17,1 % en 2024 : les ménages français épargnent plus que la moyenne européenne, et l’argent oisif cherche de meilleurs rendements. Dans ce climat de vigilance budgétaire, une nouvelle étape vient d’être franchie par Finary, plateforme tricolore de gestion patrimoniale, qui muscle ses moyens financiers pour accélérer en Europe et dans l’intelligence artificielle.

25 millions d’euros pour changer d’échelle : une série b menée par paypal ventures

Le 18 septembre 2025, Finary a officialisé une levée de 25 millions d’euros en série B. Le tour est mené par PayPal Ventures, accompagné notamment d’investisseurs déjà présents au capital. Cette opération intervient après un cycle de 8 millions d’euros levé en 2022 et marque une consolidation de la feuille de route produit et de l’expansion européenne.

Les informations publiées dans la presse économique spécialisée convergent sur trois points clés : le rôle moteur de PayPal Ventures, le réengagement d’investisseurs historiques, et l’allocation prioritaire des fonds à l’IA de conseil et d’analyse. Les documents disponibles ne dévoilent pas de valorisation. En revanche, ils confirment le périmètre de la série B et l’objectif : industrialiser un modèle d’agrégation et d’accompagnement patrimonial qui a trouvé son marché.

  • Montant : 25 millions d’euros
  • Date : 18 septembre 2025
  • Lead : PayPal Ventures
  • Historique : tour précédent de 8 millions d’euros en 2022
  • Capitaux alloués : expansion européenne et intégration avancée de l’IA

Le véhicule d’investissement de PayPal s’est construit une expertise sectorielle sur les fintechs et l’infrastructure de paiement. Son implication renforce la crédibilité de Finary auprès des investisseurs institutionnels européens et des partenaires bancaires. Pour Finary, l’enjeu est de convertir ce signal en leviers opérationnels : recrutement tech, scalabilité des API et approfondissement des briques d’optimisation des coûts de détention.

Cap table et gouvernance : ce que l’on sait

Le tour est mené par PayPal Ventures. Des investisseurs historiques ont réinvesti. Les publications disponibles ne mentionnent ni la valorisation, ni les droits spécifiques accordés au tour. Les objectifs affichés portent sur l’IA, le produit et l’expansion géographique.

Finary se positionne sur la gestion de patrimoine tout-en-un

La proposition de valeur de Finary tient en une promesse : une vision unifiée du patrimoine et des recommandations actionnables. La plateforme permet de connecter des comptes et enveloppes issus de milliers d’institutions financières et d’agréger des classes d’actifs variées : comptes bancaires, épargne réglementée, actions et ETF, cryptomonnaies, métaux précieux, actifs atypiques et passifs immobiliers.

Au-delà de l’agrégation, Finary pousse deux briques de différenciation. D’abord, un suivi des frais complet qui met au jour les coûts annuels, depuis les frais de gestion de fonds jusqu’aux frais des enveloppes fiscales.

La société indique que cette fonctionnalité a permis à des milliers d’utilisateurs d’économiser en moyenne 1 500 euros par an, selon un communiqué de 2025 publié par Finary. Ensuite, une couche d’IA qui contextualise le portefeuille, propose des pistes d’optimisation et alerte sur les risques, dans l’esprit des exigences de transparence sur les risques d’investissement promues par l’AMF.

Ce positionnement répond à l’évolution des comportements d’épargne. En France, la progression du taux d’épargne à 17,1 % en 2024 renforce la demande pour des outils qui allient clarté des coûts et pilotage actif des placements (source : INSEE). La digitalisation des parcours d’investissement, désormais entrée dans les usages, crée un marché pour les agrégateurs à haute valeur ajoutée, capables de guider l’utilisateur bien au-delà d’un simple tableau de bord.

Les connexions banques et courtiers reposent sur des API conformes à la directive européenne PSD2. En pratique, les utilisateurs autorisent des accès chiffrés, à portée limitée, renouvelables. L’architecture technique sépare les informations d’authentification des données de portefeuille pour réduire le risque opérationnel. L’agrégation permet ensuite de rapprocher les flux, d’identifier les frais et de calculer les performances nettes.

Rappels réglementaires utiles

Les conseils fournis dans un cadre d’investissement personnel sont encadrés par MiFID II. La fourniture d’agrégation de comptes relève des cadres PSD2 et RGPD. Un acteur de l’agrégation doit informer l’utilisateur sur la nature des accès, la fréquence de synchronisation et la finalité des traitements.

Gouvernance produit et fondateurs : trajectoire et savoir-faire

Créée en 2021, Finary s’appuie sur un binôme fondateur composé de Mounir Laggoune et Julien Blancher. Le premier pilote l’exécution produit et la stratégie d’expansion, tandis que le second apporte une expertise reconnue dans l’IA conversationnelle et les architectures logicielles scalables. L’entreprise est basée à Paris, au cœur d’un écosystème French Tech porté par des politiques publiques qui accélèrent l’industrialisation des jeunes pousses.

