Réductions d'effectifs chez Forvia à Caligny : enjeux 2025
Forvia annonce une baisse de 38 postes à Caligny. Détails sur les modalités et les discussions en cours.

À Caligny, Forvia prépare une nouvelle réduction d’effectifs. L’équipementier issu du rapprochement Faurecia et Hella vise 38 suppressions de postes dans l’Orne, quelques mois après la fermeture actée de l’usine de Messei et ses 109 emplois supprimés. Le groupe ajuste son dispositif industriel en France tout en revendiquant la poursuite de ses investissements R&D et son ancrage hexagonal.
Forvia dans l’Orne : 38 postes visés à Caligny
Selon des publications locales, Forvia prévoit la suppression de 38 postes sur le site de Caligny, près de Flers, où l’entreprise dispose d’une unité de production et d’un centre de R&D dédiés aux mécanismes et systèmes de sièges automobiles. Les modalités de ce projet ne sont pas encore détaillées à ce stade et font l’objet d’échanges avec les représentants du personnel. Les pistes évoquées portent sur des départs volontaires ou des reclassements, sans précision officielle complémentaire à ce jour.
Ce site stratégique, qui emploie plus d’un millier de salariés, concentre une expertise industrielle et technologique reconnue. La réduction annoncée ne remet pas en cause l’existence des installations, mais elle s’inscrit dans une trajectoire de rationalisation à l’échelle européenne. L’information a été rapportée par la presse régionale le 29 septembre 2025 (Ouest-France, 29 septembre 2025).
Caligny : usine et centre de R&D au cœur des sièges automobiles
Caligny abrite un double ancrage. D’un côté, une usine où sont assemblés et testés des mécanismes de sièges, avec des contraintes de sécurité et de confort exigeantes.
De l’autre, un centre de R&D qui conçoit des solutions d’architecture, de cinématique et d’allègement, au service des constructeurs. La proximité entre la R&D et la production favorise la mise au point rapide de nouveaux composants, une force clé dans un secteur où les cycles de développement s’accélèrent.
Dans l’immédiat, l’activité se poursuit. La trajectoire industrielle à moyen terme dépendra de l’issue des discussions sociales et de l’arbitrage du groupe sur ses lignes produits en Europe.
38 postes ciblés : calendrier et modalités en discussion
Les échanges avec les instances représentatives du personnel doivent préciser le calendrier, les catégories de postes concernées et les dispositifs d’accompagnement. À ce stade, aucune fermeture d’activité locale n’a été communiquée pour Caligny. Les organisations syndicales réclament des garanties sur les reclassifications et le volontariat, tandis que la direction n’a pas diffusé de déclaration spécifique au site.
Chiffres clés du groupe Forvia
Forvia se présente comme le 7e fournisseur automobile mondial, avec des positions fortes dans les intérieurs, les sièges, l’éclairage et l’électronique. Repères globaux issus des rapports de l’entreprise :
- 150 000 salariés environ, répartis dans 290 usines et 78 centres de R&D.
- Chiffre d’affaires consolidé supérieur à 25 milliards d’euros en 2023.
- 1,2 milliard d’euros investis en R&D en 2024.
De Messei à Caligny : une séquence sociale qui s’allonge
La nouvelle cible Caligny intervient après un premier choc local. Au printemps 2024, Forvia a confirmé la fermeture de l’usine de Messei et la suppression de 109 postes. En additionnant Messei et le projet de Caligny, 147 emplois sont désormais concernés dans le département depuis 2024.
Cette séquence témoigne d’une révision des allocations industrielles dans l’Orne, où l’équipementier reste pourtant un acteur économique majeur. L’impact local se mesure à la fois en emplois directs et en effet d’entraînement sur les sous-traitants de proximité.
Messei : fermeture actée au printemps 2024
La fermeture de Messei a été confirmée en avril 2024, avec les suppressions correspondantes. La décision avait ouvert un cycle de concertations sociales portant sur les reclassements, les mobilités et l’accompagnement individuel. Les enseignements de cette première phase pèseront sur la manière d’aborder les 38 postes de Caligny, notamment pour ce qui concerne l’identification de passerelles internes.
Négociations à Caligny : points d’attention
- Typologie des postes et compétences transférables au sein du site ou vers d’autres unités du groupe.
- Volontariat et priorisation des solutions de reclassement avant toute rupture.
- Accompagnement via formation et outillage à la mobilité professionnelle.
Le terrain social reste central : une partie du consensus dépendra de la capacité à documenter les alternatives proposées aux salariés.
En cas de projet de réorganisation, l’employeur doit informer et consulter les représentants du personnel. Les trajectoires de réduction d’effectifs peuvent passer par plusieurs leviers, sous réserve des contraintes légales : mesures de reclassement interne, dispositifs de départ volontaire, accompagnement à la reconversion, cellule de reclassement, formation. Le contenu précis dépend du périmètre, de la taille de l’entreprise et de la nature des mesures envisagées.
