RainPath, une jeune pousse originaire de Rennes, a annoncé une levée de fonds de 2,5 millions d’euros pour propulser l’analyse des biopsies grâce à l’intelligence artificielle. Cette nouvelle, relayée par Ouest-France, illustre un tournant majeur pour les laboratoires qui exploitent des technologies de pointe afin d’offrir des résultats médicaux plus rapides et plus respectueux de l’environnement.

Les investisseurs et les raisons d’y croire

Cette première levée de fonds de 2,5 millions d’euros place RainPath au centre des attentions dans l’écosystème français de la santé. Les principaux acteurs tels que Teampact Ventures, le fonds régional Xplore by Épopée Gestion et d’autres investisseurs (dont The Quest, ADVANS Lab, Sharpstone et une quinzaine de business angels) témoignent d’un engouement certain pour la révolution de l’analyse des biopsies.

En parallèle, l’organisme public Bpifrance apporte également son soutien, ce qui conforte la startup dans sa quête d’expansion. Pour les observateurs, cet appui atteste de la solidité du projet, à la fois sur le plan financier et sur le plan technologique. Les fonds levés permettront entre autres de recruter une dizaine d’experts et d’accélérer la mise sur le marché d’une solution présentée comme inédite.

RainPath : un modèle unique en pathologie moderne

La startup rennaise, fondée en février dernier, s’est donnée pour mission de pallier les délais et contraintes liés à l’analyse manuelle des échantillons biologiques. Sous la direction de Mel Landelle (cofondateur et dirigeant depuis février 2025) et d’Antoine Delplace (cofondateur et directeur technique), RainPath développe une plateforme d’intelligence artificielle qui élimine la dépendance aux colorations chimiques, souvent onéreuses et toxiques.

La proposition de valeur consiste à réduire les temps d’attente et les coûts dans le cadre de diagnostics de cancer (ou d’autres pathologies nécessitant une biopsie). Dans la pratique, l’entreprise contribue à la diminution de l’impact environnemental en supprimant l’usage régulier d’une large gamme de réactifs chimiques et en réduisant la manipulation humaine. Selon ses dirigeants, cette réduction drastique des produits de coloration, combinée à une automatisation avancée, permettra aux laboratoires de faire des économies substantielles tout en protégeant les techniciens de laboratoire.

La biopsie consiste à prélever un échantillon de tissu sur un organe suspect. Elle est essentielle pour détecter ou évaluer la gravité d’une maladie, notamment cancéreuse. L’analyse histologique ou cytologique permet par la suite de déterminer la présence de cellules anormales, leur type et leur agressivité potentielle.

La singularité technologique : quand l’IA remplace la chimie

Dans un processus classique de pathologie, on utilise des colorants (tels que l’hématoxyline-éosine) afin de faire ressortir les détails microscopiques des tissus. Pourtant, cette méthode requiert du temps, des équipements spécifiques et des produits chimiques pouvant poser des risques pour la santé et l’environnement. RainPath mise sur des algorithmes capables de reconstituer les mêmes informations visuelles, voire de les enrichir, sans recourir à ces produits.

L’un des avantages affirme la jeune pousse, c’est la réduction du coût unitaire et de la durée de traitement : l’usage de l’IA pourrait potentiellement diviser par 100 le temps et les moyens mobilisés. Les clients cibles, principalement les laboratoires d’analyses médicales et les centres hospitaliers, y trouvent leur compte en bénéficiant de résultats plus rapides et plus fiables.

Les algorithmes de guidage basés sur l’apprentissage automatique (machine learning et deep learning) s’enrichissent au fur et à mesure des échantillons analysés. En croisant diverses données, la technologie de RainPath pourrait notamment anticiper certaines tendances ou identifier des caractéristiques subtiles dans les tissus, facilitant ainsi la détection précoce de tumeurs. Cette approche innovante a vocation à se développer rapidement, d’autant plus que la demande de diagnostics de plus en plus précis et rapides ne cesse d’augmenter.

Bon à savoir : l’importance des certifications médicales

Avant toute commercialisation en France et dans l’Union européenne, les dispositifs médicaux (y compris ceux issus de l’IA) doivent obtenir un marquage CE. Celui-ci garantit notamment la conformité aux exigences essentielles de sécurité et de performance imposées par la réglementation EU. RainPath projette de décrocher ce label dans les 18 prochains mois.

Défi réglementaire : un parcours incontournable

Dans le marché de la EdTech ou de la HealthTech, il est fréquent de voir des technologies prometteuses ralentir sous l’effet de procédures administratives complexes. Pour RainPath, l’enjeu est d’aboutir à une certification européenne solide, qui atteste de la fiabilité de son système d’analyse automatisée. Sur le plan financier, l’intégration de ces contraintes renforcera la crédibilité de la startup auprès des hôpitaux et autres centres de soins.