La trajectoire des fondateurs éclaire le positionnement de Finary : une orientation forte vers la data, l’automatisation et la qualité d’expérience. On retrouve ce triptyque dans les choix de développement de la plateforme, qui privilégie la granularité des données patrimoniales, l’objectivation des frais et la construction d’algorithmes propriétaires d’aide à la décision.

Recast.ai : stratégie et résultats

Avant Finary, Julien Blancher a cofondé Recast.AI, spécialiste de l’IA conversationnelle, acquis par SAP en 2018. Cette expérience a structuré une approche tech-first : architecture cloud, scalabilité par microservices, et intégration de l’IA au cœur du produit, plutôt que comme une simple surcouche.

Le programme French Tech 2030 met en visibilité les acteurs à fort potentiel et facilite l’accès aux parties prenantes publiques et privées. Pour une fintech de gestion d’actifs, ces dispositifs favorisent le recrutement, le dialogue réglementaire et l’accès aux marchés européens tout en cadrant les exigences de conformité.

Produits et offres : l’ia au service de l’optimisation patrimoniale

Finary n’est pas un simple agrégateur. La plateforme fait converger vision 360 des actifs, analyse des coûts et guidage par l’IA.

Cette orchestration se décline dans une offre premium, Finary One, qui cible les patrimoines dès 500 000 euros d’actifs. Elle inclut un accompagnement renforcé, des optimisations fiscales et une relation dédiée. Les éléments publics indiquent une conformité au cadre européen MiFID II pour la prestation de conseils.

Côté adoption, la société communique sur une communauté de plus de 600 000 investisseurs et des encours agrégés approchant 1 milliard d’euros, chiffres présentés comme des données internes pour l’année 2025. Ce rythme s’explique par le mouvement de fond des particuliers vers des solutions digitales de suivi et d’allocation, et par l’importance grandissante accordée à la maîtrise des frais sur la durée.

  • Vision agrégée des comptes, titres, cryptos, métaux et passifs immobiliers
  • Suivi des frais intégrant enveloppes fiscales et supports d’investissement
  • Scénarios de réallocation et simulations dynamiques
  • Alertes et monitoring des risques
  • Finary One pour les patrimoines élevés, avec accompagnement personnalisé

La méthode consiste à recenser les coûts récurrents au niveau des enveloppes (PEA, assurance vie, CTO), des supports (ETF, fonds actifs) et des services associés. Finary calcule l’impact cumulé sur plusieurs années et propose des alternatives plus efficientes. Selon un communiqué de 2025, l’économie moyenne constatée auprès des utilisateurs se situe autour de 1 500 euros par an selon Finary.

Protection des données : les essentiels à retenir

Les traitements de données personnelles s’inscrivent dans le cadre du RGPD. Points d’attention :

  1. Finalité explicite : agrégation, calcul de performances, recommandations.
  2. Minimisation des accès : délégation via API sécurisées et consentement renouvelable.
  3. Droits utilisateurs : accès, rectification et suppression selon les standards européens.

Épargne élevée, inflation contenue : le terrain de jeu des fintechs patrimoniales

La dynamique de Finary s’inscrit dans une conjoncture où les ménages privilégient la prudence tout en recherchant du rendement. Le taux d’épargne élevé en France, à 17,1 % en 2024 (INSEE), alimente une demande d’outils capables de transformer la trésorerie de précaution en portefeuilles diversifiés, mieux calibrés face à l’inflation et aux incertitudes sur les retraites complémentaires.

Au plan macroéconomique, l’attractivité de la France pour les investissements internationaux montre un alignement favorable. Choose France 2025 a annoncé 40,8 milliards d’euros d’engagements, avec une part significative orientée vers la tech et les infrastructures numériques, signe que l’écosystème reste liquide et compétitif pour des scale-ups technologiques (Direction générale des Entreprises).

Pour l’utilisateur final, la promesse est double : réduire les frictions d’accès à l’information patrimoniale et améliorer l’allocation sur le temps long. La convergence entre agrégation, IA et transparence des coûts pousse le marché vers plus de comparabilité. À terme, l’enjeu est l’adoption d’indicateurs harmonisés pour le retail, proches de ceux utilisés par les institutionnels, afin de standardiser la mesure du couple rendement-risque.

Wealthfront : stratégie et enseignements

Aux États-Unis, les robo-advisors comme Wealthfront ont installé des standards d’automatisation dans l’investissement. L’analogie utile pour l’Europe tient moins à la gestion passive en elle-même qu’à l’industrialisation des processus : rebalancing systématique, optimisation fiscale automatisée, et interfaces centrées sur l’objectif de vie plutôt que sur l’ordre de marché. C’est ce niveau d’exécution, adapté aux cadres européens, que visent aujourd’hui les acteurs patrimoniaux digitaux.

Avec la normalisation des ETF et la baisse structurelle des coûts de transaction, l’alpha côté frais se fait sur la connaissance des couches de coûts et la capacité à les réallouer intelligemment. Les plateformes qui objectivent l’intégralité des coûts de détention construisent un avantage durable : confiance, rétention et performance nette supérieure.

Feuille de route annoncée : ia générative, automatisation et nouveaux marchés

La nouvelle enveloppe financière doit soutenir trois chantiers principaux. D’abord, la lancement de fonctionnalités d’investissement automatisé et de simulations fiscales avancées, où l’IA joue un rôle d’assistant financier personnel.

