Quelles tendances d’investissement pour les start-ups en 2025 ?
Découvrez comment les start-ups français ont levé 419 millions d’euros durant l’été 2025, avec un focus sur l'IA et la santé.

Un été en apparence calme, pourtant riche en décisions d’investissement. Les jeunes pousses françaises ont profité des mois de juillet et août 2025 pour consolider leurs trajectoires, en attirant des capitaux ciblés sur des axes jugés prioritaires par les investisseurs. Les chiffres avancent une saison résiliente et plus sélective, avec des tickets significatifs dans l’IA et la santé, sans emballement spéculatif.
Un été au-dessus de la ligne de flottaison: 419 millions d’euros et 41 opérations
Les start-ups tricolores ont levé 419 millions d’euros au cours de 41 tours de table entre juillet et août 2025, soit un niveau largement supérieur aux étés 2024 et 2023. Le différentiel est notable: 299 millions en 2024 et 288 millions en 2023 pour la même période. Ce palier est d’autant plus remarquable qu’il intervient après un début d’année marqué par la prudence des investisseurs.
Cette progression signale une réallocation des capitaux vers des segments à forte intensité technologique. L’intelligence artificielle domine la période, suivie par les technologies de santé, puis par un duo biotech et greentech très observé par les fonds thématiques et les corporate ventures. L’absence de méga-levées n’a pas empêché la constitution d’un socle solide de tours de taille intermédiaire, indicateurs d’une chaîne de financement encore opérationnelle.
La saison rappelle qu’un marché sans méga-deal peut rester constructif, dès lors que les projets financés ciblent des cas d’usage tangibles. Sur juin-août, l’activité laisse entrevoir un redressement graduel des allocations, avec une exigence accrue sur les preuves d’adoption client, la marge brute et la gouvernance.
Chiffres-clés de l’été 2025
Les montants mentionnés ont été publiés par des médias économiques spécialisés.
- 419 millions d’euros levés au total pendant juillet et août 2025 (source: Journal du Net, 2 septembre 2025).
- 41 opérations recensées, sans méga-levée.
- IA: 116,3 millions d’euros sur 4 tours de table.
- Medtech: 47,8 millions d’euros sur 7 opérations.
- Biotech + greentech: 42,1 millions d’euros sur 4 levées.
Au-delà du quantum, la qualité des dossiers sélectionnés s’impose comme le marqueur de l’été: des business models mieux calibrés, une discipline de valorisation, ainsi qu’un recentrage sur les segments où la réglementation, la demande et le financement public convergent.
Ia en tête de file: 116,3 millions pour des usages concrets et industriels
Avec 116,3 millions d’euros levés sur quatre opérations, l’intelligence artificielle s’affirme en locomotive. Les tours financent des briques technologiques applicables à la production, à la robotique et aux outils d’aide à la décision. Les investisseurs ciblent particulièrement les start-ups capables de relier les modèles aux chaînes de valeur industrielles, d’optimiser les coûts de calcul et d’exhiber des ROI mesurables côté client.
Le soutien public n’est pas anecdotique. Les programmes French Tech 2030 et French Tech Next40/120 servent de repères stratégiques pour les fonds, en apportant visibilité et accompagnement aux dossiers à fort potentiel technologique. Ils facilitent l’accès aux réseaux, aux commandes et aux cofinancements, facteurs décisifs quand les marchés privilégient désormais la traction sur revenus plutôt que la promesse.
Critères d’investissement observés dans l’ia
Les données d’usage constituent un actif clé. Les investisseurs scrutent la qualité des datasets propriétaires, la capacité à déployer en environnement client et l’alignement avec des contraintes de sécurité et de conformité. La maîtrise des coûts d’inférence et la robustesse du go-to-market pèsent dans les discussions de valorisation.
Les tours IA de l’été ont soutenu trois axes récurrents: 1. des modèles spécialisés pour des tâches industrielles, 2. des plateformes d’orchestration capables de s’intégrer aux systèmes d’information, 3. des produits SaaS embarquant l’IA avec des garanties d’explicabilité et de conformité. Les tickets valorisent la récurrence du revenu et la baisse du coût par prédiction.
