À Paris, Nepsis confirme une levée de 3,5 millions d’euros et se positionne au cœur du financement de la décarbonation des PME et ETI. Portée par Bpifrance Digital Venture et plusieurs fonds d’amorçage, la fintech veut accélérer l’accès au capital pour des projets énergétiques trop souvent ralentis par la complexité des montages et des délais bancaires. Le pari est net : industrialiser le financement vert des entreprises françaises.

Levée de fonds de 3,5 M€ : un signal pro-transition pour les PME-ETI

Nepsis annonce une levée de 3,5 millions d’euros, conduite par Bpifrance Digital Venture, avec la participation d’AFI Ventures, Hoji Ventures, 50 Partners et Ring Capital. L’opération doit permettre d’ouvrir plus largement le financement de la transition énergétique aux entreprises de taille intermédiaire et aux PME, un segment encore en décalage avec les ambitions climatiques nationales. Cette information a été confirmée par l’écosystème d’investisseurs impliqués et relayée par des canaux spécialisés en capital innovation (Bpifrance Le Hub).

La promesse de Nepsis tient en une phrase : accélérer et simplifier la mise en finance des projets de décarbonation, là où les entreprises constatent des processus longs, une documentation lourde et des conditions de crédit peu adaptées à la nature des flux énergétiques ou aux calendriers d’économies d’énergie. Le tour de table valide le positionnement de la plateforme sur un créneau où la demande s’intensifie, mais où l’offre de financement reste émiettée.

Bpifrance Digital Venture et AFI Ventures : rôle dans le tour

Le chef de file, Bpifrance Digital Venture, apporte une légitimité forte à l’interface de la technologie et de la finance d’entreprise. Autour de la table, AFI Ventures, Hoji Ventures, 50 Partners et Ring Capital s’inscrivent dans une logique d’accélération produit et go-to-market. Leur lecture convergente met en avant la capacité de Nepsis à agréger un pipeline qualifié et à réduire le temps de montage financier des opérations d’efficacité énergétique.

Tour de table et positionnement

Les investisseurs participants confirment une stratégie orientée sur trois axes :

  • Industrialisation du traitement de dossiers de transition énergétique.
  • Amélioration de l’outil de scoring et d’automatisation documentaire.
  • Accès aux financements pour les PME-ETI avec un impact mesurable sur les émissions.

Plateforme Nepsis : de l’origination au contrat, l’IA en renfort

La proposition de valeur de Nepsis repose sur une plateforme qui relie entreprises, banques et installateurs spécialisés, couvrant l’ensemble de la chaîne, du montage à la structuration contractuelle jusqu’à la mise en place du financement. Le cœur technologique inclut un scoring en temps réel permettant de générer des offres personnalisées en moins de cinq minutes, puis de produire des contrats prêts à l’emploi.

Ce modèle vise à initier des projets sans pression excessive sur la trésorerie et sans accroissement mécanique de l’endettement, une attente récurrente des directions financières d’ETI et de PME face aux plans d’investissement énergétiques. En standardisant les parcours, Nepsis réduit la friction opérationnelle, diminue l’incertitude sur les délais et améliore la lecture du risque pour les établissements financeurs.

Scoring en temps réel et offres en moins de cinq minutes

Le moteur de la plateforme s’appuie sur l’IA pour agréger des critères techniques et financiers, qualifier l’éligibilité et proposer des conditions adaptées. L’intérêt pour les entreprises est double : une visibilité rapide sur la faisabilité et un gain de temps au moment critique où se jouent les arbitrages d’investissement. Pour les partenaires bancaires, cela se traduit par des dossiers mieux documentés et un deal-flow plus lisible.

Le parcours type comprend :

  • Qualification du besoin et cadrage technique du projet.
  • Scoring IA instantané, avec scénarios de financement proposés.
  • Structuration contractuelle standardisée pour limiter les délais.
  • Transmission aux financeurs et finalisation avec l’installateur.

Résultat attendu : un time-to-offer compressé et des conditions plus prévisibles pour les deux côtés de la chaîne.

Traction commerciale et carnet de projets 2025

En six mois d’activité, Nepsis a déjà enregistré 80 millions d’euros de projets déposés par 150 clients industriels. Depuis le début de l’année 2025, ce volume s’établit à 100 millions d’euros, avec 20 millions d’euros ciblés pour un financement effectif d’ici la fin de l’année. La société anticipe un chiffre d’affaires 2025 de 250 000 euros, signe d’une montée en charge progressive et d’un intérêt marqué du marché.

