À Plougastel-Daoulas, Rapido’Devis veut accélérer le chiffrage des travaux immobiliers et s’ouvre aux investisseurs. La jeune société mise sur l’IA pour transformer la prise de devis, tout en préparant une levée de 600 000 euros en BSA AIR. Objectif affiché : automatiser l’estimation par l’image et la voix, renforcer l’infrastructure de données et consolider son ancrage chez les professionnels du bâtiment.

Genèse et gouvernance : une sas finistérienne au service des pros

Créée fin 2024, Rapido’Devis s’est constituée en SAS avec une implantation à Plougastel-Daoulas dans le Finistère. Positionnée sur un créneau très opérationnel, l’application permet de calculer rapidement le coût des travaux dans un bien immobilier en intégrant les contraintes techniques et administratives. Cette orientation terrain répond à une attente claire des artisans, promoteurs et acteurs immobiliers : gagner du temps sans perdre en précision.

Avant la naissance officielle de la société, deux années de développement ont permis de collecter des données issues de l’ensemble du territoire, d’itérer sur le produit et de livrer une deuxième version de l’app. Cette capitalisation amont donne aujourd’hui une base d’entraînement solide aux briques d’IA en préparation.

Qui est clayton fontes : parcours et vision

Rapido’Devis est portée par Clayton Fontes, entrepreneur brésilien de 44 ans. Sa trajectoire combine 25 ans d’expérience dans le bâtiment et l’immobilier, avec une exposition directe aux enjeux de chiffrage, de logistique et de coordination de chantiers.

Il a identifié une lacune fréquente du marché : des estimations longues, hétérogènes et coûteuses en déplacements, qui ralentissent la prise de décision et dégradent la relation commerciale. Sa réponse est une application conçue pour réduire l’itération entre la première prise de brief et la matérialisation d’un devis exploitable.

À retenir sur l’identité de Rapido’Devis

  • Forme sociale : SAS, basée à Plougastel-Daoulas.
  • Lancement : fin 2024, après deux ans de développement produit et de collecte de données.
  • Positionnement : outil pro de chiffrage des travaux, avec intégration progressive de l’IA.

Capitaux recherchés : un bsa air de 600 000 euros pour industrialiser l’ia

Pour accélérer son passage à l’échelle, la start-up lance une levée de fonds sous forme de BSA AIR d’un montant ciblé de 600 000 euros. Le choix de ce véhicule répond à une logique de rapidité d’exécution et de simplicité de mise en œuvre. Les fonds viseront trois chantiers :

  • IA appliquée à l’estimation : automatisation par l’image et la voix pour réduire les saisies manuelles et standardiser le chiffrage.
  • Renforcement du stockage : acquisition d’un système de données indépendant en complément d’OVH, pour sécuriser la montée en charge.
  • Structuration commerciale : recrutement de trois profils orientés vente et gestion, afin d’atteindre un effectif de cinq personnes d’ici la rentrée.

Ce tour de financement intervient dans un contexte d’accès au crédit jugé peu engageant par l’équipe. L’arbitrage en faveur des BSA AIR vise donc à enclencher la phase d’industrialisation technologique et commerciale sans attendre une réouverture des vannes bancaires.

Bsa air : mécanisme et implications

Le BSA AIR est un instrument inspiré des accords de type SAFE. Il permet d’investir rapidement, en différant l’entrée au capital à un événement ultérieur, souvent une levée qualifiée ou l’atteinte d’un terme.

La conversion se fait selon des paramètres prédéfinis comme un discount et, le cas échéant, un cap de valorisation. Pour l’émetteur, l’intérêt est de gagner du temps sur la levée initiale tout en cadrant les modalités d’entrée future au capital. Pour l’investisseur, le mécanisme offre un accès anticipé au potentiel de l’entreprise, sans figer immédiatement une valorisation souvent délicate à ce stade.

