Un portefeuille éolien de 121 MW pour la transition énergétique en Normandie
La collaboration entre CA NPL et Amundi propulse un portefeuille éolien de 121 MW, alliant rendement et innovations écologiques.

En Normandie et Pays de la Loire, CA NPL accélère. Le fonds régional du groupe Crédit Agricole prend, avec d’autres véhicules d’Amundi Transition Énergétique, le contrôle d’un portefeuille de 12 parcs éoliens terrestres totalisant 121 MW, principalement en France, avec une extension en Belgique. Une opération 100 % verte qui conjugue rendement, ancrage territorial et optimisation industrielle.
121 mw d’éolien terrestre changent de mains en europe de l’ouest
Le portefeuille racheté comprend 12 parcs éoliens opérationnels dont 11 situés en France et 1 en Belgique. Avec 121 MW de puissance installée, l’ensemble représente une capacité annuelle permettant d’alimenter environ 30 000 foyers en électricité, sur la base d’une hypothèse de consommation annuelle conservatrice par ménage. L’ordre de grandeur correspond à la consommation d’une ville comme Évreux.
Ces actifs ont été développés par EDP Renewables, un acteur mondial de référence dans les énergies renouvelables, filiale du groupe portugais EDP. À fin 2023, EDP Renewables gérait plus de 15 GW de capacité installée au niveau mondial, avec une présence significative en Europe. La transaction s’inscrit dans une logique de rotation d’actifs, fréquente dans l’éolien terrestre, qui consiste à céder des parcs en exploitation afin de financer de nouveaux développements.
Du côté acquéreur, Amundi Transition Énergétique a mobilisé plusieurs de ses fonds, dont CA NPL, afin de prendre 100 % du capital de ce portefeuille. L’opération consolide des positions stratégiques sur des actifs arrivés à maturité technique, générateurs de cash flows récurrents et susceptibles d’optimisations technico-économiques à court et moyen terme.
Chiffres clés de l’opération
Des données à retenir pour évaluer l’impact énergétique et financier de l’ensemble racheté.
- 12 parcs éoliens terrestres opérationnels.
- 121 MW de puissance installée totale.
- 11 actifs en France et 1 en Belgique.
- 100 % des titres détenus par des fonds gérés par Amundi Transition Énergétique.
- Électricité équivalente à 30 000 foyers sur une base d’estimation conservatrice.
Montage financier et juridique de l’opération
Le cœur de l’opération repose sur une double stratégie. D’une part, l’achat d’infrastructures déjà en production afin de sécuriser des flux de revenus immédiats.
D’autre part, la création de valeur par optimisation industrielle via l’hybridation, le stockage et le repowering. L’ensemble est porté par des fonds spécialisés d’Amundi Transition Énergétique, dont l’empreinte investisseurs s’étend désormais jusqu’au grand public.
Le volet juridique a été confié à un conseil international de premier plan. Linklaters a accompagné l’acquéreur dans la négociation et la structuration de la transaction réalisée auprès d’EDP Renewables, une information rendue publique en mai 2025 (Linklaters, mai 2025). Ce type de transaction implique classiquement des enjeux contractuels liés aux baux, aux servitudes, au régime des garanties et aux mécanismes de transfert des contrats d’exploitation et de maintenance.
Edp renewables : rotation d’actifs et allocation du capital
La cession du portefeuille entre dans la stratégie d’allocation dynamique du capital d’EDP Renewables. En arbitrant des parcs arrivés à maturité au profit de nouveaux développements, l’énergéticien réalloue des ressources financières vers des projets en construction ou en phase de développement. Cette mécanique, bien connue des spécialistes, favorise l’accélération du pipeline de projets et la diffusion technologique vers des turbines plus performantes.
Amundi transition énergétique : stratégie et résultats
Amundi Transition Énergétique, filiale d’Amundi dédiée aux infrastructures vertes, structure l’opération via plusieurs fonds. En octobre 2024, la société a élargi sa base d’investisseurs en lançant le FCPR « Amundi Infrastructures Transition Énergétique », accessible au grand public via l’épargne longue. Ce véhicule soutient des projets renouvelables et d’efficacité énergétique, confirmant la trajectoire d’institutionnalisation du financement de la transition.
