Un vent d’optimisme souffle sur l’univers de la course à pied connectée, alors qu’une jeune entreprise rennaise mise sur l’IA pour transformer en profondeur la prévention des blessures et le suivi de la performance.

Dans un paysage où l’innovation constitue le nerf de la guerre, Ochy se distingue en réalisant une pré-amorçage financier significatif et en rejoignant le programme de fidélité d’adidas, ouvrant de nouvelles perspectives pour la communauté sportive.

Un financement solide pour une ambition internationale

La société Ochy vient de finaliser une levée de fonds de 1,7 million d’euros, bouclée officiellement le 18 février 2025. Il s’agit d’un tour de pré-amorçage qui doit lui permettre, selon ses fondateurs, de franchir un cap majeur en matière de recherche et développement. C’est un pari ambitieux : d’une part, le marché français de la course à pied et du fitness est en pleine mutation, tandis que, d’autre part, la concurrence dans le secteur des applications sportives dopées à l’IA ne cesse de croître.

Le tour de table s’est articulé autour d’investisseurs variés : le Fonds d’impact social de Redstone, Look AI Ventures, BPI France, Berkeley SkyDeck Europe Milano et plusieurs business angels stratégiques, dont Agile Physical Therapy. Chacun apporte sa propre expertise, des capacités de financement, mais aussi un réseau de partenaires potentiels. Un tel maillage est crucial pour stimuler la visibilité d’une jeune pousse comme Ochy et l’aider à gagner du terrain sur des marchés internationaux, notamment en Europe et aux États-Unis.

Si l’on observe la dynamique actuelle du capital-risque en France, il est notable que les financements s’orientent de plus en plus vers la deep tech et l’intelligence artificielle, deux tendances qui correspondent parfaitement à l’ADN d’Ochy. Dans ce contexte, obtenir une telle enveloppe à l’étape de la pré-amorçage reste un signe de confiance fort de la part des investisseurs. Par ailleurs, l’implication de BPI France marque une volonté claire de soutenir les innovations à haut potentiel, s’inscrivant dans la lignée de dispositifs publics destinés à encourager la recherche et l’innovation sur le territoire.

Ce financement servira avant tout à consolider la technologie de vision artificielle mise en place par Ochy et à préparer une expansion globale. Les dirigeants souhaitent ainsi pénétrer des marchés clés où la course à pied est très prisée, comme l’Amérique du Nord, la zone Asie-Pacifique ou encore le Moyen-Orient. Une fois le socle technologique éprouvé, l’entreprise compte intensifier ses liens avec des communautés de coureurs, des entraîneurs, des physiothérapeutes et des magasins spécialisés pour diffuser plus largement son expertise.

Collaboration stratégique avec le programme adiClub

Au-delà de l’aspect financier, une autre avancée majeure pour Ochy réside dans son intégration au programme adiClub d’adidas. Cette initiative, qui permet aux membres fidèles de la marque allemande de bénéficier d’offres privilégiées, inclura désormais l’application d’Ochy dans ses avantages partenaires. En clair, les personnes adhérant au programme peuvent échanger leurs points de fidélité pour obtenir un accès gratuit à l’outil d’analyse biomécanique de la plateforme.

Concrètement, un coureur accumulant des points dans le cadre de ses achats chez adidas peut décider de les convertir pour tester la solution d’Ochy durant trois mois. Cette collaboration s’inscrit dans la volonté d’adidas de proposer toujours plus de services à valeur ajoutée à sa communauté, tout en amplifiant l’engagement des membres envers la marque. De son côté, Ochy y gagne en visibilité internationale, et peut rapidement déployer des retours utilisateurs à grande échelle.

L’intégration avec adiClub n’est pas seulement un coup de communication : c’est une porte d’entrée directe vers des milliers d’amateurs de sport. Le gain est double pour Ochy : d’un côté, l’afflux de nouveaux inscrits nourrit l’amélioration continue de l’algorithme d’IA, et de l’autre, l’entreprise peut se targuer d’un partenariat avec une référence mondiale de l’équipement sportif.

