À travers une annonce relayée sur LinkedIn, la startup française Kolet révèle avoir finalisé un tour de table de 10 millions de dollars. Pour proposer une eSIM universelle conçue pour simplifier la connectivité mobile à l’étranger, elle s’est entourée de solides partenaires et de nouveaux actionnaires de renom. Décryptage des enjeux et des perspectives d’une jeune pousse qui veut transformer notre façon de communiquer partout sur la planète.

Un panorama financier en pleine effervescence

Le monde des levées de fonds continue d’agiter l’écosystème français de la tech, porté par des investisseurs toujours plus en quête d’entreprises prometteuses. Kolet, un acteur qui ambitionne de bousculer le marché de la téléphonie mobile internationale, ne déroge pas à la règle. Après avoir déjà obtenu 5 millions d’euros l’an dernier, la jeune pousse récidive avec cette fois 10 millions de dollars fraîchement récoltés.

Ce nouveau financement est piloté par le fonds parisien daphni, lequel avait déjà injecté des capitaux lors de la première opération. Plusieurs business angels renommés rejoignent par ailleurs l’aventure, notamment Peter Kern, ancien dirigeant d’Expedia, et Jon Gieselman, ancien responsable marketing d’Apple. Un volet dette non-dilutive d’un montant d’1 million d’euros a aussi été levé auprès de Bpifrance, institution publique qui soutient régulièrement les pépites françaises.

L’objectif financier derrière cette opération est multiple : renforcer l’équipe, améliorer l’application Kolet et intensifier les partenariats. Dans un écosystème concurrentiel où les offres de roaming facturées par les opérateurs peuvent atteindre des tarifs prohibitifs, proposer une eSIM 100 % digitale apparaît comme un atout stratégique.

Des origines ambitieuses et un concept universel

Fondée par quatre entrepreneurs aguerris, Kolet a vu le jour en 2022. Parmi eux : Anne-Carole Cöen (ancienne directrice marketing de Swile), Eduardo Ronzano (co-fondateur de KelDoc), Jérémy Gotteland (ex-Cajoo, repris par Flink) et Mehdi Chraibi (Spades). Leur ambition : résoudre l’épineux problème de la connectivité mobile à l’étranger en misant sur la technologie eSIM.

Au lieu de trimballer plusieurs cartes SIM ou de payer des forfaits internationaux hors de prix, les utilisateurs peuvent, grâce à Kolet, installer une eSIM depuis une simple application, sans aucune manipulation complexe. L’interface se veut intuitive et la souscription rapide. La promesse : conserver son numéro habituel tout en profitant d’offres data plus accessibles sur tous les continents.

La dynamique du marché : eSIM, une technologie en pleine ascension

La notion d’eSIM, longtemps cantonnée à un usage confidentiel, se diffuse à grande échelle. Selon le cabinet Juniper Research, le nombre d’appareils compatibles devrait passer de 1,6 milliard en 2023 à 3,4 milliards d’ici fin 2025. Un bond phénoménal, qui traduit l’appétit pour des solutions de connectivité sans carte physique.

Pour les voyageurs, cette évolution tombe à pic : plus besoin de se plonger dans des comparatifs d’opérateurs locaux, ni de recourir aux célèbres boutiques vendant des SIM prépayées à l’aéroport. D’un point de vue plus vaste, l’eSIM pourrait accélérer la digitalisation du secteur télécom, favorisant la compétition et la baisse des coûts d’itinérance.

Kolet s’inscrit dans cette transition en rendant l’eSIM accessible au plus grand nombre. En éliminant la barrière technique, la jeune pousse a pour ambition de remplacer définitivement la carte physique. Pour les entreprises comme pour les voyageurs individuels, cet argument de flexibilité et de simplicité est de plus en plus déterminant.

Pourquoi cette levée de fonds était cruciale

Sur un marché mondial où les startups spécialisées dans l’eSIM se multiplient, sécuriser un tour de table conséquent devient un levier de différenciation. Avec une enveloppe de 10 millions de dollars, Kolet entend se renforcer sur plusieurs volets :

  • La R&D : développer des fonctionnalités inédites pour améliorer la qualité de la connectivité en déplacements.
  • L’équipe : recruter une dizaine de nouveaux talents pour soutenir la croissance, notamment dans des métiers techniques et marketing.
  • Le rayonnement international : renforcer les relations avec les opérateurs dans les 190 pays déjà couverts, et s’ouvrir à de nouveaux marchés.

Ce triple axe de développement illustre la volonté de Kolet de se placer parmi les leaders européens de l’eSIM. La startup mise sur la réactivité pour saisir les opportunités d’un marché encore jeune mais en accélération.

