À Grenoble, Mare Nostrum accélère sa remise en ordre. Le spécialiste des solutions RH pour PME et ETI a annoncé la cession d’AT Patrimoine et revendique 56,7 M€ de chiffre d’affaires sur le premier semestre 2025. Le groupe sort d’une période sous protection du tribunal et enchaîne les étapes judiciaires et stratégiques pour alléger sa dette et revenir à ses métiers les plus rentables.

Cession d’AT Patrimoine : désendettement et retour au cœur de métier

Le groupe confirme la cession d’AT Patrimoine, société héraultaise dédiée à l’externalisation RH, à la formation et à la prévention des risques auprès d’administrateurs de biens. L’opération s’inscrit dans une séquence de recentrage déclenchée après la vente d’Altros. Le produit sera affecté au remboursement d’une partie de la dette senior, à hauteur d’environ 17 % de l’endettement global.

Cette orientation est claire : réduire la charge financière et reconcentrer les ressources sur l’intérim et les services RH essentiels, périmètres sur lesquels Mare Nostrum affiche sa plus forte expertise. Le ciblage répond à une logique industrielle autant que financière, avec l’objectif de stabiliser la structure de coûts et de clarifier le portefeuille d’activités.

AT Patrimoine : périmètre et clientèle

AT Patrimoine intervient sur des prestations d’externalisation RH, de formation et de prévention des risques, avec une clientèle principalement composée d’administrateurs de biens. La filiale opère dans l’Hérault. Le groupe ne communique pas sur le prix de cession ni sur le calendrier détaillé de la transaction. L’enjeu est néanmoins explicite : dégager des liquidités et renforcer la résilience financière en priorité.

Altros : étape précédente du recentrage

La cession d’AT Patrimoine fait suite à la vente d’Altros. Si les modalités de cette opération antérieure ne sont pas détaillées, sa place dans la séquence stratégique est claire. Elle a préparé le terrain pour un portefeuille recentré et une trajectoire financière mieux lisible, au profit des métiers à rotation rapide des effectifs et à marges connues, comme l’intérim.

Dette senior : ce que signifie la priorité de remboursement

La dette dite « senior » est remboursée en priorité par rapport aux autres dettes en cas de difficultés. Rembourser une part de cette dette peut :

  • Diminuer le coût moyen de financement si les lignes remboursées étaient onéreuses.
  • Améliorer le profil de liquidité en réduisant le service de la dette.
  • Renforcer la crédibilité dans l’exécution d’un plan validé par le tribunal.

Procédures collectives : jalons judiciaires validés à Grenoble

Le 21 juillet 2025, le tribunal de commerce de Grenoble a homologué le plan de continuation de Mare Nostrum. Cette décision valide la feuille de route de redressement du groupe et organise l’exécution des engagements pris vis-à-vis des créanciers. Elle constitue un verrou juridique et opérationnel majeur pour stabiliser l’activité.

Dans le même mouvement, le 4 août 2025, les plans de redressement des filiales du groupe ont été approuvés, une décision relayée le 5 août. Ce second jalon renforce la cohérence d’ensemble et sécurise l’alignement du périmètre consolidé avec les objectifs de Mare Nostrum. Ces approbations confirment la sortie par le haut d’une phase de tensions financières et réaffirment l’orientation vers les métiers cœur.

Homologations du 21 juillet et du 4 août 2025 : effet juridique et opérationnel

  • Prévisibilité des sorties de trésorerie grâce au cadre du plan de continuation.
  • Unité de cap entre la maison-mère et les filiales, au service d’un portefeuille clarifié.
  • Crédibilité renforcée vis-à-vis des contreparties bancaires et clients, gage d’exécution commerciale.

En combinant cessions d’actifs non stratégiques et discipline imposée par la procédure, le groupe améliore sa lisibilité financière et commerciale. Les décisions de justice agissent comme catalyseurs d’un repositionnement rendu nécessaire par le cycle et par un modèle où la marge nette dépend fortement de la maîtrise des coûts intermédiaires.

