Coincée entre la profusion de dispositifs et la lourdeur des démarches, l’aide publique reste souvent hors de portée des dirigeants. En devenant actionnaire majoritaire de MAPi pour 1,3 million d’euros, Infogreffe amorce un changement d’échelle : une passerelle technologique qui s’appuie sur la donnée légale certifiée pour accélérer l’accès aux financements des entreprises.

Un foisonnement d’aides, mais des milliards encore sous-utilisés

La France compte plus de 11 000 dispositifs de financements publics pour les entreprises. Subventions, avances remboursables, crédits d’impôt, garanties : l’arsenal est complet, de l’innovation à la transition écologique en passant par la numérisation.

Pourtant, l’accès demeure un obstacle. La cartographie des dispositifs est fragmentée entre les échelons nationaux, régionaux et européens, et les conditions d’éligibilité varient selon la taille, le secteur, la maturité et la localisation du bénéficiaire. Le moindre décalage entre le profil réel d’une entreprise et les critères exigés suffit à faire échouer un dossier.

La commission d’enquête sénatoriale a évalué les aides aux entreprises à au moins 211 milliards d’euros en 2023, tous formats confondus (Le Monde, 8 juillet 2025). Un niveau historique, qui traduit une intensification des politiques publiques, mais aussi un paradoxe : une partie des montants disponibles ne trouve pas preneur par manque de lisibilité et de coordination opérationnelle.

Où se perdent les dirigeants dans le labyrinthe administratif

Les dirigeants de TPE et PME butent souvent sur trois nœuds critiques. D’abord, l’identification de la bonne aide à l’instant T, tant les fenêtres d’éligibilité et calendriers évoluent vite. Ensuite, la qualification des critères, parfois techniques, qui demandent un niveau d’expertise administrative non disponible en interne.

Enfin, la construction du dossier. L’alignement entre bilans, extrait K-bis, statuts, business plan et objectifs du programme requiert une rigueur documentaire élevée. Une incohérence minime peut conduire à un refus ou à un retard de plusieurs mois, ce qui fragilise la trésorerie et l’agilité de décision.

Repères chiffrés à surveiller

Quelques ordres de grandeur éclairent l’enjeu économique :

  • 4,5 millions d’entreprises actives en 2024, majoritairement des TPE et PME.
  • 11 000+ dispositifs potentiels, publics et parapublics, avec des critères hétérogènes.
  • 211 milliards d’euros d’aides en 2023, tous formats confondus, avec un poids croissant des programmes liés à la transformation numérique et à la transition écologique.

Dans ce paysage saturé, la valeur se joue dorénavant moins dans la multiplication des dispositifs que dans la capacité à faire correspondre rapidement un profil d’entreprise avec les bons leviers financiers. C’est précisément le créneau stratégique occupé par l’alliance Infogreffe et MAPi.

Infogreffe prend la majorité de mapi pour 1,3 million d’euros

Le 9 septembre 2025, Infogreffe a annoncé un investissement de 1,3 million d’euros dans la startup MAPi, pour en devenir l’actionnaire majoritaire. Cette opération s’inscrit dans la continuité d’un partenariat initié en 2022 et formalise une convergence industrielle entre données légales certifiées et moteur de recherche d’aides professionnelles.

MAPi, fondée en 2020 par Michel Struk et Arnaud Guillotin, s’est spécialisée dans l’identification, la qualification et l’optimisation des financements publics accessibles aux entreprises. Ensemble, Infogreffe et MAPi revendiquent avoir accompagné plus de 150 000 entreprises depuis le début de leur collaboration, un volume qui confirme l’existence d’un besoin massif d’intermédiation.

Au-delà du ticket financier, le rapprochement confère à MAPi un accès privilégié à la donnée certifiée issue des registres du commerce et des sociétés, ainsi qu’à l’écosystème de services numériques d’Infogreffe. Ce cumul est stratégique : il réduit l’incertitude documentaire, accélère l’éligibilité et améliore la probabilité de succès des dossiers.

