Levée de fonds, réduction du gaspillage alimentaire et expansion de l’intelligence artificielle dans les rayons primeurs : la société Freshflow bouscule le secteur de la grande distribution. Mais au-delà de la nouvelle en elle-même, comment mesurer la portée d’une telle initiative dans l’économie française ? Bienvenue dans les coulisses d’un investissement majeur qui vise à optimiser la gestion des produits frais et à préserver la planète.

Freshflow confirme une levée de 6,5 millions d’euros

Avec l’annonce récente d’un tour de table de 6,5 millions d’euros, la start-up Freshflow franchit un cap essentiel. Plusieurs investisseurs de renom, tels que Capnamic Ventures, World Fund, Venture Stars et Caesar Ventures, se sont mobilisés pour soutenir l’ambition de cette jeune pousse spécialisée dans la prévision et le réapprovisionnement des rayons de fruits et légumes. Cette somme permettra à Freshflow d’accélérer son expansion dans les grandes et moyennes surfaces (GMS) françaises, un marché réputé pour son haut niveau d’exigence et ses volumes d’écoulement considérables.

En s’attaquant au rayon frais, souvent considéré comme le cœur d’un magasin alimentaire, Freshflow propose une rupture technologique. Là où les outils de gestion traditionnels butent sur les caractéristiques trop changeantes des rayons primeurs (variations saisonnières, durées de conservation courtes, inventaires difficiles à quantifier), la société mise sur une intelligence artificielle spécialisée pour ajuster en continu les commandes quotidiennes. Le potentiel est immense : améliorer les marges, conserver des fruits et légumes frais en rayon et diminuer drastiquement le gaspillage, à un moment où la conscience écologique des consommateurs s’intensifie.

Selon des chiffres communiqués par Freshflow, les magasins ayant adopté leur outil auraient déjà constaté une hausse de 2 à 5 % de leurs ventes en produits frais et une réduction de plus de 20 % du gaspillage alimentaire. Des résultats qui interpellent le secteur de la distribution, toujours à l’affût de solutions concrètes pour optimiser ses stocks et réduire les pertes. Le timing de cette levée de fonds tombe à pic : la jeune entreprise ambitionne de renforcer ses effectifs, passant de 30 collaborateurs actuellement à 50 d’ici la fin de l’année.

Pourquoi le rayon fruits et légumes concentre tant d’enjeux

Dans un supermarché, le rayon fruits et légumes symbolise la vitrine de la fraîcheur. Aux yeux des clients, un espace primeur bien approvisionné et coloré attire naturellement, donne confiance, et se traduit souvent par un panier moyen plus élevé. Toutefois, ce segment demeure l’un des plus complexes à gérer : tournus rapide des stocks, perte de poids des marchandises (due à la déshydratation ou à la maturation), et données éparses (provenant de multiples fournisseurs locaux ou internationaux).

Les distributeurs évoluant en France, qu’il s’agisse d’hypermarchés ou de supermarchés indépendants, savent à quel point trouver le bon équilibre entre “jamais en rupture” et “jamais en surstock” relève presque de la gageure. À défaut de disposer d’outils suffisamment précis, un responsable de rayon se repose souvent sur son expérience pour estimer ses commandes, jonglant avec la saisonnalité, les conditions climatiques et la fluctuation des arrivages.

Le gaspillage représente un manque à gagner considérable pour la distribution. En France, la loi de lutte contre le gaspillage alimentaire (loi Garot de 2016, puis renforcée par la loi AGEC de 2020) incite les entreprises à réduire leurs déchets. Outre la pression légale, c’est également une attente forte des consommateurs, de plus en plus sensibles aux questions environnementales.

Dans ce contexte, des solutions technologiques comme celles proposées par Freshflow répondent à un double défi : économique et écologique. En ajustant précisément les volumes de réassort, l’enseigne peut diminuer drastiquement les pertes en rayon tout en maximisant les ventes. Le recours à l’IA n’est plus un luxe, mais un investissement potentiellement déterminant pour la compétitivité des distributeurs face à une clientèle exigeante.

Un pari technologique calibré pour la grande distribution

L’outil développé par Freshflow repose sur une modélisation complexe, prenant en compte plus de 350 paramètres : la météo, les vacances scolaires, les promotions ponctuelles, les habitudes de consommation régionales, l’évolution des prix fournisseurs et la durée de vie de chaque produit. Cet algorithme se nourrit d’une importante quantité de données pour produire des prévisions de vente “probabilistes” : la commande idéale est alors suggérée pour chaque point de vente, en tenant compte des spécificités locales et des stocks disponibles.

