30 septembre 2025 : MaPrimeRénov’ rouvre son guichet pour les rénovations d’ampleur. Après une pause estivale liée aux dérives constatées et aux tensions budgétaires, l’exécutif remet l’outil sur la table avec un dispositif resserré. Objectif affiché : mieux cibler les passoires thermiques et contenir la dépense, quitte à freiner le volume de chantiers pour la fin d’année.

MaPrimeRénov’ rouvre pour les rénovations d’ampleur : cadrage et calendrier

Le redémarrage opéré ce 30 septembre 2025 ne concerne que les rénovations d’ampleur. La ministre chargée du Logement, Valérie Létard, a confirmé le calendrier lors d’une réunion de concertation à la fin juillet. L’administration affiche une ligne claire : prioriser l’impact énergétique et social, tout en posant une barrière budgétaire ferme.

La parenthèse estivale, décidée en juin, répondait à trois signaux d’alerte : épuisement des crédits, délais d’instruction trop longs et multiplication des fraudes. Au premier semestre 2025, plus de 100 000 dossiers ont afflué, saturant les chaînes d’instruction et accentuant les dérapages.

Calendrier et périmètre de dépôt

La plateforme est à nouveau accessible pour les projets de rénovation globale intégrant un bouquet de travaux visant des sauts de classes énergétiques. Les rénovations par geste et MaPrimeRénov’ Copropriété n’ont pas été interrompues et restent ouvertes.

Les dossiers antérieurs à la fermeture

Les demandes déposées avant la suspension de juin continuent d’être instruites selon les règles antérieures. Aucune rétroactivité n’est appliquée. En pratique, deux régimes coexistent donc cet automne, ce qui impose aux ménages et aux professionnels de bien identifier le cadre applicable à chaque dossier.

Réouverture 30 septembre 2025 : les points clés

À retenir pour les rénovations d’ampleur :

  • Ouverture du guichet le 30 septembre 2025 avec quotas limités.
  • Priorité aux ménages très modestes, puis aux modestes.
  • Ciblage des logements classés E, F ou G au DPE.
  • Barèmes uniformisés et plafonds d’éligibilité abaissés.
  • Contrôles renforcés et délais d’instruction susceptibles de s’allonger.

Quotas 2025 et arbitrages budgétaires

Le gouvernement s’impose une discipline inédite pour l’exercice 2025. Deux curseurs pilotent cette fin d’année : un plafond strict de dossiers et un cadrage financier resserré. Derrière ces choix, l’impératif de contenir une dépense qui a montré ses limites lors des vagues précédentes.

Plafond de 13 000 dossiers et enveloppe 2025

Seuls 13 000 nouveaux dossiers de rénovation d’ampleur seront acceptés d’ici le 31 décembre 2025. Le budget global alloué à MaPrimeRénov’ pour l’année est ramené à 3 milliards d’euros, contre 4 milliards envisagés initialement, selon des informations relayées par la presse nationale (Le Monde, 29 septembre 2025).

Pour les ménages, cela signifie que le facteur temps devient décisif. Les premiers arrivés, s’ils respectent les critères, seront priorisés. Pour la filière du bâtiment, le signal est double : visibilité à court terme, mais risque de trou d’air si la demande excède nettement le contingent.

Barèmes et plafonds de dépenses

Les nouveaux barèmes se veulent lisibles, mais plus stricts. Les taux de prise en charge sont désormais uniformisés et indépendants du gain en classes énergétiques :

  • 80 % pour les ménages très modestes.
  • 60 % pour les ménages modestes.
  • 45 % pour les ressources intermédiaires.
  • 10 % pour les ressources supérieures.

Le bonus de 10 % lié à la sortie de passoire est supprimé. Les plafonds de dépenses éligibles sont abaissés à 30 000 euros pour un gain de deux classes énergétiques, et à 40 000 euros dès trois classes ou plus. Ces paramètres resserrés s’appliquent aux nouveaux dépôts effectués après la réouverture.

Au premier semestre 2025, l’afflux de dossiers a augmenté les délais d’instruction et révélé des failles dans les contrôles. La réduction de l’enveloppe et l’instauration d’un quota visent à maîtriser la dépense et à restaurer la qualité de l’instruction, quitte à ralentir le rythme des chantiers d’ampleur en fin d’exercice.

Priorités sociales et énergétiques : ciblage des ménages et des logements

Le dispositif recentre l’effort vers les ménages en précarité énergétique et les logements les plus énergivores. La logique est assumée : privilégier les projets à plus fort impact environnemental et social.

