Levée de fonds stratégique pour l'innovation environnementale
Découvrez comment NeoEarth, une deeptech girondine, lève 1,025 M€ pour industrialiser sa technologie de culture de microalgues et s'imposer au marché.

NeoEarth passe une vitesse supérieure. La deeptech girondine officialise une seconde levée de fonds de 1,025 million d’euros bouclée le 1er septembre 2025. Objectif affiché par l’équipe dirigeante installée en Gironde : accélérer l’industrialisation de sa technologie de culture de microalgues à haut rendement tout en préparant des partenariats commerciaux avec des acteurs de la cosmétique, de l’énergie et de l’agroalimentaire.
Un financement ciblé pour accélérer l’industrialisation
Cette opération est pilotée par First Imagine, fonds londonien axé sur la transition énergétique, avec la participation de Newfund, TechMind et Climate Club. Elle fait suite à un premier tour réalisé en juillet 2024, qui avait permis d’amorcer la phase d’optimisation des souches et du procédé de culture.
NeoEarth inscrit ce nouveau tour dans une trajectoire très opérationnelle. La société confirme son déménagement vers un laboratoire à Canéjan pour se rapprocher des ressources scientifiques et industrielles de la métropole bordelaise, financer l’achat d’équipements spécifiques et renforcer ses équipes techniques. La montée en cadence vise une mise sur le marché accélérée, avec des projets pilotes attendus d’ici fin 2026.
La signature d’investisseurs spécialisés dans l’énergie et le climat constitue un signal stratégique. Elle valide une lecture industrielle du dossier : les microalgues ne relèvent plus uniquement de la R&D fondamentale, elles s’insèrent désormais dans des chaînes de valeur décarbonées où la dépollution et la production de biomasse deviennent des leviers économiques tangibles.
Profils d’investisseurs et complémentarités
La présence de First Imagine apporte un prisme transition énergétique et électrification, tandis que Newfund et TechMind fédèrent des réflexes d’amorçage et de product-market fit. Climate Club, réseau d’investisseurs orienté climat, consolide l’ancrage impact. Ensemble, ils forment un tour cohérent pour une entreprise dont la proposition de valeur conjugue capture de polluants, production d’ingrédients et industrialisation modulaire.
Pourquoi cette levée compte pour l’industrie française
La technologie de NeoEarth cible des interfaces eau-air et eau-industrie où se concentrent nitrates, phosphates et CO2. En combinant dépollution et production d’intrants, l’entreprise se positionne sur des flux existants de l’économie réelle. Cette approche favorise des contrats de performance avec des sites industriels, fondés sur des indicateurs mesurables.
Microalgues et dépollution productive : une technologie de rupture à structurer
NeoEarth conçoit des souches de microalgues à haut rendement et les cultive via un photoréacteur membranaire. Ce système fermé s’appuie sur des nutriments réputés polluants dans les milieux aquatiques, notamment nitrates, phosphates et CO2, transformés en biomasse valorisable. L’entreprise revendique une production à coûts maîtrisés et un effet de dépollution qui vient augmenter la valeur de l’usage.
La différenciation repose autant sur le design du réacteur que sur la sélection génétique des souches. Le pilotage fin de l’éclairage, de la circulation des fluides et des membranes limite les contaminations, un risque classique de la culture de microalgues. La stabilisation des performances à l’échelle pilote, puis préindustrielle, conditionnera la signature de contrats avec des donneurs d’ordre.
Avantages compétitifs du photoréacteur membranaire
Par rapport aux bassins ouverts, un réacteur fermé réduit l’évaporation, autorise une densité cellulaire élevée et abaisse le risque de contamination par des espèces concurrentes. L’ajout d’une membrane permet d’optimiser transfert de gaz et récupération de biomasse. Si l’énergie d’agitation et de pompage reste un poste de coût, la valorisation d’effluents et le captage de CO2 améliorent les unit economics dans des sites industriels bien choisis.
NeoEarth met en avant un modèle de biotech industrielle où l’amélioration génétique, appuyée par le criblage et l’optimisation métabolique, cherche l’optimum entre productivité, robustesse et profil moléculaire cible. Cette approche, régulièrement décrite comme un potentiel or vert, attire l’intérêt de la French Tech pour ses débouchés multiples en ingrédients, matériaux et énergie.
