Seyna franchit un cap stratégique avec 10 millions d'euros levés
Seyna sécurise son avenir avec 10 millions d’euros grâce à 115K. Un objectif de 100 millions d’euros de revenus est en ligne de mire.

« Pas un sprint », insiste Stephen Leguillon. En quelques lignes, le CEO de Seyna résume l’esprit d’une opération qui installe l’assurtech française dans une nouvelle phase d’exécution. La société lève 10 millions d’euros, pilotés par 115K, le véhicule d’investissement de La Banque Postale, avec la participation de White Star Capital et Elaia. Au-delà des moyens, c’est une trajectoire qui se précise, portée par un chiffre d’affaires 2024 à 91 millions d’euros et un plan d’action cadré jusqu’en 2027.
Financement mené par 115k et cap stratégique assumé
Le nouveau tour de table de 10 millions d’euros consolide la structure financière de Seyna et sécurise ses priorités de déploiement. 115K mène l’opération, tandis que White Star Capital et Elaia, déjà présents au capital, réinvestissent. Cette séquence intervient après un amorçage de 14 millions en 2019, puis une série A de 33 millions en 2022.
La direction fixe une ligne claire : accompagner la croissance commerciale sans déséquilibrer la structure. « Cette opération n’est pas un sprint temporaire, mais une consolidation de nos efforts », rappelle Stephen Leguillon. L’allocation des capitaux vise une double exigence, accélération produit et discipline économique, afin d’inscrire les gains d’efficacité dans la durée.
Horizon 2027, feuille de route opérationnelle
Le plan Horizon 2027 structure les priorités sur trois axes : développement de produits d’assurance sur mesure, baisse des coûts unitaires via l’automatisation, et finesse de pilotage des portefeuilles. L’ambition est d’élever la barre au niveau industriel, en associant moteurs d’IA et outils de monitoring pour calibrer des offres, optimiser les marges techniques et soutenir des volumes croissants auprès des courtiers partenaires.
White star capital et elaia, rôle d’investisseurs de suivi
La présence des investisseurs historiques s’interprète comme un signal de confiance dans la capacité de Seyna à livrer son plan. Les enjeux ne se limitent pas à la croissance : ils portent aussi sur la qualité des processus de souscription, la granularité des informations métier et la robustesse des contrôles internes. Le message au marché est limpide : l’entreprise privilégie une expansion tenable, centrée produit et pilotée par la donnée.
Les usages prioritaires identifiés par la direction incluent :
- Renforcement technologique sur la plateforme : automatisation, qualité des données, outils de monitoring produits.
- Accélération commerciale auprès des courtiers en Europe, avec un accompagnement à l’intégration technique.
- Optimisation des fondamentaux de gestion des risques et de la performance, afin de soutenir la croissance sans alourdir les coûts fixes.
Chiffres clés 2019-2025 et cap des 100 millions en ligne de mire
La trajectoire financière s’inscrit dans la continuité des précédentes levées, avec un effet visible sur le passage à l’échelle. En 2024, Seyna a atteint 91 millions d’euros de chiffre d’affaires, tirés par l’adoption de sa plateforme par des courtiers en Europe. La société vise désormais le cap symbolique des 100 millions d’euros de revenus en 2026, tout en consolidant ses ratios d’efficacité opérationnelle.
Cette progression s’appuie sur un portefeuille de plus de 120 produits d’assurance, une base de clients étendue et une distribution en marque blanche capable d’absorber des volumes. L’effet d’échelle se manifeste à deux niveaux : standardisation de modules techniques réutilisables et approfondissement des modèles d’analyse pour valoriser la donnée issue des portefeuilles.
Chiffres vérifiés à retenir
- Levée annoncée de 10 millions d’euros, menée par 115K.
- Tours précédents : 14 millions en 2019 et 33 millions en 2022.
- Chiffre d’affaires 2024 : 91 millions d’euros (Maddyness, 15 septembre 2025).