La stratégie d’adidas, à travers adiClub, va au-delà d’un simple avantage réservé aux adhérents. En s’associant avec des startups innovantes comme Ochy, la marque anticipe la transformation numérique du sport. L’IA permet un coaching précis et individualisé, ce qui répond à la demande croissante pour des services « sur mesure » dans le secteur du running.

Le cadre légal et financier de cette levée de fonds

Sur le plan juridique, les levées de fonds pré-amorçage se caractérisent par une entrée au capital d’investisseurs institutionnels ou privés. Les termes de cette opération peuvent inclure l’émission de Business Angels Bonds ou de titres participatifs, avec un niveau de dilution adapté aux risques encourus à un stade si précoce. Pour Ochy, cette opération constitue un jalon essentiel. Il s’agit d’obtenir non seulement un soutien financier, mais aussi des compétences et un réseau professionnel.

L’entrée d’investisseurs comme Redstone, Look AI Ventures ou encore Berkeley SkyDeck Europe Milano s’accompagne d’une forme de gouvernance partagée : un conseil restreint peut être mis en place, permettant à ces partenaires d’orienter la stratégie de développement. L’entreprise reste, quant à elle, propriétaire de sa vision et bénéficie d’un aiguillage supplémentaire pour avancer dans un secteur technologique très concurrentiel.

D’un point de vue réglementaire, la loi PACTE et d’autres dispositifs législatifs français ont facilité l’investissement en capital-risque, notamment dans les startups innovantes. L’intérêt d’un fonds d’impact social comme Redstone démontre également un alignement avec les valeurs d’Ochy : lutter contre les blessures sportives participe à une logique de prévention en santé publique, tout en promouvant le sport comme facteur de bien-être.

La pré-amorçage ou "pre-seed" est souvent la première étape de financement pour une startup. Elle intervient lorsque l’entreprise dispose d’une idée validée ou d’un prototype, mais n’a pas encore démontré une traction commerciale forte. Les investisseurs misent alors sur la vision et l’équipe fondatrice, en échange d’une participation au capital.

La technologie Ochy : un œil expert pour la course à pied

Avant d’être un simple service numérique, la technologie d’Ochy s’appuie sur une IA de vision par ordinateur sophistiquée. Son principe : à partir d’une courte vidéo de dix secondes filmée depuis un smartphone, l’algorithme est capable de détecter et d’analyser les mouvements clés du coureur, qu’il s’agisse de l’angle de la cheville, de la hauteur du genou ou encore de l’oscillation du bassin. Le tout sans capteurs supplémentaires ni accessoires.

L’analyse s’exécute rapidement, fournissant un rapport détaillé sur divers paramètres biomécaniques : longueur de foulée, position du corps, équilibre d’appui, etc. En croisant ces données avec le profil individuel de l’utilisateur (genre, poids, niveau d’entraînement), la plateforme génère un programme d’exercices conçu pour réduire les risques de blessure et améliorer l’efficacité de la foulée.

Si l’on considère la littérature scientifique, la technique de course représente l’un des facteurs les plus déterminants pour la performance et la prévention des traumatismes. Des études affirment que des ajustements ciblés peuvent réduire les chocs subis par certaines articulations et contribuer à diminuer l’apparition de troubles musculo-squelettiques. Avec Ochy, ces ajustements ne se font plus à l’aveugle, mais sur la base de mesures précises et d’un feed-back objectif.

Cette solution s’intègre aussi dans une tendance plus large : la démocratisation de l’analyse biomécanique. Jusqu’à récemment, il fallait se rendre dans un laboratoire spécialisé, équipé de tapis de course et de caméras sophistiquées, pour accéder à un tel niveau de détail. Désormais, il suffit d’un smartphone. Pour un coureur amateur, c’est la possibilité de bénéficier d’un conseil scientifique autrefois réservé aux élites ou aux structures professionnelles.

