Comment les PME des Hauts-de-France se développent à l’export ?
Découvrez comment deux PME des Hauts-de-France intègrent le programme Propulseur Export pour se structurer à l'international.

Cap sur l’international pour deux PME des Hauts-de-France. Quinze sociétés françaises, dont deux acteurs régionaux, intègrent la quatrième promotion du programme Propulseur Export de Bpifrance. Objectif affiché : structurer une stratégie export solide en douze mois, avec un accompagnement intensif et mesurable. Un signal fort pour l’industrie, à l’heure où la compétitivité se joue de plus en plus hors des frontières.
Quatrième promotion propulseur export : cap sur l’accélération internationale
Propulseur Export cible les PME et ETI décidées à franchir un cap à l’export. Le parcours dure douze mois et combine diagnostics, ateliers, coaching dirigeant, missions collectives et rencontres business dans des zones prioritaires. La promotion en cours rassemble quinze entreprises aux profils complémentaires, avec un biais assumé pour l’industrie et la chimie, deux secteurs clés de la réindustrialisation française.
Au-delà de la formation, le dispositif s’appuie sur une logique d’exécution. Les dirigeants travaillent des feuilles de route export opérationnelles, adossées à des indicateurs suivis au long cours. Les priorités reviennent souvent : sélection de marchés cibles, construction d’un pitch technique crédible, calibrage de l’offre, et sécurisation des premières commandes à l’étranger.
Du point de vue juridique et financier, l’enjeu n’est pas seulement commercial. Les participants renforcent leurs process de conformité réglementaire, d’assurance-crédit, de compliance douanière et de financement du cycle de vente export. Un faisceau de sujets critiques pour signer, livrer et se faire payer.
Ce que Propulseur Export met sur la table
Le programme associe accompagnement stratégique et exécution commerciale, avec une emphase sur la conformité et la structuration financière.
- Coaching dirigeant et ateliers spécialisés pour la vente complexe B2B.
- Accès à des réseaux de partenaires et prospects dans les zones cibles.
- Diagnostics réglementaires et conseils en conformité sectorielle.
- Appui au financement export et à la gestion du risque client.
Une PME compte moins de 250 salariés et affiche un CA annuel n’excédant pas 50 millions d’euros ou un total de bilan inférieur à 43 millions d’euros. Une ETI regroupe de 250 à 4 999 salariés et un CA n’excédant pas 1,5 milliard d’euros ou un total de bilan inférieur à 2 milliards d’euros. Les deux catégories portent l’essentiel de l’emploi industriel et se montrent cruciales pour l’export hors grandes multinationales.
Architecture d’accompagnement et exigences de gouvernance
Propulseur Export s’organise en modules thématiques. Les entreprises y outillent leur approche pays par pays, structurent la gouvernance export et cadenassent les sujets sensibles : propriété intellectuelle, conformité produit, contrats, logistique, service après-vente. L’un des bénéfices tangibles réside dans la mise en place d’un pilotage chiffré avec jalons, responsabilités et décisions documentées.
La dimension financière est centrale. L’export exige des capacités de prospection, un besoin en fonds de roulement renforcé et, souvent, la mobilisation de solutions de garantie ou d’assurance. L’adossement aux offres Bpifrance et aux partenaires de l’écosystème peut accélérer la montée en puissance, à condition d’aligner l’organisation interne et les priorités commerciales.
Dans les filières industrielles, l’exigence technique conditionne l’accès aux marchés. Certifications, essais, marquage, conformité aux directives européennes, contrats de maintenance : ces volets pèsent dans la décision d’achat et requièrent une diligence documentaire. L’accélérateur s’emploie à les traiter de manière pragmatique, au service du business.
L’export consomme du cash avant de le générer. Les dispositifs Bpifrance et partenaires permettent de partager le risque sur la prospection et le poste clients. L’enjeu opérationnel est de calibrer les besoins de trésorerie, de planifier les appels de fonds et d’orchestrer les lignes d’assurance-crédit pour ne pas brider l’exécution commerciale.