  • Événements de conversion : levée de fonds ultérieure, échéance ou changement de contrôle.
  • Paramétrage prix : rabais de conversion et éventuel plafond de valorisation.
  • Traitement à l’échéance : conversion automatique ou remboursement selon le contrat.
  • Gouvernance : droits d’information et clauses de liquidité, à articuler avec les statuts.

Technologie et produit : vers une estimation automatisée par l’image et la voix

La version actuelle de Rapido’Devis intègre les dimensions du bien et des facteurs contextuels, comme l’implantation en zone protégée ou les contraintes d’accès. Elle vise à standardiser et à fiabiliser les évaluations initiales pour limiter les visites inutiles et fluidifier la relation commerciale. La brique IA doit pousser plus loin cette logique, en exploitant des images et des instructions vocales pour pré-remplir et documenter les devis.

Le calendrier annoncé prévoit un déploiement de la version IA fin 2025. L’entreprise entend accompagner cette étape par un plan d’actions commerciales et la participation à des salons professionnels, avec l’ambition de doubler le nombre d’utilisateurs en 2025.

Capacités actuelles et pipeline

Rapido’Devis revendique 300 clients et mentionne huit millions d’estimations générées depuis son lancement en 2024. Sur le plan opérationnel, un développeur et un data scientist interviennent aujourd’hui en indépendants afin d’affiner l’algorithme et la plateforme, en s’appuyant sur les jeux de données constitués au fil des deux années de développement.

L’estimation croise des variables techniques et contextuelles. Les axes clés incluent :

  • Surfaces et métrés : typologies de pièces, volumes, matériaux.
  • Contexte réglementaire : périmètres protégés, normes applicables.
  • Contraintes d’accès : étage, stationnement, acheminement des matériaux.
  • Saisonnalité et disponibilité : effets sur coûts et délais indicatifs.

L’IA vient outiller la collecte et interprétation de ces éléments, pour réduire les écarts de chiffrage entre une première intention et un devis confirmé.

Impact métier : des devis plus rapides et moins de kilomètres

  • Temps gagné : pré-chiffrages envoyés plus vite, en amont d’une visite confirmatoire.
  • Économies : baisse des déplacements pour les artisans et les commerciaux.
  • Empreinte réduite : approche plus sobre en transport, alignée avec l’objectif d’efficacité énergétique des chantiers.

Monétisation et segmentation clients : un abonnement pensé pour le terrain

Le modèle économique repose sur un abonnement destiné aux acteurs du bâtiment et de l’immobilier. L’offre touche notamment les artisans, agents immobiliers et marchands de biens.

Pour tester la solution, les particuliers peuvent réaliser trois estimations gratuites. Côté pros, un pack de 20 estimations annuelles est disponible, afin de lisser l’usage sur l’année et intégrer l’outil dans le quotidien commercial.

À terme, la plateforme doit connecter des artisans vérifiés à des projets de travaux, sur la base de critères objectifs comme les assurances et la géolocalisation. L’enjeu est d’élargir l’écosystème au-delà du seul calcul, vers une mise en relation qualifiée qui stabilise l’offre et la demande.

Offres, gratuités et mise en relation d’artisans

Le dispositif d’accès est structuré pour limiter les frictions à l’entrée et favoriser l’adoption :

  • Freemium ciblé : trois estimations offertes pour les particuliers.
  • Pack pro : quota d’estimations annuelles pour sécuriser la facturation récurrente.
  • Extension de valeur : intermédiation future avec des artisans contrôlés, pour boucler la chaîne de valeur de la prospection à l’exécution.

Une estimation initiale sert d’ordre de grandeur et de support de tri des opportunités. Le devis engageant suppose une visite, la vérification des métrés et l’analyse de contraintes non détectables à distance. Standardiser l’estimation permet de mieux prioriser, sans se substituer au processus contractuel.