Le rachat du portefeuille éolien illustre cette approche multi-véhicules, combinant stabilité des revenus et potentiels d’upside industriel. Pour les investisseurs, le couple rendement-risque est d’autant plus lisible que les actifs sont en exploitation, sous contrats et raccordés au réseau. Le sujet se déplace alors vers la gestion active des performances et l’anticipation des cycles de maintenance lourde.
Hybrider, stocker, moderniser : la feuille de route industrielle des parcs
L’atout central de ce portefeuille tient à ses marges de progression. Trois axes structurent le plan d’optimisation envisagé par les équipes d’Amundi Transition Énergétique et de CA NPL.
- Hybridation éolien-solaire sur site. La combinaison de panneaux photovoltaïques avec les éoliennes permet de lisser la production et d’optimiser les raccordements existants. Les profils de production sont complémentaires selon les heures et les saisons.
- Stockage par batteries. La pose de systèmes de stockage sur les postes sources ou en aval permet de mieux valoriser les MWh produits, de réduire les congestions locales et d’augmenter la part d’énergie injectée au bon moment.
- Repowering. La modernisation des sites existants avec des turbines plus efficaces accroît la production, sans augmenter l’empreinte au sol. Plusieurs études situent le gain potentiel entre 20 % et 50 % selon les parcs et les gisements éoliens (ADEME).
Ces leviers sont cohérents avec les objectifs français en matière d’énergies renouvelables. La Programmation pluriannuelle de l’énergie fixe un cap de montée en puissance de l’éolien terrestre à l’horizon 2028, tout en incitant à tirer le maximum des gisements existants par la densification et la modernisation.
Le repowering implique de remplacer des turbines anciennes par des modèles plus puissants, avec des rotors plus larges et des rendements supérieurs. Trois points d’attention guident les investisseurs :
- Permis et urbanisme. La modernisation peut exiger de nouveaux permis, des études d’impact actualisées et des consultations locales.
- Baux et servitudes. Les contrats fonciers doivent être renégociés, notamment sur les conditions d’accès, l’emprise et les indemnisations.
- Raccordement. Les capacités de postes existants et les conditions techniques du gestionnaire de réseau déterminent la taille optimale du repowering.
Ancrage régional et rôle de ca npl en normandie et pays de la loire
Créé en 2023, le fonds CA Transition Énergétique Normandie Pays de la Loire s’est positionné comme un accélérateur d’investissements territoriaux. Doté d’un capital initial de 50 millions d’euros apporté par quatre caisses régionales du Crédit Agricole, le fonds cible des projets concrets dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la biodiversité.
Le modèle repose sur une articulation fine entre expertise locale et capacité de déploiement national. CA NPL s’appuie sur la plateforme d’Amundi et les équipes d’Amundi Transition Énergétique pour sourcer, diligenter et piloter des projets, tout en conservant un ancrage régional fort.
L’objectif est double. D’un côté, canaliser l’épargne et les ressources institutionnelles vers des actifs productifs. De l’autre, maximiser l’impact local par des retombées fiscales, des marchés pour les PME et de l’emploi non délocalisable.
Qui est ca npl et comment le fonds crée de la valeur
L’originalité de CA NPL tient à son positionnement intermédiaire, à la croisée des besoins des territoires et des standards d’investissement institutionnel. La feuille de route privilégie :
- Des actifs en exploitation ou proches de l’exploitation pour générer rapidement des flux de revenus.
- Des projets à fort effet d’entraînement local sur l’ingénierie, la maintenance, le génie civil et le réseau.
- Des synergies industrielles avec d’autres fonds d’Amundi Transition Énergétique, par exemple via des achats groupés, des standards O&M et des stratégies d’optimisation partagées.
Le groupe Crédit Agricole revendique un positionnement de premier plan dans le financement de la transition énergétique en France, avec plus de 10 milliards d’euros engagés en 2023 dans des projets verts selon ses rapports publics. En adossant CA NPL à Amundi, qui gère plus de 2 000 milliards d’euros d’actifs, la chaîne d’investissement gagne en profondeur et en capacité d’origination.
Financements publics mobilisables en complément
Plusieurs outils nationaux et territoriaux peuvent renforcer les plans d’investissement privés.
