21 millions d’euros propulsent Quobly dans l’ère quantique
Soutien public et privé propulse Quobly vers l’industrialisation de son processeur Q100T, doté de 100 qubits physiques en silicium.

Quobly vient d’annoncer une avancée majeure dans l’univers de la microélectronique quantique. Avec un financement total de 21 millions d’euros, la société accélère le développement de sa puce quantique Q100T, un composant de 100 qubits physiques prêt à être industrialisé.
Le contexte d’une filière quantique en pleine expansion
Alors que la compétition technologique se joue de plus en plus sur la puissance de calcul, la France entend se positionner parmi les leaders mondiaux de la filière quantique. L’année 2025 arrive à grands pas, et l’Hexagone déploie une stratégie d’ampleur pour stimuler la recherche et la production de composants critiques dans le secteur.
Un ensemble d’initiatives publiques, telles que le plan France 2030, a pour ambition de donner un coup d’accélérateur à la R&D locale. Les centres de recherche (CEA, CNRS) et les acteurs industriels (STMicroelectronics ou encore Thales) unissent leurs forces pour renforcer la souveraineté technologique du pays. Cette effervescence se manifeste particulièrement dans la quantique, considérée comme un levier stratégique pour l’économie et la sécurité nationale, notamment en matière de cryptographie et de traitement massif de données.
L’émergence de startups Deeptech est encouragée par des mécanismes de financement public combinés aux investissements privés. Dans cette lignée, la société Quobly fait figure de pionnière. L’innovation radicale qu’elle porte, à travers la mise sur le marché de la première puce quantique en silicium de 100 qubits physiques, pourrait révolutionner l’industrie des semi-conducteurs. De plus, les applications envisagées dépassent le seul domaine du calcul haute performance. Le secteur automobile, la recherche médicale ou encore les technologies de l’information bénéficieraient grandement de ces nouveaux processeurs quantiques, plus puissants et moins énergivores.
Au-delà de son impact scientifique, cette dynamique autour du quantique préfigure également un positionnement concurrentiel vis-à-vis des géants mondiaux, aussi bien américains qu’asiatiques. Les opportunités de financement dans cette filière stratégique augmentent, avec la volonté de l’Union européenne d’équilibrer le jeu face aux investissements colossaux de la Chine et des États-Unis.
Bon à savoir : le concept de puce quantique en silicium
Contrairement aux circuits quantiques supraconducteurs, la puce développée par Quobly repose sur du silicium FD-SOI de 300 mm. Cette technologie, déjà présente dans les smartphones 5G, facilite la production à grande échelle et réduit les coûts de fabrication.
Une levée de fonds stratégique pour Quobly
Derrière cette montée en puissance, on retrouve une opération de financement chiffrée à 21 millions d’euros, se décomposant en 15 millions d’euros de subvention accordés par Bpifrance dans le cadre du programme France 2030, et 6 millions d’euros supplémentaires injectés en fonds propres par la société elle-même.
L’objectif déclaré est d’accélérer la phase de production industrielle de la puce Q100T. Sur le plan capitalistique, cette somme conforte la position de Quobly et crédibilise son projet auprès des investisseurs et des partenaires industriels. Elle permet également de structurer l’entreprise autour de nouveaux recrutements et de moyens techniques nécessaires à la mise au point de la production à grande échelle.
Cette double manne financière (publique et privée) témoigne aussi de la confiance institutionnelle placée dans la technologie quantique. En soutenant des innovations de rupture, Bpifrance joue ici un rôle de catalyseur, veillant à ce que la France ne perde pas sa place dans la course aux composants critiques. Le volet juridique se révèle aussi essentiel : la subvention doit respecter les règles encadrant les aides d’État au niveau européen, mais les autorités reconnaissent le caractère stratégique de ces technologies pour la souveraineté économique.
De son côté, Quobly s’illustre par sa capacité à mobiliser des fonds propres de manière significative : 6 millions d’euros sur un total de 21 millions. Un tel engagement financier reste rare chez les jeunes pousses Deeptech, souvent contraintes d’attendre une plus grande maturité scientifique et industrielle avant de pouvoir lever des capitaux conséquents. Quobly semble donc faire figure d’exception, grâce, notamment, à son ancrage dans la recherche académique de pointe.