Hauts-de-france : relais de croissance confirmés pour l’industrie
La sélection de deux entreprises des Hauts-de-France illustre une tendance lourde : la région combine une base industrielle dense, une ouverture logistique naturelle vers l’Europe du Nord et une culture du sur-mesure industriel. Sur 2024, le Baromètre industriel de l’État fait état d’un solde net positif de 89 ouvertures et extensions d’usines, signal de confiance sur les capacités productives et d’investissement (DGE, mars 2025).
Cette dynamique s’inscrit dans le continuum des politiques publiques, entre priorités de décarbonation, renforcement de l’autonomie stratégique et montée en gamme technologique. Les retombées attendues sont concrètes pour les PME industrielles : montée du carnet de commandes, proximité de nouveaux donneurs d’ordres, opportunités de co-développement et interactions renforcées avec les écosystèmes export.
Sur l’axe export, les PME régionales présentes sur des niches technologiques voient croître la demande pour des solutions fiables et traçables. La différenciation par la qualité, la conformité et le service connecté crée un avantage compétitif sur des marchés européens matures, tout en ouvrant la voie à des zones IIb via des partenariats distributeurs ou des alliances OEM.
Indicateurs régionaux à suivre pour consolider l’export
Trois métriques opérationnelles permettent d’évaluer la robustesse du rebond industriel et son potentiel export dans les Hauts-de-France.
- Taux d’utilisation des capacités des sites industriels et carnet de commandes à 3-6 mois.
- Part des ventes export dans le chiffre d’affaires des PME industrielles, par filière.
- Investissements en modernisation et digitalisation des lignes, gages de qualité répétable.
Le solde net positif d’ouvertures et d’extensions signale un tissu productif qui s’étoffe. En complément, il faut surveiller la nature des projets ouverts, leur intensité capitalistique, le positionnement technologique et la disponibilité des compétences. Ce sont ces éléments qui conditionnent l’effet d’entraînement pour les sous-traitants et les équipementiers.
Deux trajectoires industrielles à l’échelle européenne
Mineur bécourt systèmes : ingénierie de portes techniques et montée en puissance export
Basée à Valenciennes, Mineur Bécourt Systèmes conçoit et fabrique des portes industrielles et techniques sur mesure pour des secteurs exigeants, de la logistique à l’agroalimentaire en passant par l’industrie lourde. L’entreprise a dégagé un chiffre d’affaires 2023 de 10,3 millions d’euros, reflet d’une croissance maîtrisée malgré les tensions sur les coûts d’approvisionnement.
Le sur-mesure est ici un avantage concurrentiel, à condition de tenir la reproductibilité et les délais. En Europe, les exigences de sécurité et de performance sont strictes.
Les portes industrielles destinées à des sites soumis à des flux élevés doivent se conformer à des normes techniques et de sécurité rigoureuses. La crédibilité à l’export passe par une documentation produit irréprochable, des essais et une chaîne d’installation certifiée.
Propulseur Export peut aider MBS à prioriser ses marchés, à orchestrer la génération de leads par segment et à structurer son offre de services, notamment la maintenance et la garantie. L’entreprise a par ailleurs un intérêt à valoriser la durabilité de ses solutions, critère de plus en plus décisif dans les appels d’offres européens.
Focus chiffres clés : Mineur Bécourt Systèmes
Des repères financiers et opérationnels pour apprécier l’effet du plan export.
- CA 2023 : 10,3 millions d’euros.
- Positionnement : portes industrielles et techniques sur mesure.
- Marchés cibles potentiels : Europe centrale, Allemagne, Benelux.
Côté exécution, une stratégie par étapes est pertinente : installer des références dans 1 à 2 pays proches, sécuriser un réseau d’installateurs partenaires, puis étendre à des marchés connexes. L’accent doit porter sur le service après-vente, la maintenance préventive et la disponibilité des pièces, déterminants de la satisfaction client et de la répétition des ventes.
Pour gagner des appels d’offres européens, la traçabilité des matériaux, les performances d’isolation, la résistance au feu et la sécurité d’usage doivent être documentées. Les dossiers doivent intégrer des protocoles de test, des plans de maintenance, et des engagements de délais. Le calibrage des garanties et l’assurance de chantier sont des pivots pour pénétrer les segments à forte barrière à l’entrée.