- Fonds vert. Programmes dédiés aux collectivités pour accélérer la transition écologique, avec un ciblage sur la sobriété, les mobilités et les énergies renouvelables.
- Label financement participatif pour la transition écologique. Mécanisme qui valorise les projets ouverts à la participation citoyenne et favorise leur acceptation locale.
- Fonds Chaleur. Aides à la production de chaleur renouvelable et de récupération, utiles dans des projets d’hybridation associant solaire thermique, biomasse ou géothermie.
Alignement avec les politiques publiques françaises et européennes
La trajectoire de l’éolien terrestre en France s’inscrit dans une planification pluriannuelle. Les objectifs 2023-2028 appellent à densifier le parc existant, accélérer les procédures et, lorsqu’il est pertinent, privilégier la modernisation des sites plutôt que la multiplication des nouvelles emprises. Le portefeuille repris par Amundi Transition Énergétique et CA NPL coche ces cases, avec un potentiel d’augmentation de production sans extension foncière.
Au niveau européen, l’horizon neutralité carbone 2050 cadre les plans nationaux énergie-climat, l’intégration plus fine des marchés électriques et la montée en puissance des flexibilités. Les solutions de stockage et d’hybridation deviennent des briques indispensables pour intégrer davantage de renouvelables tout en maintenant l’équilibre offre-demande.
La Programmation pluriannuelle de l’énergie encadre plusieurs leviers opérationnels pour l’éolien terrestre :
- Cibles de capacité échelonnées avec un cap intermédiaire en 2028.
- Accélération des procédures pour des projets situés dans des zones favorables, notamment via la loi d’accélération de 2023.
- Priorité au repowering lorsque l’impact environnemental est minoré et que les infrastructures réseau existent déjà.
- Lissage des injections via l’hybridation et des dispositifs de flexibilité locale.
Emplois, acceptabilité et raccordement : les sujets à suivre sur le terrain
Les perspectives d’emploi local se matérialisent particulièrement lors des phases de modernisation. Le repowering mobilise des compétences en génie civil, électricité, grutage spécialisé et maintenance.
Les retombées peuvent être significatives à l’échelle des bassins d’emploi, avec des interventions concentrées sur des fenêtres de chantier restreintes. Des estimations sectorielles indiquent une dizaine d’emplois temporaires par site lors des phases de modernisation, ce qui irrigue un tissu de PME bien ancré.
L’acceptabilité demeure un chapitre sensible. Les opérateurs mettent l’accent sur la concertation préalable, la transparence sur la performance acoustique et la biodiversité, et l’association des riverains via le financement participatif. La perspective d’un hybridation solaire, moins intrusive et visuellement plus discrète, peut aussi contribuer à une meilleure intégration paysagère lorsque les conditions foncières et techniques s’y prêtent.
Acceptabilité locale : méthodologie d’attribution et gouvernance
La gouvernance de projet privilégie désormais des comités de suivi associant élus, riverains, associations et exploitant. Les rapports d’exploitation et de mesures environnementales sont partagés de manière régulière, avec des indicateurs objectivables sur le bruit, la faune et la flore. Les mécanismes d’investissement citoyen, promus par le label dédié, offrent une voie d’appropriation économique complémentaire aux retombées fiscales locales.
Le raccordement reste un facteur critique pour tout projet d’optimisation :
- Études de capacité auprès des gestionnaires de réseau pour valider l’injection supplémentaire liée au repowering ou à l’hybridation.
- Phasage des travaux de poste et de lignes pour limiter les indisponibilités et sécuriser la production.
- Contrats d’accès et modalités tarifaires à mettre à jour en cas d’évolution de la puissance installée.
Anticiper ces points permet d’éviter les goulots d’étranglement et de préserver la valeur des actifs pendant la transformation.
Amorçage et exploitation : capter la performance sur la durée
La performance long terme se joue dans la data, l’O&M et les choix de retrofit. Les exploitants croiseront des données de SCADA avec des mesures LiDAR pour ajuster les stratégies d’orientation et de vitesse, tandis que les contrats de maintenance intègreront des indicateurs de disponibilité et de pénalités de performance. La standardisation des pièces et la mutualisation des interventions sur un portefeuille multi-sites contribuent à l’abaissement des coûts.