La sauvegarde vise à protéger une entreprise avant cessation des paiements pour organiser sa restructuration. Le redressement judiciaire s’applique aux entreprises déjà en cessation des paiements et cherche à poursuivre l’activité, maintenir l’emploi et apurer le passif. Le plan de continuation est l’issue favorable de ces procédures, fixant un calendrier d’apurement et des engagements précis sous contrôle du tribunal.

Chiffre d’affaires semestriel : cap des 56,7 M€ et trajectoire annoncée

Sur les six premiers mois de 2025, Mare Nostrum affiche un chiffre d’affaires de 56,7 M€, marqué par l’annonce d’une « nouvelle trajectoire de développement » (communiqué du 29 juillet 2025). Le groupe met en avant la résilience de son modèle sur les marchés de l’intérim et des services RH ciblant les PME et ETI.

Métriques Valeur Évolution
Chiffre d’affaires S1 2025 56,7 M€ Non communiqué
Part d’endettement global ciblée par le remboursement Environ 17 % Non applicable
Plan de continuation Homologué le 21/07/2025 Mise en œuvre
Filiales en procédure Plans approuvés le 04/08/2025 Déploiement

Lecture économique : pourquoi un chiffre semestriel est structurant

Dans les métiers de l’intérim, la volumétrie de missions suit une cyclicité forte. Un chiffre d’affaires semestriel significatif offre de la visibilité commerciale et une base pour sécuriser le financement du besoin en fonds de roulement lié aux paies et aux charges sociales. À ce titre, le signal envoyé par le S1 2025 est utile aux parties prenantes en période de réorganisation.

La trajectoire annoncée s’appuie sur une logique d’efficience opérationnelle et de simplification du périmètre. Dans un environnement où la pression sur les marges est constante, faire converger le mix d’activités vers les segments de spécialité et de récurrence plus élevée est un marqueur d’exécution prudent et cohérent.

Ce qui change concrètement pour Mare Nostrum

  • Portefeuille ajusté avec la cession d’AT Patrimoine et la vente d’Altros.
  • Désendettement enclenché via l’affectation du produit de cession à la dette senior.
  • Cap juridiquement sécurisé par l’homologation du plan de continuation et l’approbation des plans des filiales.
  • Priorité aux métiers cœur de l’intérim et des services RH essentiels aux PME et ETI.

PME et ETI en France : quels besoins RH selon la recherche publique

Le Haut-commissariat à la stratégie et au plan met en évidence l’évolution du tissu productif entre 1994 et 2022, en combinant une approche juridique et une approche économique de l’entreprise. L’étude souligne un déficit relatif d’ETI comparé à d’autres économies européennes et des défis d’adaptation pour les PME et ETI, notamment sur la structuration des fonctions support.

Dans ce contexte, des prestataires RH spécialisés permettent de mutualiser des compétences rares, de couvrir des besoins temporaires et de soutenir la montée en compétences par la formation. La stratégie de recentrage de Mare Nostrum illustre une réponse pragmatique aux contraintes des entreprises clientes : flexibilité, sécurisation des process RH et maîtrise des coûts.

Une pénurie d’ETI relative : effets de structure pour les RH

La stagnation relative du nombre d’ETI a des conséquences sur la diffusion des pratiques de gestion avancées et sur l’effet d’entraînement sur les chaînes de valeur. En conséquence, la demande de services RH externalisés peut croître pour compenser des fonctions internes encore non matures dans certaines PME de croissance. Le recentrage de Mare Nostrum vers ses métiers essentiels s’inscrit dans cette dynamique, en réduisant les dispersions d’offre pour coller à la demande des clients mid-market.

Selon les catégories en usage : PME de 10 à 249 salariés, ETI de 250 à 4 999 salariés. L’étude rappelle l’intérêt de croiser l’« unité légale » (SIREN) et la notion d’« entreprise » issue de la loi LME. Cette double lecture éclaire la gouvernance et la capacité d’investissement, deux facteurs qui conditionnent l’externalisation RH et l’outsourcing de fonctions sensibles.

