprise à investir sur ces sujets.
Panorama actualisé des cinq acteurs et lecture sectorielle
Le vivier d’offres est bien réparti sur les métiers, mais l’intention stratégique convergente reste la même : étendre la base d’utilisateurs monétisés, solidifier la conformité et standardiser les opérations. Les volumes d’ouvertures d’Agicap, Pennylane, Lydia, Qonto et Ledger confirment l’attractivité du segment, avec une profondeur qui dépasse les seules équipes tech.
Par ailleurs, la présence renforcée de 15 fintech au sein du French Tech 120 en 2025 acte la structuration du sous-secteur. Cette visibilité accélère la collaboration avec les grands acheteurs privés et publics, notamment dans le cadre d’initiatives dédiées à l’accès aux marchés des startups.
In fine, la combinaison de croissance organique, d’intégration de solutions complémentaires et d’une gouvernance des risques en amont dessine une trajectoire plus durable. Les recrutements deviennent une opération d’investissement ciblé, davantage corrélée aux objectifs financiers et aux jalons réglementaires qu’aux effets d’annonce.
Les recrutements sur les métiers revenue, opérations et risk agissent sur trois leviers : augmentation du panier via l’upsell cross-sell, réduction du coût d’acquisition par l’activation rapide, diminution du coût du risque par la prévention. C’est ce mix qui explique le maintien d’embauches ciblées malgré la vigilance sur les dépenses.
Repères chiffrés et méthodologie de lecture de l’emploi
Le cumul de 246 postes sur les cinq fintech étudiées constitue un indicateur de traction et de transformation managériale. D’une part, les métiers front-office et mid-office gagnent en poids. D’autre part, la conformité, la data et le juridique se rapprochent des roadmaps produit.
Au-delà du volume, la nature des offres est instructive. Les intitulés associent désormais spécialités et résultats attendus : Operations Lead, Settlement Controller, Fraud Team Lead, Brand and Creative Ops. Ces intitulés traduisent une maturité où processus, performance et maîtrise du risque s’inscrivent dans le quotidien des équipes.
Enfin, la temporalité des embauches s’aligne sur des jalons clairs : expansions pays, élargissement fonctionnel, intégration de solutions externes. Les fintech calibrent leur capacité d’absorber ces projets sans dégrader les indicateurs de qualité. C’est une étape décisive pour franchir le cap de la croissance rentable.
Point de passage 2025 : des embauches sélectives qui soutiennent l’expansion
Le portrait qui se dessine est celui d’un secteur qui continue d’embaucher, mais autrement. Les postes s’ouvrent là où ils créent de la valeur mesurable : acquisition, activation, opérations, conformité, data. En filigrane, l’Europe reste le terrain de jeu, et la normalisation réglementaire, un accélérateur autant qu’un garde-fou.
Les cinq fintech mises en lumière confirment une transformation structurelle : moins d’hypercroissance indifférenciée, plus de capacité d’exécution et de discipline financière. Les talents qui sauront parler impact, métriques et résilience y trouveront des trajectoires ambitieuses, au service d’une économie numérique devenue adulte.
La French Tech 2025 fait le pari d’embauches ciblées et productives, où chaque poste contribue à la croissance, à la conformité et à la durabilité du modèle économique.