Stikoïa : colles industrielles et chimie responsable, un relais à l’international
Implantée à Sallaumines, Stikoïa fabrique des adhésifs industriels. L’entreprise emploie 23 salariés pour un chiffre d’affaires d’environ 6 millions d’euros.
Anciennement Sealock, elle a adopté son identité actuelle afin de refléter son orientation vers des formulations plus durables. Son historique met en avant des investissements dans des colles d’origine végétale et une certification ISO 26000 valorisant ses engagements RSE.
Les marchés ciblés sont demandeurs d’adhésifs performants et plus responsables, notamment dans l’emballage, le e-commerce, l’ameublement ou certains usages automobiles. La stratégie export peut capitaliser sur une différenciation claire : performance technique, empreinte environnementale améliorée, conformité réglementaire et capacité d’accompagnement technique de proximité.
Pour Stikoïa, l’avantage compétitif se construit par la qualité des tests et l’assistance technique terrain. Une approche par applications finales et par marchés pilotes (Europe, puis Asie via partenaires sélectionnés) offre des perspectives concrètes. Le programme Propulseur Export peut catalyser cet effort commercial en systématisant le ciblage de distributeurs spécialisés et d’intégrateurs.
La norme ISO 26000 n’est pas certifiable au sens strict, mais un référentiel d’évaluation reconnu permet d’attester la maturité RSE. Pour des acheteurs industriels, cela traduit un niveau d’engagement sur l’éthique, l’environnement et la chaîne d’approvisionnement. Couplée à des données de cycle de vie et des fiches techniques transparentes, cette démarche peut faire pencher un appel d’offres en faveur d’un fournisseur responsable.
Attention toutefois aux implications réglementaires. Les adhésifs destinés aux emballages ou aux applications sensibles doivent intégrer les contraintes de migration, de substances restreintes et de traçabilité des lots. L’export impose d’anticiper les délais d’homologation et la documentation technique dans la langue du pays visé, avec un service client adapté.
Accès marché pour des adhésifs durables : le trio différenciant
Trois leviers concrets pour accélérer les ventes export d’adhésifs.
- Preuves d’usage chez des clients de référence et tests en conditions réelles.
- Documentation réglementaire complète, y compris scénarios d’exposition et FDS multilingues.
- Service d’application sur site pour l’optimisation des lignes et la réduction des rebuts.
Leviers économiques et métriques d’impact à douze mois
Dans les précédentes promotions, Bpifrance indique que les entreprises accompagnées constatent en moyenne une hausse de leurs exportations à l’issue du programme. Le cœur de la démarche consiste à transformer une ambition en pipeline concret, puis en commandes récurrentes. Pour y parvenir, la rigueur des indicateurs fait la différence.
Trois familles de KPI s’imposent pour piloter l’effet de Propulseur Export : l’activité commerciale, le volet financier et les risques. Le pilotage doit rester simple, mais sans concessions sur la qualité des données. Une revue mensuelle de la performance par marché et par canal, suivie d’un ajustement des ressources, augmente significativement les chances de succès.
- Business : nombre de leads qualifiés, taux de conversion, durée moyenne du cycle de vente, valeur moyenne des commandes.
- Financier : marge à l’export, impact sur le BFR, délai de paiement moyen, coût d’acquisition client.
- Risque : exposition pays, sinistralité assurance-crédit, conformité documentaire, taux d’incidents logistiques.
Pour une PME industrielle avec 10 millions d’euros de chiffre d’affaires, un scénario prudent pourrait viser quelques marchés prioritaires, 2 à 3 partenaires clés par pays et une montée graduelle des ventes export. L’important est la répétabilité des process commerciaux et opérationnels, au-delà du coup d’éclat ponctuel.
Le choix des incoterms conditionne le transfert de risques et de coûts. L’arbitrage entre assurance-crédit, garanties à première demande et acomptes doit être fait en amont de la négociation. En parallèle, l’entreprise doit cartographier les risques pays, douaniers et bancaires pour calibrer ses engagements et préserver sa trésorerie.
Check-list export pour industriels : éviter les angles morts
Avant le premier bon de commande, les fondamentaux suivants sécurisent l’exécution et le cash.
