Le projet ambitieux de Load Stations pour électrifier la France
Load Stations lève 4,5 M€ pour déployer 30 000 bornes en France d'ici 2025, soutenant l'électrification du parc automobile.

4,5 M€ en 2024 : Load Stations sécurise une levée pour déployer un réseau privé de bornes et muscler sa R&D. En toile de fond, la France vise déjà les 7 millions de points de recharge d’ici 2030, avec un maillage public et privé qui progresse rapidement et une fiscalité ajustée pour soutenir l’électrification du parc.
Cap à 7 millions de points : la feuille de route officialisée en mai 2025
La trajectoire française se précise : près de 2,5 millions de points de recharge sont recensés sur le territoire, dont plus de 168 000 accessibles au public. Ce volume place l’Hexagone dans le trio de tête européen, derrière les Pays-Bas et l’Allemagne. En mai 2025, le gouvernement a acté une cible structurante : atteindre 7 millions de points de recharge en 2030 (source : Ministère de l’Économie).
Cette ambition combine deux axes complémentaires : le renforcement des infrastructures publiques, indispensables aux trajets longue distance et aux usages professionnels, et l’essor des solutions privées, notamment en habitat collectif et en entreprises. Le bonus écologique évolue au 1er juillet 2025 pour soutenir l’achat de véhicules 100 % électriques par les ménages, participant à la dynamique de renouvellement du parc. L’objectif est clair : accélérer la décarbonation des mobilités tout en préservant l’équilibre économique des opérateurs.
Au niveau continental, la France rattrape son retard qualitatif grâce à des investissements combinant fonds publics et capitaux privés. Les comparaisons directes restent délicates tant la structure du parc diffère d’un pays à l’autre, mais une tendance s’impose : le déploiement n’est plus seulement quantitatif, il devient finement piloté, avec une attention accrue à la disponibilité, à la maintenance et au raccordement intelligent aux réseaux énergétiques.
Repères 2025 de la recharge en France
2,5 millions de points de recharge au total, dont 168 000 ouverts au public. Cible officielle : 7 millions d’ici 2030. La France se classe sur le podium européen, derrière les Pays-Bas et l’Allemagne. Le bonus écologique est renforcé au 1er juillet 2025 pour l’achat de véhicules 100 % électriques par les ménages.
Un « point de recharge » désigne un point d’accès physique permettant de charger un véhicule. Il peut être privé (maison individuelle, parking d’entreprise, copropriété) ou ouvert au public (voirie, parkings publics, stations d’autoroute).
Les statistiques agrègent ces différentes catégories. La distinction public vs privé aide à mesurer l’accessibilité pour tous les usagers, au-delà des flottes et des usages captifs.
Load stations finance son accélération avec nci
Dans cet environnement porteur, Load Stations, jeune entreprise fondée fin 2022 dans le Gard, annonce une levée de 4,5 M€ en 2024. L’opération est menée par NCI, investisseur spécialisé dans l’accompagnement des projets de décarbonation.
Selon l’entreprise, la levée doit permettre de décupler le chiffre d’affaires, sans qu’un montant précis ne soit communiqué. La valorisation pre-money s’établit à 5 M€, avec un montage combinant deux tiers de financements dilutifs et un tiers non dilutif, aux côtés de plusieurs family offices et business angels.
Le positionnement de NCI est confirmé par la mise à disposition d’un accélérateur interne dédié aux projets de décarbonation. Une logique d’exécution rapide qui convient à une société d’infrastructures logicielles et opérationnelles : « NCI a une forte ambition dans les projets de décarbonation et va nous aider à passer un palier grâce à son accélérateur », souligne Virgile Arene, président de Load Stations.
Au-delà du financement, l’intérêt économique réside dans la stabilisation du mix public-privé : les éditeurs de logiciels de supervision gagnent en résilience lorsqu’ils contrôlent une partie des actifs qu’ils opèrent. Load Stations mise précisément sur cette hybridation pour affiner sa marge unitaire et sécuriser des usages à forte récurrence.
Load stations : stratégie et résultats
La plateforme logicielle propriétaire de Load Stations pilote déjà plus de 5 000 points de charge pour une cinquantaine de grands comptes, et revendique plus de 20 000 utilisateurs. Parmi ses clients figurent notamment Engie, Réseau Occitanie et Cœur Défense.
La feuille de route combine croissance SaaS et montée en puissance opérationnelle. Objectif annoncé : atteindre 30 000 bornes gérées d’ici trois ans, en priorisant les collectivités locales, les flottes d’entreprises et les copropriétés. Aucun détail chiffré d’exécution intermédiaire n’est communiqué, mais la direction affiche une croissance visée de 400 % en 2025.