Zoom sur la biomécanique en course à pied

La biomécanique étudie les forces et les mouvements à l’œuvre dans le corps humain. En course à pied, elle inclut l’angle de la foulée, la cadence, la posture du tronc, la stabilité du genou et le rôle des chevilles. Une analyse fine de ces éléments permet non seulement d’améliorer la performance, mais aussi de réduire le risque de blessures à long terme.

Un marché en pleine expansion pour l’IA sportive

L’essor d’applications dédiées à l’analyse sportive répond à une demande croissante de la part des consommateurs : les athlètes et les coureurs souhaitent de plus en plus un suivi personnalisé et des résultats concrets. Aux États-Unis, en Europe ou encore en Asie, la révolution de l’IA appliquée au sport est déjà bien amorcée, et les prévisions tablent sur une croissance constante pour la décennie à venir.

Dans ce panorama, le segment du running apparaît particulièrement porteur, car la course à pied figure parmi les disciplines les plus populaires au monde. Les grandes marques d’équipements sportifs l’ont bien compris : elles investissent dans la recherche pour accompagner les coureurs, améliorer leur équipement et proposer des outils de suivi connectés. Ochy se positionne dans cette dynamique, en misant sur une approche scientifique de la foulée, soutenue par des protocoles de vision artificielle.

La concurrence ne manque pas : certaines applications se concentrent sur la fréquence cardiaque, d’autres sur l’analyse de la technique, d’autres encore sur le coaching. Toutefois, la proposition d’Ochy se distingue par la précision de ses algorithmes et la facilité d’utilisation : pas de tapis de course sophistiqué à installer, pas de capteurs à fixer. Quelques secondes de vidéo tournées dehors, en salle ou sur une piste suffisent.

Kinésithérapeutes, entraîneurs et clubs sportifs exploitent ces outils d’IA pour personnaliser les plans de rééducation ou d’entraînement. En identifiant les facteurs de risque (mauvais alignement du genou, instabilité des chevilles, etc.), ils peuvent mieux anticiper les blessures et proposer des protocoles adaptés. Cette approche préventive améliore considérablement la longévité sportive des athlètes, qu’ils soient amateurs ou professionnels.

Qui se cache derrière Ochy ?

Fondée en 2021 à Rennes, Ochy est née de l’initiative de Khaldon Evans, Perrine Chapot et Victor Dequidt. L’histoire veut que l’idée ait germé après que Khaldon, ancien coureur à l’Université de Central Missouri, ait dû mettre fin prématurément à sa carrière à cause de blessures récurrentes.

Selon les fondateurs, ces blessures auraient pu être évitées si une analyse de la foulée adéquate avait été disponible à un coût et une accessibilité raisonnables. De cette expérience personnelle est née la volonté de démocratiser les technologies de pointe en biomécanique. Ochy s’est progressivement entourée d’experts : des ingénieurs en vision par ordinateur, des data scientists et des kinésithérapeutes, pour développer cette plateforme.

Aujourd’hui, Ochy compte déjà des utilisateurs dans plus de 146 pays. La plateforme touche notamment des coachs sportifs et des professionnels de la santé, qui s’en servent pour affiner leurs diagnostics et proposer des suivis plus rigoureux. Le cap des 20 000 premiers usagers a été franchi, mais l’entreprise souhaite doubler, voire tripler ce nombre à la faveur du partenariat avec adidas.

Le profil de l’équipe est volontairement pluridisciplinaire. Tandis que Khaldon Evans incarne la vision sportive et entrepreneuriale, Perrine Chapot apporte son savoir-faire en kinésithérapie, donnant corps à la dimension médicale du projet. Quant à Victor Dequidt, il pilote la partie technique en tant que CTO, s’assurant que l’algorithme évolue en permanence.

