Quels sont les objectifs de croissance pour les Forges d'Albert en 2025 ?
Découvrez comment les Forges d'Albert visent une croissance de 15 % en 2025 grâce à leurs stratégies dans le secteur nucléaire.

Sur fond de reprise industrielle, une PME picarde se distingue par sa discipline stratégique. Les Forges d’Albert visent une progression de 15 % en 2025, en assumant un positionnement offensif sur la filière nucléaire tout en préparant un pivot vers la défense. L’entreprise s’appuie sur des chiffres opérationnels favorables chez EDF et sur des dispositifs publics ciblés pour accélérer.
Croissance 2025 et cap nucléaire chez les forges d’albert
Le plan de route est clair et assumé. Avec un chiffre d’affaires actuel d’environ 4 millions d’euros, dont près de 50 % déjà adossés au nucléaire, les Forges d’Albert fixent un objectif de croissance organique de +15 % sur l’exercice 2025. La trajectoire repose sur trois piliers opérationnels : intensifier la présence sur la supply chain nucléaire, sécuriser des contrats européens et investir dans des moyens industriels à forte valeur ajoutée.
Cette stratégie traduit une réalité de terrain : la relance du parc tricolore et les projets de nouveaux réacteurs créent une tension positive sur la qualité, les délais et la traçabilité. Les Forges d’Albert se positionnent sur des pièces de forgeage et d’usinage pour applications critiques, avec une montée en gamme des procédés et un resserrage des contrôles.
Forges d’albert : feuille de route 2025
Le plan d’action s’articule autour d’une consolidation du portefeuille France-Royaume-Uni, d’un ciblage commercial sur l’Europe occidentale et du renforcement des capacités internes. L’entreprise assume un choix : prioriser les marchés à barrière d’entrée élevée où la conformité technique, la capitalisation documentaire et l’historique qualité pèsent autant que le prix d’achat.
Dans les mots de son directeur général, Maël Haïdous, l’enjeu est de faire mieux connaître l’entreprise et d’augmenter sa crédibilité auprès des donneurs d’ordre stratégiques. Cette logique imprègne l’ensemble des décisions, de l’outil industriel aux ressources humaines.
Que signifie +15 % de croissance pour une PME de la forge
Un objectif de +15 % sur un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros représente environ 600 000 euros additionnels à sécuriser en 2025. L’effort porte principalement sur :
- La stabilisation du mix clients nucléaires, pour accroître la récurrence des volumes.
- La densification du carnet au Royaume-Uni, afin de lisser les cycles de production.
- L’augmentation du taux d’intégration interne qui améliore la marge opérationnelle.
Dans une activité de pièces critiques, l’arbitrage clé porte sur la planification. Un +15 % crédible suppose un pilotage fin des taux d’occupation des machines, la sécurisation des matières avec des fournisseurs qualifiés et des contrôles non destructifs internalisés pour réduire le lead-time. L’enjeu n’est pas d’allonger les séries, mais d’optimiser la capabilité et la traçabilité par lot.
Signaux d’edf qui solidifient la demande industrielle
La fenêtre de tir existe parce que les fondamentaux s’améliorent chez le donneur d’ordre de référence. EDF indique, dans ses publications de juillet 2025, une production nucléaire cumulée à 181,8 TWh depuis le début de l’année, soit +4,4 TWh par rapport à la même période en 2024. Cette hausse s’explique par une meilleure disponibilité des tranches, un signal direct en faveur de la supply chain amont.
Du point de vue macro-financier, les résultats semestriels publiés le 24 juillet 2025 font ressortir un EBITDA de 15,5 milliards d’euros, en retrait par rapport à 2024 compte tenu du recul des prix de marché. La dynamique opérationnelle reste cependant soutenue, avec notamment 26,2 TWh produits en juin 2025, ce qui consolide la visibilité des fournisseurs sur la seconde partie de l’année (données EDF, 24 juillet 2025).