Une pre-money à 5 M€ pour un acteur logiciel qui internalise des opérations est cohérente avec une stratégie de capex ciblés et un modèle mixte récurrent + flux d’usage. La clé de création de valeur tient à la capacité d’industrialiser la maintenance et d’augmenter le taux d’utilisation des bornes via des algorithmes de pilotage. L’absence de chiffres de revenus publiés incite toutefois à suivre de près les métriques opérationnelles au fil des déploiements.
Smart-charging et maintenance prédictive : les deux paris r&d
Une part substantielle de la levée, environ 1 M€, est dédiée à deux projets de recherche et développement. D’abord, une solution de smart-charging assistée par IA, récemment validée.
Elle optimise la charge en temps réel en fonction de l’énergie disponible, de son coût et des agendas des utilisateurs. Le système maximise l’intégration avec des installations photovoltaïques afin d’absorber les pics de production. Ensuite, un projet d’analyse prédictive fondé sur les données en temps réel pour renforcer la maintenance, réduire les temps d’arrêt et mieux dimensionner les interventions.
Sur le plan industriel, ces chantiers répondent à trois contraintes majeures : augmenter la disponibilité des équipements, réduire le coût d’exploitation par borne et limiter l’impact réseau grâce au pilotage intelligent. En détectant automatiquement les véhicules branchés sans recharge effective, l’IA adresse un irritant fréquent et améliore le turnover des stations. Pour les propriétaires d’infrastructures, la promesse se traduit par une meilleure monétisation et un retour sur investissement plus lisible.
La trajectoire française d’électrification y voit un atout. Des travaux récents issus d’instances publiques rappellent que l’IA appliquée au smart-charging contribue à une mobilité plus efficiente, ce qui recoupe l’orientation nationale de réduction des émissions de CO2. Les déploiements à venir devraient valider, à grande échelle, la robustesse des algorithmes dans des contextes d’usage variés et interopérables.
Le pilotage statique applique des règles fixes de puissance et de tarification. Le smart-charging ajuste dynamiquement la puissance et le coût de la session selon la capacité du réseau, le prix de l’énergie, la présence d’EnR sur site et les préférences utilisateurs. L’IA renforce ce pilotage en anticipant la demande locale et en proposant des arbitrages optimisés, par exemple lors des pics photovoltaïques.
Indicateurs à suivre pour mesurer l’impact de la R&D
- Taux de disponibilité des bornes supervisées après déploiement des algorithmes.
- Part d’énergie photovoltaïque valorisée via le smart-charging sur sites équipés.
- Réduction des interventions correctives grâce à la maintenance prédictive.
- Taux d’utilisation moyen par point de charge et évolution de la recette unitaire.
De l’éditeur à l’opérateur : création d’un réseau propre
Load Stations fait évoluer son modèle : jusqu’ici opérateur logiciel, l’entreprise passe à l’exploitation d’un réseau en propre. Un premier projet prévoit l’installation de 100 bornes en concessions dans les six prochains mois, destinées à des hôpitaux et cliniques du sud de la France.
La société annonce une ambition de 1 000 bornes sous trois ans. Ce mouvement vers des segments de niche, moins concurrentiels, doit offrir de l’indépendance opérationnelle et une meilleure capture de valeur.
Le raisonnement économique est robuste : les établissements de santé présentent des flux réguliers, des temps de stationnement compatibles avec la recharge et une exigence de fiabilité. En outre, ces sites participent à la cohésion territoriale en diffusant des services essentiels hors des zones les plus denses. À terme, le croisement des données d’usage et des profils énergétiques permettra d’ajuster finement la puissance installée et d’optimiser les investissements.
Segment santé : arbitrages économiques et rendement d’usage
Le déploiement dans les hôpitaux et cliniques vise un équilibre entre capex maîtrisés et utilisation récurrente. La différenciation se fait moins par la vitesse de charge que par la disponibilité, la simplicité d’accès et l’intégration logicielle dans des environnements exigeants. La recherche de marges n’impose pas le volume brut, mais la qualité de service et la résilience sur des sites stratégiques.
Pourquoi les établissements de santé sont stratégiques
- Rotation prévisible des véhicules de personnels et de visiteurs.
- Créneaux de charge compatibles avec les durées de passage.
- Attentes fortes de fiabilité des services, stimulant la qualité opérationnelle.