L’atout freemium : un pari sur l’adoption massive

En parallèle des formules payantes à partir de 3,99 euros pour 1 Go, Kolet envisage la mise en place d’offres freemium destinées à faire découvrir l’eSIM à un large public. L’idée : lever un éventuel frein psychologique et permettre aux utilisateurs de tester la technologie. Si l’expérience séduit, ils pourront alors s’orienter vers des forfaits plus généreux.

Ce modèle témoigne d’une volonté de démocratiser l’usage de l’eSIM et de s’adresser non seulement aux voyageurs aguerris, mais aussi à toute personne curieuse d’expérimenter une solution de data flexible. Cette stratégie pourrait amplifier la notoriété de la marque, et imposer Kolet comme l’application de référence pour éviter les factures “roaming” en fin de séjour.

Bon à savoir : le marché de la téléphonie en itinérance

Le roaming désigne l’ensemble des frais que doit payer un abonné mobile lorsqu’il utilise son téléphone en dehors de sa zone de couverture habituelle. Les factures s’alourdissent souvent rapidement, surtout hors Union européenne. Les eSIM, portées par des offres plus souples, visent à concurrencer ce marché traditionnel et parfois onéreux.

Un déploiement déjà conséquent : Kolet dans le viseur de grands partenaires

Pour développer son offre, Kolet ne s’appuie pas uniquement sur son application. Elle bénéficie déjà de partenariats avec des acteurs majeurs du secteur du voyage, à l’image de Air France-KLM, Evaneos, MakeMyTrip, Wego ou encore Hopper. Ces alliances permettent d’accroître la visibilité de la solution auprès d’un public ciblé : voyageurs d’affaires et touristes avides de rester connectés en toute circonstance.

La jeune pousse indique avoir séduit 300 000 utilisateurs depuis son lancement. Les prévisions tablaient initialement sur le million d’utilisateurs fin 2024. Bien que ce cap ne soit pas encore franchi, la progression reste encourageante, compte tenu d’un marché concurrentiel et de la nécessité d’éduquer le public à un concept encore relativement neuf.

Contrairement à la carte SIM classique qui doit être insérée physiquement dans le smartphone, l’eSIM s’active via un QR code ou une connexion sécurisée. Une fois installée, l’utilisateur peut choisir le forfait souhaité et l’activer instantanément. Aucun envoi postal ni déplacement en boutique n’est nécessaire, ce qui réduit les délais et les coûts.

Kolet, une alternative aux opérateurs traditionnels

À l’heure où les opérateurs historiques facturent parfois des tarifs prohibitifs pour l’usage d’Internet à l’étranger, la proposition de Kolet offre un second souffle. Plutôt que de multiplier les forfaits ponctuels ou de risquer les surcoûts, l’utilisateur installe simplement l’eSIM sur son smartphone et profite de paliers data adaptés à sa consommation.

Cette simplicité d’activation est un des points forts de la startup. Bien entendu, d’autres concurrents existent déjà sur ce segment, mais Kolet mise sur un positionnement “tout-en-un” qui intègre la gestion, le suivi de la consommation et l’accès à différents réseaux locaux, le tout au sein d’une seule et même application. Du point de vue de l’ergonomie, cela marque une rupture nette par rapport aux pratiques antérieures.

Les cartes SIM physiques génèrent un coût environnemental non négligeable : production de plastique, emballage, transport. Avec l’eSIM, ces contraintes disparaissent. À grande échelle, la dématérialisation des cartes pourrait contribuer à réduire l’empreinte carbone de l’industrie de la téléphonie.

Comment Kolet s’inscrit dans l’écosystème français de la tech

La levée de fonds de Kolet est révélatrice d’un contexte français très dynamique en matière de deep tech et de solutions numériques orientées B2C. Au-delà de la simple téléphonie, la France se positionne de plus en plus sur des technologies de connectivité et d’infrastructures cloud. L’intérêt des fonds d’investissement pour Kolet témoigne ainsi de la confiance placée dans les modèles disruptifs.

En outre, le soutien de Bpifrance via une dette non-dilutive d’un million d’euros confirme l’intérêt public pour les solutions facilitant la compétitivité internationale. Le fait d’attirer des investisseurs étrangers illustre aussi l’attractivité de l’Hexagone pour les innovations en matière de télécommunications.

Les retombées potentielles pour les utilisateurs et les entreprises

Si Kolet parvient à accélérer son déploiement, plusieurs retombées concrètes sont attendues :

  • Accessibilité accrue : un voyageur occasionnel pourra activer une couverture data solide sans risquer la facture salée en rentrant.
  • Meilleure expérience client : l’application va s’enrichir de fonctionnalités pour suivre la consommation, prévoir les frais et prolonger l’offre si besoin.
  • Optimisation de la mobilité professionnelle : pour les entreprises, cette technologie pourrait réduire les coûts liés aux déplacements de leurs salariés à l’étranger.