Focus sur le partenariat avec la Fédération française d’athlétisme

Au-delà d’adidas, Ochy a su tisser des liens avec la Fédération française d’athlétisme. Si l’annonce principale du jour porte sur la levée de fonds et l’intégration au programme adiClub, il ne faut pas passer sous silence cet autre partenariat d’envergure. En collaborant avec la fédération, la startup rennaise élargit sa crédibilité auprès des athlètes de haut niveau, des entraîneurs fédéraux et des clubs affiliés.

L’appui d’une institution majeure dans le sport français valide la qualité de la solution d’Ochy et encourage son adoption à plus large échelle. Dans le cadre des stages ou des regroupements d’athlètes, l’analyse IA peut être intégrée en amont des compétitions, afin de détecter les potentielles faiblesses et de travailler sur un rééquilibrage biomécanique.

Selon plusieurs experts du milieu, la suite logique consisterait à déployer massivement des évaluations de la foulée dans toutes les structures officielles d’athlétisme, allant des ligues régionales aux pôles France. Cette dynamique s’inscrit dans la tendance de la Sport Tech, où la France se positionne de plus en plus comme un pôle d’innovation.

Une expansion au cœur de l’écosystème sportif mondial

Si le marché français figure en bonne place dans les priorités d’Ochy, la dimension internationale n’est pas en reste. Grâce au soutien de Berkeley SkyDeck Europe Milano, la jeune pousse peut s’appuyer sur un réseau transatlantique pour promouvoir sa solution. Les États-Unis, où le running est profondément ancré dans la culture sportive, apparaissent comme une cible de choix. De même, l’Asie, réputée pour son immense base de coureurs et de passionnés de fitness, se montre particulièrement réceptive aux innovations high-tech.

Les investisseurs, en s’engageant dans ce tour de pré-amorçage, comptent sur un modèle économique évolutif. L’idée n’est pas seulement de vendre une application aux particuliers, mais aussi de proposer un écosystème de services à des entreprises, des organisateurs d’événements sportifs et des marques de renom. Par exemple, en plus du partenariat avec adidas, Ochy pourrait nouer des alliances avec d’autres équipementiers ou des acteurs de la nutrition sportive.

Le potentiel de monétisation est également lié à la gamification et aux communautés de running. Un coureur pourrait, par exemple, partager ses données d’analyse sur les réseaux sociaux, participer à des défis en ligne et interagir avec d’autres utilisateurs autour de programmes personnalisés. Tout cela renforce l’intérêt commercial pour les investisseurs, qui y voient des recettes récurrentes basées sur l’abonnement et la publicité ciblée.

De l’entraînement à la rééducation : l’étendue des usages

L’une des forces d’Ochy réside dans sa versatilité. Initialement pensée pour les coureurs ambitieux en quête de performance, la plateforme convient aussi parfaitement aux kinésithérapeutes ou professionnels de la santé. Dans une logique de rééducation, il s’avère précieux d’avoir un retour objectif sur la qualité de la foulée ou la répartition des appuis. Les exercices proposés par l’IA peuvent ainsi être intégrés à un protocole de soins pour corriger progressivement le geste.

De la même manière, des coachs sportifs utilisent déjà l’outil pour affiner la planification d’un entraînement individualisé. Plutôt que de proposer un programme identique pour tous, l’entraîneur peut s’appuyer sur les points forts et les points à améliorer de chaque athlète pour construire des séances spécifiques. Les améliorations peuvent être suivies au fil du temps, ce qui donne une vue d’ensemble sur la progression et l’efficacité du coaching.

Afin de clarifier encore davantage les possibilités, la startup met à disposition des guides et des webinaires en ligne, dans le but d’aider les nouveaux utilisateurs à prendre en main la plateforme. En outre, un blog dédié aux best practices de l’entraînement, associant expertise médicale et retours d’expériences d’utilisateurs, vient compléter l’offre.