- Conformité produit et dossier technique complet par marché cible.
- Clauses contractuelles verrouillant incoterms, pénalités, garanties et droit applicable.
- Chaîne logistique et SAV documentés, avec niveaux de service mesurables.
- Assurances et couverture du poste clients adaptées au pays et au secteur.
- Plan de trésorerie incluant acomptes, jalons de facturation et délais de paiement.
Réglementations, conformité et compétitivité : les dossiers à ne pas sous-estimer
La compétitivité à l’export ne se limite pas au prix. Dans l’industrie, la conformité réglementaire, la traçabilité et la qualité documentaire sont souvent des prérequis d’accès aux appels d’offres. Les entreprises doivent formaliser leurs processus et aligner leurs fournisseurs sur les mêmes standards.
Pour la fabrication de colles industrielles, les exigences de sécurité chimique et de communication en chaîne d’approvisionnement sont déterminantes. Pour les portes techniques, la conformité fonctionnelle et la sécurité d’usage restent non négociables. Ces réalités techniques sont plus qu’un coût : bien maîtrisées, elles sont un facteur de crédibilité commerciale et un avantage comparatif.
La montée en compétence des équipes commerciales sur ces sujets est décisive. Les meilleurs arguments sont souvent factuels : résultats d’essais, audits, retours d’expérience et contrats de maintenance. Les directions financières, elles, veillent à ce que l’effort export ne détériore pas la structure de marge ni le cycle de conversion de trésorerie.
La structuration des données techniques, des historiques de performance et des certificats permet d’accélérer les réponses aux appels d’offres et de réduire les délais d’homologation. En standardisant les dossiers techniques par type d’application, l’entreprise gagne en vélocité, limite les erreurs et crédibilise son discours auprès d’acheteurs experts.
Calendrier d’exécution et jalons concrets de la promotion 4
Sur douze mois, la trajectoire gagnante distingue trois temps forts. D’abord, un cadrage stratégique pour choisir des marchés précis et définir les offres associées. Ensuite, une phase d’acquisition et de preuve commerciale où l’on signe des premières références. Enfin, un passage à l’échelle, centré sur l’organisation, la logistique et le financement.
Les dirigeants gagnent à sanctuariser du temps agenda pour les revues export et à instaurer des points de passage clairs : plans d’action par pays, jalons de contractualisation, contrôle qualité des dossiers techniques, décisions de go ou no-go. La méthode ne remplace pas l’audace commerciale, mais elle en augmente la portée et la fiabilité.
Pour Mineur Bécourt Systèmes comme pour Stikoïa, cette discipline de pilotage est un accélérateur. Leur proposition de valeur, déjà lisible, doit maintenant se décliner en preuves tangibles sur deux ou trois marchés cibles. C’est ainsi que l’on transforme un programme en résultats économiques.
Trois jalons pour mesurer l’avancement
Une lecture simple et utile pour le comité de direction.
- M3-M4 : marchés cibles confirmés, pipeline qualifié ouvert, dossiers techniques finalisés.
- M6-M8 : premières commandes signées, partenaires locaux contractualisés, process logistique stabilisé.
- M10-M12 : récurrence commerciale, montée en capacité, marge export préservée.
Deux entreprises, un signal pour l’industrie française
La nouvelle promotion de Propulseur Export met en lumière une vérité simple : des PME industrielles bien outillées peuvent gagner des parts de marché à l’international. Mineur Bécourt Systèmes et Stikoïa incarnent cette capacité à conjuguer exigence technique et discipline commerciale, dans un contexte français de réindustrialisation et d’ouverture.
La trajectoire à douze mois sera décisive. Si les jalons sont tenus, ces deux entreprises des Hauts-de-France peuvent devenir des cas d’école d’un export maîtrisé, alignant création de valeur, conformité et performance opérationnelle. Un bon thermomètre d’une industrie française qui investit, se modernise et se projette au-delà des frontières.
En réunissant accompagnement structuré, exigences de conformité et propositions industrielles différenciantes, la 4e promotion de Propulseur Export offre aux deux lauréats des Hauts-de-France un terrain propice pour convertir l’ambition internationale en résultats tangibles.