Néovacs franchit un nouveau palier financier
Le nouveau financement permettra de développer la plateforme Kinoïde® et d'intensifier les investissements en BioTech et MedTech.

Selon les informations disponibles sur le site de la société, une nouvelle étape cruciale vient d’être franchie par la biotech française Néovacs. Entre stratégies de financement pour consolider la recherche sur les allergies et renforcement d’un modèle d’investissement en biotechnologie, l’entreprise attire l’attention des observateurs du marché. Voici un décryptage détaillé sur cette opération de 1,2 M€ et ses multiples enjeux.
Annonce d'une levée de fonds significative
Le 5 mai 2025 à midi, à Suresnes, Néovacs (cotée sur Euronext Growth Paris : ALNEV) a dévoilé une levée de fonds d’un montant total de 1,2 million d’euros. Cette somme, obtenue via l’émission d’OCEANE-BSA (Obligations Convertibles Échangeables en Actions Nouvelles ou Existantes assorties de Bons de Souscription d’Actions), doit stimuler la recherche interne et soutenir de nouveaux projets d’investissement dans le domaine de la santé.
Précisément, l’émission représente une valeur nominale de 1 200 000 €, dont le souscripteur est European High Growth Opportunities Securitization Fund. Ce dernier n’entretient aucun lien capitalistique, ni action de concert, avec HBR Investment Group, Hugo Brugière ou la structure Alpha Blue Ocean. Cette opération témoigne avant tout d’une volonté de la part de Néovacs de faire appel à un véhicule de financement capable de répondre aux besoins progressifs de liquidités, plutôt que de recourir à des investisseurs à visée de long terme.
Sur le plan financier, après déduction d’honoraires spécifiques liés à des frais de renonciation à certaines conditions préalables (appelés « waiver fees »), le montant net qui revient à Néovacs est de 952 000 €. Ces sommes servent principalement à soutenir la recherche sur la plateforme Kinoïde® destinée à contrer les réactions allergiques, ainsi qu’à renforcer des engagements dans des projets d’innovation en BioTech et MedTech. De quoi affirmer une stratégie à deux volets : développer ses propres traitements et offrir un appui financier à d’autres acteurs prometteurs du secteur.
Une OCEANE-BSA représente une obligation convertible assortie de bons de souscription d’actions. En clair, elle donne à son détenteur la possibilité de convertir l’obligation en actions (nouvelles ou existantes), tout en lui offrant la faculté de souscrire des actions supplémentaires via des BSA. C’est un levier de financement souvent privilégié par les entreprises en phase de croissance, particulièrement dans la biotech où les besoins de R&D sont considérables.
L'éclairage sur l'instrument OCEANE-BSA
Avant l’annonce de cette nouvelle tranche de 1,2 M€, Néovacs avait déjà réalisé plusieurs levées de fonds via le même mécanisme. Ainsi, la société avait récolté 26,1 M€, entraînant la création de 24 097 082 383 actions dans le capital social. À la suite de ces opérations antérieures, un actionnaire détenant 1% du capital initial s’est retrouvé avec moins de 0,20% de participation, traduisant ainsi la dilution importante occasionnée.
Avec la récente émission d’OCEANE-BSA, l'entreprise prévoit la création potentielle de 51 779 935 actions nouvelles (sur la base du dernier cours coté). Les 23 880 597 BSA émis sont destinés à être rétrocédés à la société, en vue de leur annulation. Cela constitue une modalité courante pour limiter la dilution supplémentaire, tout en conservant la flexibilité opérationnelle nécessaire à la finalisation de projets stratégiques. D’après les calculs de Néovacs, si un actionnaire détenait 1% du capital juste avant ce tirage, il se verrait dorénavant à environ 0,60%.
Techniquement, il convient de rappeler que les OCEANE-BSA permettent d’échelonner la mobilisation des fonds et, souvent, facilitent la trésorerie à court et moyen terme. En contrepartie, l’entrée progressive d’actions sur le marché peut peser sur le cours, car le souscripteur initial revend graduellement les titres convertis pour récupérer son investissement, plutôt que de rester actionnaire à long terme.