Le marquage CE implique des normes ISO et des contrôles de qualité très exigeants. Au-delà d’un simple gage de sérieux, ces labels représentent une forme de référencement : plus ils sont reconnus, plus l’adoption du produit est facilitée dans l’ensemble de l’espace européen. Sur ce point, RainPath s’impose la nécessité de développer des protocoles très précis, afin de documenter chaque étape de son processus algorithmique.

Dans la coloration conventionnelle, on utilise divers solvants et colorants pouvant affecter la santé des opérateurs (irritations, allergies, toxicité) et nécessiter une élimination contrôlée. Minimiser ces substances procure donc à la fois un gain de temps, d’argent et de sécurité pour le personnel de laboratoire.

L’importance de l’équipe et des recrutements

L’ADN de RainPath comprend aussi un volet humain essentiel. Dans les prochains mois, la startup entend constituer une équipe d’excellence essentiellement composée de développeurs, de data scientists et d’experts en intelligence artificielle. Cette capillarité de compétences garantira un développement fluide du produit, tout en renforçant l’agilité de la structure sur des sujets émergents (cybersécurité des données de santé, interprétation d’images médicales complexes, etc.).

En pratique, dix postes sont à pourvoir à court terme. L’équipe se répartira entre le pôle R&D, la gestion de projet et la partie technique. D’après les dirigeants, consolider cette base de talent est un passage obligé pour espérer conquérir le marché européen, et plus tard, le marché américain. L’expansion internationale, surtout aux États-Unis, reste un horizon souvent recherché par les startups françaises spécialisées dans la medtech.

Selon plusieurs rapports, le marché mondial de l’IA médicale pourrait dépasser 45 milliards de dollars d’ici 2030. Cette croissance spectaculaire s’explique par le besoin accru de diagnostics ultra-précis et rapides, d’une part, et la baisse des coûts informatiques d’autre part.

Une perspective économique et légale pour les laboratoires

Le choix de RainPath de proposer une alternative à la coloration chimique résonne avec les obligations légales croissantes autour de la sécurité au travail et de la reconnaissance de la pénibilité. En limitant drastiquement la manipulation de solvants, la jeune pousse réduit l’exposition des techniciens à des substances potentiellement nocives. Cet aspect s’accorde avec la réglementation française du Code du travail, qui impose des mesures de réduction des risques professionnels.

Par ailleurs, pour les laboratoires d’analyses médicales, l’impact économique peut s’avérer significatif. Diminuer la consommation d’agents chimiques et optimiser les espaces de stockage sont deux enjeux majeurs, souvent reflétés dans les comptes d’exploitation. Dans une optique de compétitivité, ces établissements peuvent être tentés de migrer vers des solutions plus durables et moins gourmandes en ressources.

Sur le plan financier, investir dans une solution intelligente d’analyse de biopsies peut s’avérer rentable à moyen terme. Les études de rentabilité internes à RainPath montrent que l’amortissement s’opère assez rapidement, compte tenu des économies de fonctionnement (consommables, personnel) et de l’optimisation des flux de travail (réduction du nombre de manipulations, productivité accrue). Au-delà du simple paramètre prix, la capacité à proposer un diagnostic plus rapide reste un avantage compétitif pour les laboratoires affiliés.

Stratégie de déploiement : conquête de l’Europe et au-delà

Si la France représente logiquement le premier marché visé compte tenu de la localisation de l’entreprise et des besoins des laboratoires locaux, RainPath ambitionne également de s’orienter vers d’autres pays en Europe. Le marché allemand, réputé pour son infrastructure hospitalière solide, figure souvent en bonne place dans le déploiement des solutions médicales françaises. Ensuite, le marché de l’Amérique du Nord pourrait offrir une aire de jeu particulièrement dynamique, surtout pour les solutions novatrices en oncologie.

Dans le cadre du Health Data Hub et des différentes initiatives publiques encourageant les jeunes entreprises de la medtech, RainPath bénéficie d’un écosystème relativement favorable pour se faire connaître. Les acteurs régionaux, comme Xplore by Épopée Gestion, mettent l’accent sur la création d’emplois et la valorisation de la « French Tech ». Leur soutien financier et stratégique, associé à l’expertise clinique de partenaires académiques, renforce l’horizon d’une expansion rapide.

Bon à savoir : l’écosystème entrepreneurial en Bretagne

La région bretonne s’est distinguée ces dernières années par une montée en puissance d’entreprises spécialisées dans le numérique et la santé. Des pôles de compétitivité et des incubateurs (ex. Rennes Atalante) offrent un environnement propice à la croissance de projets technologiques, facilitant la mise en relation avec des investisseurs et des experts du secteur médical.

La stratégie de croissance : RainPath sur la voie d’une expansion intelligente

En concentrant ses efforts sur la recherche et le développement, RainPath fait le pari de proposer un produit complet, de la préparation de l’échantillon jusqu’à l’interprétation des anomalies. L’entreprise souhaite s’appuyer sur des partenariats avec des établissements de santé référents, afin de documenter la qualité de ses algorithmes dans des études cliniques plus larges. Cette démarche permettra de valider, sur le long terme, le protocole de diagnostic innovant.