Financement de l’innovation : vents contraires et signaux forts en 2025

Le choix des BSA AIR s’inscrit dans une période heurtée pour le financement des jeunes pousses technologiques. Les levées de fonds de l’IT en France ont marqué un net repli au premier semestre 2025, avec des investisseurs plus sélectifs et un nombre de deals en baisse. Le baromètre d’In Extenso, relayé par la presse économique, qualifie la situation de critique, prolongeant les tendances de 2024.

Pour autant, des signaux contrastés persistent. Le Sommet Choose France 2025 a annoncé 40,8 milliards d’euros d’investissements étrangers et 53 projets. En parallèle, l’IA continue d’attirer les capitaux sur des dossiers de référence, qui structurent la filière et tirent l’écosystème.

Marché du capital-risque français : prudence et raréfaction des tickets

Dans l’univers des start-ups IT françaises, le premier semestre 2025 n’a totalisé que 2,8 milliards d’euros d’investissements, signe d’un cycle plus restrictif, marqué par l’inflation et l’incertitude géopolitique (Le Monde Informatique). La conséquence la plus immédiate pour les jeunes entreprises technologiques reste la hausse des exigences de traction commerciale, de qualité des données et de discipline de coûts avant toute opération dilutive.

Choose france et ia : traction sur les technologies

Les annonces de Choose France confirment une volonté d’ancrer des projets industriels et technologiques. De son côté, la valorisation de Mistral AI à 11,7 milliards d’euros après une levée en septembre 2025 illustre l’appétit intact pour les plateformes IA de référence et l’entrée d’investisseurs internationaux, dont des industriels de premier plan (Ouest-France). Si Rapido’Devis ne joue pas sur les mêmes ordres de grandeur, ce type d’opération témoigne d’un intérêt structurel pour l’IA appliquée, y compris dans les segments B2B opérationnels.

Aides publiques mobilisables pour l’innovation

  • RAPID : régime d’appui à l’innovation duale du Ministère des Armées, ouvert aux PME de moins de 2 000 salariés et à des projets à usages civils et militaires.
  • FDVA 2025 : appels à projets publiés fin 2024 pour la vie associative. S’il est orienté associations, l’écosystème d’aides comporte des équivalents pour les entreprises via Bpifrance ou la DGE.

Ces dispositifs sont cités à titre d’information. Aucun élément ne permet d’affirmer une sollicitation par Rapido’Devis.

Trajectoire commerciale et jalons 2025-2026

Rapido’Devis affiche une feuille de route resserrée. La version IA doit être déployée fin 2025, avec un programme de salons et de démarchage pour doubler le nombre d’utilisateurs sur l’année. Côté ressources humaines, les recrutements prévus portent l’équipe à cinq personnes d’ici la rentrée, une étape clé pour systématiser l’activation commerciale et la relation client.

Sur le plan financier, la start-up se fixe un objectif initial de 25 000 euros de chiffre d’affaires mensuel pour atteindre la rentabilité. Une seconde levée de fonds est programmée en mars 2026, sous forme de parts au capital, pour alimenter la croissance. Son montant dépendra de l’évolution du chiffre d’affaires, avec une projection mentionnée à hauteur d’un million d’euros dans les trois ans.

Objectifs de revenus et second tour

La montée en puissance s’organise autour de jalons mesurables :

  • Recettes récurrentes : ancrer l’abonnement chez les pros et sécuriser la base de revenus.
  • Activation IA : réduire le coût d’acquisition et améliorer la conversion grâce à l’automatisation.
  • Levée de mars 2026 : structurer le tour en capital après consolidation des métriques commerciales.
  • Qualité de données : garantir la représentativité des jeux d’apprentissage pour l’IA.
  • Conformité : veiller au respect du RGPD et à la sécurisation des flux d’images et de voix.
  • Échelle commerciale : maintenir la qualité de service lors de la montée en charge.
  • Intégration avec l’existant : compatibilité avec les logiciels métiers des artisans et acteurs immobiliers.

