HDF Energy se réorganise après des résultats semestriels mitigés
Découvrez comment HDF Energy navigue dans un contexte difficile tout en préservant ses ambitions industrielles et ses investissements.

6,6 M€ de pertes au premier semestre 2025 : Hydrogène de France resserre la voilure sur ses projets les plus avancés et maintient ses ambitions industrielles. Installée en Gironde, la société combine fabrication de piles à combustible et développement d’infrastructures hydrogène. Depuis juin, le groupe aligne sa feuille de route sur des jalons réglementaires déjà sécurisés afin de transformer plus vite ses investissements en actifs opérationnels.
Résultats semestriels 2025 : contraction des revenus et perte consolidée
Le premier semestre 2025 se solde par un chiffre d’affaires de 410 571 € et un résultat net consolidé de -6,6 M€. Ce profil reflète une phase de transition marquée par une concentration des efforts sur des projets à fort effet d’entraînement, au détriment d’un volume de ventes immédiat. La dynamique commerciale apparaît donc en retrait de court terme, tandis que la valeur se joue sur le passage en phase industrielle et l’atteinte des jalons d’exploitation.
Pour les acteurs du secteur hydrogène, un faible chiffre d’affaires en phase de développement n’est pas exceptionnel. Les revenus se matérialisent souvent lors des étapes d’industrialisation, de mise en service et d’exploitation, après des périodes d’ingénierie, d’autorisations et de structuration financière. C’est précisément ce que revendique HDF Energy, qui met l’accent sur des projets avancés afin de sécuriser l’exécution et, in fine, des flux plus récurrents une fois les centrales en activité (source : Webdisclosure.fr).
Points clés du 1er semestre 2025
Chiffre d’affaires : 410 571 €.
Résultat net consolidé : -6,6 M€.
Trésorerie au 30 juin 2025 : 29,2 M€, contre 39,2 M€ fin 2024.
Ciblage stratégique : focalisation sur les projets en phase avancée et poursuite des investissements industriels.
Les développeurs d’infrastructures hydrogène engrangent souvent des revenus modestes tant que les actifs ne sont pas en exploitation. Le cœur de la valeur provient des centrales mises en service, des contrats d’énergie et de maintenance, et des ventes de technologies à forte puissance. La clé de lecture : un pipeline en “late-stage” vaut davantage qu’un volume d’affaires précoce, car il est plus proche de la mise en service et des flux récurrents.
Liquidités et allocation du capital : baisse de trésorerie et cap stratégique
La trésorerie ressort à 29,2 M€ au 30 juin 2025, contre 39,2 M€ fin 2024. Cette décrue se lit à l’aune des dépenses engagées sur l’outil industriel et les projets prioritaires. Pour un acteur intégré comme HDF, la gestion du cash conditionne la cadence d’exécution. Le groupe signale une confiance intacte dans sa trajectoire, tout en assumant une période d’investissements sélectifs.
Derrière ces chiffres, une logique industrielle s’esquisse : privilégier les projets juridiquement et techniquement sécurisés, optimiser l’allocation du capital sur les actifs susceptibles de générer des revenus récurrents et, parallèlement, démarrer la prospection commerciale de la nouvelle usine de piles à combustible.
- Efforts d’ingénierie et d’industrialisation : ils précèdent la génération de revenus d’exploitation, d’où des périodes d’investissements nets avant la montée en puissance des actifs.
- Concentration du portefeuille : réallouer vers des projets qui ont franchi des jalons (licences, intégration aux plans énergétiques nationaux, chantiers en cours) limite le risque d’exécution.
- Prospection commerciale ciblée : la recherche de partenaires et clients ancre l’usine dans des débouchés concrets et oriente le profil de cash-flow à moyen terme.
Projets avancés : Barbade, Indonésie et Guyane franchissent des paliers
HDF Energy privilégie désormais les actifs où la maturité réglementaire et opérationnelle est la plus élevée. Trois terrains illustrent cette stratégie : Caraïbes, Asie du Sud-Est et outre-mer français. Ces jalons conditionnent la vitesse d’exécution, la bancabilité et l’accès aux financements non dilutifs.
Barbade : licence d’exploitation obtenue
À la Barbade, la centrale hydrogène a obtenu une licence d’exploitation. Ce jalon est déterminant : il formalise la recevabilité du projet par l’autorité locale, sécurise le cadre d’exploitation et, souvent, catalyse la structuration financière. Pour HDF, c’est une autorisation qui peut débloquer la suite des travaux, des accords opérationnels et des contrats d’achat d’énergie si ceux-ci sont prévus par la structuration du projet.
Une licence d’exploitation ne garantit pas à elle seule la rentabilité d’un actif, mais elle trace une ligne claire entre intention et exécution. Elle est souvent nécessaire pour :
- Engager les commandes industrielles en limitant le risque réglementaire.