Bon à savoir sur la dilution
La dilution se produit lorsque la proportion de capital détenue par un actionnaire se réduit suite à l’émission de nouvelles actions. Dans le cas d’une biotech, la dilution est fréquemment acceptée comme un “mal nécessaire” pour financer les travaux de R&D, dont les coûts peuvent être particulièrement élevés à mesure que les essais cliniques progressent.
L'impact sur la structure actionnariale
L’impact dilutif représente une préoccupation majeure pour les actionnaires existants. Les chiffres communiqués par Néovacs indiquent que, même si le souscripteur ne conserve pas les titres sur le long terme, la conversion en actions, suivie de la revente sur le marché, se traduit par une augmentation significative du flottant en Bourse.
Au total, 24 097 082 383 actions ont vu le jour avant ce dernier tirage, et 51 779 935 actions pourraient s’ajouter si l’ensemble des OCEANE-BSA émises venait à être converti. Cette mécanique n’implique pas nécessairement un prospectus visé par l’AMF, car la société s’est appuyée sur les réglementations françaises permettant d’éviter l’établissement d’un prospectus pour certains types de levées, notamment lorsque le montant concerné ne dépasse pas certains seuils ou qu’il s’agit d’investisseurs qualifiés.
Dans le cas présent, l’AMF n’a pas eu à approuver cette opération, ce qui accélère les procédures de mise en place. Les investisseurs institutionnels spécialisés dans la croissance rapide (“High Growth Opportunities”) agissent ainsi comme un relais de financement flexible, avec un ticket initial modeste et la possibilité de s’ajuster au cours de l’avancement des projets scientifiques.
Certaines critiques émanent parfois du fait qu’une émission d’OCEANE-BSA est perçue comme un risque de “vente continue” sur le marché. Les investisseurs se demandent si le souscripteur, en revendant les titres pour se rembourser, tire le cours vers le bas. La gestion de cette problématique dépend toutefois de la santé financière de la société, de la confiance des acteurs et du bon déroulement des innovations en R&D.
Les motivations et l'utilisation des fonds
Le produit net de 952 000 € profite en premier lieu au programme de recherche Kinoïde®, qui cible les allergies. Cette technologie consiste à stimuler le système immunitaire afin de réguler la production excessive de protéines délétères, telles que les IgE ou les cytokines pro-inflammatoires (IL-4, IL-13). À terme, l’enjeu est d’offrir des traitements vaccins capables de soulager les patients allergiques en agissant sur la source même du problème immunologique.
En parallèle, Néovacs souhaite renforcer sa capacité à investir dans de nouveaux projets, aussi bien en interne qu’externe. Concrètement, la société française se donne les moyens de prendre des participations dans des start-up ou entreprises innovantes, que ce soit en BioTech (pour développer des candidats médicaments) ou en MedTech (pour inventer de nouveaux dispositifs médicaux). Cette double stratégie, R&D et investissement, vise à diversifier les ressources et à créer un écosystème favorable à l’émergence de technologies de rupture.
Par ailleurs, cette levée renforce les réserves de trésorerie de Néovacs, cruciales pour aborder les étapes précliniques et cliniques des vaccins en développement. En France, ces étapes exigeront la conformité aux réglementations de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ainsi qu’un éventuel passage par des autorisations plus larges à l’échelle européenne (EMA). Chacune de ces phases est exigeante en capitaux et en temps, ce qui explique pourquoi la société veille à multiplier les sources de financement.
Clarification sur les « waiver fees »
Les « waiver fees » correspondent à des frais que l’investisseur facture à la société lorsqu’il accepte de renoncer à certaines clauses protectrices qui l’autoriseraient, par exemple, à ne pas souscrire à l’émission en cas d’événements défavorables. Ici, 200 000 € de « waiver fees » ont été déduits du montant total levé de 1,2 M€, ce qui ramène la somme nette perçue par Néovacs à 952 000 €.