Ensuite, le volet data, qui nécessite des investissements continus dans la qualité des connecteurs, l’architecture de calcul et la sécurité. Enfin, l’expansion européenne, avec des déploiements planifiés en Allemagne, Espagne et Italie d’ici 2026.

Le cofondateur et président Mounir Laggoune a confié, dans des propos relayés par la presse spécialisée, que cette série B donne à Finary les moyens d’accélérer sur l’IA et de viser des encours plus ambitieux à trois ans. Le message stratégique est clair : consolider en France, industrialiser en Europe, et faire de l’IA une brique native de l’expérience utilisateur, bien au-delà du simple moteur de recommandation.

Cet agenda s’insère dans une régulation en cours d’harmonisation. L’Europe finalise le déploiement de MiCA pour les crypto-actifs et poursuit l’encadrement des parcours de conseil digitalisés dans le respect des principes MiFID II. Les plateformes doivent donc concilier vitesse d’exécution et conformité, notamment sur l’information des risques, la protection des données et la traçabilité des décisions algorithmiques.

Points de vigilance pour l’exécution de la feuille de route

  1. Qualité des données : robustesse des connecteurs et homogénéisation des historiques.
  2. Gouvernance de l’IA : explicabilité des recommandations et documentation des modèles.
  3. Régulation transfrontalière : adaptations locales lors de l’entrée en Allemagne, Espagne et Italie.
  4. Coûts d’acquisition : maintien d’une croissance efficiente dans un marché publicitaire volatil.

Une Série B qui marque un tournant stratégique : mission, vision et nouveaux alliés de Finary

Le cofondateur de Finary, Mounir Laggoune, a présenté cette levée de fonds comme un « moment historique ». Au-delà du financement, c’est une mission qui s’affirme : transformer la relation des particuliers avec leur patrimoine et briser le statu quo imposé par les acteurs traditionnels de la finance.

Des investisseurs de référence et un conseil stratégique renforcé

Outre PayPal Ventures, chef de file, participent LocalGlobe, Hedosophia et Shapers, aux côtés d’investisseurs historiques comme Speedinvest et Y Combinator. Deux figures de poids rejoignent également l’aventure : Axel Weber, ex-président d’UBS et de la Bundesbank, et Harsh Sinha, CTO de Wise. Une combinaison qui apporte à Finary une légitimité institutionnelle et une expertise tech de premier plan.

Argent tabou, éducation financière insuffisante

Pour Laggoune, la problématique est culturelle : en France, l’argent reste un sujet tabou, et l’éducation financière limitée empêche les ménages de prendre de bonnes décisions. Résultat : plus de 2 000 milliards d’euros d’actifs sont investis dans des produits dont le rendement est inférieur à l’inflation. Finary veut inverser cette logique en offrant une alternative claire et transparente, où l’épargnant reprend le contrôle.

Une gestion automatisée et personnalisée grâce à l’IA

La vision va au-delà de l’agrégation de comptes : Finary veut devenir un agent financier personnel, capable de guider activement l’utilisateur vers ses objectifs grâce à l’intelligence artificielle. L’idée : transformer le suivi patrimonial en une expérience automatisée, lisible et personnalisée, adaptée aux exigences réglementaires européennes.

Une croissance rentable et une communauté solide

Finary revendique 600 000 utilisateurs, 75 millions de vues sur YouTube et surtout la rentabilité atteinte fin 2024. Contrairement à de nombreuses fintechs encore dépendantes du capital-risque, la startup dispose déjà d’un modèle viable. Cette Série B n’a donc pas vocation à combler des pertes, mais à accélérer le déploiement d’une trajectoire déjà éprouvée.

Une offre en expansion : assurance-vie, PEA, PER

L’entreprise annonce l’arrivée de nouveaux produits : gestion libre sur l’assurance-vie, PEA, PER et enrichissement de Finary One, l’offre premium dédiée aux patrimoines supérieurs à 500 000 euros. Objectif : couvrir tout le spectre patrimonial, des solutions grand public aux besoins plus sophistiqués des investisseurs fortunés.

Cap sur l’Europe et renforcement des équipes

Avec ce financement, Finary prépare son entrée sur les marchés allemand, espagnol et italien, trois pays où l’épargne est élevée et la demande croissante pour des solutions digitales. En parallèle, l’équipe – aujourd’hui une cinquantaine de personnes – prévoit plus de 20 recrutements, majoritairement orientés vers la tech et le produit.

Un signal fort au marché

Cette Série B illustre que la gestion patrimoniale digitale est prête à franchir un cap en Europe. L’arrivée de PayPal Ventures, la participation de fonds internationaux et le soutien de figures reconnues valident la pertinence du modèle. Pour les utilisateurs, la promesse reste simple : moins de frais, plus de clarté, et un accompagnement actif vers leurs objectifs financiers.

Si la feuille de route est tenue, Finary pourrait s’imposer comme un standard européen de la gestion patrimoniale automatisée, bien au-delà d’un simple agrégateur.