Les défis technologiques et l’avenir de la plateforme

Malgré son succès, Ochy doit faire face à plusieurs défis :

  • La fiabilité de la détection des mouvements sur des terrains variés (bitume, chemin, piste d’athlétisme). L’IA doit s’adapter à des environnements changeants.
  • L’exactitude des mesures dans des conditions réelles, comme la présence d’obstacles ou d’autres coureurs à proximité.
  • La protection des données personnelles et l’obligation de se conformer au RGPD, notamment dans la collecte et le traitement d’informations vidéo potentiellement sensibles.

Sur ce dernier point, Ochy affirme mettre un point d’honneur à respecter la réglementation européenne, en assurant la sécurisation et l’anonymisation des données dès que possible. La société utilise des serveurs certifiés et garantit aux utilisateurs un contrôle précis sur leurs informations.

En ce qui concerne l’évolution de la plateforme, l’équipe technique planche sur une intégration plus poussée avec les montres connectées et autres wearables. L’idée : combiner les données de foulée extraites par la caméra du smartphone avec des paramètres physiologiques (rythme cardiaque, VO2max, etc.) pour offrir une analyse globale de l’effort.

Une solution tout-en-un : l’application Ochy

Disponible sur smartphone, l’application Ochy est conçue pour être intuitive. L’utilisateur se filme pendant dix secondes environ en train de courir, idéalement de profil, et l’algorithme s’occupe du reste. En moins d’une minute, un rapport détaillé met en avant les éléments-clés : angles d’attaque, amplitude de la foulée, alignement du buste, etc. Chaque paramètre s’accompagne de recommandations ciblées, sous la forme d’exercices spécifiques.

Le principal intérêt pour les particuliers est la prévention des blessures. Par exemple, une personne souffrant régulièrement de douleurs aux genoux peut identifier un déséquilibre dans l’appui du pied. En modifiant légèrement sa technique, elle peut réduire le stress sur l’articulation concernée et retrouver un geste plus fluide. Pour les coureurs plus avancés, l’outil sert à gratter de précieuses secondes sur le chrono en ajustant des détails souvent invisibles à l’œil nu.

Par ailleurs, Ochy propose un mode communautaire permettant de partager des vidéos et des analyses entre amis, coachs ou médecins. Cette approche collaborative favorise l’échange de conseils et la motivation réciproque. Pour ceux qui le souhaitent, un suivi hebdomadaire ou mensuel offre une cartographie de la progression, alimentée par les retours vidéo réguliers.

Réaction des acteurs du marché et premiers retours

L’annonce de cette levée de fonds et du partenariat avec adidas a suscité une certaine émulation dans l’écosystème français de l’innovation sportive. Des experts soulignent la pertinence de l’approche : l’IA et la vision par ordinateur font partie des technologies les plus en vogue, et les applications concrètes dans le sport sont déjà multiples.

Des coachs et des coureurs amateurs, qui ont testé la version pilote, rapportent des améliorations notables sur leur technique, avec une réduction des inconforts musculaires et un gain d’endurance. D’autres saluent la facilité d’utilisation, précisant qu’ils redoutaient au départ un dispositif lourd et compliqué. Le format vidéo reste finalement assez accessible, puisqu’il s’agit d’une habitude déjà répandue chez les sportifs amateurs qui s’enregistrent pour corriger leurs défauts techniques.

L’importance de la recherche scientifique

Ochy met également en avant ses collaborations avec des laboratoires universitaires, notamment l’Université de Suffolk, pour valider l’efficacité de son algorithme. En effet, il ne s’agit pas simplement de reconnaître la silhouette d’un coureur : les formules biomécaniques doivent être rigoureusement éprouvées, et les marges d’erreur réduites autant que possible.

Dans une discipline comme la course à pied, la moindre différence d’angle ou de position peut considérablement influencer les conclusions sur la performance ou le risque de blessure. D’où l’importance de mener des tests en conditions variées, sur des coureurs de tous niveaux et tous gabarits. La startup revendique d’ailleurs une base de données particulièrement diversifiée, ce qui lui permet d’entraîner ses réseaux de neurones avec des profils très différents.

