À Manosque, Proman accélère sa trajectoire sur le marché français du portage salarial en mettant la main sur Embarq. L’opérateur, fondé en 1990, aligne aujourd’hui 6 500 collaborateurs, opère dans plus de 15 pays et revendique 4,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Ce rachat confirme une stratégie de croissance externe assumée et oriente davantage le groupe vers des services à forte récurrence.

Portage salarial : cap stratégique avec Embarq

Le rachat d’Embarq, jeune pousse parisienne créée en 2017 et spécialisée dans le portage salarial, marque un tournant pour Proman. Ce mouvement s’inscrit dans une logique d’extension d’offre, afin de couvrir un spectre plus large des besoins RH des entreprises et des indépendants qualifiés. Proman consolide ainsi un socle déjà en place, constitué notamment d’Akuit et de Coalise, pour proposer une offre intégrée et lisible à ses clients.

Le portage salarial répond à une demande croissante d’agilité contractuelle. Sur un marché supérieur à 2 milliards d’euros, la présence accrue de Proman place le groupe en situation de négocier des volumes, de mutualiser les fonctions support et d’optimiser la distribution via son réseau d’agences. À la clé, une meilleure pénétration des secteurs porteurs comme l’IT, le conseil ou l’ingénierie.

Embarq : chiffres clés et positionnement

Embarq s’est implantée à Paris, Lyon, Marseille, Lille, Annecy et Toulouse. Elle accompagne plus de 4 000 professionnels et affiche, depuis 2018, une progression annuelle moyenne de 85 %, pour atteindre 130 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Son modèle est centré sur la gestion administrative, sociale et fiscale des indépendants, leur permettant de sécuriser leur activité tout en conservant une forte autonomie dans la conduite des missions.

Akuit et Coalise : consolidation autour du portage

En septembre 2021, Proman a racheté Coalise, un signe précurseur de son intérêt pour le portage salarial. L’intégration d’Embarq complète ce dispositif et conforte l’axe portage au sein du groupe aux côtés d’Akuit. En pratique, la combinaison de marques et de process déjà structurés avec la dynamique d’une start-up de croissance doit enrichir l’offre, créer des passerelles entre bassins d’emploi et rationaliser l’onboarding des consultants portés.

Bon à savoir : l’offre portage de Proman après l’opération

Ce que l’on peut retenir côté périmètre et orientation :

  • Chaînage d’acteurs avec Embarq, Akuit et Coalise, pour une couverture nationale renforcée.
  • Segments visés : IT, conseil, ingénierie, fonctions spécialisées à forte valeur ajoutée.
  • Modèle de service : gestion administrative, sociale et fiscale externalisée pour les indépendants.

Effets chiffrés sur l’activité portage chez Proman

Avec l’intégration d’Embarq, Proman se hisse à près de 200 millions d’euros de chiffre d’affaires dans le portage salarial. Rapporté à un marché évalué à plus de 2 milliards d’euros, l’opérateur revendique une part proche de 9 %. Ce poids permet de densifier les flux commerciaux et de stabiliser des revenus récurrents, utiles pour lisser les cycles plus volatils du travail temporaire classique.

Au niveau du groupe, la dynamique reste soutenue : Proman a enregistré une croissance de 7,3 % en 2024, confirmée par la presse économique spécialisée en février 2025 (Le Journal des Entreprises). Ce profil de croissance valide le pari d’un mix organique et externe, avec le portage comme relais d’expansion complémentaire à l’intérim et au recrutement.

La part proche de 9 % résulte du rapport entre près de 200 millions d’euros réalisés par Proman dans le portage et un marché global à plus de 2 milliards d’euros. Elle est indicative et dépend des périmètres retenus par les acteurs, de la consolidation de filiales, et des bases de comparaison annuelles.

Croissance externe : une chronologie assumée

La trajectoire de Proman s’appuie sur des acquisitions ciblées pour renforcer des métiers récurrents et accélérer la couverture géographique. Le rachat d’Embarq intervient après plusieurs jalons structurants et éclaire l’ambition 2025.

Coalise : rachat en 2021 et ancrage français

En septembre 2021, l’intégration de Coalise s’est traduite par un renforcement immédiat du portage côté France. Le groupe a ainsi posé un premier jalon sur ce créneau, avec une marque connue des consultants et des entreprises de services. Embarq ajoute une couche d’industrialisation et un réseau métropolitain élargi.

Timing aux Pays-Bas : passage dans le top 10 mondial

En juin 2022, Proman a réalisé son opération la plus significative à l’international en rachetant Timing aux Pays-Bas. Cette acquisition lui a permis d’entrer dans le top 10 mondial du secteur, un changement d’échelle qui consolide sa présence en Europe du Nord et son statut d’acteur paneuropéen. Sur cette base, le groupe a affiché l’objectif d’atteindre 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2025, en combinant croissance organique et build-up.

Objectif 2025 : ce que vise Proman

Cap annoncé à 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, avec une trajectoire alimentée par :

  • Croissance organique soutenue sur les métiers de base et les services à valeur ajoutée.
  • Acquisitions ciblées pour densifier les géographies, les verticales et les canaux.
  • Effets réseau via l’intégration progressive de marques locales et nationales.

Conjoncture 2024-2025 : moteurs du marché B2B

Les services aux entreprises, incluant l’intérim et le portage salarial, évoluent sur un terrain macroéconomique en amélioration graduelle. D’après le tableau de bord de la conjoncture de l’INSEE, mis à jour en août 2025, le secteur enregistre une croissance de 4,2 % au deuxième trimestre 2025. Cette dynamique favorise les activités de staffing et renforce les flux de missions.