Qui est mapi et pourquoi son modèle séduit

MAPi se positionne sur un créneau opérationnel simple : réduire le temps de recherche et de montage en automatisant la correspondance entre les caractéristiques d’une entreprise et les critères des aides. L’entreprise propose une couche d’intelligence artificielle qui capte des signaux dans la donnée légale et les croise avec des bases de dispositifs actualisées.

Son modèle repose sur une promesse claire pour le dirigeant : limiter l’énergie dépensée à comprendre des dizaines de programmes, pour se concentrer sur l’essentiel, à savoir le pilotage du projet financé. C’est une proposition de valeur parfaitement alignée avec la contrainte de temps et la complexité administrative que subissent les PME.

Infogreffe est un groupement d’intérêt économique qui réunit les greffes des tribunaux de commerce. Ce statut permet de mutualiser des moyens pour opérer des services numériques autour de la donnée légale certifiée : K-bis, dépôts d’actes, comptes annuels, décisions de justice commerciales.

En devenant majoritaire dans MAPi, Infogreffe étend sa mission traditionnelle de diffusion de la donnée légale vers un service à forte valeur d’usage pour les dirigeants : faciliter l’accès à des financements concrets, à partir d’informations fiables et opposables.

Cette logique de plateforme intégrée s’inscrit dans une dynamique plus large de transformation d’Infogreffe, déjà visible avec des services comme MonIdenum pour l’identité numérique, KYC Infogreffe pour la vérification des tiers ou une Marketplace de services aux entreprises. L’apport MAPi complète l’ensemble sur le versant financement.

Architecture ia et données certifiées : vers un diagnostic d’éligibilité plus rapide

Le cœur différenciant de la solution repose sur la combinaison d’une IA générative et d’un accès natif aux données légales. L’algorithme matche les informations clés d’une entreprise avec les grilles d’éligibilité des aides : taille, effectif, âge de la société, secteur d’activité, lieu d’implantation, projets déclarés, métriques financières, situation capitalistique.

Cette alchimie technique se traduit en quelques minutes par un panorama de dispositifs triés selon la pertinence et la probabilité d’obtention. L’IA assiste ensuite dans la préparation documentaire, en générant des listes de pièces, des rappels d’exigences et des formulations adaptées aux attendus des guichets financeurs.

Quelles données légales servent au matching d’éligibilité

La pertinence des résultats dépend de la qualité de la donnée. Les éléments structurants incluent :

  • Extrait K-bis et informations d’identification : forme, date d’immatriculation, dirigeants, siège, code APE.
  • Comptes annuels et indicateurs financiers : chiffre d’affaires, effectif, résultat, fonds propres.
  • Actes et statuts : objet social, clauses, mouvements sur le capital.
  • Localisation des établissements : pour les dispositifs territorialisés ou les zones aidées.

Du matching à l’accompagnement : le déroulé type côté utilisateur

La valeur ne s’arrête pas au diagnostic. La plateforme guide l’utilisateur dans une logique de workflow : qualification des critères manquants, consolidation des pièces, suivi des échéances, préparation aux contrôles. Cette continuité réduit le taux d’abandon des dossiers et sécurise l’exécution.

Dans les faits, le dirigeant suit des étapes courtes et décisionnelles, pour se concentrer sur la préparation du projet et ses impacts business. Résultat : un cycle de financement plus court, une charge administrative mieux répartie, et une maîtrise accrue des risques documentaires.

L’IA ne se contente pas de suggérer des aides. Elle propose des trames de dossiers adaptées au guichet ciblé : résumés exécutifs cohérents avec les objectifs du programme, quantification de l’impact attendu, mise en avant des critères de sélection, et checklist de conformité.

Ce rôle d’assistant rédactionnel, associé à la donnée certifiée, réduit les erreurs de forme, évite les incohérences et limite les allers-retours avec les organismes financeurs.

Le bénéfice de cette architecture n’est pas seulement fonctionnel. Il est aussi stratégique : à mesure que le corpus d’aides se densifie, l’accès aux guichets devient un avantage compétitif. Les entreprises qui industrialisent leur démarche de financement captent plus vite les ressources disponibles et consolident leur trajectoire d’investissement.