Gouvernance financière : dette senior et allocation du capital

La décision d’allouer le produit de la cession d’AT Patrimoine au remboursement de la dette senior vise à améliorer la structure bilancielle et la capacité d’investissement. La réduction d’environ 17 % de l’endettement global cible une baisse du levier et une meilleure absorption des aléas d’activité. Cela renforce l’exécution du plan validé par le tribunal.

Du point de vue actionnarial et créancier, la lecture est cohérente : priorité au désendettement, discipline d’allocation et portefeuille recentré. Tant que le groupe n’a pas communiqué les montants précis des cessions, le raisonnement reste qualitatif. Il n’en demeure pas moins que la direction financière gagne en latitude pour arbitrer entre capex métier, digitalisation des process RH et optimisation du BFR, autant de chantiers indispensables dans les services à flux tendu.

Un remboursement partiel de dette senior peut produire plusieurs effets :

  • Réduction d’intérêts si le nominal baisse à taux constants.
  • Négociation facilitée des covenants grâce à un meilleur profil de risque.
  • Allongement potentiel des maturités lors d’un refinancement, en échange d’une gouvernance renforcée.

Ces effets dépendent des contrats en place, non détaillés publiquement ici. Ils doivent donc être lus comme des mécanismes possibles, non comme des résultats garantis.

Qui est Mare Nostrum : ancrage grenoblois et expertise RH

Basé à Grenoble, Mare Nostrum se positionne comme un spécialiste des solutions de ressources humaines pour les PME et les ETI. Sa proposition de valeur repose sur la proximité, l’expertise sectorielle et la capacité à déployer des services alignés sur les contraintes opérationnelles des entreprises de taille intermédiaire.

Après une phase de tensions financières, l’entreprise indique une « nouvelle trajectoire de développement ». Sa stratégie repose sur des arbitrages clairs visant à privilégier les activités à forte utilité client et à intensité capitalistique maîtrisée, tout en assainissant son bilan. L’objectif est d’installer une croissance plus lisible et plus robuste, sous le pilotage d’un plan désormais homologué.

Segments visés : intérim, externalisation et formation

L’intérim reste le pilier opérationnel, adossé à des services RH essentiels. L’externalisation ciblée et la formation viennent compléter le dispositif, notamment pour fluidifier les embauches, améliorer la conformité sociale et accompagner les pics d’activité. La cession d’AT Patrimoine recentre l’offre et libère des moyens au profit de ces lignes cœur.

Points de vigilance pour 2025

  1. Exécution du plan de continuation sur la durée et respect des échéanciers.
  2. Normalisation opérationnelle des filiales après approbation des plans de redressement.
  3. Maintien de la traction commerciale après la cession d’actifs non stratégiques.

Ces jalons conditionnent la crédibilité de la « nouvelle trajectoire » et la possibilité d’engager davantage de digitalisation des services RH.

Un redressement balisé par des jalons publics

L’homologation du plan de continuation le 21 juillet 2025, puis l’approbation des plans des filiales le 4 août 2025, structurent la séquence de rétablissement de Mare Nostrum (Boursorama, 5 août 2025). Ces étapes, couplées au chiffre d’affaires de 56,7 M€ au S1 2025, confirment un mouvement d’assainissement et de concentration sur l’essentiel.

Si le groupe n’a pas détaillé le montant des cessions, l’affectation du produit au remboursement de la dette senior à hauteur d’environ 17 % de l’endettement global envoie un signal clair : priorité à la solidité financière pour sécuriser l’activité d’intérim et les services RH aux PME et ETI. La coordination entre discipline bilancielle et lisibilité de l’offre constitue le fil conducteur des prochains mois.

Article rédigé sur la base d’informations publiques, dont le communiqué du 29 juillet 2025 pour le chiffre d’affaires semestriel et les décisions judiciaires signalées début août 2025.