France 2030 est un plan d’investissement national visant à soutenir la croissance, l’innovation et la transition écologique. Les projets financés sont sélectionnés selon leur impact potentiel pour l’avenir du tissu industriel, la recherche, et l’économie globale du pays. L’enjeu est de porter la France en tête de file dans certains secteurs-clés, comme les technologies quantiques.
La puce Q100T : un pas de géant dans la microélectronique quantique
Avec son design reposant sur 100 qubits physiques, la puce Q100T ambitionne de repousser les frontières des calculs complexes. En effet, là où l’informatique classique se heurte à des limitations exponentielles, le quantique pourrait apporter des solutions radicales dans le traitement de scénarios insolubles pour une machine traditionnelle. Qu’il s’agisse d’optimiser des chaînes logistiques, de simuler des réactions chimiques ou de perfectionner l’intelligence artificielle, les cas d’usage potentiels sont innombrables.
La véritable prouesse, toutefois, réside dans la compatibilité de cette puce avec les lignes de production déjà existantes. C’est grâce au silicium FD-SOI de 300 mm que Quobly espère accélérer l’industrialisation. Plutôt que de dépendre d’une technologie exotique ou encore non validée pour le grand public, l’entreprise s’appuie sur un procédé éprouvé dans les secteurs de l’électronique mobile et de l’automobile.
En plus de résoudre certains goulets d’étranglement techniques, cette approche favorise une réduction des coûts de production et un respect des normes de fiabilité exigées par les acteurs industriels. Selon de nombreux experts, le passage à des composants quantiques optimisés pour la haute production pourrait faire baisser les barrières à l’entrée et permettre à des entreprises de toutes tailles d’exploiter la puissance du quantique.
Le FD-SOI (Fully Depleted Silicon On Insulator) est une technologie de fabrication de puces qui consiste à isoler la couche de silicium actif par une fine couche d’oxyde. Cette structure améliore la performance énergétique et la densité des transistors, offrant une meilleure maîtrise des fuites de courant. Elle est souvent utilisée dans les semi-conducteurs dédiés à la 5G ou à l’automobile.
En adoptant cette base industrielle, Quobly évite de repartir de zéro en termes de lignes de production, tout en s’assurant une qualité de fabrication répondant aux standards les plus exigeants. À terme, cette optimisation permettra de rendre les puces quantiques plus abordables et plus faciles à intégrer dans des équipements variés, de la recherche fondamentale aux applications industrielles pointues.
Retour sur la genèse de Quobly
Fondée en 2022 à la suite d’un transfert de technologie issu de quinze années de recherche au CEA et au CNRS, Quobly est rapidement devenue un acteur incontournable dans le domaine de la microélectronique quantique. L’entreprise dispose d’un portefeuille de plus de 40 familles de brevets, témoignant de la richesse de sa recherche et développement.
Ce long travail en laboratoire a abouti à une découverte pivot : la possibilité de réaliser un qubit sur une plaque de 300 mm. Au-delà de la prouesse technique, cette avancée signifie une compatibilité immédiate avec les outils de fabrication standard utilisés dans l’industrie des semi-conducteurs. L’innovation de Quobly ne se limite donc pas à la performance calculatoire : elle repose sur la convergence entre l’univers quantique et les processus industriels déjà bien rodés.
Du point de vue corporate, l’entreprise se distingue aussi par sa volonté d’aller vite vers l’industrialisation. Nombre de jeunes pousses spécialisées dans la Deeptech mettent souvent plusieurs années à démontrer la faisabilité réelle de leurs prototypes. En misant sur le silicium FD-SOI et en s’alliant à des partenaires de renom, Quobly a su réduire drastiquement le temps séparant la phase de recherche et le déploiement industriel.
Dans ce cadre, la nomination de Philippe Delmas, ancien vice-président d’Airbus, à la présidence du conseil d’administration, donne un élan significatif à la stratégie de la startup. Son double profil, alliant management de grands groupes et soutien de startups, renforce l’orientation de Quobly vers un modèle à la fois agile et ancré dans les pratiques industrielles éprouvées.
Qui est Philippe Delmas ?
Ancien dirigeant chez Airbus, Philippe Delmas est reconnu pour ses compétences en stratégie industrielle. Son parcours mêle la direction d’entreprises de grande envergure et l’accompagnement de startups prometteuses, faisant de lui un atout de choix pour Quobly.