Des effets attendus pour les tpe et pme, du repérage au décaissement

La promesse de l’alliance Infogreffe et MAPi se mesure à l’échelle du dirigeant. Celui-ci gagne du temps sur la recherche, sécurise l’éligibilité et augmente ses chances de décaissement. Pour un projet d’investissement, la différence entre une subvention obtenue en trois mois ou en neuf mois peut être déterminante pour l’embauche, l’achat d’équipements ou la signature de contrats.

Les effets d’entraînement se situent également du côté des acteurs intermédiaires : experts-comptables, avocats, cabinets de financement. Une plateforme outillée par la donnée certifiée et l’IA favorise une intermédiation plus fluide, avec des gains de productivité et une réduction des zones d’incertitude.

Pme industrielle : parcours d’accès aux aides

Une PME industrielle qui modernise sa ligne de production peut mobiliser un faisceau de dispositifs : aide régionale à l’investissement, subventions à l’efficacité énergétique, appel à projets voué à la robotisation, ou prêt à taux bonifié. Le filtre MAPi identifie rapidement les guichets cohérents avec le code APE, la taille, le lieu et le montant cible.

La constitution du dossier s’appuie sur les comptes annuels et les statuts pour sécuriser la cohérence. L’IA structure le narratif du projet : gains de productivité, économies d’énergie, impacts sur l’emploi, calendrier. Résultat attendu : moins d’itérations, un passage plus rapide devant les comités d’attribution et une probabilité d’acceptation renforcée.

Startup deeptech : stratégie et résultats

Pour une startup deeptech en phase de prototypage, le besoin porte sur des subventions d’amorçage, des avances remboursables, et des appels à projets orientés innovation. Le moteur croise les critères d’éligibilité avec l’âge de la société, la capitalisation, la nature de la R&D et l’équipe.

Au-delà du repérage, l’assistant génératif formalise les jalons scientifiques, les verrous technologiques et l’impact socio-économique attendu, éléments décisifs pour les comités. La startup gagne du temps sur la clarification des attendus et se positionne plus vite sur des programmes structurants, y compris dans l’orbite de France 2030.

Beaucoup de dispositifs s’inscrivent sous le régime de minimis, qui plafonne le cumul d’aides publiques perçues par une même entreprise sur une période donnée. Bien anticiper cet encadrement évite des refus a posteriori ou des réductions de montants.

Une lecture transversale des aides déjà obtenues, croisée avec les plafonds applicables, permet d’optimiser le mix de financements et d’éviter un effet ciseau au moment du décaissement.

Au plan macro, la simplification de l’accès contribue aussi à limiter le gâchis économique. Moins de temps perdu signifie des projets lancés plus vite, des emplois soutenus plus tôt, et une meilleure allocation de ressources publiques vers des initiatives réellement matures.

Cap sur la conformité : sécuriser les dossiers et la donnée

La réussite d’un dossier ne se résume pas à un matching informatique. L’enjeu est aussi de sécuriser la conformité à toutes les étapes : preuves d’éligibilité, traçabilité des pièces, prévention des erreurs de cumul d’aides, respect des contrôles et des obligations post-décaissement.

Le couplage MAPi et Infogreffe permet de constituer un socle documentaire opposable, en s’appuyant sur la donnée légale certifiée. Cette base limite les divergences entre les informations déposées et celles transmises aux financeurs, un facteur clé pour éviter les rejets et les redressements.

Points de vigilance pour les dirigeants

Avant d’envoyer un dossier, quatre réflexes utiles :

  • Alignement des données : vérifier la cohérence entre K-bis, comptes et business plan.
  • Calendrier : respecter les fenêtres d’ouverture et les délais de réponse.
  • Cumul d’aides : contrôler l’impact des plafonds et des règles de minimis.
  • Traçabilité : conserver les justificatifs pour les contrôles ex post et l’audit interne.

Interopérabilité avec les guichets et services publics

Au-delà du matching, l’enjeu est l’interopérabilité avec les plateformes publiques et parapubliques. Plus la transmission des données s’appuiera sur des référentiels fiables, plus les échanges seront fluides et les délais raccourcis.