Ces indicateurs s’ajoutent à l’accent mis par EDF sur le programme EPR2 et les investissements hydrauliques, mis en avant le 8 juillet 2025. Pour les PME de la filière, cela signifie des appels d’air sur des familles d’équipements et de services critiques, et des besoins renforcés de qualification et de double-sourcing sur certaines pièces longues à produire.
Un parc plus disponible génère des arrêts plus courts et mieux planifiés. Pour la supply chain, cela implique des fenêtres d’intervention resserrées, une logistique régionale robuste et des stocks tampons calibrés. L’EPR2, de son côté, structure des volumes pluriennaux avec un cahier des charges exigeant, ce qui permet aux PME qualifiées d’amortir leurs investissements techniques sur une durée plus longue.
Reste une réalité commerciale à intégrer : à l’international, la concurrence est intense. EDF n’a pas été retenu en Pologne et en République tchèque sur des projets récents. Pour un fournisseur français, l’enseignement est clair : multiplier les points d’entrée par pays, y compris auprès de l’ingénierie locale, et s’ancrer chez des donneurs d’ordre multiples pour lisser le risque de projet.
Lecture rapide des chiffres EDF 2025
Deux enseignements pour les fournisseurs :
- Production en hausse au premier semestre 2025, synonyme de programmes de maintenance et de projets mieux cadencés.
- EBITDA en repli du fait des prix, ce qui peut accentuer, côté achats, la pression sur les coûts et sur les clauses de performance.
Traduction opérationnelle : il faut travailler la compétitivité coût-qualité sans concession sur la conformité, les audits et la documentation technique.
Accélérateur nucléaire bpifrance : effet de levier sur la crédibilité
Admise en mars 2025 dans l’Accélérateur nucléaire piloté par Bpifrance, la PME engage un parcours d’18 mois visant à structurer son développement commercial, ses pratiques de gestion des risques et son excellence opérationnelle. Maël Haïdous résume l’enjeu : « L’Accélérateur nous permettra d’avoir plus de visibilité et encore plus de crédibilité, en nous intégrant davantage à l’écosystème nucléaire et en tissant des liens avec les différents acteurs. »
Le programme agrège une vingtaine de PME de secteurs complémentaires et ouvre l’accès à des modules pointus. En juin 2025, le dirigeant a participé à un séminaire de deux jours à Paris, dispensé par Polytechnique, focalisé sur la stratégie d’entreprise et la relation client. « En plus des apports théoriques, ces échanges entre entrepreneurs sont très stimulants », souligne-t-il, insistant sur la mise en réseau comme accélérateur de business.
Ce que l’accélérateur change concrètement
Au-delà de l’effet label, les Forges d’Albert y trouvent un cadre de progression collective : échanges de bonnes pratiques sur les référentiels qualité, retours d’expérience sur la qualification nucléaire et accès plus rapide aux interlocuteurs clés de la filière. L’effet attendu est double : réduction des cycles de vente et montée en gamme documentaire.
France 2030 et réacteurs innovants : le signal politique
Un cadrage utile pour les PME :
- Des appels à projets dédiés aux réacteurs innovants, avec six nouveaux lauréats annoncés en 2023 lors du WNE.
- Des financements ciblés pour l’innovation industrielle et la montée en TRL des technologies.
- Un effet d’entraînement sur la base fournisseurs qui se prépare aux exigences de demain.
Les Forges d’Albert ne sont pas lauréates mais capitalisent sur l’Accélérateur pour se positionner dans les futurs lots techniques.
Dans un environnement normatif dense, la stratégie se joue au croisement des choix de marchés, de l’organisation qualité et de l’investissement machine. La formation dirigeant permet d’aligner ces trois leviers, d’objectiver les priorités d’achat et de structurer la relation client autour d’indicateurs lisibles par les grands comptes.