Un bassin ouvert offre un CAPEX réduit et une grande surface, mais reste sensible aux variations climatiques et aux contaminations. Un photobioréacteur fermé nécessite plus de CAPEX et une instrumentation fine, mais permet un meilleur contrôle de la lumière, des nutriments et des gaz. Le couple productivité x qualité est généralement plus élevé en système fermé, au prix d’une gestion énergétique optimisée.
Contraintes d’industrialisation et facteurs de risque
L’échelle industrielle implique des défis logistiques et d’exploitation : continuité d’approvisionnement en CO2, stabilité des flux d’effluents, maîtrise de la variabilité des souches et maintenance des membranes. Les coûts d’énergie représentent un point de vigilance ; ils peuvent cependant être atténués par la colocalisation avec des sites où la chaleur fatale et le CO2 sont disponibles.
Côté qualité, la reproductibilité est essentielle pour répondre aux cahiers des charges des secteurs cosmétique et agroalimentaire. Le contrôle des métaux lourds, la traçabilité et le respect des normes microbiologiques conditionnent l’accès aux marchés les plus exigeants.
Indicateur d’impact carbone à surveiller
La littérature scientifique retient des ordres de grandeur allant jusqu’à 1,8 tonne de CO2 utilisée par tonne de biomasse produite, selon souches et procédés. La métrologie sur site et la vérification par un tiers sont déterminantes pour valoriser cet impact dans des contrats industriels ou des reportings extra-financiers.
Qui est neoearth et comment l’entreprise se positionne
Créée en 2022 en Gironde et accompagnée par l’incubateur Unitec, NeoEarth a d’abord consolidé son ancrage à Libourne avant de préparer son installation à Canéjan. Ce déplacement vise à intensifier la R&D, automatiser certaines étapes de culture et se rapprocher de partenaires techniques pour le prototypage.
La première levée bouclée en 2024 a sécurisé les fondations technologiques et la propriété intellectuelle. La nouvelle tranche permet de franchir la marche suivante : pré-industriel, qualification matières et premiers pilotes chez clients. Le séquencement est classique pour une deeptech à mi-chemin entre biotechnologies et cleantech, avec un besoin de capital pour structurer l’industrialisation.
Neoearth : modèle biotech et valorisation des externalités
L’entreprise assume un modèle de biotech industrielle qui cherche la performance biologique et le contrôle des procédés. Cette performance se double d’un co-bénéfice environnemental mesurable, valorisable auprès d’industriels contraints par leurs propres objectifs de dépollution. Ce double dividende technique et environnemental est l’un des ressorts du dossier pour des investisseurs spécialisés.
Des médias économiques ont souligné l’originalité de la stratégie fondée sur des microalgues génétiquement améliorées pour une montée en gamme de la biomasse et de ses dérivés, un positionnement qui a attiré l’attention dans la French Tech (Les Echos).
Canéjan offre un accès rapproché à des plateformes technologiques, des fournisseurs d’équipements et un vivier de talents. Les délais d’approvisionnement, les itérations de design et la maintenance préventive s’en trouvent simplifiés. Pour une deeptech en phase d’industrialisation, ces gains logistiques sont souvent décisifs dans le respect du planning de pilotes.
Des débouchés concrets : cosmétique, énergie, agroalimentaire
La biomasse issue des microalgues se décline en ingrédients fonctionnels pour la cosmétique, en composés lipidiques et molécules plateformes pour l’énergie, ainsi qu’en compléments alimentaires et additifs en agroalimentaire. Chaque segment impose des contraintes de pureté, de traçabilité et de régulation qui orientent la feuille de route industrielle.
Le modèle économique peut combiner ventes de biomasse, d’extraits ciblés à plus forte marge, et prestations de dépollution contractuellement mesurables. Les marges dépendront du taux d’extraction, de la valeur des co-produits et du coût de l’énergie. Les accords de cobénéfices avec des sites industriels, où les flux de CO2 et nutriments sont disponibles, peuvent faire basculer l’équation économique du côté favorable.
Synergies avec l’industrie cosmétique
La cosmétique privilégie des actifs naturels à haute valeur ajoutée : pigments, antioxydants, polysaccharides spécifiques. L’exigence qualité y est élevée, avec audits et validations qui s’étalent sur plusieurs mois. Un approvisionnement constant et certifié peut constituer un avantage concurrentiel pour NeoEarth, sous réserve d’une capacité à stabiliser les profils moléculaires lot par lot.