Infogreffe dispose d’atouts fonctionnels pour cette interopérabilité : systèmes normalisés, identifiants reconnus, et services connexes comme KYC Infogreffe pour la vérification des contreparties. À terme, c’est toute la chaîne de valeur du financement public qui gagne en efficacité, du dépôt des dossiers au suivi des reporting.

Traiter des données comptables et statutaires exige des garde-fous. Les plateformes doivent appliquer des standards élevés de sécurité, des parcours de consentement clairs, et des mécanismes de minimisation des données partagées avec les financeurs.

La présence d’Infogreffe, gardien de la donnée légale, peut guider un cadre de gouvernance robuste, limitant les risques d’exposition et renforçant la confiance des dirigeants dans l’usage de leurs informations.

La combinaison de ces mesures a une conséquence directe sur le terrain : des dossiers plus propres, des délais plus courts, et des relations plus fluides avec l’administration et les opérateurs. Cette rigueur soutient aussi la réputation des entreprises bénéficiaires, un actif intangible souvent négligé.

Infogreffe élargit sa galaxie numérique avec mapi

La prise de participation majoritaire s’inscrit dans une stratégie de diversification assumée par Infogreffe. Historiquement centré sur la diffusion de la donnée légale, le GIE a progressivement développé des briques de services complémentaires, de l’identité numérique à l’onboarding des tiers.

MAPi ajoute un volet décisif à ce puzzle : la monétisation de la donnée par l’usage, au bénéfice direct des dirigeants. En proposant un accès plus simple aux aides publiques, Infogreffe dépasse le rôle de registre pour devenir un acteur d’accompagnement de la vie des entreprises.

Cette évolution a aussi une portée industrielle. Les acteurs de la fintech et de la regtech en France observent ce mouvement avec attention : la convergence entre données authentifiées, moteurs IA et services d’exécution crée une nouvelle norme de qualité. Elle place la preuve au cœur du processus, depuis la qualification jusqu’au décaissement.

Des synergies tangibles pour l’écosystème

La synergie repose sur trois leviers. D’abord, un socle de données fiables qui réduit le risque d’erreur. Ensuite, des algorithmes capables de naviguer la complexité des critères et de s’adapter aux mises à jour fréquentes. Enfin, une capacité de distribution via les canaux d’Infogreffe, pour toucher massivement les TPE et PME.

Pour les financeurs publics, ce type d’intermédiaire réduit aussi les coûts de traitement. Des dossiers mieux préparés signifient moins d’allers-retours, une évaluation plus rapide et un impact plus concret des politiques publiques sur le terrain économique.

Indicateurs d’impact à suivre après la prise de contrôle

Pour mesurer la réussite du rapprochement, trois métriques devraient émerger :

  • Taux de conversion entre diagnostic d’éligibilité et dépôt effectif de dossier.
  • Temps moyen entre l’identification du dispositif et la décision de financement.
  • Montants mobilisés par segment d’entreprises, notamment pour les TPE et les PME industrielles.

Si ces indicateurs progressent, l’alliance Infogreffe–MAPi démontrera qu’un investissement ciblé peut produire des gains macroéconomiques tangibles, en orientant plus vite l’argent public vers des projets structurants et mesurables.

Ce que change l’alliance infogreffe–mapi pour l’accès aux aides

Le rapprochement accélère une tendance de fond : l’aide publique n’est plus un labyrinthe uniquement administratif, mais un espace d’optimisation piloté par la donnée. Les dirigeants qui adoptent ces outils gagnent en vitesse d’exécution, en qualité documentaire et en confort décisionnel.

Dans un univers où la transition numérique et la transition écologique concentrent une part croissante des enveloppes, la capacité à aligner un projet avec des critères mouvants devient un facteur différenciant. Infogreffe et MAPi se positionnent pour transformer cette complexité en avantage compétitif, avec à la clé une utilisation plus efficiente des fonds publics et une montée en puissance des PME sur leurs marchés.

En investissant dans MAPi, Infogreffe place la donnée certifiée et l’IA au service d’un enjeu économique clé : transformer une profusion d’aides en financements concrets, au bon moment, pour les bonnes entreprises.