De plus, la start-up répond aux problématiques liées à l’hétérogénéité des données. Les rayons fruits et légumes subissent fréquemment des modifications d’agencement (passage de tel fruit en présentoir libre-service ou en barquette préemballée, par exemple), ce qui entraîne des suivis parfois imprécis. Freshflow souhaite pallier cette difficulté en exploitant aussi les informations non structurées : un logiciel d’apprentissage capable de gérer des variables fluctuantes et des inventaires parfois incertains.

Bon à savoir : Probabilités et supply chain

La notion de prévision probabiliste va au-delà du simple calcul de la demande moyenne. L’algorithme anticipe également les variations imprévues, que ce soit à cause d’une vague de chaleur, d’une rupture de stock chez un fournisseur tiers ou d’une campagne promotionnelle non annoncée. Pour la supply chain, c’est un atout majeur qui réduit le risque de surstocks ou de pénuries.

Cette expertise pourrait transformer la gestion traditionnelle d’un rayon souvent considéré comme un centre de coûts. En offrant un outil précis, Freshflow change la donne : même un responsable de rayon moins expérimenté peut s’appuyer sur l’application pour commander les quantités justes, en s’adaptant aux impératifs du jour. Pour le distributeur, cela promet plus de rentabilité, une meilleure image et un engagement sociétal positif en réduisant le gaspillage.

Témoignage : le retour d’expérience concret du Groupe Yabé

En France, plusieurs enseignes ont déjà adopté la solution Freshflow. Parmi elles, le Groupe Yabé – franchisé Hyper Carrefour, implanté sur huit sites en Île-de-France et dans le Centre. Bastien Gelin, CEO du Groupe, ne cache pas son enthousiasme : « Nous l’utilisons depuis bientôt neuf mois, et nous voyons déjà un véritable saut qualitatif. Fini l’époque où nous devions miser uniquement sur l’intuition des managers. »

D’après ce retour d’expérience, l’application facilite la gestion quotidienne en proposant un copilote fiable. Au lieu de se demander combien de cageots de tomates ou de salades commander, les chefs de rayon reçoivent des recommandations chiffrées et contextualisées. Cette assistance s’accompagne d’un suivi terrain : l’équipe Freshflow se déplace régulièrement pour former le personnel, analyser les retours et affiner l’algorithme au cas par cas.

Freshflow mise autant sur la technologie que sur la proximité humaine. Outre l’algorithme d’IA, la société dépêche des experts sur place. Leur rôle : observer la réalité du rayon, recueillir les difficultés éventuelles et ajuster les modèles de prévision pour chaque enseigne. Cette démarche itérative permet une amélioration continue du système et une réduction notable des écarts.

Le Groupe Yabé observe déjà, selon ses dires, une nette amélioration de la rotation des stocks et une diminution sensible du gaspillage. Quand un rayon conserve plus longtemps des produits attractifs, cela évite les promotions de dernière minute ou les bacs de fruits trop mûrs, pénalisants pour la rentabilité. Au bout du compte, c’est aussi l’image de l’enseigne qui en ressort gagnante.

Qui se cache derrière Freshflow ?

Fondée par une équipe internationale de spécialistes en data science, en intelligence artificielle et en distribution alimentaire, Freshflow est née d’un constat : la gestion des produits frais reste un défi universel, que ce soit en France, en Allemagne ou dans n’importe quel autre pays. Sa première version de l’algorithme s’est façonnée au contact d’enseignes volontaires, désireuses d’expérimenter une approche scientifique dans leurs rayons primeurs.

La start-up a connu une croissance rapide de sa clientèle dans le secteur du retail alimentaire, séduisant autant des grands groupes que des structures franchisées à taille intermédiaire. L’engouement se nourrit d’une idée simple : si l’on parvient à fiabiliser la commande quotidienne des produits frais, tout le magasin en profite. Les bons résultats engrangés ont poussé de nouveaux acteurs financiers à rejoindre l’aventure.

Forte de son nouveau capital, Freshflow entend développer des fonctionnalités additionnelles : gestion d’autres catégories de produits frais (poisson, boucherie, traiteur), intégration plus poussée des plateformes d’approvisionnement et modules d’aide à la planification pour les entrepôts. L’objectif, à terme, étant de faire baisser le gaspillage “du producteur à l’enseigne”, en agissant sur chaque maillon de la chaîne.

Bon à savoir : L’équipe Freshflow en chiffres

En un an, la société est passée de 15 à 30 employés, avec un objectif d’atteindre 50 collaborateurs d’ici fin 2025. Les profils recrutés : data scientists, spécialistes de la logistique, ingénieurs agronomes, mais aussi des experts du commerce de détail, pour un mélange de savoir-faire technique et terrain.

