D’après l’annonce de GravitHy, un projet industriel majeur voit le jour en France. Il promet de transformer la façon dont on produit le fer, avec l’ambition de réduire drastiquement l’empreinte carbone de l’industrie sidérurgique. Découvrez comment GravitHy projette de redéfinir les normes de la sidérurgie moderne et quels défis l’attendent.

Sidérurgie, hydrogène et décarbonation : GravitHy trace la voie pour un fer plus vert

La sidérurgie compte parmi les secteurs les plus gourmands en énergie. En France comme ailleurs, la décarbonation des process industriels s’impose désormais comme un enjeu majeur. Dans ce contexte, GravitHy entend répondre à une demande croissante de matériaux moins polluants et donner un nouvel élan à la production de fer, grâce à une technologie dite « à réduction directe » (ou DRI), alimentée en hydrogène vert.

Le projet bénéficie d’un financement de 60 millions d’euros, réunissant de nouveaux investisseurs (Ecolab, Japan Hydrogen Fund, Marcegaglia, Rio Tinto, Siemens Financial Services) et s’inscrivant dans le dispositif « Première usine » de France 2030. Selon l’entreprise, cette levée de fonds contribuera à sécuriser des contrats clés, affiner les études d’ingénierie et lancer diverses démarches administratives, en vue d’une décision finale d’investissement en 2026.

Des chiffres éloquents : production et emplois

En déployant un vaste chantier sur 75 hectares à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), GravitHy envisage d’ouvrir la voie à une nouvelle ère de la sidérurgie bas-carbone. À terme, la future usine produirait 2 millions de tonnes de fer à réduction directe (DRI) ou fer briqueté à chaud (HBI) chaque année, soit l’équivalent d’une Tour Eiffel par jour !

Pour atteindre cet objectif, l’entreprise investira 2,2 milliards d’euros, avec un impact sur l’emploi estimé à 500 postes directs. La mise en service commerciale est prévue pour 2029 après une phase de tests approfondis. Cette cadence de développement reflète l’ampleur des études et validations techniques nécessaires dans un domaine où la moindre erreur se compte en millions d’euros.

Bon à savoir : la sidérurgie en chiffres

Le secteur de l’acier serait responsable d’environ 8 % des émissions mondiales de CO2. En cause : la combustion de charbon (coke) lors des processus traditionnels de fabrication de fer. L’objectif de GravitHy s’aligne sur les priorités européennes de décarbonation, renforcées par des plans comme le Clean Industrial Deal et le Steel and Metals Action Plan.

Partenariats stratégiques : EDF et RTE en renfort

Les ambitions de GravitHy sont portées par une énergie électrique décarbonée. Au cœur du dispositif : un électrolyseur d’une capacité de 750 MW, qui fournirait l’hydrogène vert requis pour remplacer le coke traditionnel. Cette puissance de 750 MW en ferait l’une des plus grandes installations de ce type en France et au monde.

Par ailleurs, GravitHy a signé une lettre d’intention avec EDF pour établir un Contrat d’Allocation de Production Nucléaire (CAPN) dès 2024. L’accord garantit une partie des besoins en électricité à un tarif potentiellement stable, permettant à l’entreprise de préserver sa compétitivité face à des fluctuations importantes du marché.

Le CAPN est un dispositif qui, en France, permet à des consommateurs industriels de bénéficier d’une part de l’électricité d’origine nucléaire à des conditions tarifaires fixées par avance. Cette sécurisation vise à soutenir la compétitivité de projets industriels énergivores.

Sur le plan de l’infrastructure, le gestionnaire du réseau français de transport d’électricité, RTE, a confirmé l’extension du maillage électrique dans la zone de Fos-sur-Mer. Cette évolution apparaît dans le « Schéma décennal de développement réseau », qui officialise les futures capacités disponibles. Pour GravitHy, la fiabilité logistique et énergétique est un enjeu crucial, car le succès de la production en continu dépend à la fois de l’apport en minerais de fer de haute qualité et d’une source d’énergie stable.