L’avenir de l’application pourrait inclure l’intégration de capteurs de sol ou même l’analyse des vibrations transmises aux articulations. Nul doute qu’à mesure que l’IA et la recherche scientifique progressent, Ochy continuera d’enrichir son offre.

Les coulisses du montage financier

Lorsque l’on parle de 1,7 million d’euros levés, il convient de s’intéresser à la répartition du capital. Dans ce type de tour de pré-amorçage, les investisseurs reçoivent généralement des parts privilégiées, assorties de certains droits spécifiques. Par exemple, ils peuvent obtenir un droit de regard sur certaines décisions stratégiques, comme la cession d’actifs ou la signature de partenariats majeurs.

Les fondateurs, quant à eux, restent souvent majoritaires, afin de conserver la main sur la direction de l’entreprise. Dans le cas d’Ochy, le détail précis de la gouvernance n’a pas été rendu public, mais on sait que l’équipe dirigeante conserve la majorité du capital. Les investisseurs, eux, misent sur la croissance de la société pour valoriser leur participation.

La présence de BPI France témoigne également d’une volonté publique de soutenir le sport et la santé, par le biais de l’innovation. En complément, certains investisseurs privés apportent un savoir-faire sectoriel : Agile Physical Therapy, par exemple, pourra aider Ochy à pénétrer le marché des cabinets de kinésithérapie et des cliniques spécialisées.

Les étapes clés du développement d’Ochy

De la fondation en 2021 au financement bouclé en février 2025, Ochy a connu plusieurs jalons décisifs :

  • Juillet 2021 : Création de l’entreprise par Khaldon Evans et Perrine Chapot. Premiers retours utilisateurs encourageants.
  • Avril 2022 : Arrivée de Victor Dequidt en tant que troisième cofondateur. Lancement d’un MVP (Minimum Viable Product) avec analyse semi-manuelle.
  • Septembre 2022 : Mise en place d’une version alpha entièrement automatisée. Les premiers tests en conditions réelles commencent.
  • Aujourd’hui : Plus de 20 000 utilisateurs conquis dans plus de 66 pays, avec un déploiement actif dans 146 pays si l’on tient compte des connexions sporadiques ou ponctuelles. Le partenariat avec adidas s’ajoute à la liste de collaborations stratégiques.

À chaque étape, la startup a veillé à renforcer sa crédibilité auprès des sportifs et des professionnels de santé, tout en perfectionnant son outil. Les retours d’expérience ont joué un rôle déterminant : chaque remontée terrain, qu’il s’agisse de problèmes techniques ou de nouvelles idées, a enrichi l’algorithme et l’interface utilisateur.

Un laboratoire d’analyse dans votre téléphone : comment ça fonctionne ?

La simplicité d’utilisation est l’un des points les plus souvent mis en avant par les utilisateurs d’Ochy. Voici comment se déroule la démarche :

  1. Filmer : L’utilisateur se filme sur environ 10 secondes, de préférence de profil, avec un cadrage qui englobe l’intégralité du corps.
  2. Transfert de la vidéo : La séquence est chargée dans l’application, qui la décrypte grâce à des algorithmes de computer vision.
  3. Analyse automatisée : L’IA repère des points clés (chevilles, genoux, bassin, épaules) et calcule des paramètres comme la longueur de la foulée, la cadence, l’oscillation verticale, ou encore l’angle de contact au sol.
  4. Recommandations : Sur la base des données collectées, Ochy génère un plan d’exercice personnalisé, ciblant les axes d’amélioration détectés.
  5. Suivi : Les utilisateurs peuvent répéter le test régulièrement pour mesurer leurs progrès, ou partager leurs résultats avec un coach ou un professionnel de santé.

Cet enchaînement d’étapes, rapide et intuitif, permet d’éliminer les freins habituels liés à la complexité technique. Résultat : un suivi biomécanique réaliste et fréquent, loin des consultations ponctuelles en laboratoire ou en cabinet spécialisé.