Le contexte du marché biotech en France
Les biotechnologies ont connu un essor considérable en France ces dix dernières années, avec une multiplication des acteurs cherchant à développer des traitements innovants. Malgré tout, la France reste en concurrence avec d’autres pays européens et nord-américains, où la culture du capital-risque est plus ancrée et où le financement de la R&D bénéficie parfois de soutiens publics plus importants.
Dans ce cadre, la réussite d’une société comme Néovacs dépend non seulement de la robustesse de son concept scientifique, mais aussi de sa capacité à séduire des investisseurs capables de supporter des risques élevés. À l’inverse, ces partenaires financiers exigent souvent des conditions de sortie rapide, générant un certain turnover actionnarial. C’est pourquoi la question de la dilution – souvent vive dans les biotechs – prend une importance particulière pour les actionnaires de long terme.
Les investisseurs avertis savent qu’en France, le recours à un financement obligataire convertible, ou à des Equity Lines, fait partie des scénarios privilégiés pour boucler les tours de tables, lorsque le marché financier traditionnel (introduction en Bourse classique, augmentations de capital ouvertes au public) n’est pas jugé optimal. Les OCEANE-BSA entrent dans cette catégorie d’instruments hybrides, permettant de limiter les intérêts débiteurs, tout en offrant à l’investisseur un moyen de conversion plus flexible.
La législation française prévoit que toute émission de valeurs mobilières donnant accès au capital peut s’effectuer sans prospectus si le montant total de l’offre est inférieur à un certain seuil (habituellement 8 millions d’euros sur 12 mois) ou si elle s’adresse exclusivement à des investisseurs qualifiés. Dans le cas de Néovacs, l’absence de prospectus AMF reflète le respect de ces critères, facilitant ainsi la rapidité de la levée de fonds.
Qui est Néovacs ?
Néovacs est une société de biotechnologie française qui se distingue par son double positionnement : d’une part, la recherche et le développement de vaccins thérapeutiques basés sur la plateforme kinoïde® ; d’autre part, l’investissement dans des start-up ou projets à fort potentiel dans les secteurs BioTech et MedTech. Ce modèle s’explique par la volonté de limiter la dépendance aux seules avancées de la R&D interne, tout en capitalisant sur un écosystème d’innovations connexes.
Historiquement, la société s’est fait connaître pour son travail autour d’un vaccin thérapeutique contre le lupus (IFNα-Kinoïde). Au fil des ans, Néovacs a choisi d’étendre son champ d’application de la plateforme kinoïde® à d’autres maladies auto-immunes et allergiques, avec l’objectif de réguler la surproduction de protéines pro-inflammatoires. Cette stratégie reflète l’importance grandissante des immunothérapies actives, perçues comme une réponse de plus en plus crédible aux maladies chroniques.
Parallèlement, la direction de la société mise sur un repositionnement stratégique en devenant un investisseur dans des sociétés émergentes. L’idée est de créer un portefeuille d’activités complémentaires, afin de mutualiser les ressources, partager les expertises et diversifier les risques financiers. Cette approche est particulièrement attirante dans le secteur de la santé, où la probabilité de succès peut varier fortement d’un projet à l’autre.
Les risques et les enjeux pour l'entreprise
Toute biotech, particulièrement en phase de R&D intensive, est exposée à divers risques opérationnels et financiers. Dans son Rapport Financier Annuel 2024, Néovacs met en exergue plusieurs éléments qui pourraient influencer le bon déroulement de ses activités : la validation des essais cliniques, le respect des réglementations, la dépendance à la trésorerie et, bien sûr, la concurrence mondiale qui peut rapidement faire émerger d’autres solutions innovantes.