Qui fait quoi dans la chaîne de valeur : les rôles d’edpr, d’amundi et de ca npl
Le succès d’une opération de cette nature tient à la clarté des rôles. L’équipe d’Amundi Transition Énergétique pilote l’investissement, la gouvernance des SPV et les feuilles de route industrielles, en s’appuyant sur des opérateurs O&M tiers ou internalisés selon les cas.
CA NPL concentre l’ancrage régional et l’articulation avec les écosystèmes locaux, tout en bénéficiant de l’industrialisation d’Amundi sur les achats et les standards techniques. EDP Renewables, en cédant, réalloue ses ressources à son pipeline, mais peut rester impliqué ponctuellement via des services ou des accords transitoires selon les termes contractuels usuels.
Pour les collectivités, l’enjeu est d’obtenir une trajectoire d’investissement pérenne qui stabilise l’impôt économique local, active des marchés pour les entreprises régionales et accompagne des projets annexes comme des ombrières solaires ou des micro-stockages sur des zones d’activité. L’adossement à une maison mère bancaire dotée d’un bilan robuste et à un gestionnaire d’actifs de taille mondiale apporte un effet de signature utile dans les négociations industrielles.
Edp renewables : stratégie et résultats
Sur le plan corporate, EDP Renewables poursuit une stratégie de rotation régulière d’actifs afin d’arbitrer entre maturité et cycle de réinvestissement. La cession de parcs opérationnels à un investisseur de long terme libère du capital pour des projets en construction. Cette approche, désormais standardisée, nourrit un cercle vertueux de déploiement accéléré des énergies renouvelables sur le continent.
Amundi transition énergétique : instruments et gouvernance
La plateforme Amundi TE a conçu des fonds thématiques pour capter l’épargne institutionnelle et, depuis 2024, une part d’épargne individuelle via un FCPR dédié. Le cadre de gouvernance privilégie la transparence extra-financière, la publication d’indicateurs ESG et l’alignement des intérêts avec les investisseurs. L’opération annoncée en mai 2025 a été structurée avec l’appui de Linklaters, confirmant l’exigence de sécurisation contractuelle attachée aux transactions d’infrastructures (mai 2025).
Vocabulaire technique à connaître
Trois notions structurent la création de valeur sur des actifs renouvelables matures.
- Hybridation : ajout d’un second gisement renouvelable sur un site existant pour lisser la production.
- Stockage : installation de batteries pour décaler l’injection et valoriser mieux les MWh produits.
- Repowering : remplacement de turbines pour accroître la puissance et la production sans étendre l’emprise.
Cap territorial et énergie disponible : ce que les régions peuvent en attendre
Pour la Normandie et les Pays de la Loire, l’enjeu n’est pas seulement de produire plus d’électricité renouvelable. Il s’agit aussi de renforcer la sécurité d’approvisionnement locale, d’améliorer la stabilité des réseaux de distribution en période de pointe et d’offrir aux zones industrielles des solutions d’énergie plus prévisibles. L’hybridation et le stockage sur site permettent de limiter les congestions, tandis que le repowering améliore l’utilisation de postes sources existants.
Sur le plan économique, la visibilité des cash flows d’actifs en exploitation favorise la mise en place de financements long terme, allégeant le coût du capital et rendant possible un partage de valeur plus conséquent pour les territoires. En parallèle, l’ouverture croissante aux particuliers via des fonds spécialisés élargit la base d’investisseurs et renforce l’acceptabilité en donnant une part d’intérêt économique aux riverains.
Ce que les territoires peuvent en attendre d’ici 2030
La reprise de ce portefeuille illustre une transition qui s’industrialise, avec des capitaux plus diversifiés et des stratégies techniques plus fines. Si les équipes d’exploitation parviennent à dérouler l’hybridation, le stockage et le repowering sur les sites les plus adaptés, la production additionnelle pourrait être significative, tout en stabilisant l’injection locale et en réduisant le coût unitaire du MWh produit.
À court terme, l’opération sécurise de l’énergie verte déjà disponible. À moyen terme, elle peut transformer des parcs matures en actifs de nouvelle génération, au bénéfice des investisseurs comme des territoires.