À Paris, Qovery annonce une étape financière structurante et clarifie son ambition industrielle. La jeune pousse fondée en 2020 positionne son automatisation DevOps comme une alternative à la fois simple et flexible pour orchestrer des déploiements sur Kubernetes, tout en accélérant son implantation aux États-Unis. Avec une croissance solide et des références clients visibles, l’éditeur cible un marché fragmenté qui cherche la vitesse sans perdre la maîtrise technique.

Levée de 13 M$ et cap produit : accélération internationale et feuille de route maîtrisée

Qovery a bouclé une série A de 13 millions de dollars, soit environ 11 millions d’euros, annoncée le 30 septembre 2025, pour une valorisation post-money de 45 millions de dollars (Tech Startups, 30 septembre 2025). Le financement a été mené par IRIS avec la participation de Speedinvest, Crane Venture Partners, Techstars et Irregular Expressions.

Côté business angels, figurent notamment Olivier Pomel et Alexis Lê-Quôc de Datadog, Sebastian Pahl de Docker et Ott Kaukver de Checkout.com. Tous les investisseurs historiques ont réinvesti. Une part de dette est incluse dans le tour, non communiquée publiquement à ce stade, selon la presse spécialisée française (Journal du Net).

Les fonds seront fléchés vers deux axes annoncés par l’entreprise : accélérer l’expansion aux États-Unis et intégrer davantage d’IA dans la plateforme. L’objectif affiché est de renforcer la capacité d’automatiser les déploiements dans des environnements complexes, en réduisant l’effort humain et les délais.

Métriques Valeur Évolution
Montant de la série A 13 M$ (≈ 11 M€) Nouveau tour
Valorisation post-money 45 M$ Après tour
Croissance annuelle +115 % Année glissante
Portefeuille clients 100+ entreprises Non communiqué
Part de l’activité aux États-Unis Environ 50 % En hausse
Délais de déploiement observés Semaines à 1 jour Réduction forte
Rythme de déploiements Des milliers par jour Stabilisé

Qui est Qovery : fondation parisienne et équipe dirigeante

Créée en 2020 à Paris par Romaric Philogène, Pierre Mavro et Eneko Bilbao, Qovery fait le pari d’une couche d’abstraction au-dessus du cloud natif, pensée pour les développeurs. La société, qui s’inscrit dans l’écosystème French Tech, a indiqué viser un doublement de ses effectifs d’ici 2026 pour soutenir sa croissance internationale.

Ce que finance la série A de Qovery

Deux priorités sont communiquées par l’entreprise :

  1. Accélération commerciale aux États-Unis afin de structurer une activité qui pèse déjà environ la moitié du chiffre d’affaires selon la presse spécialisée.
  2. Renforcement des briques d’IA pour automatiser davantage le cycle de déploiement sur Kubernetes et faciliter les opérations dans des environnements multi-cloud.

Automatisation DevOps : PaaS historiques, IAC et nouveaux entrants, un marché morcelé

Le paysage DevOps réunit des couches et acteurs hétérogènes. Heroku, acquis par Salesforce en 2010, a popularisé l’hébergement applicatif simplifié.

Render et Railway modernisent ce modèle. Côté infrastructure-as-code, Terraform de HashiCorp s’impose comme un standard du provisionnement cloud, mais demande une expertise soutenue. Cette diversité apporte des options, mais crée aussi une fragmentation difficile à opérer à grande échelle.

Heroku : la référence historique du PaaS

Avec son approche plate-forme prêt à l’emploi, Heroku a fait école sur la simplicité d’exécution pour les applications web. La contrepartie est une granularité limitée pour des déploiements avancés et des environnements hybrides, point stratégique pour des ETI et grands comptes en France.

Render et Railway : l’agilité des challengers

Les nouveaux venus adoptent une posture plus modulable, souvent à des coûts compétitifs. Ils entretiennent la exigence de simplicité côté développeur, tout en cherchant une meilleure interopérabilité avec l’écosystème outillé de la production moderne.

Terraform : standard IAC, expertise requise

Terraform a permis d’industrialiser la gestion des ressources cloud. Son emploi à large échelle suppose des compétences internes et des revues de code rigoureuses. En France, les DSI y voient un levier de gouvernance, mais également une source de dépendance aux équipes DevOps seniors, peu disponibles.

Un PaaS masque la complexité opérationnelle pour accélérer la mise en production. L’IAC décrit l’infrastructure comme du code pour en garantir la traçabilité. La CI/CD orchestre build, tests et déploiements. Qovery intervient comme une couche d’automatisation axée déploiements et environnements, complémentaire à l’IAC et à la CI/CD, avec un focus Kubernetes et multi-cloud.

Qovery : une interface PaaS sur Kubernetes pour des déploiements plus rapides

Qovery se présente comme une solution hybride qui marie la simplicité d’un PaaS et la souplesse du cloud natif. La plateforme vise à automatiser de bout en bout l’orchestration d’environnements sur Kubernetes, y compris en multi-cloud, sans exiger une expertise DevOps approfondie. D’après des articles spécialisés, la mise en place, qui prenait plusieurs semaines, peut être ramenée à une journée, avec des milliers de déploiements quotidiens en production.

Cette automatisation se veut indépendante des fournisseurs cloud et adaptée aux environnements hybrides, un atout pour limiter le verrouillage technologique. L’entreprise met en avant la réduction des cycles, la réplication des environnements et la standardisation des bonnes pratiques de déploiement.