Le plan EU-Forward : cap opérationnel et cible d’économies
Annoncé lors des résultats annuels en février 2024, le plan EU-Forward vise à adapter la structure européenne de Forvia à un marché automobile en recomposition. L’entreprise a indiqué une trajectoire pouvant aller jusqu’à 10 000 suppressions d’emplois en Europe sur cinq ans, avec un impact estimé à 13 % des effectifs européens.
Dans un message d’accompagnement, Patrick Koller a résumé la philosophie du programme : « Nous devons adapter notre structure pour rester compétitifs dans un marché en mutation rapide ». Concrètement, les volets du plan portent sur l’optimisation des coûts, la simplification des organisations, l’ajustement des capacités et la priorisation des investissements technologiques.
Périmètre, cadence et articulation avec la R&D
EU-Forward est une feuille de route pluriannuelle. Le groupe réaffirme son ancrage en R&D, notamment pour sécuriser ses plateformes technologiques sur les sièges, l’éclairage et l’électronique. L’objectif est double : soutenir la compétitivité opérationnelle et accélérer la bascule vers les lignes produits alignées avec les tendances du marché européen.
Investissements maintenus et arbitrages
Forvia a confirmé des efforts soutenus en innovation, à hauteur de 1,2 milliard d’euros en 2024, tout en pilotant un désengagement sélectif d’activités ou de capacités en Europe. Cet équilibre, entre compression de coûts et maintien d’un flux R&D significatif, reflète la contrainte qui pèse sur l’ensemble des équipementiers du continent.
L’Union européenne a programmé la fin progressive des motorisations thermiques neuves à l’horizon 2035. Pour les équipementiers, cela se traduit par une réallocation des moyens vers les technologies électriques, l’électronique de puissance, les architectures allégées et les modules de confort intégrés. Les chaînes d’approvisionnement et les compétences évoluent en conséquence.
Impact économique en Normandie : indicateurs et chaîne de valeur
En Normandie, l’automobile représente environ 5 % des emplois industriels. Dans l’Orne, les annonces successives pèsent sur un bassin déjà exposé, avec un taux de chômage de 7,2 % fin 2024. Les autorités locales indiquent suivre le dossier et travailler à des dispositifs d’accompagnement susceptibles d’être mobilisés en faveur des salariés touchés.
Au-delà des emplois directs, une reconfiguration de la production ou de la R&D à Caligny rejaillit sur les sous-traitants et prestataires qui gravitent autour du site. Les effets en amont comme en aval exigent un suivi attentif des carnets de commandes et des besoins en compétences de l’écosystème local.
Bassin de Flers : vulnérabilités et résilience
- Concentration industrielle autour de l’automobile et de la mécanique, avec des PME sous-traitantes exposées.
- Compétences techniques spécifiques aux sièges, transférables vers d’autres segments de mobilité et d’ergonomie.
- Marge de manœuvre liée à l’attractivité de la R&D locale et à la capacité à faire pivoter les activités.
Le rôle de Caligny dans l’innovation constitue un atout. Une orientation renforcée vers des produits adossés à l’électrification et à l’habitacle connecté pourrait créer des passerelles pour certains métiers.
Indicateurs locaux à surveiller
Trois variables éclairent la trajectoire socio-économique du territoire à court terme :
- Évolution des effectifs chez Forvia et chez ses fournisseurs immédiats dans l’Orne.
- Tension sur les profils techniques, notamment en conception mécanique, tests et industrialisation.
- Dispositifs d’appui activés par les acteurs publics pour la formation et l’accompagnement à la mobilité.
Positions politiques et revendications sociales
La séquence a suscité des réactions rapides et contrastées. Sur le registre politique, le député de l’Orne Jérôme Nury a mis en cause les normes environnementales européennes, y voyant une cause majeure des difficultés actuelles de l’industrie automobile. Il plaide pour un soutien national renforcé et des mesures de protection des emplois.
Les organisations syndicales se concentrent sur le terrain des garanties opérationnelles. Elles mettent en avant la nécessité de reclassements effectifs, de départs strictement volontaires et d’un accompagnement solide pour les salariés impactés.
Jérôme Nury : critique des normes européennes
Dans un entretien relayé fin septembre, le député a souligné la pression réglementaire exercée sur les industriels et a appelé à des contrepoids nationaux. Cette lecture politique met en perspective la trajectoire EU-Forward de Forvia avec la contrainte normative européenne et le rythme de la transition industrielle.
Organisations syndicales : sécuriser le concret
- Transparence sur les métiers et postes visés à Caligny.
- Plans de reclassement internes avec passerelles clairement identifiées.
- Mesures d’accompagnement couvrant formation, mobilité et soutien individuel.
Le point d’équilibre se jouera sur la capacité à transformer les engagements de principe en solutions opérationnelles accessibles aux salariés.