Retombées économiques et perspectives de croissance

Comme pour tout projet entrepreneurial, la réussite d’Ochy repose autant sur la pertinence de la technologie que sur sa stratégie commerciale. Le partenariat avec adidas devrait booster la notoriété de la plateforme, lui donnant accès à une clientèle mondiale de sportifs de tous niveaux. À plus long terme, l’entreprise pourrait envisager des alliances avec d’autres marques, des organisateurs de marathons et même des fédérations sportives internationales.

Du côté des investisseurs, l’espoir est de voir Ochy s’imposer comme un acteur incontournable de l’IA sportive, capable d’offrir des services aussi bien au grand public qu’à des structures professionnelles. La startup, quant à elle, peut tabler sur une diversification des revenus :

  • Ventes directes aux particuliers sous forme d’abonnement ou de pack d’analyses.
  • Licences B2B pour des clubs, des salles de sport, des cliniques de physiothérapie.
  • Offres de marque blanche pour des équipementiers souhaitant intégrer la technologie d’Ochy à leurs propres applications.

Si tout se déroule comme prévu, la société pourrait passer à un tour de financement supérieur (série A) dans les 12 à 18 prochains mois, afin de renforcer son ancrage international et de continuer à innover. À ce stade, la valorisation de l’entreprise aura probablement augmenté, au vu de l’essor continu du marché du running et du fitness connecté.

Les enjeux juridiques de la protection des données

Face à l’ampleur des informations récoltées (vidéos, données biomécaniques, etc.), Ochy doit se montrer irréprochable sur le plan de la protection des données. Elle affirme respecter scrupuleusement le RGPD (Règlement général sur la protection des données) en vigueur dans l’Union européenne, notamment par l’application de techniques d’anonymisation et de cryptage.

La question de la confidentialité est d’autant plus sensible que la plateforme traite des images de ses utilisateurs et des informations relatives à leur santé ou leur morphologie. Des politiques de consentement explicites, de stockage sécurisé, ainsi qu’un mécanisme de gestion et de suppression des données sur demande sont donc mis en place. Les investisseurs et les partenaires, comme adidas, y sont également attentifs, car leur réputation est en jeu.

Du point de vue de la concurrence, assurer une conformité stricte au RGPD peut représenter un avantage concurrentiel : les utilisateurs se sentent en confiance, et les partenaires institutionnels ou commerciaux sont plus enclins à s’engager avec une solution solidement réglementée.

Une innovation tournée vers la prévention des blessures

Diminuer les risques de traumatismes liés à la course à pied constitue la pierre angulaire de l’offre d’Ochy. Les blessures de surmenage (périostite, tendinite, fasciite plantaire, etc.) représentent en effet un véritable frein pour les sportifs, qu’ils soient débutants ou confirmés. La promesse d’une analyse biomécanique fiable intéresse autant les coureurs en quête de performances que ceux qui cherchent à durer plus longtemps sur la ligne de départ.

L’outil propose des exercices correctifs et de renforcement musculaire pour remédier à des déséquilibres identifiés. C’est une approche complémentaire à celle d’un kinésithérapeute ou d’un entraîneur, qui y trouveront une aide précieuse pour affiner leur diagnostic. À terme, il est possible d’imaginer des liens plus étroits avec le milieu médical, voire une prise en charge par certaines mutuelles sport-santé si l’application démontre son efficacité préventive.

Les témoignages qui font la différence

Plusieurs retours de coureurs amateurs et de professionnels circulent déjà sur les réseaux sociaux et les plateformes spécialisées. On note notamment celui d’un marathonien ayant longtemps souffert de périostite tibiale : après quelques semaines d’analyses successives, il a pu identifier un défaut d’appui et mettre en pratique les exercices d’Ochy. Résultat : finisher au marathon de Londres, sans rechute, avec un temps amélioré.

