L'or subit une forte baisse de 5,5 % suite à un dollar en hausse
Le 21 octobre 2025, l'or a chuté de 5,5 % en réaction à une hausse du dollar et aux anticipations d'inflation aux États-Unis.
5,5 % en une séance : le 21 octobre 2025, l’or a décroché comme il ne l’avait plus fait depuis 2020. Les opérateurs ont arbitré à grande vitesse, pris en étau entre un dollar musclé et l’attente d’un nouveau signal sur l’inflation américaine. Pour les investisseurs français, le message est clair : l’allocation or n’échappe ni aux cycles du dollar ni aux anticipations de la Fed.
Choc du 21 octobre 2025 : l’or décroche de 5,5 %
Le marché de l’or a subi une correction brutale de 5,5 % le 21 octobre 2025, sa plus forte baisse journalière depuis 2020. La séquence s’est jouée en quelques heures, sous l’effet combiné d’un rebond du dollar américain et de positions réduites avant la publication de l’indice des prix à la consommation américain (CPI). La perspective d’une Fed inflexible sur le coût de l’argent a renforcé la pression à la vente, déclenchant une vague de prises de bénéfices sur le métal jaune (Boursorama, 21 octobre 2025).
Ce repli intervient après une phase de tension haussière observée plus tôt en 2025, alimentée par la recherche d’actifs refuges. Les données suivies par l’Insee sur les cours des matières premières importées confirment l’ampleur de la volatilité sur les commodités, dont l’or, sur l’année.
- Facteurs déclencheurs : dollar plus fort, positionnement prudent avant le CPI, risque d’un discours restrictif de la Fed.
- Réaction de marché : ventes techniques, réduction d’exposition tactique, arbitrages au profit de liquidités et d’obligations.
- Signal pour les portefeuilles français : la sensibilité de l’or aux devises et aux taux courts demeure un pivot des décisions d’allocation.
Repère statistique Insee sur l’or
L’Insee publie la série « Cours des matières premières importées - Or - Prix au comptant, fixing de l’après-midi, LME, en dollars US par once ». Cette référence sert de baromètre aux analyses conjoncturelles nationales. Elle permet de comparer les phases de pics et de corrections au fil des mois.
Les métaux précieux se traitent largement de façon indicielle via des ETP/ETF. Quand le dollar monte et que le risque de hausse de taux est revalorisé, les modèles de risque déclenchent des ventes, amplifiées par les ordres stop et la réduction de levier. Cette mécanique peut produire des sessions de -3 % à -6 % même sans choc macro inédit.
Dollar fort et inflation américaine : le double levier de la correction
La dynamique récente s’explique d’abord par la devise. Un renforcement du dollar renchérit le prix de l’or pour les acheteurs non américains, ce qui pèse mécaniquement sur la demande. Parallèlement, l’anticipation d’un CPI élevé maintient la perspective de taux réels plus fermes, un environnement classique de sous-performance pour le métal.
Les séries monétaires publiées par l’Insee, incluant le fixing du dollar en euros (Paris), permettent de suivre cette translation. Lorsque le billet vert progresse, la prime de risque exigée sur l’or augmente, accentuant les arbitrages vers des actifs porteurs de coupons, notamment les obligations souveraines.
- Canal devises : appréciation du dollar, baisse de la demande marginale en or.
- Canal taux : anticipation d’un CPI élevé, valorisation de taux réels, attrait renforcé pour les portefeuilles obligataires.
- Canal technique : franchissement de seuils, ventes automatiques, élargissement des spreads intraday.
Sur longue période, or et dollar évoluent fréquemment en sens inverse. La raison est double : l’or est coté en dollars et réagit à la politique monétaire américaine. Quand la monnaie américaine se raffermit et que les taux réels montent, l’or perd une partie de son attrait relatif. À l’inverse, un dollar plus faible et des taux réels en baisse soutiennent généralement le métal.
Que mesure le « fixing » suivi par l’Insee
Le « fixing de l’après-midi » agrège un prix de référence standardisé en dollars l’once. Il fournit une balise quotidienne pour l’analyse macro, utile pour rapprocher les tendances de l’or des mouvements de l’inflation et des devises observés par les acteurs français.
ETP et ETF or : décollecte accélérée et rotations d’actifs
La semaine qui a suivi la chute du 21 octobre a déclenché des rachats massifs sur les ETP or. Selon les données compilées par Trackinsight, la décollecte a atteint environ 2,5 milliards d’euros, concentrée sur les plus grands véhicules indexés (Trackinsight). Les flux reflètent des prises de profits engagées dès la première quinzaine d’octobre et accentuées par la glissade du cours.