Analyse : une rupture technologique pour l’acier européen

La stratégie de GravitHy illustre la façon dont l’Europe veut maintenir, voire renforcer, son rang dans l’industrie sidérurgique mondiale. En se positionnant sur un marché en pleine évolution, la firme suit un modèle innovant : découpler la production de fer de celle de l’acier, permettant aux sidérurgistes traditionnels de se focaliser sur leur cœur de métier (la transformation du fer en acier), tout en s’approvisionnant en fer déjà décarboné.

Ce concept n’est pas nouveau au niveau mondial, mais il est encore peu développé en Europe. Jusqu’à présent, le mix énergétique et la dépendance à certaines matières premières limitaient la compétitivité de tels procédés. Grâce à des incitations fortes, notamment via France 2030 ou des fonds privés tournés vers le vert, cette vision prend forme sur le sol français. GravitHy aspire ainsi à consolider un écosystème complet, depuis l’apport en minerais de fer jusqu’à la livraison d’un DRI/HBI de qualité, prêt pour la transformation en acier.

Le mot clé : hydrogène vert

Le « fer à réduction directe » s’appuie sur la réaction du minerai de fer avec de l’hydrogène (au lieu de charbon) pour éliminer l’oxygène du minerai. L’hydrogène dit « vert » est produit via électrolyse de l’eau à partir d’électricité bas carbone (éolien, solaire, nucléaire). Résultat : une réduction des émissions de CO2 pouvant atteindre 90% par rapport aux hauts-fourneaux traditionnels.

Levée de fonds : la force d’un actionnariat diversifié

Le tour de table de 60 millions d’euros assure à GravitHy une capacité d’investissement sur plusieurs volets : études d’ingénierie, recrutement de talents, obtention des permis et négociations commerciales. Outre les soutiens historiques tels que InnoEnergy ou Engie New Ventures, de nouveaux partenaires rejoignent l’aventure :

  • Ecolab
  • Japan Hydrogen Fund (géré par Advantage Partners)
  • Marcegaglia
  • Rio Tinto
  • Siemens Financial Services

Selon la direction de GravitHy, la porte reste ouverte à d’autres investisseurs complémentaires, afin de consolider la structure financière avant 2026. Cette approche prouve la volonté de l’entreprise de bâtir un projet pérenne, soutenu par un large panel d’acteurs industriels et financiers. Chacun d’entre eux apporte un savoir-faire distinct, qu’il s’agisse de technologies de l’hydrogène, de logistique, de solutions énergétiques ou de recyclage d’eau.

Tour d’horizon des investisseurs et déclarations revisitées

Du côté des investisseurs, chacun a salué la portée stratégique du projet et la synergie entre les acteurs. Si l’on récapitule de manière synthétique leurs messages :

InnoEnergy, par la voix de sa Directrice Générale France, souligne le fait que la solidité de ce montage s’explique par la présence de partenaires de renom tout au long de la chaîne de valeur de l’acier. Selon InnoEnergy, l’arrivée de capitaux frais souligne la dynamique européenne autour des projets d’hydrogène bas carbone et de la décarbonation de l’industrie lourde.

Le Japan Hydrogen Fund est un véhicule d’investissement créé pour financer des projets liés à l’hydrogène, particulièrement dans les secteurs difficiles à décarboner. Il est géré par Advantage Partners, un groupe japonais qui cumule plus de 20 ans d’expérience dans le capital-investissement.

Advantage Partners group (au travers du Japan Hydrogen Fund) met en avant l’engagement croissant du Japon pour développer la filière hydrogène dans le monde. L’idée est d’unir l’expertise japonaise avec les projets industriels verts européens. Son co-fondateur considère que l’échange entre ces deux pôles d’innovation pourrait stimuler de nouvelles coopérations transcontinentales.