Analyse : la réduction du gaspillage alimentaire, un enjeu français

La France a placé la lutte contre le gaspillage alimentaire au rang de priorité. Après la loi Garot de 2016, le cadre réglementaire n’a cessé de se renforcer. Les GMS sont désormais encouragées (voire contraintes) à mieux organiser leurs dons et limiter les invendus. Des sanctions sont prévues pour les opérateurs qui ne respecteraient pas certains objectifs de réduction fixés par les pouvoirs publics.

Pour autant, la législation ne fait qu’entériner une attente sociétale : en ces temps d’inflation et d’orientation vers une consommation plus raisonnée, les consommateurs valorisent particulièrement les distributeurs capables de maintenir la fraîcheur des produits. De plus, les produits frais étant souvent de plus faible marge que les produits secs, la moindre perte a un impact direct sur la rentabilité globale.

Adopter une solution comme Freshflow peut donc constituer un avantage concurrentiel non négligeable. Les enseignes peuvent mieux maîtriser leur taux de marge, limiter les invendus et transformer le rayon frais en atout marketing, plutôt que de le percevoir comme un casse-tête logistique. Dans un marché français riche en acteurs historiques, s’illustrer par l’innovation technologique se révèle précieux.

Les investisseurs derrière ce tour de table

La participation de Capnamic Ventures, World Fund, Venture Stars et Caesar Ventures illustre la confiance accordée à Freshflow. Chacun de ces fonds n’investit pas à la légère : ils recherchent des solutions scalables, capables de se décliner sur plusieurs marchés nationaux et susceptibles de générer un impact durable, que ce soit en termes de croissance financière ou de responsabilité environnementale.

Capnamic Ventures, par exemple, est connu pour cibler des start-up technologiques disruptives et les accompagner dans leur passage à l’échelle. World Fund affiche des ambitions écologiques affirmées, privilégiant les projets qui concilient rentabilité et transition écologique. Avec de tels soutiens, Freshflow obtient non seulement des fonds, mais aussi des partenariats stratégiques et un accès à un large réseau de distribution et d’expertise.

L’ESG (Environnement, Social et Gouvernance) est devenu un critère central dans le choix des projets financés. Les investisseurs recherchent aujourd’hui des entreprises capables de prouver leur impact positif. Concernant Freshflow, la réduction du gaspillage alimentaire coïncide avec un indicateur ESG fort, gage d’une activité plus vertueuse.

Ainsi, en plus de crédibiliser la démarche de Freshflow, la présence de ces partenaires contribue à affermir la position de la start-up vis-à-vis des grandes enseignes. Plus l’entreprise pourra accroître son portefeuille de clients, plus la valeur de sa solution sera reconnue comme un standard dans le réassort des produits frais.

Un nouveau cap pour la distribution française en 2025

L’horizon 2025 se dessine comme un moment charnière. Freshflow aspire à élargir son catalogue : proposer son IA à d’autres catégories que les fruits et légumes (pâtisserie fraîche, crèmerie, charcuterie, etc.) et même aux entrepôts intermédiaires, afin de fiabiliser les stocks avant qu’ils ne parviennent en magasin. Ces évolutions accompagneront la stratégie de digitalisation de la distribution, déjà bien engagée dans l’Hexagone.

Pour les GMS, cette transition vers l’IA soulève toutefois des questions. Comment intégrer ces nouveaux outils sans fragiliser la dynamique interne des rayons ? Quel niveau de compétence faut-il en magasin pour piloter l’application ? Freshflow prend le pari que l’ergonomie de son interface, couplée à un accompagnement soutenu sur le terrain, fera la différence. Et si, à terme, la donnée devenait la colonne vertébrale de tout le rayon frais ?

Avec des besoins en recrutement orientés vers des profils techniques et data, Freshflow ambitionne d’ancrer sa présence en Europe, tout en conservant un esprit agile et proche de ses partenaires. Le marché français, notamment, est considéré comme prioritaire grâce à la diversité de ses enseignes, son maillage territorial et sa forte demande sur le segment frais.

Législations et contraintes : l’écho pour la grande distribution

En France, la lutte contre le gaspillage et la nécessité d’une supply chain plus verte s’inscrivent dans un ensemble législatif croissant : loi EGalim, loi AGEC, et divers plans nationaux visant à encourager les bonnes pratiques. Les GMS se retrouvent dès lors face à un compromis : se conformer aux réglementations tout en maintenant une logistique rentable et dynamique.

Les solutions d’IA spécialisées offrent un levier précieux, notamment pour anticiper les difficultés : variation d’affluence, effets d’une canicule sur la consommation de fruits, ajustements nécessaires durant les périodes festives (Noël, Pâques, etc.), préparation des opérations promotionnelles (les fameux “deuxième à -50 %”). Ainsi, à chaque fois que la législation renforce ses exigences ou que les clients attendent plus de transparence, la data science peut délivrer des pistes de progrès tangibles.