Lorsqu’un territoire est affecté par des suppressions d’emplois, des mécanismes de revitalisation peuvent être mobilisés à l’initiative de l’État ou des collectivités, avec l’objectif de soutenir la création d’activités et l’emploi local. Ces dispositifs contribuent au financement de projets entrepreneuriaux, à la requalification de friches ou à la montée en compétences des salariés, selon des cahiers des charges à définir.
Cap 2035 : repositionnement industriel et trajectoire produits
L’échéance de 2035, avec la fin progressive des ventes de véhicules thermiques neufs dans l’UE, rebâtit la carte industrielle. Pour un équipementier comme Forvia, l’enjeu consiste à protéger ses marges en siège, tout en captant la croissance dans l’éclairage intelligent et l’électronique embarquée. La cohérence entre portefeuille clients, technologies et empreinte industrielle devient critique.
Caligny, spécialisé dans les systèmes de sièges, peut s’inscrire dans cette transition. Les sièges sont un vecteur de confort et de différenciation, avec des opportunités liées à l’allègement, aux mécanismes actifs et à l’intégration électronique en habitacle. Le défi consiste à aligner volumes et compétences avec la demande projetée des constructeurs, elle-même conditionnée par la dynamique des immatriculations de véhicules électrifiés.
Sièges, éclairage, électronique : où se créent les marges
- Sièges : contenu technologique croissant et valeur d’usage différenciante, mais pression sur les coûts et cycles de vie.
- Éclairage : montée en gamme avec l’LED, le pilotage électronique et la signature lumineuse.
- Électronique : capteurs, unités de contrôle et connectivité, au cœur de l’expérience utilisateur et de la sécurité.
Les arbitrages EU-Forward visent à réallouer les moyens vers ces zones de croissance, tout en réduisant les coûts fixes et la complexité organisationnelle.
Quelles options pour les salariés de Caligny
En l’absence de détail officiel sur les catégories de postes concernées, les options avancées restent de portée générale. Côté groupe, l’objectif affiché est d’éviter les ruptures subies en privilégiant les solutions internes lorsque c’est possible. Côté territoire, plusieurs leviers d’accompagnement pourraient être mobilisés au fil des négociations.
- Passerelles internes vers d’autres entités du groupe, selon les profils.
- Formation et reconversion ciblées sur les compétences en tension.
- Accompagnement à la mobilité professionnelle et soutien individuel.
Aides et accompagnements mobilisables
Différents outils publics ou partenariaux peuvent être sollicités en fonction des situations et des arbitrages sociaux :
- Dispositifs de formation pour actualiser les compétences et favoriser la reconversion.
- Soutien à la mobilité géographique ou fonctionnelle lorsque des opportunités existent.
- Fonds spécifiques en appui à l’emploi local, selon les cadres arrêtés par les autorités compétentes.
L’identification précise des mesures et des publics éligibles interviendra au fil des discussions avec les représentants du personnel.
Né en 2022 de la combinaison de Faurecia et Hella, Forvia occupe une place de premier plan dans la chaîne d’approvisionnement mondiale. Faurecia, historiquement positionné sur les intérieurs, les sièges et certaines solutions d’échappement, et Hella, spécialiste de l’éclairage et de l’électronique, ont agrégé leurs atouts pour construire un portefeuille large et complémentaire. Le siège du groupe est en Île-de-France.
Repères d’exécution à Caligny d’ici fin octobre 2025
La séquence sociale à Caligny doit s’éclairer d’ici la fin octobre 2025, avec des échanges formalisés entre la direction et les représentants des salariés. Les sujets clés à clarifier sont connus : calendrier, périmètre des postes, critères d’éligibilité aux mesures et modalités d’accompagnement. La lisibilité du processus importera autant que son contenu, pour sécuriser le climat social et fluidifier l’accès aux dispositifs.
- Transparence sur les fonctions affectées et les alternatives proposées.
- Dispositifs de reclassement interne et de formation adaptés aux besoins identifiés.
- Suivi avec indicateurs partagés sur l’avancement des mesures.
Le groupe, qui souligne son attachement à l’innovation en France, promeut une trajectoire de croissance maîtrisée. Il vise une progression de son activité en 2025, tout en poursuivant la transformation de son empreinte européenne.
Cap sur un équilibre délicat entre compétitivité et emploi
Forvia avance sur une ligne de crête. À Caligny, la réduction ciblée de 38 postes s’additionne aux effets de la fermeture de Messei, pour un total de 147 emplois impactés dans l’Orne depuis 2024. Le groupe affirme ses priorités industrielles et technologiques, alors que l’écosystème local attend des garanties concrètes pour les salariés et des relais de croissance pour le territoire.
À court terme, l’issue des négociations déterminera la qualité du compromis social. À moyen terme, la capacité du site de Caligny à se projeter sur des lignes produits porteuses sera l’élément décisif. Sauvegarder l’innovation et préserver l’emploi qualifié, telle est l’équation à résoudre pour l’entreprise comme pour l’Orne.