Bioénergie et valorisation lipidique
La fraction lipidique des microalgues intéresse la filière énergie pour des biofuels avancés et des additifs. La réglementation européenne impose des critères stricts et une traçabilité robuste. La question centrale est l’intensité énergétique du procédé, que l’entreprise peut atténuer par une intégration sur site et une récupération de chaleur ou d’électricité verte.
Compléments alimentaires et agroalimentaire
Les marchés alimentaires recherchent des protéines et acides gras d’origine algale. La réglementation française exige la conformité aux standards de sécurité et, selon les cas, des autorisations Novel Food au niveau européen. Les souches et procédés utilisés par NeoEarth devront naviguer entre ces référentiels pour une mise sur le marché sans frictions.
Où se situe la valeur dans la chaîne microalgues
Dans l’ordre croissant : biomasse brute, fractions enrichies, extraits purifiés pour cosmétique et nutrition. Les meilleurs profils marge x volume se trouvent souvent dans des extraits standardisés avec IP, couplés à des contrats d’approvisionnement pluriannuels. La dépollution et le CO2 utilisé peuvent devenir des arguments commerciaux complémentaires.
Réglementation, financements publics et propriété intellectuelle
Sur le plan juridique, NeoEarth opère dans un cadre qui conjugue biotechnologies et environnement. Les obligations diffèrent selon l’usage, l’échelle et la nature des souches. La stratégie de conformité est un volet critique pour sécuriser les partenariats avec des sites industriels et des groupes de consommation.
Jei, cir et instruments publics mobilisables
Le statut de Jeune entreprise innovante ouvre des allègements de charges sociales et, selon conditions, des exonérations d’impôt sur les bénéfices. Le Crédit d’impôt recherche soutient les dépenses de R&D. France 2030 déploie des appels et dispositifs orientés industrialisation, dont le volet Première Usine, pertinent pour des technologies en phase de scale-up.
Le dispositif cible l’industrialisation de technologies innovantes, avec un financement mixte subventions et avances remboursables. Les critères portent sur la maturité technologique, l’ancrage territorial, l’impact environnemental et la création d’emplois. L’objectif est d’accélérer le passage de pilotes à une première ligne de production en France.
Ogm, confinement et sécurité des sites
Si les souches sont génétiquement modifiées au sens réglementaire, leur usage s’inscrit dans le régime de l’utilisation confinée, avec des obligations de déclaration ou d’autorisation selon le niveau de confinement. Les protocoles de biosécurité, la gestion des effluents et la formation des équipes sont indispensables pour respecter le cadre sanitaire et environnemental.
La traçabilité et l’étiquetage deviennent également déterminants dès lors que des produits entrent dans des chaînes alimentaires ou cosmétique. Une gouvernance rigoureuse de la qualité et de la conformité fluidifie les audits et accélère la conversion commerciale.
Intangibles et stratégie de brevets
La protection de la propriété intellectuelle porte à la fois sur les souches et sur les procédés. Dans la pratique, un mix de brevets, de secrets d’affaires et de savoir-faire non public permet de protéger la valeur. Les dépôts exigeants en chimie des membranes, design de réacteurs et procédés d’extraction peuvent dissuader l’ingénierie inverse.
Néo-aquaculture en nouvelle-aquitaine : terrain de jeu et effets d’entraînement
La région Nouvelle-Aquitaine dispose d’un écosystème propice à la bioéconomie bleue et aux procédés innovants. L’appui d’Unitec et la proximité de Bordeaux créent une densité de laboratoires, d’écoles et de partenaires industriels. Les relais régionaux facilitent l’accès à des dispositifs de financement et à des terrains d’expérimentation.
Pour le territoire, l’implantation d’un acteur deeptech en phase d’industrialisation promet des emplois qualifiés et la structuration d’une filière de sous-traitants en mécanique, instrumentation et traitement des effluents. NeoEarth vise la création d’une dizaine de postes sur deux ans, avec un effet d’entrainement indirect sur les services associés.
Calendrier d’exécution et jalons critiques
Le plan de marche tel qu’annoncé comprend des pilotes d’ici fin 2026. Les jalons clés intègrent :
- qualification du réacteur membranaire à l’échelle préindustrielle,
- validation de la constance des profils moléculaires sur plusieurs cycles,
- signature de contrats de co-localisation avec sites émetteurs de CO2 et d’effluents,
- mise en place des protocoles qualité pour la cosmétique et l’agroalimentaire,
- accès à des financements d’industrialisation complémentaires si nécessaire.
La réussite dépendra de la capacité à réduire le coût unitaire de la biomasse et des extraits, sans compromis sur la qualité et la sécurité. Les premières références pilotes feront foi auprès des marchés finaux.