Programmes publics structurants pour l’IA
Deux initiatives clés orientent le marché:
- French Tech 2030: accompagnement de pépites deeptech et industrielles, lisibilité sur les priorités nationales en innovation.
- French Tech Next40/120: promotion 2025 dévoilée en juin, sélection d’entreprises à forte croissance avec appui opérationnel et institutionnel.
Ces dispositifs agissent comme des signaux sur la qualité et la crédibilité des dossiers, facilitant l’effet d’entraînement des capitaux privés.
La dynamique IA de l’été confirme une bascule vers des projets qui se connectent au monde réel: santé, robotique, supply chain, industrie manufacturière. Autrement dit, moins d’effet vitrine, davantage d’industrialisation.
Santé à double moteur: medtech très active, biotech en renfort, greentech en ligne de mire
La medtech a connu une activité soutenue avec 47,8 millions d’euros levés en sept opérations. Les montants financent des solutions médicales et hospitalières, des dispositifs et logiciels cliniques. L’appétit des investisseurs tient à la combinaison d’une demande prévisible, d’un environnement réglementaire stabilisé et d’un terrain d’innovation clairement balisé par la recherche publique et privée.
Le duo biotech + greentech a totalisé 42,1 millions d’euros au travers de quatre levées. Dans la biotech, les tours soutiennent le passage du laboratoire à la clinique ou à l’industrialisation. En greentech, les dossiers attirent des capitaux dès lors qu’ils justifient la réduction d’empreinte, l’amélioration de l’efficacité énergétique et la viabilité économique au coût actuel du capital.
Différences de trajectoires: medtech, biotech, greentech
La medtech évolue souvent sur des cycles de validation plus courts que la biotech. La greentech, elle, dépend du couplage entre avancées techniques, cadres réglementaires et disponibilité de financements capex. Cet été, la sélection a privilégié les projets capables de franchir un jalon clinique ou industriel tangible dans les 12 à 18 mois.
Les clarifications récentes sur les instruments de financement, l’information des investisseurs et la transparence des opérations, sous l’égide de l’AMF, participent à fluidifier certaines levées dans la healthtech. Sans se substituer aux validations médicales, ce cadre rassure les investisseurs sur les modalités de levées et la bonne gouvernance financière.
Lexique express: medtech, biotech, greentech
Pour lire correctement les tours de table, il faut distinguer:
- Medtech: dispositifs médicaux, logiciels cliniques, outils d’aide au diagnostic, flux hospitaliers.
- Biotech: thérapies, molécules, biologie de synthèse, plateformes de R&D biomédicale.
- Greentech: technologies de décarbonation, efficacité énergétique, économie circulaire, matériaux bas carbone.
Chacun obéit à des cycles de validation et des métriques de succès spécifiques, ce qui explique des profils de financement contrastés.
L’intérêt pour ces segments traduit la priorité donnée à la santé et à la transition environnementale. L’alignement entre objectifs publics et thèses d’investissement privées crée un terreau propice à des levées sélectives mais soutenues.
Dealflow sans méga-tours: trois cas illustratifs et un marché discipliné
L’été 2025 n’a pas produit de méga-levée, mais plusieurs opérations de taille significative ont donné le ton: rigueur financière, cap sur l’industrialisation, et ancrage sectoriel fort. Trois deals ressortent par leur signal prix et leur ambition industrielle.
Exemple avec genesis ai
Spécialisée dans les modèles d’IA appliqués à la robotique, Genesis AI a levé 90 millions d’euros. Le financement vise l’accélération des briques logicielles et de l’intégration dans des environnements de production. Les cas d’usage incluent l’automatisation de tâches répétitives et la supervision intelligente.
L’ampleur du ticket place la start-up dans la catégorie des projets où l’IA est au service d’une économie productive. Les investisseurs y lisent une promesse de retour sur investissement opérationnel plutôt qu’une seule innovation de rupture.
Million victories: stratégie et résultats
L’éditeur de jeux vidéo Million Victories a sécurisé 34 millions d’euros. L’objectif déclaré est l’expansion des activités, avec une stratégie d’extension de titres et de communautés d’utilisateurs. Dans un marché concurrentiel, le tour reflète la capacité à monétiser sur la durée tout en contrôlant l’acquisition et la rétention.