- Négocier les contrats de long terme avec des contreparties financières plus confortables.
- Structurer le financement de projet en mobilisant dette et capital sur la base d’un cadre juridique stabilisé.
Indonésie : intégration au plan pluriannuel d’électricité
En Indonésie, le projet a été intégré au plan pluriannuel d’électricité du pays. Ce signal politique et énergétique renforce la visibilité du projet : il atteste de l’alignement avec les priorités nationales et peut faciliter l’obtention de financements locaux ou internationaux. Pour un développeur, l’inscription dans un plan de référence est un atout pour la bancabilité et le calendrier d’autorisation.
Guyane : chantier en cours et mise en service visée mi-2026
En Guyane, la construction progresse selon le calendrier prévu, avec une mise en service attendue mi-2026. L’intérêt stratégique est double : un actif en outre-mer relève d’un environnement juridique français, avec une articulation plus directe aux politiques publiques nationales, tout en servant de vitrine technologique exportable. La tenue du calendrier sera un indicateur majeur de la capacité d’HDF à convertir son pipeline en revenus d’exploitation.
Ce que valident ces jalons de projet
- Crédibilité technique : une centrale autorisée et planifiée rassure sur la faisabilité.
- Visibilité financière : les banques et partenaires lisent ces signaux comme des preuves d’exécution.
- Accès marché : aux Caraïbes, en Asie et en Guyane, HDF se positionne sur des zones complémentaires pour l’hydrogène décarboné.
Usine de piles à combustible en France : 4,7 M€ investis au 1er semestre
HDF a engagé 4,7 M€ au premier semestre 2025 pour son usine dédiée aux piles à combustible de forte puissance, située en France. L’objectif : consolider une base industrielle capable d’alimenter ses propres projets et de servir des besoins externes, en ciblant des applications à forte intensité de puissance et de disponibilité. Le groupe indique avoir lancé la prospection commerciale, étape clé pour calibrer les volumes, sécuriser des débouchés et ajuster la roadmap produits.
Sur un marché hydrogène en phase de maturation, une capacité industrielle locale offre plusieurs avantages : maîtrise des délais, qualité et adaptation aux exigences techniques spécifiques, tout en facilitant la conformité réglementaire et la souveraineté d’approvisionnement. La synchronisation entre montée en cadence de l’usine et jalons projets sera un facteur différenciant dans la compétition « techno + infra » qui structure la filière.
Les piles à combustible de forte puissance sont destinées à des applications où la continuité et la densité énergétique priment, par exemple la production d’électricité décarbonée locale, le secours réseau ou certaines mobilités lourdes. Pour un industriel, elles représentent un mix de performance, disponibilité et coût total de possession qui doit se comparer à des solutions alternatives de production ou de stockage d’énergie.
Trajectoire commerciale revue : l’objectif de 100 M€ repoussé
Fixé initialement pour 2027, l’objectif d’atteindre 100 M€ de chiffre d’affaires est désormais repoussé à une date non précisée. HDF relie ce décalage à un contexte sectoriel jugé challenging, avec des signaux de normalisation des prix et une sélectivité accrue des investisseurs et donneurs d’ordres. Autrement dit, la société privilégie l’exécution et la discipline capitalistique plutôt que la poursuite d’une cible calendaire devenue moins pertinente.
Ce choix est cohérent avec une filière hydrogène qui connaît une crise de croissance : la visibilité progresse là où les usages sont bancables et les schémas contractuels robustes. Dans ce cadre, la focalisation d’HDF sur des pays et territoires où les autorisations avancent et où les infrastructures s’installent constitue une ligne de force. La contrepartie immédiate est un profil de revenus qui s’allonge, le temps de convertir les chantiers en actifs productifs.
Indicateurs à suivre d’ici 2026
- Achèvement des jalons réglementaires sur les projets prioritaires et confirmations contractuelles.
- Calendrier de mise en service en Guyane et premiers marqueurs opérationnels.
- Portefeuille de commandes de l’usine de piles à combustible et ramp-up industriel.
SNH II et marché français de l’hydrogène : signaux et soutiens à l’étude
Le Gouvernement a actualisé la Stratégie nationale hydrogène le 10 avril 2025, lors du Comité interministériel de l’Innovation. Cette mise à jour, publiée par la Direction générale des Entreprises, confirme l’orientation en faveur de l’hydrogène décarboné, de l’innovation et de l’accélération des usages dans l’industrie et les transports. Elle s’inscrit dans le prolongement des politiques engagées depuis 2020 et vise à adapter les soutiens aux réalités de marché (source : entreprises.gouv.fr).
Dans ce cadre, des vannes de financement public-privé demeurent accessibles, notamment via France 2030. Pour HDF, ce contexte peut constituer une opportunité de cofinancement, sans que le groupe n’ait communiqué d’effets immédiats dans son bilan semestriel. Le message implicite est clair : le rythme d’exécution dépendra autant des avancées de projet que de l’architecture de financement que chacun pourra mobiliser à l’ombre de la SNH II.