Des coachs saluent la facilité d’intégration dans leurs programmes. Plutôt que de recourir à un laboratoire onéreux, ils peuvent rapidement accumuler des retours sur leur groupe d’athlètes et adapter la planification en temps réel. Même son de cloche chez certains physiothérapeutes, satisfaits de pouvoir partager avec leurs patients un outil clair et pédagogique, où chaque donnée correspond à une explication anatomique concrète.

Des retombées en recherche et développement

Avec un budget R&D renforcé grâce à la levée de fonds, Ochy entend perfectionner ses algorithmes et innover en continu. Des pistes de développement incluent l’analyse tridimensionnelle sans capteur, la détection des asymétries de bras et la prise en compte de la fatigue musculaire sur de longues distances.

L’objectif n’est pas seulement de générer davantage de métriques : l’important est de fournir des recommandations claires et actionnables, directement reliées à des exercices. Plus la technologie devient précise, plus la plateforme peut affiner la personnalisation. Cette personnalisation pourrait aussi se traduire par des conseils nutritionnels, en partenariat avec des diététiciens ou des marques spécialisées, pour offrir une approche holistique de la performance.

Si l’on se projette à moyen terme, Ochy pourrait devenir un véritable hub de l’entraînement connecté, intégrant les données issues de montres, de capteurs, et proposant un tableau de bord global de la santé de l’athlète. Là encore, le soutien d’investisseurs disposant d’un réseau international facilite les partenariats et les opportunités d’intégration.

Un regard sur la concurrence

Au-delà d’Ochy, certaines entreprises tentent elles aussi de s’imposer dans l’analyse vidéo appliquée au sport. Toutefois, on distingue deux grandes tendances :

  1. Les solutions qui nécessitent un matériel spécifique (capteurs sur le corps, tapis de course équipé, etc.).
  2. Les solutions 100 % smartphone, plus accessibles mais souvent moins précises.

Ochy prétend se situer au carrefour de ces deux approches, en offrant une précision proche des systèmes lourds, avec la simplicité d’une capture vidéo mobile. Les fondateurs misent sur la démocratisation de cette approche pour se distinguer, en particulier auprès des coureurs indépendants et des entraîneurs de terrain.

Le partenariat avec adidas et le soutien d’investisseurs reconnus constituent un atout de taille pour consolider cette position. Cela pourrait aussi permettre d’envisager rapidement des développements à destination d’autres sports où la technique de déplacement joue un rôle crucial, comme le tennis ou le football.

Perspectives de déploiement et facteurs de réussite

À court terme, l’enjeu majeur est de réussir l’intégration dans adiClub et de convaincre les coureurs de tirer parti de l’offre de trois mois gratuits. Si l’adoption initiale est massive, Ochy pourrait rapidement gagner du terrain sur un marché compétitif. Il faudra pour cela maintenir l’excellence technologique et proposer un parcours utilisateur irréprochable, tout en veillant à un accompagnement de qualité (service client, tutoriels, etc.).

Par la suite, la startup prévoit d’étoffer ses équipes, notamment dans le domaine du machine learning et de la relation client. Le recrutement de profils internationaux pourrait être un levier pour développer l’application dans plusieurs langues et s’implanter localement sur des marchés clés.

Le soutien de la communauté sportive française, via la Fédération d’athlétisme, est un autre facteur-clé : en s’appuyant sur des athlètes de haut niveau comme vitrines, Ochy pourra gagner en crédibilité. Au-delà du grand public, la conquête des clubs d’athlétisme et des centres d’entraînement spécialisés assurera une expansion en profondeur.

Une ambition sportive et technologique en constante évolution

À l’heure où la transition numérique réinvente la pratique sportive, Ochy illustre la volonté française de positionner l’intelligence artificielle au service de la performance et de la santé. Par cette levée de 1,7 million d’euros et son intégration au programme adiClub d’adidas, la startup rennaise franchit un palier significatif, avec l’espoir de voir son approche unique s’étendre aux quatre coins du monde. Une success story en devenir, qui illustre à quel point la rencontre entre la science, l’innovation et l’esprit d’équipe peut redessiner notre rapport à la course à pied.