Accès réservé aux foyers très modestes puis modestes

À l’ouverture, seuls les ménages très modestes peuvent déposer un dossier. L’accès sera ensuite élargi aux foyers modestes, en fonction du rythme de dépôts. Ce phasage répond à l’objectif de concentrer les subventions là où le besoin est le plus critique. Les ménages intermédiaires et supérieurs restent éligibles, mais avec des taux réduits et une concurrence marquée par le quota.

Focalisation sur les DPE E-F-G

Autre pivot majeur : les travaux doivent concerner des logements classés E, F ou G au Diagnostic de Performance Énergétique. Les logements A à D sortent du ciblage de ce volet. Cette orientation vise explicitement les passoires thermiques, désignées comme priorités de la politique publique.

Barèmes 2025 en synthèse

  • Prise en charge plafonnée à 80 % pour les foyers très modestes et 60 % pour les modestes.
  • Plafonds de dépenses éligibles : 30 000 euros pour deux classes, 40 000 euros pour trois classes ou plus.
  • Suppression du bonus de 10 % pour la sortie de passoire.
  • Éligibilité ciblée sur les DPE E, F, G uniquement.

Ces orientations sont détaillées dans les fiches pratiques publiques et s’appliquent aux dépôts de dossiers dès la réouverture (économie.gouv.fr).

Le DPE classe le logement de A à G selon sa performance énergétique et ses émissions. L’ouverture aux seules classes E à G pour la rénovation d’ampleur concentre les subventions sur les projets à gains potentiels élevés. Les rénovations de logements déjà performants ne sont pas prioritaires dans ce cadre.

Effets attendus sur les ménages et l’équation économique

Le nouveau calibrage modifie l’arbitrage économique des ménages. Les foyers modestes trouvent un dispositif plus protecteur. Les revenus intermédiaires et supérieurs affrontent une prise en charge moindre et des plafonds réduits, ce qui rebat les cartes des plans de financement.

Gagnants et perdants du nouveau barème

Un ménage très modeste rénovant un logement F peut théoriquement obtenir jusqu’à 80 % de prise en charge des travaux, dans la limite des nouveaux plafonds. Les projets restent donc faisables, mais avec des enveloppes éligibles plus basses qu’avant la suspension.

Pour les ménages intermédiaires ou supérieurs, la donne change sensiblement. Les taux baissent à 45 % et 10 %, tandis que le plafond d’assiette éligible est revu à la baisse.

Les rénovations globales, plus coûteuses, deviennent moins attractives. Ce coup de frein intervient alors que les évaluations passées faisaient état de baisses significatives de consommation par logement aidé.

Travaux par geste et MPR Copropriété en continuité

La filière conserve des relais d’activité. Les aides par geste et MaPrimeRénov’ Copropriété restent mobilisables, avec des budgets dédiés de 1,2 milliard d’euros sur 2025. De quoi maintenir des chantiers sur l’isolation, le chauffage ou les rénovations partielles, qui ont représenté une part majoritaire des demandes en 2024.

Une rénovation d’ampleur vise un saut de classes au DPE et mobilise plusieurs lots de travaux avec audit. Les travaux par geste restent utiles pour réduire une facture ciblée, mais délivrent rarement un saut de classes à eux seuls. Dans le contexte 2025, l’arbitrage peut évoluer vers des trajectoires par étapes, selon les budgets des ménages.

Filière du bâtiment : volume d’activité et gestion du risque

La suspension de l’été a désorganisé les agendas et créé un effet d’attente. La reprise, contingentée à 13 000 dossiers, provoque un goulot d’étranglement anticipé par les fédérations professionnelles. Les 1,5 million d’emplois du secteur se retrouvent exposés aux à-coups administratifs et budgétaires.

Carnets de commandes et tension sur l’offre

Les professionnels, notamment au sein de la FFB, ont exprimé leurs craintes d’une concentration des dépôts sur quelques semaines, puis d’un arrêt sec une fois le quota atteint. Des estimations publiées fin septembre évoquent une baisse attendue de 20 % des chantiers d’ampleur d’ici fin d’année, conséquence mécanique des restrictions d’accès.

La réouverture progressive rassure à la marge, mais elle ne lève pas l’incertitude sur la charge de travail du dernier trimestre. Les entreprises sont incitées à arbitrer leurs file d’attente, à sécuriser le statut RGE des intervenants et à verrouiller la complétude documentaire pour éviter les rejets.