Ce deal rappelle que le gaming français, disposant d’équipes créatives et d’un écosystème d’accélérateurs, reste attractif lorsque la courbe d’engagement utilisateurs est solide et que les coûts marketing sont maîtrisés.
Exemple avec brainever
Active dans les thérapies contre les maladies neurodégénératives, Brainever a levé 33 millions d’euros. La feuille de route porte sur le renforcement de la R&D, la poursuite des validations et la préparation d’étapes cliniques suivantes selon les cas.
Ce financement s’inscrit dans une logique d’investissement patient, typique de la healthtech, où le couple risque scientifique et potentiel de marché est évalué de concert par les investisseurs spécialisés.
Pris ensemble, ces trois tours illustrent une ligne de force de l’été: financer des actifs technologiques différenciants reliés à des marchés finaux lisibles, avec un calibrage prudent des valorisations et des milestones intermédiaires clairs.
1. Quel est le coût marginal d’adoption côté client, et à quel horizon se matérialise le ROI documenté. 2. Quelles barrières concurrentielles défendables: IP, données, intégrations difficiles à répliquer. 3. Quelle trajectoire de marge brute, compte tenu des coûts d’infrastructure et de conformité, pour construire une rentabilité soutenable.
Contexte macro et politiques publiques: un rebond estival sur fond de contraction semestrielle
Le premier semestre 2025 a été marqué par une baisse du nombre d’opérations de 60 % et une retraite des montants de 34 % par rapport à 2024, signe d’une vigilance accrue des investisseurs face à la normalisation des multiples et au coût du capital (source: Le Figaro, 15 juillet 2025).
Dans ce cadre, la performance de l’été apparaît comme un point d’inflexion. Les fonds se sont repositionnés sur des thèses claires, privilégiant la rentabilité et la création de valeur mesurable. La sensibilité aux relais publics s’est renforcée, notamment autour des programmes French Tech, actualisés en juin 2025 avec une nouvelle liste de lauréats à fort potentiel.
Capitaux internationaux: l’effet d’entraînement de choose france
Le Sommet Choose France 2025 a annoncé 40,8 milliards d’euros d’investissements et 53 projets validés. Ces engagements ne constituent pas des tours de start-ups, mais ils renforcent le tissu d’accueil: usines, centres R&D, chaînes fournisseurs, partenariats. Cet effet d’ancrage crée des opportunités d’intégration pour les jeunes entreprises, du proof of concept à l’industrialisation.
À l’échelle micro, cela se traduit par des corridors commerciaux, des co-développements et des pilotes rémunérés. Autant de jalons susceptibles d’accélérer les prochaines levées, en particulier pour les dossiers deeptech.
Indicateurs à surveiller au second semestre
Plusieurs métriques guident la lecture du marché pour la rentrée:
- Taux de conversion des term sheets signées en closings effectifs, indicateur de confiance.
- Part des tours de continuation vs nouveaux entrants, révélatrice de la capacité d’attraction.
- Évolution des multiples sur revenus récurrents, en particulier pour l’IA et la healthtech.
- Volume de cofinancements publics ou para-publics adossés à des projets industriels.
Les montants agrégés varient selon les critères: annonces officielles vs sources officieuses, inclusion ou non des dettes, des obligations convertibles et des subventions. Pour une comparaison année sur année, il est préférable de s’en tenir à des périmètres constants et de distinguer les tickets equity des financements non dilutifs.
Au total, les mois d’été dessinent un marché sélectif, mais pas fermé. La discipline financière remonte en tête des préoccupations, ce qui explique le ciblage sur des segments où les trajectoires de rentabilité sont démontrables à horizon rapproché.
Ce que les fonds privilégient pour la rentrée 2025: signaux, valos et cash burn
Avec la remontée des exigences, trois leviers conditionnent les tours à venir: preuve d’adoption, maîtrise du cash burn, visibilité sur les marges. Les dossiers IA, medtech et greentech qui confirment des revenus récurrents, une dynamique commerciale robuste et un coût d’acquisition client sous contrôle gardent un accès facilité au capital.