À l’échelle macroéconomique, l’eSIM participe à la mutation des opérateurs, qui doivent revoir leurs modèles tarifaires. La concurrence, longtemps jugée insuffisante dans le secteur de l’itinérance, pourrait s’intensifier au profit des utilisateurs finaux.

À propos de la dette non-dilutive

Lorsqu’une startup recourt à la dette non-dilutive, elle emprunte un capital sans céder de parts de son capital social. Cela permet de conserver la maîtrise de l’entreprise tout en se procurant des liquidités pour accélérer sa croissance. Cette modalité est souvent privilégiée pour financer des projets précis, tels que la R&D ou le recrutement.

L’expertise des fondateurs : un moteur pour le développement

Le parcours des quatre cofondateurs constitue un véritable atout pour propulser Kolet. Avec, d’un côté, des expériences en création d’entreprises (KelDoc, Cajoo, Spades) et, de l’autre, la direction marketing (Swile), l’équipe allie savoir-faire opérationnel et vision stratégique.

Eduardo Ronzano, actuel CEO, insiste sur la volonté de « fédérer une équipe de classe mondiale ». L’objectif est de réunir des profils variés capables d’innover sur l’UX, la technique télécom ou la négociation de partenariats. Dans un marché où la capacité à nouer des contrats avec des opérateurs étrangers est cruciale, cette expertise en networking fait la différence.

Vers de nouvelles fonctionnalités : l’application Kolet en pleine évolution

Si l’eSIM demeure le cœur de l’offre, Kolet ne compte pas s’arrêter là. Grâce aux fonds levés, la startup prévoit d’enrichir son application pour répondre à des besoins plus larges :

  • Suivi en temps réel de la qualité du réseau et des performances data.
  • Gestion simplifiée des forfaits pour les voyageurs multipays.
  • Possibilité d’intégrer des services tiers, comme la réservation d’activités ou la location de véhicules, pour renforcer l’attractivité de l’app.

Les cofondateurs entendent ainsi transformer l’expérience de la mobilité internationale et aller au-delà de la simple consommation Internet. Anticiper les contraintes logistiques ou liées au décalage horaire pourrait faire partie des futurs développements.

Le freemium désigne un modèle économique où un produit de base est accessible gratuitement, tandis que des fonctionnalités avancées sont payantes. Il favorise la découverte et l’adoption rapide, tout en permettant à l’entreprise de rentabiliser son service via des offres premium.

Un écosystème de plus en plus concurrentiel

Depuis quelques années, plusieurs entreprises se sont positionnées sur le segment des eSIM pour voyageurs. Certaines proposent des prix très bas, d’autres misent sur des partenariats nationaux pour maintenir une qualité réseau optimale. Dans ce contexte, Kolet doit continuer à innover pour tirer son épingle du jeu.

La notoriété de la marque, couplée à la simplicité de l’interface, pourrait devenir un critère décisif pour convertir de nouveaux utilisateurs. Si l’entreprise parvient à multiplier ses partenariats et à proposer des offres compétitives, elle pourra se créer une solide communauté, notamment parmi les “digital nomads” et les voyageurs fréquents.

Stratégie de croissance et déploiement à l’international

Avec 190 pays couverts, la startup a déjà franchi un cap majeur. La prochaine étape consiste à pérenniser les accords avec des opérateurs locaux et à trouver de nouveaux relais de croissance. Les perspectives commerciales hors Europe sont particulièrement déterminantes, en raison de l’importance du trafic aérien et du tourisme intercontinental.

Par ailleurs, Kolet entend se renforcer sur le segment B2B, en ciblant par exemple les entreprises dont les salariés voyagent fréquemment. Un marché potentiellement lucratif, car la gestion des forfaits à l’étranger peut devenir un casse-tête budgétaire si elle n’est pas rationalisée.

Une ambition affirmée : cap sur l’évolutivité du produit

En dépit de son jeune âge, Kolet se montre particulièrement ambitieuse. Ses dirigeants misent sur l’effet de volume pour rentabiliser l’infrastructure eSIM. Plus le nombre d’utilisateurs augmente, plus la négociation avec les opérateurs devient avantageuse. Ce cercle vertueux pourrait à terme faire baisser encore davantage le prix final pour l’utilisateur, tout en augmentant la marge de la startup.

Cette approche s’inscrit dans la tendance actuelle des plateformes numériques, qui valorisent la croissance rapide pour asseoir leur position sur le marché. Pour y parvenir, Kolet doit maintenir un haut niveau de service, afin que le bouche-à-oreille et la satisfaction client alimentent son expansion.