- Moindre intensité concurrentielle par rapport aux centres-villes très équipés.
Marché français : fiscalité, adoption et maillage régional
Le renforcement du bonus écologique au 1er juillet 2025 signale une politique assumée de stimulation de la demande. L’Hexagone fait le pari d’un enchaînement vertueux : plus de véhicules électriques, donc plus d’usages, donc plus d’infrastructures… autant d’éléments qui améliorent, in fine, l’équation économique des acteurs. Les autorités nationales confirment aussi la priorité donnée aux zones rurales et aux réseaux de transport, pour combler les lacunes du maillage.
Régionalement, des initiatives comme l’expansion des infrastructures de recharge rapide en Auvergne-Rhône-Alpes attestent d’un effet d’entraînement. La présence d’un réseau rapide à l’échelle régionale est un multiplicateur d’usages pour les trajets interurbains, tandis que les bornes semi-rapides et accélérées adressent les stationnements longs. La dispersion géographique des investissements permet de lisser les congestions et d’améliorer la qualité de service au-delà des métropoles.
La réussite de l’objectif 2030 repose toutefois sur quelques inflexions structurelles : fiabiliser les interconnexions entre opérateurs, stabiliser les cadres tarifaires, accélérer la simplification administrative pour les chantiers en copropriété. Sur ces sujets, les solutions de gestion centralisée assistées par IA deviennent une pièce essentielle pour orchestrer des actifs hétérogènes et tenus par des contrats multiples.
Les bornes ouvertes au public assurent l’accessibilité universelle et soutiennent les trajets non prévisibles. Les bornes privées maximisent la commodité» des recharges du quotidien et abaissent le coût pour les flottes. Les implantations semi-publiques (parkings d’enseignes, équipements collectifs) créent des points de densité dans les territoires et réduisent la pression sur la voirie.
Ressources humaines et empreinte territoriale : ce qui change en 2025
Load Stations emploie actuellement 15 salariés et prévoit une dizaine de recrutements grâce à la levée. Les profils ciblés concernent la vente, le marketing et l’ingénierie, avec un accent sur l’industrialisation des déploiements et l’intégration énergétique. L’entreprise anticipe +400 % de croissance en 2025, une cadence qui exigera un suivi fin des coûts d’acquisition, du taux d’activation et de la disponibilité terrain.
Le partenariat avec NCI, dont le siège est établi en Normandie, doit ouvrir des portes dans le grand quart nord-ouest. L’effet réseau attendu vise à accélérer la commercialisation auprès des collectivités et des maîtres d’ouvrage, tout en consolidant la chaîne de sous-traitance. L’alignement avec les objectifs publics de 7 millions de bornes d’ici 2030 conforte cette stratégie de maillage.
Nci : positionnement d’investisseur
NCI se présente comme un acteur majeur du capital-investissement régional, avec une forte ambition dans les projets de décarbonation. Le fonds anime un accélérateur interne qui accompagne les sociétés de son portefeuille sur des enjeux de mise à l’échelle.
Ses engagements convergent vers la transition verte, au croisement des énergies propres et des technologies d’optimisation. Dans le cas de Load Stations, l’enjeu est d’accélérer l’exécution, d’améliorer la performance opérationnelle et d’étendre les implantations à des segments où la demande croît.
Trois risques à surveiller côté opérateurs
- Risque de sous-utilisation si le maillage local n’est pas cohérent avec les flux d’usagers.
- Risque énergétique lié à la volatilité des prix et aux contraintes de raccordement.
- Risque opérationnel en cas de maintenance sous-dimensionnée, d’où l’intérêt des outils prédictifs.
Objectif 2030 : le privé en renfort des infrastructures publiques
La trajectoire vers 7 millions de points de recharge impose un partage des rôles entre l’investissement public et les opérateurs privés. La montée en cadence annoncée par Load Stations, appuyée par NCI, illustre ce mouvement : logiciels de supervision, réseaux propres ciblés, R&D sur le pilotage et maintenance prédictive convergent pour accroître la qualité et la disponibilité.
Le marché français bascule vers une logique de performance d’usage plus que de simple densité. La question n’est plus seulement « combien de bornes » mais « quelles bornes, où, avec quelle fiabilité et quel coût d’exploitation ». La réponse passera par des solutions comme celles mises en avant ici, à condition que l’exécution reste rigoureuse et que la coordination entre acteurs s’intensifie.
La course est lancée, et elle se jugera autant à l’efficacité des algorithmes qu’à la qualité des chantiers réalisés.