Cette rotation s’inscrit dans un mouvement de gestion du risque classique : réduction de l’exposition directionnelle, montée en liquidités et réallocation vers des segments obligataires jugés plus prévisibles. Les investisseurs institutionnels n’ont pas « quitté » l’or, mais recalibré leurs tailles de position en fonction du nouveau couple risque/rendement.
Invesco Physical Gold USD ETC : 1,1 milliard d’euros de sorties
L’Invesco Physical Gold USD ETC (ISIN : IE00B579F325) a concentré une part significative des rachats, avec environ 1,1 milliard d’euros de sorties. La profondeur de ce véhicule en fait une cible privilégiée pour les arbitrages tactiques. Le mécanisme de création-rachats facilite une réduction rapide de l’exposition lorsque les teneurs de marché absorbent les ordres.
IShares Physical Gold ETC : 560 millions d’euros décollectés
L’iShares Physical Gold ETC (ISIN : IE00B4ND3602) a enregistré une décollecte d’environ 560 millions d’euros. Là encore, l’ampleur des encours et la liquidité affichée jouent un rôle de catalyseur : les investisseurs utilisent ces instruments pour affiner la sensibilité de leurs portefeuilles aux chocs de volatilité.
Les ETP/ETC s’appuient sur un réseau de participants autorisés. En période de sortie, ces acteurs restituent les parts et récupèrent le sous-jacent ou son équivalent, ce qui maintient l’écart entre prix de marché et valeur intrinsèque dans une fourchette contenue. C’est ce qui permet une exécution ordonnée, même en phase de stress.
À retenir pour les investisseurs français
La volatilité de l’or rejaillit instantanément sur les ETP physiques. La vigilance recommandée par l’AMF sur la compréhension des produits cotés est plus que jamais d’actualité lorsque les flux s’accélèrent et que les spreads s’élargissent temporairement.
Collecte 2025 sur les métaux précieux : un bilan qui reste positif
Malgré l’épisode d’octobre, l’année 2025 reste favorable aux produits indiciels adossés aux métaux précieux. Les ETP indexés sur l’or affichent encore environ 8 milliards d’euros de souscriptions nettes cumulées depuis le début de l’année. Les produits liés à l’argent complètent ce tableau avec près de 2 milliards d’euros de flux positifs.
Ces chiffres traduisent une réalité robuste : la fonction de couverture de l’or et la diversification offerte par les métaux précieux ont conservé une place centrale dans les portefeuilles, soutenues par des incertitudes macro persistantes et les interrogations sur le calendrier de la désinflation. Les communications des émetteurs et les dénombrements sectoriels confirment cette résilience.
Positions courtes sur l’or : un recul marqué, pas une disparition
Autre indicateur à surveiller, les positions vendeuses ont nettement reculé mais n’ont pas disparu, comme le souligne une analyse relayée mi-octobre. Cette configuration milite pour une volatilité encore élevée : moins d’intérêt vendeur peut faciliter des reprises techniques, mais des positions short persistantes alimentent aussi les mouvements de couverture en cas de nouvelles baisses.
- Filet de sécurité : collecte annuelle positive sur l’or et l’argent, malgré l’accroc d’octobre.
- Lecture prudente : réduction des positions courtes, mais présence résiduelle qui peut amplifier les swings.
- Implication pour les entreprises : coûts de couverture des achats industriels d’or susceptibles de varier plus vite, nécessité d’ajuster les calendriers d’achats.
Marché européen des ETF : arbitrages 2025 au-delà des métaux
En parallèle du segment métaux précieux, la collecte des ETF actions en Europe a rebondi. Sur la même période hebdomadaire, les fonds actions ont capté environ 3,3 milliards d’euros. Les flux affichent un pattern net de préférence géographique, au bénéfice des places plus dynamiques.
Actions américaines : retour en grâce
Les expositions aux actions américaines reprennent la main avec environ 1,1 milliard d’euros de souscriptions. Le levier tient à la visibilité relative sur les grandes capitalisations et à des thématiques de croissance qui continuent d’attirer les flux.
Actions mondiales et émergentes : flux soutenus
Les ETF indexés sur les actions mondiales ont réuni près de 1 milliard d’euros, tandis que les marchés émergents ont drainé environ 650 millions d’euros. Les investisseurs panachent ainsi exposition macro globale et poches de bêta plus élevé.
Actions européennes : collecte timide
Les actions européennes progressent plus modestement, avec environ 100 millions d’euros de flux entrants. Cette retenue relative traduit une hiérarchie de préférences toujours vive chez les allocataires, qui ajustent leur exposition aux cycles domestiques et à la sensibilité sectorielle régionale.