Le pricing des tours se normalise. Les valorisations se fixent moins sur le seul potentiel lointain, davantage sur les métriques actuelles et la qualité des contrats signés. Les clauses de protection et de gouvernance reviennent au premier plan, en particulier sur les tours de continuation.
Effet filière: grands comptes, industriels et partenaires publics
Les fonds favoriseraient les entreprises capables d’activer l’écosystème: partenariats avec des industriels, accès à des plateformes d’essai et co-développement. Cet effet filière réduit le temps de conversion commerciale et sécurise la visibilité sur 12 à 24 mois.
Pour la greentech, la mise à l’échelle restera conditionnée au financement d’infrastructures et à la bancabilité des projets. En medtech, la capacité à franchir des jalons réglementaires et remboursement guidera la confiance. En IA, l’intégration dans les workflows métiers fera la différence.
Les tours de l’été suggèrent des runways de 12 à 18 mois visés par les start-ups. Les pactes définissent des objectifs de revenus, des jalons produit et des améliorations de marge brute. Cette mécanique encourage une itération rapide, la hiérarchisation des chantiers de mise sur le marché et la préparation d’un tour suivant seulement lorsque la traçabilité des progrès est solide.
Cette grammaire financière, plus stricte qu’en 2021-2022, n’entrave pas l’innovation. Elle en redessine les conditions: preuves, discipline, et articulation fine entre progrès technique et traction commerciale.
Axes sectoriels sous la loupe: où se situent les meilleurs rapports risque-rendement
Les montants de l’été incitent à une lecture par cas d’usage. Dans l’IA, l’automatisation de tâches à forte pénibilité et l’optimisation temps réel des flux industriels semblent attirer le plus d’intérêt. Les produits IA qui gagnent posent un cadre d’intégration clair, avec des bénéfices mesurables et un coût d’adoption réduit.
En medtech, les solutions qui fluidifient les parcours de soins et améliorent la prise de décision clinique tirent la demande. La valorisation reflète la qualité du pipeline réglementaire, la robustesse des données cliniques et l’accès aux circuits de remboursement selon les cas.
Greentech: industrialisation et financement capex
La greentech capte l’intérêt lorsqu’elle connecte les innovations à des unités industrielles concrètes. Les projets qui démontrent une baisse de l’intensité énergétique ou des gains d’efficacité nets sur les chaînes de production ont une carte à jouer. Le verrou reste la structuration du financement capex, d’où la complémentarité entre fonds equity, dettes et dispositifs publics.
Le fil rouge de l’été est limpide: des capitaux, oui, mais dirigés vers des projets qui résistent à l’épreuve du terrain. L’économie de l’usage supplante l’économie de la promesse.
Lecture des valorisations: des multiples resserrés et un bonus à la preuve
Les multiples se resserrent autour de comparables pertinents, avec des primes accordées aux entreprises affichant une croissance rentable ou une marge brute en amélioration. Les tours précisent des mécanismes d’ajustement en cas de contre-performance, reflet d’une gouvernance plus vigilante.
En synthèse, la période est favorable aux dirigeants qui pilotent de manière métrique, se concentrent sur les cas d’usage à adoption rapide et entretiennent un dialogue transparent avec l’investisseur.
Un été qui sert de pivot pour la french tech
Les chiffres estivaux confirment une capacité d’attraction intacte pour les dossiers bien structurés. Le volume levé, supérieur à celui des deux années précédentes, affirme que les capitaux restent présents pour financer l’innovation utile, en particulier dans l’IA, la santé et la transition environnementale.
Le signal le plus utile pour la rentrée est la discipline: sélection exigeante, jalons précis, valorisations réalistes. Cette rigueur, combinée aux leviers publics et à l’effet d’entraînement de projets industriels, peut prolonger le rebond observé en juillet-août et ancrer la trajectoire annuelle sur un palier soutenable.
L’été 2025 aura surtout rappelé qu’en matière de financement, la qualité des preuves l’emporte sur la quantité de promesses: c’est la meilleure nouvelle possible pour une French Tech qui veut grandir durablement.