Capteurs de marché : prix, maturité et bancabilité
La filière hydrogène fait l’objet de signaux contrastés. D’un côté, la baisse des prix sur certains segments et la montée en gamme industrielle favorisent une adoption plus large.
De l’autre, la bancabilité reste exigeante et privilégie les projets alignés sur des schémas d’usage concrets et prévisibles. C’est dans cet entre-deux que s’inscrit la stratégie d’HDF : sécuriser des marchés où la demande est solvable et où les cadres réglementaires sont stabilisés.
Lecture croisée avec les grands énergéticiens
Les publications mi-2025 des grands énergéticiens donnent le ton d’un secteur en recomposition. Ainsi, EDF a rapporté un EBITDA de 15,5 Md€ au premier semestre 2025, tout en mettant en avant des dynamiques industrielles et de production en évolution. Sans assimiler les modèles d’affaires, ces repères confirment une transition énergétique où la disponibilité industrielle redevient centrale, avec des arbitrages plus fins sur les investissements et le rythme de déploiement.
- Innovation et démonstration : appui aux technologies critiques pour la décarbonation.
- Infrastructures et mobilité : soutien à l’émergence d’écosystèmes territoriaux, notamment dans le transport et l’industrie lourde.
- Cofinancements : articulation des dispositifs nationaux et européens, avec France 2030 comme vecteur possible.
HDF ne mentionne pas d’impacts immédiats dans son bilan semestriel, mais le cadre SNH II est conçu pour rendre la filière plus résiliente et mieux orientée vers les usages.
Qui est Hydrogène de France : profil, savoir-faire et marchés
Hydrogène de France, ou HDF Energy, est une société basée en Gironde. Son positionnement associe deux métiers clés de la chaîne de valeur hydrogène : la fabrication de piles à combustible de forte puissance et le développement d’infrastructures qui combinent technologies de production, stockage et conversion d’énergie. Cette intégration permet d’adresser des besoins de disponibilité énergétique et d’équilibrage, tout en construisant un modèle qui ne repose pas uniquement sur la vente d’équipements.
Ce double ancrage est stratégique. D’un côté, l’usine française doit sécuriser une capacité locale, adaptée aux spécificités des projets et aux exigences de qualité. De l’autre, les projets internationaux permettent d’accéder à des marchés en croissance où des cadres réglementaires favorables émergent. La maturité des projets conditionne la vitesse de transformation industrielle et, demain, le profil de revenus.
Modèle intégré : avantages et limites
Un modèle intégré offre plusieurs atouts : maîtrise technologique, intégration verticale, capacité à piloter le calendrier industriel et à capter une part plus large de la valeur. Il comporte aussi des défis : investissements élevés en amont, temporalité longue avant les premières retombées d’exploitation et besoin de partenaires financiers à la hauteur des ambitions. Le recentrage de HDF sur les projets avancés s’inscrit dans cette tension entre croissance et discipline.
Marchés prioritaires : visibilité et exécution
Les trois zones mises en avant par HDF illustrent des critères de sélection récurrents dans l’infrastructure : autorisations en bonne voie, intégration dans les plans énergétiques et chantiers effectifs. Ces conditions optimisent la bancabilité, protègent l’allocation du capital et préparent l’industrialisation. L’objectif est clair : faire basculer des projets emblématiques en actifs en exploitation afin de créer un effet d’entrainement sur le reste du portefeuille.
Bon à savoir : lecture financière des phases projet
- Phase développement : dépenses d’ingénierie, autorisations et structuration, avec peu de revenus.
- Phase construction : montée des CAPEX et jalons techniques, intensité de cash élevée.
- Phase exploitation : génération de revenus et maintenance, visibilité accrue sur les cash-flows.
La valeur actionnariale dépend de la capacité à franchir ces étapes au bon rythme et avec une structure de financement optimisée.
Mi-2026 en ligne de mire : la conversion des jalons en cash-flows
HDF traverse une période charnière. Les investissements dans l’usine, la consolidation des projets avancés et l’ajustement de l’objectif de 100 M€ dessinent une priorité : accélérer les mises en service et sécuriser des contrats récurrents. Les prochains mois seront décisifs pour mesurer l’impact opérationnel des jalons déjà obtenus à la Barbade, en Indonésie et en Guyane.
Dans un secteur où la SNH II réoriente les soutiens publics et où la maturité industrielle gagne du terrain, HDF se place sur une trajectoire d’exécution exigeante, mais lisible. La tenue du calendrier guyanais à mi-2026 sera l’indicateur phare de cette stratégie.
À suivre : l’alignement entre usine, projets en chantier et financements structurés fera la différence sur la création de valeur.