L’autre pilier de la stratégie de croissance réside dans la formation et l’accompagnement des laboratoires. Au-delà d’une simple vente de licence logicielle, il s’agit de familiariser les équipes médicales avec le fonctionnement de l’IA, son mode d’interprétation des images histologiques et les bonnes pratiques à adopter en cas de doute diagnostique. En s’inscrivant dans une démarche collaborative, RainPath compte augmenter la confiance des utilisateurs et encourager l’adoption à plus grande échelle.

Dans l’éventualité d’un succès commercial marqué, on peut envisager l’extension de la technologie à d’autres champs médicaux, tels que la cytologie, la dermatologie ou encore l’imagerie de routine. L’objectif final serait de proposer une plateforme unifiée de détection précoce, réduisant la variabilité des analyses d’un laboratoire à l’autre.

Un impact concret sur la santé publique et l’environnement

À terme, l’innovation proposée par RainPath pourrait influer significativement sur le système de santé français. En optimisant la fluidité du diagnostic, on peut espérer raccourcir les délais de prise en charge, ce qui se traduit souvent par une amélioration du pronostic pour les patients. Dans le domaine de l’oncologie, chaque jour compte, et des traitements anticipés augmentent sensiblement les chances de guérison.

Sur le plan écologique, la diminution de l’utilisation de substances toxiques s’intègre dans les démarches de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Les laboratoires engagés dans des politiques de développement durable y verront l’occasion de réduire leurs émissions de déchets dangereux. Selon les estimations des cofondateurs, la réduction en solvants toxiques pourrait s’élever à plusieurs dizaines de litres par laboratoire et par semaine, ce qui constitue un pas important pour la préservation de l’environnement.

Par ailleurs, en démultipliant les capacités de diagnostic, l’outil pourrait soulager les personnels de santé trop sollicités. Des résultats plus rapides engendrent un meilleur flux de travail, réduisent la pression sur les opérateurs et améliorent la qualité de vie au travai lCette dimension sociale est de plus en plus valorisée par les instances gouvernementales dans leurs stratégies de modernisation du système de santé.

Les prochaines étapes : un horizon de croissance soutenu

Au-delà des recrutements et de la finalisation des certifications attendues, RainPath prépare des collaborations industrielles et académiques afin de valide rencore davantage son approche. Les cofondateurs envisagent par exemple de travailler avec des plateformes hospitalières qui pourraient constituer un réseau pilote de validation et de test. Ce type de partenariats offre un accès direct aux patients, ce qui accélère l’intégration du dispositif dans la chaîne de soin.

Le plan de route prévoit une commercialisation progressive en France, avec une focalisation initiale sur les établissements publics et privés disposant déjà de forts besoins en oncologie. À mesure que la startup gagnera en notoriété, la prospection pourrait s’étendre aux pays limitrophes. À l’échelle globale, l’intérêt pour les solutions de télémédecine et d’IA ne cesse de grandir, surtout depuis la crise sanitaire. Cette tendance pourrait booster la visibilité de RainPath et lui ouvrir des marchés lointains.

En parallèle, la question de la propriété intellectuelle et des brevets se pose. Les innovations logicielles peuvent être, au moins partiellement, protégées par des brevets ou des modèles d’enregistrement de propriété industrielle. Cependant, la startup entend également privilégier l’agilité et la mise à jour fréquente de son algorithme, ce qui suppose de réévaluer régulièrement sa stratégie légale. Les fonds levés serviront d’ailleurs à renforcer la protection de la marque et à financer les dépôts de brevets nécessaires.

Regard sur la dynamique du secteur et perspectives futures

Plusieurs autres sociétés émergent en France dans le domaine de l’IA médicale, qu’il s’agisse d’analyser des images radiologiques ou de concevoir des logiciels d’aide au diagnostic spécialisé. À terme, une consolidation du marché n’est pas à exclure, avec peut-être des rapprochements entre entreprises complémentaires. Les données médicales, considérées comme précieuses, suscitent l’intérêt de grands groupes hospitaliers mais aussi de géants du numérique.

Malgré un cadre réglementaire exigeant, la France offre un bon équilibre entre la qualité de la recherche académique, la disponibilité d’investisseurs spécialisés et l’implication des pouvoirs publics dans la modernisation de la santé. Dans ce contexte, RainPath a su nouer des liens solides avec des partenaires variés, tirant parti des différentes sources de financement (public, privé, business angels) et des services d’accompagnement disponibles localement.

Le défi sera surtout de maintenir une courbe de croissance soutenue, d’obtenir rapidement un marquage CE et de nouer des contrats pérennes. Les retours d’expérience sur le terrain permettront d’améliorer continuellement la solution, tout en tenant compte des contraintes spécifiques à chaque pays. Si l’on en croit le parcours d’autres medtechs passées par le même chemin, la persévérance et la robustesse technologique restent les atouts clés de la réussite.

RainPath incarne ainsi l’exemple d’une innovation française qui marie savoir-faire médical, progrès technologique et responsabilité environnementale.