- Plus de 120 produits en portefeuille et environ 2 millions d’assurés couverts en Europe.
- Objectif de 100 millions d’euros de revenus en 2026.
- Écosystème IA en France : 590 startups, dont 16 licornes, et 1,5 milliard d’euros d’aides publiques en 2022, d’après la DGE (DGE).
Au niveau financier, la discipline affichée par la direction tient à l’arbitrage entre vitesse de déploiement et équilibre structurel. En pratique, autant l’ouverture de nouveaux marchés que l’extension fonctionnelle de la plateforme doivent prouver un retour sur capital mesurable. Le levier IA joue ici un rôle clé, en permettant d’aligner coûts variables et qualité de service pour chaque segment de courtage visé.
Ia générative et monitoring produits, l’avantage opérationnel
La différenciation de Seyna s’appuie sur l’intégration de briques d’IA générative dans des processus métiers historiquement manuels. Jean Nicolini, directeur financier et risques, résume l’approche : les mêmes contraintes prudentielles que les concurrents, mais une exécution automatisée sur des étapes à fort coût d’intervention humaine.
Trois zones de gains ressortent :
- Conception produit plus rapide, avec des cycles de tests et d’amélioration itératifs soutenus par la donnée.
- Monitoring en temps quasi réel des indicateurs clés, afin de segmenter le risque et ajuster les tarifs plus finement.
- Distribution outillée pour les courtiers, qui bénéficient d’une intégration technique standardisée et d’une orchestration des parcours.
Au-delà de la productivité immédiate, l’IA est devenue un moteur de rentabilité. L’équation repose sur la réduction des frictions dans les chaînes de gestion, la qualité des jeux de données et la capacité à expliciter la logique des modèles, y compris aux intermédiaires et aux assureurs partenaires.
Les impacts concrets observés dans les insurtechs à fort contenu IA concernent :
- La détection d’anomalies dans les sinistres pour renforcer la lutte anti-fraude sans multiplier les contrôles manuels.
- L’assistance à la souscription, avec des suggestions de clauses et de limites plus adaptées au profil du portefeuille.
- La rédaction augmentée de documents contractuels et précontractuels, en cohérence avec la documentation produit.
- L’analyse de performance multi-produit et multi-courtier, utile pour arbitrer les efforts commerciaux.
Pour rester conforme, un opérateur doit :
- Respecter le RGPD sur la base légale, la minimisation et les droits des assurés, avec des registres de traitements à jour.
- Documenter l’explicabilité des modèles et tracer les décisions automatisées liées aux parcours clients ou à la tarification.
- Mettre en place des contrôles de biais et une supervision humaine effective, notamment sur les modèles à fort impact.
- Adapter la gouvernance des risques et des données afin d’anticiper les audits internes et externes.
Ces exigences s’inscrivent dans les attentes des superviseurs européens concernant l’usage responsable de l’IA dans les services financiers.
Architecture b2b pour courtiers, logique de portefeuilles
À la différence de certaines assurtechs B2C, Seyna opère en marque blanche via les courtiers. Ce positionnement favorise la captation de portefeuilles déjà actifs et permet d’industrialiser les lancements de produits. Le résultat est double : réduction de la coûture technique pour les partenaires et montée en puissance quasi immédiate sur des niches verticales.
Cette approche évite des coûts d’acquisition client élevés et recentre la proposition de valeur sur l’outillage des intermédiaires : tarification, conformité, reporting, gestion des risques et interfaces de distribution. Le pari est clair : devenir le premier choix des courtiers pour les besoins d’industrialisation, et ainsi multiplier les volumes sans s’exposer aux aléas du retail direct.
Modèle b2b et marque blanche, pourquoi cela scale
Dans un modèle B2B, l’effet plateforme est rapide : un même socle technologique se réplique sur plusieurs familles de produits, avec des modules communs, des flux de données harmonisés et des API d’intégration. En standardisant la mécanique, Seyna peut absorber un nombre croissant de portefeuilles tout en gardant un coût marginal maîtrisé.