Marchés extérieurs structurants : hinkley point et relais européens
Le Royaume-Uni constitue le débouché international le plus concret. Les Forges d’Albert ont sécurisé en 2020 un contrat majeur lié au projet Hinkley Point, référence structurante du nucléaire britannique. Cette expérience, conduite aux côtés d’EDF, illustre l’aptitude de la PME à opérer dans un environnement de conformité poussé.
Hinkley point c : exigences qualités et enseignements pour une pme
Hinkley Point conduit à un standard élevé de traçabilité, de maîtrise métallurgique et de gestion documentaire. L’entreprise y a renforcé ses pratiques de qualification matière, ses contrôles intermédiaires et ses protocoles d’acceptation finale. Ces acquis sont réutilisés sur les marchés européens ciblés en 2025.
Les ambitions commerciales au Royaume-Uni et en Europe s’inscrivent toutefois dans une réalité compétitive tendue. Les revers d’EDF en Europe centrale rappellent que l’accès marché repose sur la diversification des donneurs d’ordre et la capacité à proposer des offres techniques différenciantes, notamment sur les délais et la robustesse qualité.
La non-sélection d’un maître d’œuvre national sur un appel d’offres ne condamne pas l’accès. Les PME peuvent entrer via les partenaires retenus localement, en valorisant leurs référentiels et leur historique qualité. La clé est de cartographier les intégrateurs et sous-traitants de rang 1 et 2 pour nouer des relations avant le bouclage des lots.
Modernisation industrielle et compétences critiques renforcées
En trois ans, l’entreprise a déployé 1,3 million d’euros d’investissements, dont 400 000 euros de soutien au titre de France Relance. Principales cibles : renouvellement des machines d’usinage, acquisition d’un four électrique pour le forgeage de l’aluminium et outillage de mesure. Objectif : accroître l’autonomie technologique, la précision et la répétabilité.
Conséquence directe, les Forges d’Albert ont internalisé des briques techniques auparavant externalisées, notamment des contrôles non destructifs. Les délais de cycle s’en trouvent raccourcis et la capacité à mener des itérations rapides sur les procédés augmente. Le tout soutenu par une montée en compétences : les effectifs sont passés de 10 à 20 salariés, avec des profils orientés qualité et production.
Exigences de conformité : la barre monte
Dans la filière nucléaire, la massification des exigences sur la traçabilité, la qualification matière et la gestion documentaire impose une rigueur accrue. Les Forges d’Albert alignent leurs pratiques pour faire face aux audits, tout en préservant la flexibilité d’une PME. L’enjeu est un équilibre entre robustesse procédurale et réactivité atelier.
L’internalisation des CND réduit les boucles d’attente et permet des vérifications intermédiaires en cours de chaîne. À la clé : moins de rebut, des décisions plus rapides en cas d’écart et une consolidation documentaire mieux maîtrisée. C’est aussi un atout dans les réponses aux appels d’offres, où la capacité de contrôle in-house est un différenciateur.
Pourquoi un four électrique change la donne
Le passage à un four électrique pour l’aluminium ouvre des marchés additionnels et améliore la maîtrise thermique. Bénéfices :
- Stabilité des cycles de chauffe, indispensable pour des caractéristiques mécaniques répétables.
- Réduction des émissions par rapport à des solutions fossiles.
- Capacité multi-alliages en réponse à des cahiers des charges variés.
Emploi en picardie et diversification vers l’armement
Le doublement des effectifs en trois ans traduit une montée en cadence maîtrisée. Au-delà du nucléaire, les Forges d’Albert maintiennent leurs positions historiques en robinetterie, gaz, chimie et mécanique.
La direction affiche désormais une volonté claire de se développer dans le secteur de l’armement, avec des échanges engagés auprès de grands donneurs d’ordre. « Le marché offre des perspectives enthousiasmantes », souligne Maël Haïdous.
Ce pivot s’inscrit dans la tonalité des politiques publiques, avec un renforcement annoncé du financement de la base industrielle et technologique de défense en mars 2025. Pour une PME industrielle, cela ouvre des perspectives d’intégration dans des chaînes de valeur où la qualité, la confidentialité et la disponibilité sont décisives.