Si Freshflow réussit à consolider sa place auprès d’acteurs majeurs de la distribution française, cela prouvera d’une part la viabilité économique de l’IA dans la gestion du rayon frais, et d’autre part le bénéfice d’une organisation tournée vers la limitation du gaspillage. Les magasins, tout comme les pouvoirs publics, sont en quête de solutions concrètes. L’essor de Freshflow pourrait accélérer encore l’adoption d’autres innovations comparables.

Une ouverture vers les entrepôts et l’international

À l’avenir, la technologie de prédiction et d’optimisation de Freshflow pourrait bien s’étendre au-delà des seuls linéaires de fruits et légumes. Le développement d’un outil dédié aux entrepôts est déjà dans les cartons, car la gestion amont constitue un levier essentiel pour réduire les pertes. Si un produit part trop tôt ou trop tard vers les magasins, la qualité se dégrade, et le risque de gaspillage augmente.

Sur le plan géographique, la start-up affiche des ambitions à l’échelle européenne. Ses fondateurs estiment que le modèle de distribution français, réputé complexe et exigeant, a constitué un terrain d’expérimentation idéal. Une fois validée, la solution pourrait séduire d’autres marchés où le rayon frais prend également une grande importance, comme l’Italie, l’Espagne ou certains pays d’Europe de l’Est.

Bon à savoir : Diversification future

Freshflow envisage aussi de s’aventurer sur d’autres types de produits frais plus délicats encore, comme les herbes aromatiques, les fleurs ou les produits carnés. Le défi consiste à paramétrer l’algorithme pour gérer des contraintes de conservation très spécifiques, avec une durée de vie parfois inférieure à deux jours.

Grâce à cette vision à long terme, Freshflow se positionne en précurseur d’une nouvelle génération d’outils de gestion des stocks. L’industrie agroalimentaire, soumise à une pression constante sur les prix et la disponibilité des matières premières, devra de plus en plus s’appuyer sur ce type de solutions innovantes pour maintenir ses marges et répondre à la demande d’une clientèle volatile.

Une évolution du regard des distributeurs sur l’IA

Longtemps, l’IA a pu effrayer certains responsables de magasins qui voyaient en elle une “boîte noire” incontrôlable. Aujourd’hui, avec une démocratisation progressive du machine learning et l’émergence de solutions plug-and-play, l’intelligence artificielle s’installe comme un allié plutôt qu’une menace. Les distributeurs reconnaissent que les prévisions chiffrées, basées sur une multitude de facteurs, surpassent souvent l’expérience humaine lorsqu’il s’agit d’anticiper les pics et creux de demande.

Qui plus est, l’IA apporte une traçabilité des décisions. Freshflow propose une interface permettant de comprendre, a posteriori, pourquoi l’algorithme a recommandé telle quantité de produits. Ce genre de transparence lève certaines réticences et favorise l’adoption. Au final, il ne s’agit pas de remplacer l’humain, mais de le renforcer en libérant du temps pour d’autres missions : animation du rayon, relations avec les fournisseurs, ou encore mise en avant de la fraîcheur.

Pour la France, il s’agit aussi de renouveler l’attractivité des métiers de la grande distribution. Donner aux responsables de rayon des outils digitaux performants peut valoriser leurs compétences et souligner leur rôle stratégique dans la réussite du point de vente. Une transition nécessaire à l’heure où de nombreuses enseignes peinent à recruter du personnel expérimenté.

Un horizon ouvert pour la grande distribution

La levée de fonds de 6,5 millions d’euros obtenue par Freshflow marque, à bien des égards, un tournant pour la distribution alimentaire en France. L’IA n’est plus seulement un concept abstrait, mais une réalité qui pénètre progressivement le rayon fruits et légumes, secteur clé pour l’image de qualité et la rentabilité des grandes et moyennes surfaces. L’optimisation des stocks, la lutte contre le gaspillage et l’anticipation de la demande deviennent des piliers incontournables de la compétitivité.

Grâce au soutien d’investisseurs solides et à un outil technologique en pleine maturité, Freshflow compte désormais essaimer son savoir-faire chez de nouveaux distributeurs. L’exemple du Groupe Yabé démontre que l’IA peut s’intégrer dans des structures variées, générer des ventes additionnelles et diminuer le volume de produits perdus. À mesure que la réglementation se durcit et que les attentes des consommateurs augmentent, cette dynamique devrait encore s’amplifier dans les prochaines années.

En définitive, Freshflow incarne un mouvement de fond où l’intelligence artificielle devient la clé d’un rayon primeur plus rentable, plus écologique et plus satisfaisant pour le client, révélant à quel point l’innovation peut se mettre au service d’enjeux économiques et sociaux de premier plan.