Repères opérationnels et analyse des leviers économiques
Le modèle d’affaires de NeoEarth s’appuie sur une équation opérationnelle simple à énoncer et exigeante à exécuter : capter des flux sous-valorisés de carbone et de nutriments pour produire des molécules valorisées, dans un cadre maîtrisé, à coûts unitaires compétitifs.
Unit economics : variables d’ajustement
Les principaux leviers identifiés par les industriels du secteur incluent :
- Énergie : intensité énergétique des pompes, éclairage et contrôle thermique.
- Capex : coût des membranes, du réacteur et de l’instrumentation.
- Opex : consommables, maintenance, main-d’œuvre qualifiée.
- Intrants gratuits ou négatifs : CO2 et nutriments provenant d’effluents.
- Valorisation : ventes d’extraits à forte marge et potentiel de contrats de dépollution à la performance.
La combinaison gagnante repose souvent sur la co-localisation avec des sites industriels et sur une diversification des débouchés pour lisser la cyclicité des prix.
Qualité et assurance produit
Pour la cosmétique et l’agroalimentaire, NeoEarth devra maintenir des spécifications serrées de ses extraits et de sa biomasse, gérer les contaminants potentiels et documenter la chaîne de valeur. Les audits QA, les validations analytiques et les lot releases sont désormais des étapes incontournables avant toute montée en volume.
Risques et alertes à surveiller
- Sensibilité énergétique : hausse des prix de l’électricité susceptible de dégrader la marge.
- Réglementation : exigences accrues en cas d’utilisation de souches modifiées.
- Industrialisation : encrassement des membranes et continuité de production.
- Marchés finaux : délais de validation en cosmétique et agroalimentaire.
- Financement : besoin éventuel d’un tour complémentaire pour la première ligne industrielle.
Partenariats industriels : logique de site et de flux
Les microalgues consomment du CO2 et des nutriments, disponibles sur des sites tels que stations d’épuration, unités agroalimentaires ou cimenteries. La pertinence économique dépend du coût de raccordement, de la stabilité des flux et des exigences de qualité des produits finis. Les territoires capables d’offrir ces conditions seront les mieux positionnés pour accueillir des unités.
Gouvernance, conformité et trajectoire d’exécution
La montée en capacité exige une gouvernance rigoureuse de la qualité, de la sécurité et de la conformité. L’intégration de compétences en QHSE, réglementaire et affaires industrielles devient un investissement nécessaire pour sécuriser les échéances 2026.
Procédures et certifications
Les clients finaux exigent des référentiels reconnus et des procédures écrites qui documentent la production. Les audits internes et les revues de direction trimestrielles permettent d’anticiper les non-conformités. Sur un site manipulant des cultures, la prévention des contaminations croise la sécurité du personnel et la continuité d’activité.
Clés d’un premier pilote réussi
Un pilote probant combine un design-to-cost, un périmètre de performance mesurable et un client sponsor capable de fournir des flux stables. Les indicateurs essentiels incluent le rendement volumétrique, la qualité des extraits, la stabilité sur plusieurs cycles et le coût énergétique par kilogramme produit. La transparence des données renforce la confiance et facilite le passage au contrat commercial.
La transition du laboratoire au pilote impose de repenser la métrologie : capteurs en ligne, bilans matière et énergie, contrôles microbiologiques, suivi analytique des extraits. Documenter ces séries de mesures permet d’objectiver les progrès et de réduire l’incertitude pour l’industriel partenaire.
Capteurs de carbone, biomasse et clients finaux : ce qui va compter d’ici 2026
Dans les prochains mois, NeoEarth devra transformer sa promesse technologique en performance économique sur site. La société dispose d’un capital identifié, d’investisseurs engagés et d’un ancrage territorial solide en Gironde. La suite se jouera sur la capacité à sécuriser des flux de CO2 et de nutriments, à maintenir une qualité constante et à signer des pilotes où la valeur est mesurée et partagée.
Si ces jalons sont atteints, les lignes de production pourront s’agrandir par modules et les volumes s’orienter vers les segments les plus rémunérateurs. La combinaison dépollution plus ingrédients naturels est une proposition cohérente avec les objectifs de décarbonation et les attentes des marchés. NeoEarth a désormais l’essentiel des cartes pour transformer une innovation de laboratoire en actif industriel, à condition de tenir le rythme technologique et l’exigence de conformité.