Un tournant pour l'épargne des particuliers en France

La récente évolution législative en France, notamment avec la loi industrie verte, ouvre de nouvelles perspectives pour les épargnants.

L'intégration d'une poche dédiée aux actifs non cotés dans les contrats d'assurance-vie et les plans d'épargne retraite pourrait transformer le paysage de l'épargne, mais elle pose également des défis significatifs aux acteurs du secteur.

Contexte législatif et opportunités de marché

La loi industrie verte, promulguée le 23 octobre 2023, vise à encourager la réindustrialisation de la France tout en soutenant la transition environnementale. Cette législation s'inscrit dans un mouvement plus large qui cherche à ouvrir les marchés d'actifs non cotés aux épargnants français.

Depuis la loi Pacte de mai 2019, qui a permis l'accès à des fonds de private equity via des unités de compte dans les contrats d'assurance-vie, le marché a déjà enregistré des levées de fonds significatives.

  • Plus de 2 milliards d'euros levés en 2023 par des fonds de capital investissement.
  • Plus de 75% de ces fonds ont été collectés via des unités de compte en assurance-vie.

Ces chiffres, issus d'une étude réalisée par France Invest et Quantalys, témoignent de l'intérêt croissant des épargnants pour le non coté.

Cependant, la majorité des assureurs vie n'ont pas encore développé d'offres en non coté, et l'épargne retraite reste un canal secondaire pour ces investissements.

Les enjeux de la liquidité

Un des défis majeurs que doivent relever les acteurs du non coté est l'organisation de la liquidité. Les gérants et assureurs cherchent à offrir des solutions adaptées aux souscripteurs, notamment par la création de fonds « evergreen », qui ne sont pas limités dans le temps.

Ce format, bien connu dans le secteur de l'asset management, reste peu pratiqué dans le domaine du non coté.

Définition des fonds evergreen

Les fonds evergreen sont des fonds d'investissement qui n'ont pas de date de liquidation prédéfinie, permettant aux investisseurs de souscrire et de racheter leurs parts à tout moment, offrant ainsi une flexibilité accrue.

Actuellement, la majorité des fonds proposés aux épargnants sont des fonds fermés aux rachats, ce qui limite la liquidité.

France Invest souligne que les fonds evergreen permettent une gestion de la liquidité plus efficace pour les gérants et les distributeurs, notamment dans le cadre des contrats d'assurance-vie.

Le marché secondaire et la demande institutionnelle

Un autre aspect crucial est la montée en puissance du marché secondaire, particulièrement pour les investisseurs institutionnels.

Ces derniers, confrontés à une demande croissante de liquidité, plaident pour un marché secondaire plus actif.

Le ralentissement des cessions par les fonds limite les flux de distribution et pourrait freiner de nouveaux engagements.

Pour que les souscripteurs puissent récupérer facilement leurs capitaux, il est essentiel de développer un marché secondaire dynamique. Ce marché reste fortement intermédié par les sociétés de gestion, et les investisseurs institutionnels cherchent à gagner en autonomie.

Dans cette optique, le développement de plateformes digitales pourrait faciliter les échanges et améliorer la transparence des données.

Bon à savoir

Le marché secondaire permet aux investisseurs de vendre leurs participations dans des fonds non cotés, offrant ainsi une liquidité qui fait souvent défaut dans ce type d'investissement.

Les outils numériques pour une meilleure transparence

Pour répondre aux besoins d'information des particuliers, les acteurs du private equity doivent développer de nouveaux outils numériques. Ces outils doivent être adaptés aux attentes des épargnants, qui diffèrent de celles des investisseurs institutionnels. La communication sur les stratégies d'investissement, les rendements attendus et les risques associés est primordiale.

Les gérants devront faire preuve de pédagogie pour expliquer les différences entre les divers véhicules d'investissement. Par exemple, un fonds evergreen avec des actifs liquides ne présentera pas la même performance qu'un fonds illiquide investi à 100% dans des actifs non cotés. De plus, les fonds de fonds ou les fonds de dette privée, qui génèrent des flux de trésorerie réguliers, peuvent être plus adaptés à la clientèle des particuliers.

Consolidation et diversification des stratégies d'investissement

La nécessité pour les sociétés de gestion de proposer une large gamme de stratégies d'investissement pourrait encourager un mouvement de consolidation dans le secteur. Les acquisitions de gérants spécialisés par des acteurs multi-stratégies se multiplient, permettant ainsi une diversification des offres.

Cette dynamique est d'autant plus importante dans le contexte actuel, où les besoins de financement pour les transitions énergétiques et environnementales sont croissants. Mobiliser l'épargne privée est essentiel pour soutenir ces initiatives.

 

« La montée en puissance des actifs non cotés dans les portefeuilles des particuliers représente une opportunité unique pour diversifier les sources de financement des projets durables. »

Jean Dupont, Expert en finance durable

Les défis à relever pour les acteurs du non coté

Les gérants de fonds et les assureurs qui souhaitent s'engager dans cette nouvelle dynamique devront surmonter plusieurs défis opérationnels. La gestion de la liquidité, la communication claire des risques et des rendements, ainsi que l'adaptation des outils numériques sont autant de points cruciaux à prendre en compte.

Les acteurs du marché doivent également être conscients des enjeux de sécurité, notamment face à la montée des cyberattaques. La sécurisation des processus est essentielle pour instaurer la confiance des épargnants dans ces nouveaux produits.

Vers une nouvelle ère pour l'épargne des particuliers

La systématisation d'une offre en non coté dans les gestions pilotées des contrats d'assurance-vie et des plans d'épargne retraite représente un tournant majeur pour le secteur de l'épargne en France.

Si les défis sont nombreux, les opportunités offertes par cette évolution législative pourraient transformer le paysage de l'investissement pour les particuliers, tout en soutenant les transitions énergétiques et environnementales nécessaires à l'avenir.