Le maillage de partenaires s’étoffe au fil des mois, avec une priorité donnée à la fiabilité des installateurs et à la capacité d’exécution sur des projets aux profils énergétiques variés. Cette approche vise à offrir aux financeurs un niveau de confiance accru sur la tenue des rendements énergétiques et sur les calendriers de déploiement.

Partenaires industriels et financiers

Nepsis travaille déjà avec 25 installateurs, parmi lesquels Hellio, Auraliance et SPVE. Côté financement, la plateforme collabore avec Lita, le Crédit Coopératif et la Nef. L’objectif est de consolider un réseau d’acteurs capables d’absorber un flux croissant de projets tout en maintenant une exigence élevée de qualité d’exécution.

Chiffres clés communiqués par Nepsis

  • 3,5 M€ levés pour accélérer le produit et les opérations.
  • 100 M€ de projets enregistrés depuis début 2025.
  • 20 M€ visés en financements effectifs d’ici fin 2025.
  • 150 clients industriels engagés sur la plateforme.
  • 25 installateurs partenaires répertoriés.
  • 250 000 € de chiffre d’affaires anticipé en 2025.

Gouvernance et feuille de route 2026

Pour passer à l’échelle, Nepsis prévoit de renforcer ses équipes en technologie, data et gestion de projets. La priorité portera sur l’automatisation de centaines de dossiers et sur le perfectionnement de l’outil de scoring pour fiabiliser l’évaluation des risques techniques et financiers. À l’horizon fin 2026, la société vise 100 millions d’euros de projets financés pour 250 entreprises, en s’appuyant sur une trentaine d’installateurs partenaires.

Sur le plan managérial, la direction clarifie ses objectifs : massifier les volumes tout en conservant une granularité de suivi suffisante pour ne pas diluer la qualité des montages. Cette discipline opérationnelle est essentielle pour conserver la confiance des financeurs et standardiser les pratiques.

Qui est Nepsis ?

Fondée en 2025 au sein du startup studio Hoji, Nepsis se positionne comme une fintech de financement d’actifs de transition énergétique pour les PME et ETI. L’équipe dirigeante est portée par Constantin Wolfrom (PDG et cofondateur), Stanislas Pollet (directeur de l’exploitation) et Thomas Cherret (directeur technique).

La feuille de route combine un socle technologique d’IA, des standards contractuels et un réseau de partenaires industriels et financiers. Le dirigeant résume l’ambition : « Nous sommes très heureux d’avoir l’opportunité d’accélérer le déploiement de Nepsis, et de contribuer à l’autonomie énergétique des entreprises françaises, à leur gain de compétitivité et à leur décarbonation. »

Passer de dizaines à des centaines de dossiers nécessite :

  • Normalisation des pièces et flux documentaires.
  • Paramétrage des critères de risque pour conserver la lisibilité.
  • SLA partagés avec les installateurs pour maîtriser les délais.
  • Traçabilité des hypothèses techniques pour rassurer les financeurs.

Le bénéfice attendu : des cycles de décision plus courts et une réduction du coût de traitement par dossier.

Cadre marché et politique publique en appui

Le marché d’adresse est vaste. Les PME et ETI représentent environ 99 % des entreprises en France et emploient plus de la moitié de la main-d’œuvre.

Pourtant, une part d’entre elles peine encore à engager des actions de décarbonation, freins budgétaires et complexité administrative obligent. Les objectifs climatiques nationaux, avec une cible de réduction de 55 % des émissions d’ici 2030, imposent d’accélérer.

Dans cet environnement, l’État et ses opérateurs soutiennent la dynamique d’investissement. Le programme France 2030, doté de 54 milliards d’euros, continue de sélectionner des projets industriels, notamment via le dispositif Première Usine.

En parallèle, le Sommet Choose France 2025 a annoncé 40,8 milliards d’euros d’investissements et 53 projets confirmés (DGE, Choose France 2025). Du côté des capitaux, les enveloppes publiques et parapubliques irriguent l’innovation, avec des volumes significatifs déployés vers la transition écologique. Ce socle crée un environnement plus propice aux montages de financement hybrides pour les entreprises.

Ouverture aux capitaux et rôle des fintechs

Les fintechs comme Nepsis apportent une capacité d’origination et un savoir-faire technologique qui fluidifient la mise en relation entre demande et offre de capital. Les ETI, qui pèsent une part substantielle du PIB français, disposent d’un potentiel de réduction d’émissions important via des investissements ciblés.

Toutefois, l’accès à des financements adaptés demeure partiel. C’est précisément cet angle mort que préempte Nepsis en productisant le montage de projets et en standardisant les étapes clés pour gagner du temps.

