Horus Pharma, laboratoire familial d’ophtalmologie basé à Nice, met en œuvre une stratégie de croissance ambitieuse pour renforcer son indépendance. Avec un chiffre d'affaires dépassant les 100 millions d'euros en 2023, l'entreprise vise à doubler ce montant d'ici à quatre ans, tout en naviguant à travers des défis d'approvisionnement et un environnement économique difficile.

Des défis d'approvisionnement persistants

Le laboratoire fait face à des difficultés d'approvisionnement qui impactent son développement. Nicolas Claret, secrétaire général et responsable du développement international, souligne que l'industrie pharmaceutique est souvent la dernière à ressentir les effets des perturbations. "Nous ne prévoyons pas de retour à la normale avant deux ans", déclare-t-il. Ces problèmes d'approvisionnement ont coûté à Horus Pharma un tiers de sa croissance l'année précédente.

Cette situation s'ajoute à un contexte économique marqué par des pressions inflationnistes. Claret précise que l'inflation n'est pas répercutée sur les prix des produits en pharmacie, ce qui complique la compétitivité. "L'indépendance est un combat quotidien", insiste-t-il, en rappelant que "une profitabilité saine assure la pérennité d'une entreprise".

Une croissance ciblée malgré les obstacles

Malgré ces défis, Horus Pharma prévoit une croissance de plus de 15 % pour l'année en cours. L'entreprise prévoit également d'augmenter ses effectifs, passant de 220 à 245 collaborateurs d'ici fin 2024. "Nous ne croissons pas pour rien. L'objectif est d'atteindre une taille critique qui nous permettra de réinvestir dans nos propres ressources", explique Claret.

Innovation : Le moteur de la croissance

Horus Pharma mise sur l'innovation pour se démarquer. L'entreprise propose des produits à forte valeur ajoutée thérapeutique, tels que :

  • Des collyres brevetés sans conservateur
  • Des implants intravitréens
  • Des membranes amniotiques pour la cornée

Ces innovations ont permis à Horus Pharma de devenir le deuxième laboratoire d'ophtalmologie en France. "Nous avons construit une part de marché significative en France, et nous devons maintenant faire de même à l'international", souligne Claret.

Expansion internationale : Une priorité stratégique

Le développement à l'international est au cœur de la stratégie de Horus Pharma. Nicolas Claret, qui a rejoint l'entreprise en 2021, a pour mission de construire un réseau international solide. L'entreprise a déjà établi des filiales en Suisse, Espagne, Belgique, et aux Pays-Bas, et prévoit d'ouvrir une nouvelle filiale à Stockholm en 2023.

Claret explique que l'internationalisation est un processus complexe pour une PME. "Nous apprenons en cours de route", dit-il. Horus Pharma s'engage également dans des partenariats stratégiques pour faciliter son expansion en Europe.

Partenariats de distribution : Une approche pragmatique

Pour se développer à l'international, Horus Pharma privilégie les partenariats de distribution. Cette stratégie lui permet de tester de nouveaux marchés tout en établissant des relations avec des partenaires locaux. "Nous sondons les marchés pour comprendre leurs spécificités et identifier les bons partenaires", précise Claret.

Cette approche a déjà porté ses fruits, avec des projets d'expansion allant du Portugal à l'Azerbaïdjan et à l'Algérie. "Nous voulons comprendre les marchés avant de prendre des décisions stratégiques", ajoute-t-il.

Ambitions en Asie et en Afrique

Les ambitions de Horus Pharma ne se limitent pas à l'Europe. L'entreprise a récemment signé un partenariat de distribution au Vietnam, avec un lancement prévu en 2025. Claret vise également d'autres marchés asiatiques, tels que le Japon, la Corée, la Thaïlande et la Chine.

Le marché chinois, en particulier, présente des opportunités intéressantes. "Nous cherchons des entreprises indépendantes en Chine qui partagent notre vision à long terme", explique Claret. Il reconnaît cependant que le marché chinois comporte de nombreux défis.

Horus Pharma explore également des opportunités en Afrique subsaharienne, où des besoins thérapeutiques importants existent. "En Algérie, par exemple, il n'y avait pas de solutions pour l'œdème cornéen", souligne-t-il.

Développement de nouveaux segments de marché

Un autre axe de croissance pour Horus Pharma est le développement de produits non remboursés, notamment dans le secteur cosmétique et des compléments alimentaires. L'entreprise vient d'acquérir la société monégasque Ophtalmis, désormais rebaptisée Dulcis Health Science, dédiée à la micronutrition et à la cosmétique.

Cette nouvelle filiale, qui compte actuellement une dizaine de salariés, devrait doubler ses effectifs d'ici fin 2025. "Nous voulons diversifier notre offre tout en restant concentrés sur notre cœur de métier", précise Claret.

Intégration de la production : Un enjeu stratégique

Pour le moment, 75 % de la production de Horus Pharma est sous-traitée, principalement en France, en Italie et en Allemagne. Claret exprime le souhait de commencer à intégrer une partie de la production en interne. "Les problèmes d'approvisionnement que nous avons rencontrés ces deux dernières années nous ont poussés à réfléchir à notre modèle de production", explique-t-il.

Bien que démarrer une usine de zéro soit complexe, l'entreprise envisage d'établir des lignes de production dédiées chez des sous-traitants. "C'est un sujet prioritaire pour nous", insiste Claret.

Maintenir l'indépendance face aux offres d'acquisition

Horus Pharma reçoit régulièrement des marques d'intérêt de la part de potentiels acquéreurs. Cependant, Claret affirme que l'objectif de l'entreprise n'est pas de céder une partie de son capital. "Nous ne cherchons pas à devenir un gros laboratoire français dans les prochaines années. Notre but est d'atteindre 200 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici à quatre ans tout en préservant notre indépendance", conclut-il.