Verspieren et verlingue, partenaires de distribution structurants
Parmi les partenaires convaincus, des groupes de courtage comme Verspieren ou Verlingue apportent du volume et une expertise sectorielle. Pour ces acteurs, l’intérêt réside dans la capacité à co-construire des produits, accélérer les délais de mise sur le marché et accéder à des outils de pilotage data qui améliorent la qualité du portefeuille et la satisfaction client.
Dalma et meetch, vitesse d’exécution sur des verticales
Des partenaires spécialisés tels que Dalma ou Meetch illustrent la logique verticale recherchée : des produits ciblés, adossés à une plateforme modulable, pour explorer de nouvelles niches. L’équation économique tient à l’industrialisation des parcours et aux boucles de rétroaction qui alimentent la tarification et le monitoring.
Portefeuille de courtage : ensemble de contrats gérés par un courtier sur une période donnée, avec ses indicateurs de sinistralité, de marge et de fidélisation.
Marque blanche : un produit est conçu et opéré par un tiers, mais distribué sous la marque du courtier, qui conserve la relation commerciale.
Ces deux notions structurent l’offre de Seyna et guident la manière d’allouer la technologie au plus près des besoins d’exécution du courtage.
International, ancrage espagne-allemagne et appui d’un écosystème porteur
La stratégie d’expansion s’appuie sur des alliances avec des acteurs locaux en Espagne et en Allemagne. L’objectif est d’étendre le réseau de distribution sur des marchés européens denses, tout en adaptant les produits aux spécificités réglementaires et concurrentielles de chaque pays. La priorité porte sur les segments où la plateforme peut offrir un différentiel net en coût et qualité.
Le contexte français soutient cette dynamique. L’initiative French Tech 2030 encourage des verticales à forte intensité technologique et facilite l’accès aux dispositifs d’accompagnement.
De son côté, le Sommet Choose France 2025 a mis en avant 40,8 milliards d’euros d’investissements et 53 projets annoncés, illustrant l’attractivité de la France pour les projets tech à bascule industrielle. Ces éléments créent un environnement favorable à l’assurtech, notamment sur la disponibilité des talents et la profondeur des partenariats industriels.
À l’échelle sectorielle, la France compte 590 startups IA, dont 16 licornes, nourries par des dispositifs publics estimés à 1,5 milliard d’euros en 2022, contribuant à une chaîne d’innovation continue, de la R&D au passage en production (DGE). Seyna se place dans cet écosystème d’excellence en alignant ses investissements technologiques et en renforçant le lien entre données, produits et performance.
Quatre critères guident la priorisation :
- Profondeur de marché en courtage et maturité digitale des intermédiaires.
- Compatibilité réglementaire sur la distribution et la gestion des données.
- Facilité d’intégration avec les SI existants des partenaires locaux.
- Potentiel de niche où l’IA peut fournir un avantage mesurable sur la marge technique.
Ce que les intermédiaires peuvent attendre dès 2025
Pour les courtiers, l’effet immédiat de cette levée se traduira par plus de capacités d’intégration, des outils produits plus fins et des boucles de monitoring rapprochées. L’enjeu est d’élever la performance des portefeuilles sans complexifier les parcours ni alourdir les charges d’exploitation. Les équipes commerciales et techniques de Seyna sont outillées pour prendre en charge des portefeuilles additionnels à rythme soutenu, avec une logique d’industrialisation.
Reste l’essentiel : tenir la promesse d’exécution. La trajectoire financière, la présence d’investisseurs de long terme et l’ancrage IA posent des bases solides. Le marché jugera sur pièces, à la lumière du passage du seuil des 100 millions d’euros de revenus prévu en 2026 et de la capacité à préserver les équilibres techniques dans la durée.
Pour les courtiers et les investisseurs, le signal est clair : la prochaine étape se jouera à la croisée de la qualité produit, de la donnée et de la discipline d’exécution.