La dynamique européenne ajoute une dimension d’échelle : l’Union européenne évalue à plusieurs centaines de milliards d’euros par an l’effort d’investissement nécessaire pour la transition énergétique. L’activation des chaînes industrielles et des fournisseurs d’équipements s’intensifie, renforçant le besoin d’interfaces capables de faire passer rapidement des projets du stade d’intention à la réalité opérationnelle.

Freins récurrents à la décarbonation des PME

  • Coût initial perçu comme obstacle principal pour une majorité de dirigeants.
  • Processus complexes et délais bancaires prolongés.
  • Manque de standardisation des contrats et des garanties techniques.
  • Accès partiel à des instruments de financement calibrés sur les économies d’énergie.

Ce que change Nepsis pour la finance d’entreprise

Sur le plan financier, la méthode Nepsis adresse un enjeu central des directions financières : faire coïncider le profil des cash flows énergétiques avec les solutions de financement. En proposant des parcours plus courts et en rendant comparables des offres initialement hétérogènes, la plateforme réduit l’asymétrie d’information qui pénalise souvent les PME et ETI. La dimension de structuration contractuelle est clé, car elle conditionne la capacité des banques et fonds à s’engager rapidement.

Pour les entreprises, l’intérêt est de sécuriser le montage en amont, de limiter l’immobilisation de trésorerie et d’obtenir des contrats prêts à signer sans multiplier les allers-retours juridiques. Pour les financeurs, l’atout réside dans la qualité des dossiers et la traçabilité des hypothèses techniques, qui facilitent l’analyse du risque et la prise de décision.

Pour les banques et installateurs : un deal-flow qualifié

Côté banques, l’accès à des dossiers normalisés, assortis de métriques homogènes, augmente le taux de transformation et clarifie les zones de risque. Côté installateurs, la réduction du cycle de vente et la possibilité d’arriver sur des projets avec une structuration financière pré-validée accélèrent le passage en exécution. Résultat attendu : davantage de projets qui aboutissent, et plus vite.

Pour objectiver l’apport de Nepsis, plusieurs indicateurs peuvent être suivis :

  • Temps moyen entre l’initiation et l’offre ferme.
  • Taux de conversion des projets déposés en contrats signés.
  • Montants financés par typologie de projets.
  • Performance opérationnelle des installations financées à 12 et 24 mois.

Ces métriques donnent de la visibilité aux entreprises et aux financeurs sur la capacité de la plateforme à tenir ses promesses.

Investissements publics et relais privés : une fenêtre d’opportunité

Au-delà de l’initiative privée, l’écosystème français offre plusieurs leviers d’appui. France 2030 poursuit la consolidation d’une base industrielle pour la transition, tandis que Choose France 2025 a confirmé des volumes d’investissements étrangers importants dans l’Hexagone (DGE, Choose France 2025). De leur côté, les acteurs publics et parapublics, dont Bpifrance, contribuent à faire émerger des champions technologiques et des plateformes de financement spécialisées.

Cette fenêtre d’opportunité bénéficie aux entreprises qui disposent désormais d’outils plus adaptés pour structurer des opérations complexes et accéder à des capitaux alignés sur leurs objectifs énergétiques. Le mouvement de professionnalisation des projets, avec une meilleure documentation technique et juridique, est un facteur décisif pour accélérer la cadence de décarbonation dans le tissu productif.

La trajectoire de Nepsis s’inscrit dans ce moment de marché. Avec un pipeline annoncé en croissance et un réseau d’installateurs et de financeurs élargi, la fintech entend démontrer que la scalabilité est possible sur des projets trop longtemps traités au cas par cas. Les déclarations d’investisseurs soulignent d’ailleurs l’attrait de ce modèle, à mi-chemin entre agrégation d’opportunités et structuration méthodique des contrats.

Cap mobilisé et feuille de route 2027 : un test pour la filière

Les prochains mois diront si l’équation de Nepsis tient à grande échelle : industrialiser les montages, préserver la qualité des dossiers, et convertir un pipeline important en financements effectifs. Si les objectifs 2026 sont atteints, la plateforme pourrait s’imposer comme un référent pour les PME et ETI en quête de solutions rapides et lisibles pour leurs investissements énergétiques.

Au-delà du seul modèle Nepsis, l’issue intéresse toute la chaîne de valeur de la transition : financeurs, installateurs et entreprises clientes. L’efficacité opérationnelle et la capacité à standardiser sans rigidifier seront les clés du passage de cap. Un stress test grandeur nature pour la finance de la décarbonation des entreprises françaises.