Ecolab insiste sur l’importance de l’eau dans la production sidérurgique et l’opportunité de mettre en place des solutions de recyclage avancé, afin de limiter l’empreinte hydrique de l’usine. Dans un secteur réputé pour sa consommation d’eau, l’optimisation de cette ressource apparaît comme un levier essentiel pour conjuguer performance industrielle et durabilité.

Engie New Ventures rappelle que GravitHy coche toutes les cases : taille du projet, impact carbone et adéquation avec la stratégie de décarbonation de l’industrie. Le soutien d’Engie New Ventures s’inscrit dans une démarche de développement de solutions énergétiques bas carbone à grande échelle, particulièrement dans des domaines difficiles à électrifier comme la sidérurgie.

Marcegaglia, un groupe sidérurgique italien, trouve dans le projet GravitHy une réponse à ses propres objectifs de réduction d’émissions. Possédant déjà un site à Fos-sur-Mer, Marcegaglia mise sur la complémentarité des productions pour moderniser ses processus et démontrer la faisabilité économique d’un acier bas carbone, basé sur des DRI/HBI durables.

Rio Tinto, acteur majeur du minerai de fer, confirme son choix de développer une filière de fer et d’acier plus responsable. Au-delà de la fourniture de matières premières, Rio Tinto se positionne comme partenaire dans la commercialisation des produits HBI de GravitHy. Son implication souligne une tendance grandissante chez les grands groupes miniers à innover dans la filière avale, là où se joue la réduction des émissions.

Siemens Financial Services conclut cette série de témoignages en soulignant l’importance de la maîtrise technologique alliée à un solide montage financier. Selon Siemens, tout l’enjeu est de prouver la rentabilité d’un tel projet sur le long terme, en prenant en compte l’évolution probable des prix de l’énergie et des réglementations sur le carbone.

L’initiative de France 2030 : un accélérateur incontournable

Le plan France 2030, lancé par l’État français, offre un cadre de financement et d’accompagnement technique aux entreprises innovantes. GravitHy bénéficie ici de l’appui « Première usine », un outil spécialement conçu pour soutenir les projets industriels en phase de commercialisation. Grâce à cette aide, la société entend non seulement construire sa première installation, mais aussi devenir un catalyseur pour tout un écosystème d’ingénieurs, de fournisseurs et de partenaires régionaux.

Cette intervention publique se justifie par la nécessité de réduire la dépendance européenne vis-à-vis des aciers importés et à haute teneur en carbone. La volonté est claire : consolider la souveraineté industrielle tout en respectant les objectifs climatiques, deux priorités parfois difficiles à concilier, mais vitales pour l’avenir de la filière.

- Entre 1,8 et 2,2 tonnes de CO2 sont émises par tonne d’acier produite dans un haut-fourneau conventionnel.
- La production mondiale d’acier avoisine 2 milliards de tonnes par an.
- Le fer à réduction directe (DRI) repose sur l’hydrogène pour abaisser drastiquement ces émissions.

Des retombées socio-économiques pour la région

Avec l’implantation d’un site de 75 hectares à Fos-sur-Mer, l’impact régional est également significatif. Au-delà des 500 emplois directs annoncés, on peut envisager la création de centaines d’emplois indirects via la sous-traitance, la logistique et les services connexes. Des dizaines de PME locales pourraient ainsi profiter de l’élan généré par cette usine géante.

La commune de Fos-sur-Mer, déjà marquée par une forte concentration industrielle (notamment dans la chimie, le pétrole, la sidérurgie et la logistique portuaire), continue de diversifier ses activités. Cette mutation progressive s’inscrit dans un objectif de modernisation industrielle, souvent lié à des exigences environnementales renforcées. Sur le plan social, la formation professionnelle deviendra un levier essentiel pour disposer d’une main-d’œuvre qualifiée dans un secteur où la technologie progresse vite.