Des investisseurs prestigieux pour booster la crédibilité

L’arrivée de Peter Kern et de Jon Gieselman au capital de l’entreprise confère une visibilité internationale à Kolet. L’un connaît parfaitement les rouages du secteur du voyage, tandis que l’autre excelle dans le marketing mondial. Ces profils influents peuvent ouvrir des portes et accélérer la signature de nouveaux contrats.

D’un point de vue communication, la présence de figures renommées rassure également les futurs partenaires. Cela prouve que le potentiel de Kolet est reconnu, y compris à l’échelle d’un marché global. Dans un univers aussi compétitif que la téléphonie, cette crédibilité constitue un atout majeur.

Focus sur le fonds daphni

daphni est un fonds de capital-risque basé à Paris, connu pour son soutien aux jeunes pousses à fort potentiel de croissance. Il privilégie les projets digitaux capables de s’étendre à l’international. Son implication dans Kolet témoigne de la confiance portée aux solutions de connectivité innovantes et évolutives.

De l’importance d’une équipe pluridisciplinaire

Pour passer à la vitesse supérieure, Kolet doit non seulement s’entourer d’investisseurs solides, mais aussi d’une équipe interne étoffée. Les recrutements à venir visent à combler divers besoins : développeurs spécialisés en solutions mobiles, experts en négociation commerciale, responsables de partenariats internationaux, etc.

L’objectif final reste clair : accélérer le développement du produit, consolider l’infrastructure et multiplier les opportunités de business. Une équipe formée de profils complémentaires représente un socle essentiel pour innover rapidement et s’adapter à l’évolution du marché. Les cofondateurs ont déjà prouvé leur capacité à construire et faire croître des entreprises : cette nouvelle étape ne saurait échapper à cette dynamique entrepreneuriale.

Quel impact sur le secteur télécom et l’économie française ?

L’émergence de Kolet, tout comme celle d’autres startups positionnées sur la dématérialisation, crée un effet de concurrence sur le secteur télécom, et particulièrement sur le roaming. Les opérateurs classiques voient débarquer des solutions alternatives qui leur retirent une part non négligeable de revenus. Mais cette compétition stimule aussi l’innovation : pour ne pas perdre leur clientèle, les opérateurs traditionnels sont contraints de proposer des tarifs plus attractifs ou des services supplémentaires.

Sur le plan économique, la réussite de jeunes pousses françaises comme Kolet contribue à valoriser l’image de la French Tech. À l’échelle internationale, la France gagne en légitimité, et les retombées positives en termes d’emplois, de savoir-faire et de recettes fiscales sont loin d’être négligeables.

Perspectives et futurs développements : un marché en mouvement

À mesure que le smartphone continue de s’imposer comme notre compagnon de voyage, le besoin de rester connecté est devenu vital, tant pour les particuliers que pour les professionnels. Les investisseurs misent sur ce constat pour soutenir l’essor de l’eSIM.

Dans ce contexte, Kolet ambitionne de maintenir sa cadence de croissance tout en se donnant les moyens de percer sur de nouveaux marchés. L’éventuelle arrivée de téléphones dépourvus de support pour carte SIM physique (tendance déjà amorcée par certains constructeurs) pourrait encore accélérer l’adoption massive de la technologie eSIM. Kolet se trouve ainsi dans une position favorable pour surfer sur cette vague.

Reste à savoir si la jeune pousse parviendra à tenir la promesse du million d’utilisateurs, objectif initialement visé pour la fin 2024. Les atouts ne manquent pas, et les partenariats stratégiques déjà engagés avec le secteur du tourisme et de l’aviation constituent un avantage déterminant pour toucher la cible voyageur.

L’après-levée de fonds

Grâce à son nouveau capital, Kolet n’a pas seulement la possibilité de pérenniser son offre d’eSIM, mais aussi d’explorer d’autres segments liés à la mobilité et au digital. Des services annexes, comme l’accès à des forfaits data spécifiques (ex. streaming, gaming en ligne), pourraient enrichir l’écosystème de la startup. De plus, l’innovation dans les solutions de paiement intégrées ou l’optimisation du support client multilingue font partie des chantiers qui pourraient se profiler à moyen terme.

Dans un contexte économique encore marqué par l’incertitude sur certains marchés, cette levée de fonds démontre toutefois que les solutions réellement innovantes peuvent attirer les capitaux. Il reste à transformer l’essai : capitaliser sur cette réputation naissante pour devenir un leader reconnu du secteur, capable de diffuser massivement son offre partout dans le monde.

En concentrant ses efforts sur la simplicité, la flexibilité et l’ambition internationale, Kolet illustre la profonde mutation du marché des télécommunications, où l’agilité prime sur les frontières et où la carte SIM physique pourrait bien n’être qu’un souvenir.