KERYS Software révolutionne la virtualisation pour un IT décarboné
KERYS lève 6,2 M€ pour virtualiser les postes, couper coûts et CO₂ et se conformer à NIS2, faisant émerger l’InfraTech verte française.

KERYS Software vient d’annoncer une levée d’amorçage de 6,2 millions € afin de décarboner l’informatique d’entreprise grâce à une virtualisation plus sûre et plus performante. Une nouvelle qui, au‑delà du simple financement, traduit l’émergence d’une filière française « InfraTech » résolument orientée vers la sobriété numérique et la cybersécurité.
Levée d’amorçage : un signal fort pour l’infratech verte
6,2 millions € : c’est le montant injecté par Daphni, Seedcamp, Backtrace, Kima Ventures et plusieurs business angels. Le tour, exceptionnellement conséquent pour un pré‑seed tricolore, valide la pertinence d’un positionnement articulé autour de trois leviers : réduction des coûts, renforcement de la cybersécurité et maîtrise de l’empreinte carbone. Les fonds se déclarent séduits par « la bonne conjonction entre réglementation (directive NIS2), évolution du marché et maturité technologique », selon Shabir Vasram (Daphni).
Chronologie du tour de table
Mai 2024 : premières discussions avec Seedcamp.
Février 2025 : term‑sheet signée avec Daphni.
1er juillet 2025 : closing officiel et annonce publique.
Participation de Kima Ventures confirmée in‑extremis la veille de la signature.
Des fondations techniques qui repensent la virtualisation
KERYS propose un micro‑noyau de type 1 capable d’orchestrer simultanément des charges CPU et GPU sur une seule machine. Contrairement aux hyperviseurs historiques, la solution YS::Desktop/YS::Cloud élimine l’émulation logicielle, réduisant la latence et la consommation électrique. Résultat : des performances « near‑native » tout en divisant par deux le nombre de stations physiques.
Un hyperviseur de type 1 (bare‑metal) tourne directement sur le matériel ; il isole les VM au même niveau que l’OS. Un hyperviseur de type 2 s’exécute au‑dessus d’un système d’exploitation, induisant davantage de surcoûts de performances et d’exposition aux vulnérabilités.
L’équipe fondatrice : quatre profils, une vision partagée
Thomas Brethomé, Sébastien Domergue, Sylvain Cassier, rejoints par Thomas Girard début 2025, cumulent 40 ans d’expérience dans la défense et les infrastructures critiques. Leur culture « sécurité‑first » se retrouve dans l’architecture zero‑trust incorporée au micro‑noyau. Ce pedigree facilite l’obtention prochaine d’une certification EAL5+ avec le concours du CEA LIST.
Parcours défense & critique
Les quatre cofondateurs ont piloté des projets classifiés (OTAN, ministères français) ; un avantage pour adresser les secteurs exigeant une homologation de sécurité élevée.
La proposition de valeur : réduire coûts, carbone et risques
Selon les estimations internes, une entreprise de 500 personnes utilisant deux postes par salarié économiserait 200 tCO2 par an en consolidant son parc. Cet ordre de grandeur résonne avec les chiffres de l’ADEME : le numérique représente déjà 4,4 % de l’empreinte carbone française et pourrait tripler d’ici 2050 sans action corrective ([infos.ademe.fr][2]). La sobriété d’usage que propose KERYS attaque donc l’un des postes les plus critiques – le scope 3 matériel – souvent négligé dans les bilans carbone.
Multiplier les kWh économisés par le facteur d’émission moyen (79 g CO2/kWh en France en 2025 ; source RTE). Ajouter ensuite l’impact lié à la fabrication évitée d’équipements (≈ 700 kg CO2 par workstation).
Contexte réglementaire : NIS2 et responsabilité carbone
Le calendrier européen impose la transposition de la directive NIS2 d’ici le 17 octobre 2024, étendant les obligations de cybersécurité à plus de 15 000 entités françaises. Les articles 21 et 23 exigent des contrôles techniques continus et une gouvernance des risques documentée ([eur-lex.europa.eu][3]). Or la fragmentation des parcs rend souvent ces contrôles prohibitifs. En mutualisant le hardware, KERYS limite le périmètre technique à certifier et automatise, par design, la segmentation réseau requise.
• Analyse de risque annuelle
• Authentification forte généralisée
• Journalisation centralisée 24 mois
• Plan de continuité d’activité testé
• Signalement des incidents majeurs en <24 h
Le regard des investisseurs : pourquoi parier sur KERYS ?
Seedcamp met en avant « l’intégration native de la cybersécurité dans la pile technique », tandis que Backtrace insiste sur la capacité à densifier les charges GPU – élément différenciant face aux besoins d’IA générative. Côté marché, Daphni estime le segment français de la virtualisation sécurisée à 1,8 Md € d’ici 2027, tiré par la demande des opérateurs d’importance vitale soumis à NIS2.
Un marché français mûr pour l’infratech sobre
La dernière étude Green IT 2024 révèle que 62,5 Mt de ressources sont consommées chaque année pour fabriquer et utiliser les équipements numériques en France ([infos.ademe.fr][4]). Parallèlement, le coût énergétique des data centers a bondi de 75 % depuis 2019, renforçant la nécessité d’optimiser le taux d’utilisation des serveurs. Les solutions de KERYS rejoignent ainsi un courant de fond : passer d’une logique de volume à une logique d’usage.
Chiffres clés du numérique
67 millions de serveurs dans le monde.
79 g CO2/kWh : facteur d’émission français 2025.
3,5 % des émissions mondiales de GES viennent du numérique.
Défis à venir : passage à l’échelle et concurrence
Malgré l’attrait technologique, deux écueils se dessinent : la pénurie de compétences en cybersécurité – 15 000 postes vacants en France ([lemonde.fr][5]) – et la compétition d’acteurs historiques (VMware, Citrix) en repositionnement « green ». KERYS mise sur un modèle indirect : partenariats avec intégrateurs spécialisés pour accélérer le déploiement sans alourdir la structure interne.
• Certification EAL5+ obtenue avant 2026
• Taux d’adoption > 10 000 licences déployées sur 18 mois
• Partenariats cloud souverain pour attaquer le marché public
• Roadmap GPU pass‑through compatible PCIe 5.0 d’ici 2027
Vers une normalisation du cloud frugal
La trajectoire de KERYS reflète une évolution profonde : l’IT d’entreprise n’a plus seulement une obligation de service, mais également une obligation de sobriété. En alignant efficacité économique et exigences ESG, la jeune pousse incarne une nouvelle génération de fournisseurs « dual impact ». Reste à confirmer la montée en puissance à l’international et l’intégration continue de standards de sécurité élevés ; deux conditions nécessaires pour faire de la virtualisation sobre la prochaine norme du cloud européen. KERYS Software illustre la convergence entre innovation de rupture, contraintes réglementaires et impératif climatique : un triptyque qui redéfinit durablement les infrastructures IT.