Proman, avec sa base de clients diversifiée, bénéficie aussi de la structure entrepreneuriale française. Les entreprises de moins de 250 salariés représentent 99,8 % des entités en France et contribuent à 48 % de la valeur ajoutée. Ce tissu de TPE et PME, acheteur majeur de prestations flexibles, demeure le socle de la demande pour le portage salarial et l’intérim qualifié.

Côté activité groupe, la progression de 7,3 % en 2024 atteste d’une bonne tenue des volumes et d’un positionnement aligné sur les besoins opérationnels des clients, en particulier sur les métiers pénuriques et les missions de transformation.

  • Conjoncture des services avec une croissance positive au T2 2025, signal avancé pour l’activité RH.
  • Poids des PME dans la demande d’externalisation et de flexibilité contractuelle.
  • Transformation numérique qui multiplie les missions de courte à moyenne durée pour experts.

Le marché français du portage salarial en 2025

Le portage salarial en France progresse avec l’essor du travail indépendant et la montée des projets digitaux. Le baromètre annuel de France Num, publié par la Direction générale des Entreprises, indique que 60 % des TPE et PME accélèrent leur numérisation, ce qui stimule mécaniquement la demande en profils agiles, mobilisables en mission et sécurisés via le portage salarial (DGE, septembre 2025).

À cette tendance s’ajoute un recours accru au pilotage par projets dans les fonctions support, l’IT et l’ingénierie, ainsi qu’une recherche d’optimisation du coût total de possession des compétences. Les entreprises privilégient des engagements modulaires, adaptés aux phases clés d’un projet, plutôt qu’un renforcement durable de la masse salariale.

Secteurs IT, conseil et ingénierie : un mix porteur

Embarq alimente la présence de Proman sur des segments où la demande reste soutenue. Les missions typiques recouvrent notamment :

  • IT : renfort sur projets applicatifs, migration cloud, cybersécurité, data.
  • Conseil : transformation digitale, conduite du changement, performance opérationnelle.
  • Ingénierie : industrialisation, qualité, supply chain, méthodes.

Le portage salarial se distingue par sa capacité à contractualiser rapidement, tout en confiant à la société de portage la gestion administrative, sociale et fiscale du consultant. Cela sécurise la relation et fluidifie l’exécution des missions, en particulier lorsque les plannings sont compressés.

Bon à savoir : lecture chiffrée du marché du portage

Repères pour situer la trajectoire de Proman dans le portage salarial :

  • Marché estimé à plus de 2 milliards d’euros en France.
  • Proman : près de 200 millions d’euros de revenus sur le segment après l’intégration d’Embarq.
  • Part de marché proche de 9 %, sous réserve des périmètres retenus par les acteurs.

Le portage salarial organise une relation tripartite : le client confie une mission à un professionnel, qui est salarié de la société de portage. Cette dernière gère les aspects administratifs, fiscaux et sociaux. Le dispositif améliore la sécurité du professionnel indépendant et la conformité des entreprises clientes, tout en préservant la souplesse d’exécution des missions.

Gouvernance, risques et conformité : enjeux pour les entreprises

L’industrialisation du portage appelle une maîtrise rigoureuse des risques sociaux et réglementaires. Pour les entreprises clientes, l’intérêt est de bénéficier d’une prestation cadrée et d’une gestion formalisée des intervenants. Pour le groupe, le défi consiste à maintenir une qualité de service homogène, malgré le rythme des intégrations et l’hétérogénéité des systèmes opérationnels.

La gestion des données personnelles, la conformité sociale et la prévention des risques liés à la relation de mission imposent des standards élevés. Les acteurs du secteur investissent dans leurs processus d’onboarding, de contrôle et de suivi de mission, afin de sécuriser contractuellement les engagements tout en limitant les frictions opérationnelles pour les consultants et les clients.

Points de vigilance pour un recours sécurisé au portage salarial

Principales zones d’attention pour les entreprises :

  • Définition précise de la mission et des livrables attendus, avec des dates et un périmètre clairs.
  • Validation du statut du consultant porté et adéquation des assurances professionnelles mobilisées.
  • Suivi de conformité sur la gestion administrative et sociale, via la société de portage.
  • Protection des données durant la mission, en particulier pour les interventions IT et data.

Les synergies attendues proviennent de la centralisation de la conformité, de la mutualisation des outils d’onboarding et de la couverture commerciale croisée entre entités. Le rapprochement des référentiels qualité et des pratiques opérationnelles favorise l’harmonisation des délais et des standards de service, avec un impact direct sur l’expérience client et consultant.

Feuille de route 2025 : cap à 6 milliards d’euros et consolidation du portage

Avec Embarq, Proman densifie un relais de croissance récurrent qui complète ses métiers historiques. Le groupe vise 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2025, en combinant la performance de ses activités existantes, l’apport de ses acquisitions et une discipline d’intégration axée sur la qualité de service.

Sur un marché du portage en expansion, tiré par la transformation numérique des TPE et PME et une conjoncture des services mieux orientée, l’opérateur manosquin s’équipe pour capter davantage de valeur. La clé sera d’orchestrer l’exécution, sans diluer l’exigence opérationnelle qui a fait sa croissance récente.

Rigueur d’intégration et clarté d’offre feront la différence dans la course à l’échelle.