Le rapport souligne aussi le risque de liquidité, problématique récurrente dans le domaine de la biotech. Malgré la confiance de la direction dans la capacité à honorer ses obligations financières sur les 12 prochains mois (notamment grâce aux lignes de financement obligataire), il est clair que la réussite à long terme dépendra de la viabilité du pipeline de produits. Une issue favorable des études cliniques sur le kinoïde® serait un puissant catalyseur de valorisation, mais toute incertitude réglementaire ou contre-performance dans les essais cliniques pourrait fragiliser la position de Néovacs.
De plus, la dilution constante et les émissions successives d’OCEANE-BSA ont pu susciter une certaine prudence de la part de petits porteurs. L’augmentation du nombre total d’actions en circulation signifie que la valeur de chaque part de capital détenue par les actionnaires préexistants pourrait se réduire. Cette stratégie d’émissions successives est un pari : si la recherche et les investissements aboutissent, la société pourrait être en mesure de compenser la dilution par une croissance conséquente de sa valeur globale.
Focus sur le rapport financier de 2024
Dans ce document, disponible sur le site Internet de Néovacs, figurent toutes les informations sur la trésorerie et la stratégie financière, ainsi que le détail des opérations sur titres et l’historique des levées de fonds. Il est également indiqué que la société demeure confiante dans sa capacité à sécuriser les ressources nécessaires pour franchir les étapes clés de ses programmes de recherche.
Une dynamique d'investissement prometteuse
En plus de développer des candidats vaccins, Néovacs s’est distinguée par ses opérations d’investissement dans des entreprises externes. Ce positionnement lui permet d’être à l’affût de projets novateurs, que ce soit dans le segment pharmaceutique (nouveaux traitements) ou technologique (outils de diagnostic, dispositifs médicaux connectés, etc.).
Cette démarche a plusieurs avantages : elle mutualise les risques en s’appuyant sur plusieurs foyers de croissance, et elle diversifie les retours potentiels pour les actionnaires. Toutefois, le challenge reste grand : détecter les futures pépites exige une expertise solide, tandis que les investissements restent soumis aux aléas de la concurrence et de la réglementation. Si les produits tardent à prouver leur efficacité ou à être validés par les autorités sanitaires, le retour sur investissement peut être retardé.
Dans un marché global de la Biotech qui pèse plusieurs milliards d’euros, la France est réputée pour la qualité de sa recherche académique. Toutefois, l’un des freins majeurs à l’émergence de licornes dans ce secteur demeure la disponibilité des capitaux. Les montants levés par les acteurs français restent souvent inférieurs à ceux de leurs homologues américains. C’est dans cet écosystème contraint que l’approche de Néovacs – combiner R&D et investissement – pourrait porter ses fruits, à condition de bien orchestrer chaque levée de fonds et de maintenir la confiance des actionnaires.
Vers de nouvelles opportunités ?
L’opération d’1,2 M€ signalée le 5 mai 2025 confirme la volonté de Néovacs de poursuivre sur une voie hybride, mêlant levées de fonds ponctuelles et investissements diversifiés. L’accélération de son programme Kinoïde® dédié aux allergies témoigne d’un ancrage dans l’immunothérapie active, un créneau qui suscite depuis quelques années l’engouement du secteur pharma.
De nombreuses questions subsistent : quels seront les résultats précis des prochains essais cliniques ? Comment la société entend-elle répartir les fonds investis au-delà de ses propres recherches ? Qui sont les futures cibles potentielles pour ses investissements, et dans quels segments (diagnostic, e-santé, dispositifs connectés) ?
À la lumière du parcours de Néovacs, il apparaît qu’une stratégie alliant expertise scientifique et capital investissement peut s’avérer payante, surtout dans un environnement concurrentiel. Toutefois, cette configuration requiert de solides bases de gouvernance, une transparence exemplaire vis-à-vis des actionnaires, et une gestion prudente de la dilution.
Cette levée de fonds, synonyme de nouveaux moyens pour la recherche sur les allergies et de renforcements futurs dans la BioTech et la MedTech, symbolise la persévérance de Néovacs et la confiance renouvelée des investisseurs dans la capacité de la société à réinventer le paysage immunothérapeutique.