Artisans RGE et soutiens annoncés

Le gouvernement met en avant des formations gratuites à destination des artisans RGE. L’objectif est de soutenir la montée en compétence et de fiabiliser les chantiers, alors que l’intensification des contrôles va exiger une traçabilité renforcée.

Sur un plan macroéconomique, l’effort public consacré à la rénovation a représenté 4 milliards d’euros en 2024, avec un effet multiplicateur attesté sur l’activité du BTP. Le calibrage 2025, plus austère, devrait réduire cet effet de levier à court terme, en échange d’une meilleure soutenabilité budgétaire.

Pour les entreprises du BTP : où concentrer l’effort

  1. Vérifier systématiquement le statut RGE des intervenants et la validité des attestations.
  2. Sécuriser les DPE et audits préalables pour limiter les retours d’instruction.
  3. Prioriser les dossiers sur E, F, G avec ménages très modestes pour maximiser l’acceptation.
  4. Structurer l’offre sur les travaux par geste et copropriétés pour lisser l’activité.
  5. Préparer une communication claire sur les plafonds et la fin du bonus 10 %.

Le recours à des entreprises RGE conditionne l’éligibilité aux aides. Le label atteste de compétences et de contrôles réalisés sur les chantiers. En 2025, avec l’intensification des vérifications, l’absence de RGE ou une attestation périmée est un motif fréquent de rejet ou de reprise d’instruction.

Contrôles renforcés et lutte contre la fraude : ce qui change

L’État muscle son arsenal de contrôle. La part de dossiers soumis à des vérifications est relevée et la nature des contrôles est élargie, avec la possibilité d’interventions sur site. Les délais d’instruction pourraient s’en ressentir, mais c’est le prix affiché d’une dépense mieux sécurisée.

Taux d’audit, délais et exigence documentaire

La proportion de dossiers audités passe à 20 %, contre environ 5 % précédemment. L’administration prévoit des contrôles a priori et a posteriori, des vérifications sur site et des croisements avec les bases fiscales. Les temps d’instruction pourraient atteindre 3 à 4 mois, contre 2 mois auparavant, en particulier pour les dossiers complexes.

Cette rigueur répond à la montée des anomalies. Les autorités ont indiqué que des fraudes avaient été détectées, avec des décaissements indus évités en volume significatif en 2024. L’objectif explicite est d’assécher les comportements opportunistes et de relever la qualité moyenne des chantiers.

Précautions pour sécuriser son dossier

Les ménages sont invités à soigner le socle de conformité pour éviter les refus et réexamens. La qualité du DPE, la précision des devis RGE et l’alignement du projet avec les DPE cibles sont cruciaux. Le suivi administratif doit être proactif, notamment dans la réponse aux demandes de compléments de l’Anah.

Dossier type à préparer avant dépôt

  • DPE valide confirmant une classe E, F ou G.
  • Audit énergétique précisant les travaux et le gain visé en classes.
  • Devis détaillés d’entreprises RGE alignés avec l’audit.
  • Justificatifs de ressources selon les plafonds Anah.
  • Pièces d’urbanisme si nécessaire et calendrier réaliste des travaux.

Anticiper ces éléments réduit fortement le risque de blocage à l’instruction et sécurise le jalonnement financier du chantier.

Les dossiers portant sur des rénovations complexes, multipliant les lots de travaux et impliquant plusieurs entreprises, sont plus susceptibles d’être contrôlés. L’allongement des délais à 3 à 4 mois s’observe surtout lorsque des incohérences entre DPE, audit et devis nécessitent des compléments.

Quel cap pour MaPrimeRénov’ en 2026

La réouverture de septembre acte un tournant de sobriété budgétaire et de ciblage renforcé. Le système évolue d’une logique de volume à une logique d’impact, avec des arbitrages plus sélectifs. Reste à mesurer l’effet net sur les économies d’énergie réelles et sur la trajectoire des rénovations globales indispensables à la neutralité carbone à l’horizon 2050.

À court terme, l’exécution 2025 se jouera à guichet contraint. Les enseignements de cette fin d’exercice pourraient nourrir des ajustements en 2026, à la croisée des impératifs climatiques, sociaux et de maîtrise des finances publiques.

Pour les ménages comme pour la filière, la clé sera d’anticiper vite et juste, dans un cadre d’aides devenu plus sélectif mais aussi plus exigeant sur la qualité.