« Cette levée nous permet d’accélérer notre expansion aux États-Unis et de doubler nos effectifs d’ici 2026 », a déclaré récemment Romaric Philogène, CEO et cofondateur, en réaffirmant l’orientation produit autour de l’automatisation.

Être multi-cloud, c’est déployer sur plusieurs fournisseurs. Être indépendant, c’est abstraire les dépendances au maximum.

Qovery revendique l’automatisation des couches de déploiement au-dessus de Kubernetes pour réduire le risque de dépendance. Les ressources natives du fournisseur restent toutefois pertinentes pour l’observabilité, la base de données ou le réseau, points qui s’intègrent sans être totalement effacés.

Traction commerciale et références clients

Qovery rapporte une croissance annuelle de 115 % et un portefeuille de plus de 100 clients. Les secteurs adressés couvrent la santé et l’éducation en ligne, preuve de l’adaptabilité de la couche d’automatisation. Selon des médias spécialisés, l’éditeur accélère son expansion aux États-Unis, marché qui pèse déjà environ la moitié de son activité.

Alan : cas d’usage dans la santé numérique

Parmi les références citées figure Alan. Dans un environnement réglementé et sensible à la disponibilité du service, l’automatisation des déploiements réduit les risques de goulots d’étranglement liés aux interventions manuelles et aide à maintenir la cadence produit.

Talkspace et RxVantage : empreinte santé aux États-Unis

Talkspace et RxVantage symbolisent des besoins d’industrialisation des release managements dans la santé numérique. Les cycles de déploiement plus courts contribuent à augmenter la fréquence des mises à jour tout en structurant les contrôles.

Didask : illustration edtech

Côté formation en ligne, Didask s’inscrit dans un usage orienté rapidité d’itération. Standardiser l’environnement et la publication permet d’aligner le calendrier de livraison avec les objectifs pedagogiques et commerciaux.

Indicateurs à suivre côté DAF et CTO

Pour évaluer la valeur économique d’une automatisation des déploiements, trois repères opérationnels :

  1. Lead time de mise en production avant et après intégration.
  2. Taux de déploiements réussis et temps moyen de remédiation.
  3. Charge DevOps évitée convertie en capacité projet côté équipes produit.

Talents IT sous tension : pourquoi l’automatisation devient prioritaire

Les directions techniques composent avec une pénurie de compétences DevOps qui retarde les programmes de transformation. Des analyses évoquent que 67 % des projets digitaux prennent du retard par manque de compétences IT (IDC). Dans ce contexte, le marché valorise les plateformes capables d’absorber une partie de la complexité de déploiement, d’uniformiser les environnements et de réduire l’effort d’intégration.

La proposition de Qovery s’inscrit dans cette logique : automatiser l’essentiel des tâches répétitives liées au déploiement, offrir des environnements reproductibles et limiter la dépendance à des profils rares. La cible identifiée est claire : raccourcir les cycles de lancement pour sortir plus vite en production, sans multiplier les couches d’expertise internes.

Le retard par manque de compétences signale que l’enjeu n’est pas uniquement budgétaire. Il porte sur la scalabilité organisationnelle des équipes et la capacité à codifier les pratiques en pipelines reproductibles. Un socle d’automatisation, combiné à de la formation ciblée et à une gouvernance outillée, réduit l’exposition au risque de dépendance aux experts.

French Tech, gouvernance et concurrence : un positionnement clarifié

Qovery opère depuis Paris et participe à l’écosystème French Tech. L’entreprise n’apparaît pas dans la cohorte 2025 du programme French Tech Next40/120, selon les annonces officielles de juin 2025, mais contribue à la dynamique d’innovation locale et à la visibilité des solutions DevOps d’origine française. Les initiatives mises en avant lors de VivaTech en juin 2025, comme Je choisis la French Tech, encouragent les contrats entre startups et grands groupes, terrain naturel d’adoption pour une automatisation de déploiement.

Sur le plan concurrentiel, Qovery se distingue d’outils de CI/CD intégrés comme GitLab ou CircleCI en se concentrant sur la couche d’orchestration des environnements, au-dessus de Kubernetes, et sur la promesse de multi-cloud opérationnel. Cette spécialisation, couplée à un ciblage de la pénurie de talents DevOps, constitue un angle de différenciation net face aux PaaS historiques et aux briques IAC pures.

Ce que les directions tech et finance peuvent en tirer dès maintenant

Les décideurs disposent d’indicateurs pour juger l’intérêt d’une plateforme d’automatisation des déploiements. Si l’entreprise vise une réduction tangible des délais et une moindre dépendance aux profils rares, les solutions qui industrialisent les environnements Kubernetes méritent une évaluation structurée. À court terme, l’arbitrage porte sur l’équilibre entre simplicité PaaS et flexibilité cloud natif, deux attributs que Qovery cherche à concilier.

L’agenda 2025 combinera probablement expansion commerciale et consolidation produit autour de l’IA et du multi-cloud. Les organisations françaises et européennes, soucieuses d’optimiser leurs budgets IT, pourront y voir un moyen accéléré de fiabiliser le passage en production sans démultiplier les ressources internes.

Rester maître du time-to-market tout en préservant la gouvernance technique devient un métrique de pilotage aussi stratégique que le budget lui-même.