L’histoire d’une jeune entreprise tournée vers l’avenir

GravitHy est apparue en 2022 sous l’impulsion d’InnoEnergy, dans l’idée de créer un champion européen du fer bas carbone. L’entreprise se veut à la fois pionnière et pragmatique : elle s’adresse aux sidérurgistes existants, désireux d’électrifier leurs flux et de verdir leur production, mais qui manquent parfois de compétences ou de moyens pour développer une chaîne d’approvisionnement en hydrogène verte.

Bien qu’encore jeune, GravitHy réunit un large panel de partenaires industriels : Ecolab, Engie New Ventures, FORVIA, GROUPE IDEC, Japan Hydrogen Fund, Marcegaglia, PlugPower, Primetals Technologies, Rio Tinto et Siemens Financial Services. Cette union d’intérêts variés consolide la crédibilité de la startup sur un marché émergent, où les risques financiers et opérationnels sont élevés, mais où le potentiel de croissance est colossal.

Bon à savoir : l’essor du DRI/HBI

Le DRI (Direct Reduced Iron) ou HBI (Hot Briquetted Iron) est un produit intermédiaire entre le minerai de fer et l’acier fini. Généralement, on utilisait le carbone (coke) pour enlever l’oxygène du minerai de fer. Désormais, l’hydrogène bas carbone offre une alternative bien plus propre, réduisant de près de 90% les émissions de CO2.

Placer le climat au cœur de la sidérurgie

Avec le déploiement de l’électrolyse à grande échelle et l’optimisation des flux d’eau, GravitHy veut instaurer une nouvelle norme industrielle. Le principal défi consiste à stabiliser l’approvisionnement en électricité bas carbone (nucléaire, énergies renouvelables) et à prouver la rentabilité du fer décarboné dans un marché concurrentiel.

Le coût de l’hydrogène reste en effet plus élevé que celui du charbon, si l’on ne tient pas compte du prix du carbone. Toutefois, la hausse progressive des quotas d’émission et le durcissement des règlementations environnementales inversent la donne. L’idée est de parvenir à un équilibre : des incitations publiques, des partenariats privés et des politiques climatiques internationales qui valorisent la moindre émission évitée.

Pour José Noldin, PDG de GravitHy, la coopération entre les différents intervenants de la chaîne de valeur de l’acier sera la clé. Il rappelle que « l’adhésion de nouveaux investisseurs témoigne d’une volonté commune de changer la donne » et souligne l’importance de bâtir une filière solide, capable de répondre aux besoins des sidérurgistes dans toute l’Europe.

Un calendrier serré pour GravitHy

La chronologie du projet s’échelonne en plusieurs étapes. D’ici 2026, GravitHy compte sécuriser l’ensemble des financements et valider les études d’ingénierie. En parallèle, l’obtention des permis administratifs (permis de construire, autorisations d’exploiter) requerra une vigilance particulière, étant donné la sensibilité du site côtier de Fos-sur-Mer et les enjeux environnementaux liés aux installations.

La phase de test débutera après 2026, suivie d’une montée en puissance progressive. Enfin, l’objectif affiché est de lancer la production commerciale en 2029. Durant cette période de transition, le marché de l’acier vert pourrait connaître plusieurs mutations : évolution des prix, compétitions avec d’autres technologies (captage et stockage du carbone, etc.), ou encore alliances industrielles inopinées.

GravitHy devra donc anticiper les fluctuations et s’adapter en temps réel, en intégrant les bonnes pratiques de production, la gestion des risques financiers et l’optimisation logistique. Cette approche agile constituera un atout de poids dans un secteur traditionnellement conservateur.

Réduire de 90 % les émissions de CO2 : quelle réalité ?

Selon les estimations communiquées, la production de fer par réduction directe à l’hydrogène pourrait entraîner une baisse des émissions de CO2 allant jusqu’à 90 % par rapport au modèle à base de coke. Aujourd’hui, plus de 80 % du bilan carbone de l’acier provient du procédé en amont, c’est-à-dire la fabrication de fer avant sa transformation.