Repères chronologiques

  1. 2010s-2024 : développement et collecte de données sur deux ans, puis constitution en SAS fin 2024.
  2. 2024 : lancement produit, 300 clients, huit millions d’estimations.
  3. 2025 : levée de 600 000 euros en BSA AIR, objectif de doublement des utilisateurs, déploiement IA fin 2025.
  4. 2026 : tour de table au capital annoncé pour mars 2026, taille ajustée à la traction commerciale.

Marché adressable : dynamique immobilière et gains d’efficacité

Le marché de la rénovation et des travaux d’aménagement reste porteur pour des outils d’estimation robustes. Selon des données communiquées, les transactions immobilières auraient progressé de 5 % en 2024, ce qui soutient la demande d’indications de coûts rapides et lisibles dès la phase amont du parcours d’achat ou de revente. Dans ce contexte, Rapido’Devis se positionne comme un intermédiaire fonctionnel entre l’intention et l’engagement, en réduisant la part d’incertitude avant une visite technique.

La dimension écologique est également engagée. En limitant les allers-retours, l’outil favorise une sobriété de déplacement tout en aidant à prioriser les travaux à plus fort impact sur la performance énergétique. Ce n’est pas une contrainte de conformité, mais un bénéfice collatéral appréciable à l’échelle d’un portefeuille d’interventions.

Cas d’usage terrain : artisans et réseaux immobiliers

Chez un artisan du second œuvre, l’application sert d’outil de qualifications rapides pour séquencer la prospection, envoyer une estimation initiale et organiser la visite pour affiner le devis engageant. Pour un réseau d’agences, elle facilite la construction de dossiers destinés à l’acquéreur ou au vendeur, en objectivant le coût des travaux dans une fourchette standardisée.

  • Estimation : évaluation non engageante, basée sur des hypothèses.
  • Devis : proposition chiffrée engageante après visite et validation des métrés.
  • Bon de commande : accord contractuel déclenchant l’exécution et la facturation.

Réglementation et équilibres contractuels autour de l’ia

La mise en œuvre de l’IA dans l’estimation suppose des garde-fous. La qualité de prédiction n’empêche pas la nécessité d’une validation humaine avant l’engagement contractuel. Les flux d’images et de voix doivent être traités selon des standards de protection des données, en particulier lors de l’hébergement et du partage de documents.

Sur le front des financements, des dispositifs publics peuvent soutenir l’innovation. Le régime RAPID cible les projets duals portés par des PME, tandis que les appels FDVA 2025 illustrent le calendrier des guichets associatifs, avec des équivalents pour les entreprises via les circuits Bpifrance et DGE. Ces dispositifs ne sont pas spécifiques à Rapido’Devis mais structurent l’environnement d’accès aux aides.

Paramètres techniques cités par Rapido’Devis

  • Dimensions et métrés intégrés dans l’estimation.
  • Localisation et statut en zone protégée.
  • Contraintes d’accès et incidences logistiques.
  • Stockage de données à renforcer en complément d’OVH.

Cap 2026 : trajectoire sous contraintes

Rapido’Devis avance avec une ambition claire : ancrer l’IA au cœur du chiffrage, industrialiser ses process et convaincre une base pro élargie. La prudence des investisseurs impose une exécution irréprochable sur les fondamentaux produit, la sécurité des données et la discipline commerciale, dans un cycle où le capital se paie plus cher qu’hier.

La combinaison BSA AIR, ajout de capacités d’hébergement et recrutements ciblés doit permettre de franchir le cap de la récurrence et d’ouvrir le second tour en mars 2026. Si les jalons d’usage et de revenus sont atteints, la jeune SAS finistérienne pourrait consolider sa place dans l’outillage des professionnels du bâtiment, alors que l’IA gagne du terrain dans les métiers très opérationnels.

La prochaine étape se jouera sur la preuve d’efficacité terrain et la qualité des métriques retenues par les investisseurs.