Préparer l’accès aux marchés de défense
La bascule vers l’armement suppose un effort documentaire et des habilitations spécifiques. Les Forges d’Albert peuvent capitaliser sur leur socle nucléaire pour accélérer les parcours de qualification. L’Accélérateur nucléaire joue un rôle d’interface en facilitant les contacts avec des filières connexes.
BITD : repères utiles pour les industriels
La base industrielle et technologique de défense agrège des acteurs civils et militaires, avec :
- Des référentiels qualité élevés proches du nucléaire civil.
- Des exigences contractuelles strictes en matière de confidentialité et d’intégrité produit.
- Un accès favorisé pour les fournisseurs disposant d’une traçabilité robuste et d’audits réussis.
En 2025, la consolidation des financements publics vise à sécuriser la montée en cadence des chaînes d’approvisionnement défense, avec des retombées sur les PME industrielles qualifiées.
Palier 1 : capitaliser sur les référentiels nucléaires pour constituer le dossier de qualification défense. Palier 2 : cibler un ou deux clients pilotes avec des pièces proches de l’existant. Palier 3 : élargir progressivement le panel produit tout en gardant une densité documentaire irréprochable. Cette séquence limite le risque de dispersion commerciale.
Gouvernance industrielle et environnement macro : des repères clairs pour 2025
L’évolution de la gouvernance d’EDF, annoncée le 8 juillet 2025, confirme un cap axé sur la souveraineté énergétique, la relance du parc et le programme EPR2. Pour les fournisseurs, la visibilité pluriannuelle se précise, même si la pression sur les coûts reste présente au regard de l’EBITDA semestriel en retrait. Ce double signal oriente les plans d’investissement et les priorités de qualification des PME de la filière.
Pour les Forges d’Albert, l’équation 2025 repose sur une combinaison complémentaire : croissance maîtrisée côté nucléaire, montée en compétences internes et préparation au secteur de défense. La trajectoire dépendra de la capacité à tenir les délais et à maintenir une compétitivité coût-qualité-documentation, tout en absorbant les exigences accrues d’audit.
Trois leviers incontournables : 1. Accroître l’intégration interne pour réduire les coûts de sous-traitance et les délais. 2. Contractualiser des clauses de révision fondées sur des indices publics pour lisser la volatilité des intrants. 3. Renforcer la planification et la maintenance préventive des équipements pour éviter les arrêts non planifiés.
Dans ce contexte, l’adossement à l’Accélérateur nucléaire Bpifrance constitue un avantage compétitif. Il professionalise le développement commercial, facilite les mises en relation clés et offre un cadre pour aligner stratégie, opérations et finances. Les chiffres d’EDF publiés à l’été 2025 servent de boussole conjoncturelle pour calibrer les prises de commande du second semestre 2025 et le budget 2026 (EDF, 8 juillet et 24 juillet 2025).
Cap 2025 des forges d’albert : points de vigilance et marche à suivre
La dynamique est bien engagée : bases industrielles consolidées, portefeuille nucléaire substantiel et premiers pas vers la défense. Les Forges d’Albert disposent d’un atout différenciant, la maîtrise des contrôles non destructifs et une capacité d’adaptation rapide au cahier des charges, utile autant dans le nucléaire que dans l’armement.
La suite se jouera sur l’exécution : livrer à l’heure, maintenir un haut niveau de conformité et préserver l’équilibre coûts-qualité dans un environnement d’achat attentif. Si ces conditions sont réunies, la cible de +15 % apparaît atteignable, avec un potentiel de dépassement en cas de concrétisation d’opportunités au Royaume-Uni et en Europe.
Filière en relance, investissements ciblés et montée en gamme procédurale : la PME picarde illustre comment une base industrielle resserrée peut capter la reprise, à condition d’aligner stratégie commerciale, capex productifs et exigences de conformité.