Si cette promesse de décarbonation est tenue, on s’attend à un impact majeur sur la compétitivité des aciers « bas carbone ». Les sidérurgistes chercheront des intrants plus propres pour anticiper les réglementations environnementales et pour répondre aux exigences de leurs propres clients (industries automobiles, construction, emballage, etc.). Le saut technologique se trouve désormais à portée de main, porté par l’hydrogène et l’innovation.

L’impact global sur la chaîne de valeur de l’acier

Historiquement, la majorité des producteurs d’acier géraient en interne la production de fer à partir de hauts-fourneaux. Mais cette intégration verticale est remise en question : les investissements pour moderniser les installations ou les convertir à l’hydrogène sont élevés. En externalisant la phase amont (production de DRI/HBI), certains sidérurgistes espèrent réduire les risques et les coûts fixes tout en accédant à une matière première décarbonée.

GravitHy, en tant que producteur spécialisé de fer bas carbone, pourrait ainsi se positionner comme un fournisseur clé, exportant son DRI/HBI vers divers aciéristes européens (et potentiellement mondiaux) prêts à abandonner le charbon. Cette stratégie fait écho aux évolutions réglementaires européennes, telles que l’instauration d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, visant à pénaliser les importations d’acier fortement émissif.

La réussite du projet GravitHy dépend aussi de la demande finale en acier vert. Les grands groupes, notamment dans le secteur automobile, s’engagent déjà à réduire leur empreinte carbone, voire à atteindre la neutralité dans leurs chaînes d’approvisionnement. De plus, la construction durable s’impose comme un nouveau standard, avec des maîtres d’ouvrage plus attentifs à l’empreinte carbone des matériaux utilisés.

Accompagner une filière sidérurgique européenne en pleine mue

Au-delà de la dimension nationale, le projet GravitHy s’inscrit dans une dynamique européenne. Les institutions communautaires cherchent à fédérer les efforts pour bâtir un marché de l’hydrogène compétitif. Le Clean Industrial Deal et le Steel and Metals Action Plan ont notamment jeté les bases d’un développement stratégique de la filière acier décarboné.

Les analyses de marché prévoient une pénurie de produits métalliques bas carbone si l’industrie ne s’adapte pas assez rapidement. Les nations qui sauront tirer profit de l’hydrogène vert et disposeront d’infrastructures électriques performantes auront un avantage concurrentiel net. Pour GravitHy, se positionner dans ce cadre législatif solidement établi est un atout : l’entreprise dispose d’une fenêtre d’opportunité unique pour se développer en Europe.

Les partenaires historiques : un socle de confiance

Outre les nouveaux entrants, GravitHy peut compter sur le soutien d’investisseurs présents depuis les premières étapes du projet. FORVIA, GROUPE IDEC, Plug Power et Primetals Technologies apportent chacun une compétence ciblée :

  • FORVIA : expert dans la fabrication d’équipements automobiles, intéressé par des aciers à faible empreinte carbone.
  • GROUPE IDEC : spécialiste de l’immobilier d’entreprises et de la logistique, pouvant faciliter l’aménagement du site.
  • Plug Power : référence dans la production et l’utilisation de l’hydrogène, notamment pour les piles à combustible.
  • Primetals Technologies : acteur majeur des technologies de production d’acier et d’aluminium.

La réunion de ces expertises garantit la montée en puissance d’un concept global, alliant innovation, financement et intégration de technologies complémentaires. Dans l’industrie lourde, les barrières à l’entrée sont considérables, et disposer d’un écosystème solide en amont constitue un facteur décisif pour réussir.

Aspects juridiques et accompagnement du projet

Le montage financier de GravitHy implique plusieurs banques conseil, dont Rothschild & Co et Société Générale. Sur le plan juridique, le cabinet Herbert Smith Freehills est cité comme conseil dans la structuration de l’opération. Les aspects contractuels peuvent être complexes, surtout quand on combine des financements publics, des participations industrielles et des contraintes environnementales strictes.