Le rôle clé de STMicroelectronics
Au centre de l’équation industrielle, on retrouve un partenariat stratégique avec STMicroelectronics, géant mondial de la fabrication de puces. Officiellement annoncé fin 2024, cet accord prévoit la mise à disposition de capacités de production avancées, ainsi que le partage de savoir-faire en matière de semi-conducteurs.
L’impact potentiel est considérable : STMicroelectronics apporte à Quobly une expertise éprouvée dans la gravure de composants complexes, la gestion de la chaîne logistique et la commercialisation de semi-conducteurs à grande échelle. De plus, la portée internationale de STMicroelectronics pourrait faciliter la diffusion de la puce Q100T sur des marchés clés, comme l’Europe, l’Asie ou l’Amérique du Nord.
Pour STMicroelectronics, cet investissement est une porte d’entrée dans l’univers du quantique. Alors même que la course mondiale s’intensifie, collaborer avec une startup pionnière comme Quobly lui permet de renforcer son positionnement technologique. Le risque de passer à côté d’une révolution industrielle est bien réel pour les industriels du secteur.
Le partenariat signé entre Quobly et STMicroelectronics englobe divers volets : fourniture de capacités de production, validation des procédés industriels, mise en réseau de fournisseurs de haute technologie et soutien logistique pour la distribution mondiale. Une bonne coordination entre les deux entités est cruciale pour respecter les délais et la feuille de route jusqu’à la commercialisation.
Face à la complexité de la production de circuits quantiques, l’expertise industrielle de STMicroelectronics représente un levier stratégique inestimable. Cette combinaison devrait permettre à Quobly de franchir rapidement les étapes de validation, de lever les freins réglementaires et d’assurer une qualité constante de ses produits en série. Finalement, ce partenariat illustre la logique de spécialisation et de complémentarité entre les acteurs Deeptech et les grandes firmes déjà solidement établies sur le marché.
Financement, défis légaux et perspectives pour la France
La subvention de 15 millions d’euros fournie par Bpifrance s’inscrit dans un dispositif plus large d’aides d’État allouées aux projets structurants de la Deeptech. Toutefois, ces aides sont encadrées par la réglementation européenne, qui fixe des limites strictes pour éviter toute distorsion de concurrence. Dans le cas de Quobly, la dimension fortement innovante et l’aspect stratégique du projet ont justifié la validation du dossier par les autorités.
Du point de vue juridique, il est essentiel de sécuriser la propriété intellectuelle des nouvelles technologies. Les quarante familles de brevets détenus par Quobly sont donc un atout majeur. En cas de litiges ou de contentieux, la solidité du portefeuille de brevets peut faire la différence et protéger la société contre d’éventuels concurrents. D’où l’importance d’avoir dès le départ investi du temps et des ressources dans ce volet.
En parallèle, le calendrier ambitieux annoncé pour la commercialisation dès 2027 implique une série d’étapes à franchir : validation des prototypes, certifications légales, partenariats stratégiques avec des équipementiers, etc. Chaque palier conquis sera scruté de près par les pouvoirs publics et les investisseurs, soucieux de mesurer le retour sur investissement et l’impact réel sur le tissu économique français.
Au niveau international, la concurrence s’organise autour de grands acteurs technologiques disposant de moyens financiers considérables. L’alliance avec STMicroelectronics et le soutien de Bpifrance permettent à Quobly de se positionner avec crédibilité dans ce contexte. Sur le long terme, la réussite de cette entreprise pourrait stimuler l’émergence d’un écosystème quantique plus vaste en France, allant de la formation de spécialistes à la création de nouveaux services dérivés.
Bon à savoir : protection de la propriété intellectuelle
Dans le secteur quantique, un brevet solide comprend la description précise des procédés de fabrication, des algorithmes innovants et de toute invention pouvant être reproduite à des fins industrielles. Cette protection sert autant à se défendre qu’à négocier des partenariats, via des accords de licence ou de distribution.
Les enjeux économiques d’une puce quantique en silicium
Au-delà de la prouesse technologique, la puce quantique en silicium soulève d’importantes questions économiques. Si la barrière à l’entrée reste élevée, notamment en termes de R&D, la standardisation sur des technologies existantes (comme le FD-SOI) pourrait accélérer la démocratisation du calcul quantique. Les entreprises qui sauront s’emparer tôt de ces innovations auront un avantage compétitif pour résoudre des problématiques de plus en plus complexes.