Un flux positif n’implique pas une tendance pérenne. Les rotations géographiques résultent souvent d’arbitrages tactiques autour des publications macro. Pour suivre la direction structurelle, il convient d’observer la récurrence des flux sur plusieurs semaines et leur concentration sur quelques émetteurs ou indices phares.
Leçons transversales pour les directions financières
- Gérer la corrélation or/dollar dans les plans d’achats et de couverture.
- Surveiller les flux indiciels comme signal avancé de rotation d’actifs.
- Réévaluer le mix obligations/actions en fonction de la trajectoire des taux réels.
Obligations en appui : souverains et high yield en ligne de mire
Les ETF obligataires ont également capté des flux conséquents, avec près de 2,6 milliards d’euros. Les investisseurs recherchent des rendements stabilisés tout en gardant une flexibilité de sortie supérieure à celle des fonds non cotés.
Souverains et émergents : recherche de stabilité
Les expositions souveraines, y compris émergentes, auraient engrangé environ 1,2 milliard d’euros. Les portefeuilles privilégient la combinaison d’un portage régulier et d’une liquidité robuste, propice à encaisser des épisodes de stress sur les actions et les commodités.
Crédit high yield : rendement contre risque
Le segment high yield attire environ 420 millions d’euros. Ce mouvement reflète l’appétit pour des primes de risque élevées, modulé par une gestion prudente des maturités et une granularité sectorielle plus fine. Les retours d’expérience relayés par l’AMF et les émetteurs mettent en avant une diversification accrue des portefeuilles au profit des poches obligataires.
- Point d’appui : les souverains amortissent la volatilité des actifs risqués.
- Point de vigilance : le high yield reste sensible à la trajectoire des défauts et à la réouverture des marchés primaires.
- Organisation de portefeuille : rôle des ETF comme brique de construction et outil tactique de rotation.
Repères macro suivis par les investisseurs français
La remise en perspective via les indicateurs français est instructive. Dans sa publication « Informations rapides » du 21 mai 2025, l’Insee rapporte une baisse marquée des prix des énergies et matières premières importées en avril, avec un recul d’environ 10 % du pétrole. Cette détente illustrait une phase de normalisation plus large sur les commodités, avant les nouveaux pics observés plus tard dans l’année.
Le suivi des cours des matières premières importées et des parités monétaires via les séries Insee permet de replacer les événements d’octobre dans un cycle plus long. Les cours de l’or ont connu des pics en 2025 selon le fixing de l’après-midi, avant de corriger lorsque le dollar s’est raffermi et que l’attention des marchés s’est tournée vers la résistance de l’inflation américaine.
- Flux macro : alternance détente des commodités et tensions sur l’inflation.
- Devises : le dollar, suivi en fixing Paris, reste la variable critique pour l’or.
- Lecture de l’Insee : mise en cohérence des séries prix des matières premières et changes pour guider les arbitrages.
- Comparer la variation du dollar avec la variation de l’or sur 1 à 4 semaines.
- Identifier les seuils techniques susceptibles d’activer des ordres automatiques.
- Vérifier la liquidité quotidienne de l’ETP et l’écart au prix indicatif.
- Consulter les statistiques de collecte/décollecte de la semaine écoulée.
Terminologie française : ETF, ETP et ETC
ETF désigne un fonds indiciel coté. ETP est un terme générique couvrant plusieurs instruments indiciels listés, dont les ETC adossés à des matières premières. Les ETC or répliquent le prix au comptant via un mécanisme de détention physique ou par swap selon la structure choisie par l’émetteur.
Fin 2025 : signaux à surveiller pour l’or et les ETF
Le mouvement de -5,5 % du 21 octobre 2025 rappelle combien l’or reste un actif macro-sensible. Deux fils conducteurs domineront la fin d’année : la trajectoire de l’inflation américaine et les signaux envoyés par la Fed sur les taux réels. Un dollar stabilisé et des données de prix apaisées pourraient rouvrir un sentier de consolidation pour le métal, tandis que la collecte ETF continuerait d’alterner entre actions et obligations au gré des publications.
Pour les entreprises et les investisseurs français, la feuille de route tient en trois points : lire les séries Insee pour objectiver le cadrage macro, surveiller les flux indiciels comme thermomètre du positionnement et calibrer les couvertures en fonction du couple dollar-taux. En d’autres termes, discipline d’allocation et lecture factuelle des données restent les meilleurs garde-fous face aux à-coups de marché.
L’or a corrigé, les flux ont pivoté, mais la logique d’allocation raisonnée continue de s’imposer pour clôturer 2025 sans faux pas.