L’avantage pour GravitHy est de pouvoir s’appuyer sur ces institutions afin de naviguer dans le cadre réglementaire français et européen. Les normes (émissions, seuils de rejets, utilisation de l’eau, etc.) sont exigeantes, et l’entreprise doit en outre composer avec la pression sociétale autour de l’acceptabilité des nouvelles usines. Transparence et communication proactive auprès des riverains seront essentielles pour éviter conflits et retards administratifs.

Comment pérenniser la filière ?

Si l’objectif immédiat de GravitHy est de lancer la production en 2029, la démarche s’inscrit dans une vision plus large. La sidérurgie bas carbone pourrait gagner en importance au cours de la décennie suivante, alors que l’Union européenne vise la neutralité carbone en 2050. Les premières installations industrielles à grande échelle, telles que celle de GravitHy, feront office de projets pilotes et de vitrines technologiques.

À plus long terme, la compétitivité des usines de DRI/HBI se jouera sur plusieurs fronts : le prix de l’électricité, la disponibilité de l’hydrogène, l’évolution du marché de l’acier et la robustesse des politiques climatiques. L’alliance stratégique entre acteurs miniers, énergétiques et sidérurgistes sera un atout. Elle permet de mutualiser les risques et de réduire le coût global de la transition.

Enfin, un autre enjeu se profile : la capacité d’exportation. Avec un positionnement géographique stratégique (Fos-sur-Mer), GravitHy pourrait rayonner à l’international, dans une logique de hub pour le fer bas carbone. La proximité du port de Marseille-Fos, majeure pour le fret maritime, favoriserait la logistique vers d’autres pays européens, voire au-delà.

Un projet-phare pour construire la souveraineté industrielle

La France a souvent été le berceau d’innovations industrielles, et le plan France 2030 vise à replacer l’Hexagone au centre de la transition énergétique. En soutenant GravitHy, l’État met en avant sa volonté de sécuriser l’avenir de la filière sidérurgique nationale et de favoriser un rééquilibrage des flux d’acier, aujourd’hui largement tributaires des importations.

Si la transition bas carbone se concrétise, de nombreux sites industriels français pourraient s’inspirer de GravitHy pour entreprendre leurs propres démarches de modernisation. Le développement de l’hydrogène vert pourrait également bénéficier à d’autres secteurs, comme la chimie ou le transport lourd. L’idée d’un écosystème intégré n’est donc pas utopique : c’est tout un réseau d’innovations qui se met en place, stimulé par les financements privés et le soutien public.

En retour, la filière pourrait générer un effet d’entraînement sur la formation, la recherche universitaire et l’émergence de nouvelles startups liées à l’électrolyse et aux technologies associées (captage de CO2, recyclage des sous-produits, etc.). L’essor d’une main-d’œuvre plus qualifiée dans le domaine de l’hydrogène est déjà perceptible, alimenté par la demande internationale pour ces compétences.

Regard vers l’après 2029 : un avenir forgé dans le vert

En définitive, GravitHy ne représente pas seulement un investissement industriel de plus : c’est un pari collectif sur la refonte d’un secteur clé, la sidérurgie, considéré depuis longtemps comme l’un des plus polluants. Si la promesse de réduire les émissions jusqu’à 90 % est tenue, l’effet domino sur les politiques énergétiques, les modèles économiques et la compétitivité de l’acier européen pourrait être considérable.

En créant un précédent favorable et en montrant que le fer bas carbone est non seulement possible, mais surtout rentable, GravitHy espère ouvrir la voie à d’autres projets similaires. L’objectif ultime : une sidérurgie non plus synonyme de cheminées fumantes, mais de procédés propres et de solutions durables, alliant performance industrielle et respect du climat.

GravitHy incarne donc la promesse d’une sidérurgie réinventée, prête à s’adapter aux défis environnementaux du XXIe siècle et à relever la barre en matière de compétitivité verte.