Dans le domaine financier, on imagine déjà l’impact sur la gestion de portefeuilles, l’évaluation de risques ou la détection de fraudes. Les algorithmes quantiques spécialisés pourraient réduire drastiquement les temps de calcul, permettant aux banques et aux assurances de prendre des décisions mieux éclairées et plus rapides.
D’autres secteurs ont également des attentes élevées : la pharmacie, par exemple, pour la modélisation de molécules complexes, ou encore l’énergie (optimisation de réseaux, stockage). Bref, l’arrivée d’une puce quantique produite en série pourrait bouleverser une multitude de filières économiques. Et la France, en soutenant Quobly, espère conserver une partie du leadership technologique.
Le marché de la quantique reste toutefois incertain, car il dépend de progrès scientifiques encore en cours. Des entreprises comme Quobly parient sur l’industrialisation rapide, mais la fiabilité des qubits, le contrôle des erreurs et la transition vers des architectures logicielles adaptées demeurent des défis non négligeables. La course est engagée, et chaque acteur cherche à prouver la robustesse de sa plateforme.
Regard vers l’industrialisation à grande échelle
Alors que le déploiement commercial est prévu pour 2027, Quobly travaille d’ores et déjà sur la gestion du scaling à grande échelle. Cela passe par la mise en place de lignes pilotes permettant de produire un premier lot de puces Q100T. L’idée est de tester l’intégration de ces composants quantiques dans divers systèmes d’exploitation et de vérifier qu’ils répondent aux standards en vigueur (sécurité, fiabilité, interopérabilité).
En parallèle, la société doit se conformer à la réglementation qui encadre la production et l’exportation de technologies sensibles. À l’échelle européenne, des discussions sont en cours pour définir un cadre plus uniforme, surtout dans le domaine quantique où les brevets et les secrets industriels ont une importance cruciale. Quobly s’inscrit dans cette dynamique, en cherchant à valoriser ses innovations tout en assurant leur protection.
Sur le plan financier, il faut veiller à la bonne gestion des 21 millions d’euros levés. Entre l’extension des équipes, l’investissement dans les infrastructures, les collaborations R&D et les démarches de certification, le budget alloué sera largement mobilisé. Les indicateurs de performance (qualité, rendement de production, stabilité des qubits) constitueront des critères de suivi pour les instances de gouvernance du projet.
Le rôle de la direction, incarnée par Maud Vinet et soutenue par Philippe Delmas, sera de maintenir un cap clair. Un pilotage efficace permettra de coordonner les multiples intervenants : chercheurs, ingénieurs, juristes, financiers, partenaires industriels et institutions publiques. Dans un contexte d’innovation de rupture, cette synergie est la clé de la réussite.
Une ambition quantique qui propulse la France dans la cour des grands
Avec l’annonce d’un financement à hauteur de 21 millions d’euros et un partenariat stratégique de premier plan, Quobly semble avoir réuni les ingrédients nécessaires pour concrétiser le rêve d’une puce quantique en silicium produite à grande échelle. Alors que la pression concurrentielle s’accroît, la France apporte un soutien marqué à cette filière naissante, consciente de l’enjeu géopolitique que représente le quantique.
De la recherche fondamentale à l’usine, chaque étape est un pas vers l’autonomie technologique. Cette autonomie pourrait stimuler la création de nouveaux emplois, attirer davantage d’investissements et positionner durablement l’Hexagone sur la carte mondiale de la Deeptech. Le dynamisme de Quobly et l’engagement de STMicroelectronics montrent que cette ambition n’est pas seulement théorique, mais bel et bien en marche.
Si tout se déroule comme prévu, la commercialisation en 2027 du processeur Q100T symbolisera un tournant majeur dans l’histoire de la microélectronique, en ouvrant la voie à des applications aujourd’hui encore inimaginables. L’année 2025 marquera une première validation industrielle, tandis que 2027 devrait confirmer l’entrée sur le marché d’une nouvelle génération de puces quantiques sur silicium.
Dans cette course, la France joue une carte déterminante : faire du quantique le nouvel étendard de son savoir-faire industriel, tout en renforçant son indépendance stratégique. Les années à venir seront décisives pour concrétiser cette ambition et prouver que l’Europe a les moyens de devenir un hub mondial de la technologie quantique.
Ce projet illustre la détermination de la France à se positionner en leader de l’ère quantique, un objectif qui se concrétise étape par étape.